jeudi 29 novembre 2012

L'ALOYAU Metz

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57000 – L’Aloyau (3 rue de la Fontaine, 57000 Metz, tél 03 87 37 33 72). Un excellent restaurant à l’ancienne, façon « viandard de la Villette ». On y dégustera des ravioles de grenouilles ou l’incontournable pâté à la viande lorrain. On y découvrira l’extraordinaire cochon de lait rôti aux mirabelles. Le puriste, quant à lui, préférera le cœur d’aloyau, tendre à souhait, avec son incontournable sauce aux morilles.

mercredi 28 novembre 2012

BUGARACH OU LES SECRETS DU VORTEX




Prière d’écouter


Nous avons le plaisir de vous inviter à ré-écouter l’émission

Sur les Docks

Bugarach ou les secrets du vortex


rediffusée sur France Culture le jeudi 6 décembre 2012 à 17h.


Nous espérons que vous prendrez plaisir à écouter ce programme

et vous prions d’agréer l’expression de nos salutations distinguées.

POUR NE PAS SE PERDRE DANS LE RAZES


Limoux Une carte en relief pour la fin du monde

B. C.
28/11/2012, 06 h 00
Une carte en relief pour la fin du monde
BUGARACH 21 cm X 31 cm. Prix unitaire : 14,95€. De quoi s'agit-il ? D'une carte en relief. Elle est en vente depuis le 20  novembre et elle s'intitule : "Rennes-le-Château-Bugarach et les sites cathares et templiers". Tout un programme ! Et inédit... Auparavant, personne n'avait eu l'idée d'éditer une topographie des lieux devenus mythiques. Mais deux femmes y ont pensé : Anne-Gaëlle Duvochel, au titre d'"Annaelle éditions" (elle a été administratrice à France 3), et Sandrine Higué, pour Reliefs Éditions (elle édite la plus grande collection de cartes en relief en Europe). A quelques encablures de la fin du monde (qui rappelons-le épargnera Bugarach selon certains gourous), publier un tel document relève de la pertinence. Celles et ceux qui voudront randonner par monts et par vaux avant, pendant et après le 21 décembre (jour du grand "boum") ont, avec cette carte, une marche à suivre toute tracée. Les deux auteures sont sorties -c'est le cas de le dire- des sentiers battus. Jusqu'à maintenant, tout ce qui a trait à Bugarach rodait sur les sites d'internet. "Cette fois-ci, les gens pourront toucher du doigt le mystère", déclare avec humour Anne-Gaëlle Duvochel : "Cette carte, la première d'une collection appelée 'Terres de Légendes', a forcément de l'avenir puisque le monde ne s'arrêtera pas le 21 décembre 2012. Et de nombreux visiteurs viendront explorer cette microrégion, toujours à la recherche de son histoire". Sans jeu de mot, ce document met aussi en relief des correspondances nouvelles, tel ce triangle qui relie le pic de Bugarach au mont Cardou (lieu supposé des tombeaux de Marie-Madeleine et de Jésus, ben oui...) et au château de Bézu : "Un château d'où sortirait rituellement chaque année une procession de fantômes : ceux des templiers allant rendre hommage au supplice, sur le bûcher, de Jacques de Molay", ajoute Anne-Gaëlle Duvochel, plus mystérieuse que jamais. Avec Sandrine Higué, elle nous offre donc un menu d'histoire locale... à la carte ! Il sera possible d'acheter la carte en relief dans les librairies de la région et les bureaux de tabac à partir du 1er décembre. On peut aussi pianoter : www.georelief.com et www.bugarachadventure.com Pour la fin du monde, les randonneurs pédestres auront de quoi orienter leur destin grâce à cette carte.

Midi Libre

CURIEUX BUGARACH


Bugarach, objet de curiosité

2 contributions
Créé le 28/11/2012 à 03h13 -- Mis à jour le 28/11/2012 à 03h13

Insolite Cette commune de l'Aude serait la seule à survivre à la fin du monde, le 21 décembre

Souffle coupé, perles de sueur sur le front, Jean-Louis, jeune retraité, vient de gravir le sommet du Pic de Bugarach. « 1 231 mètres », annonce-t-il en tapotant sur son altimètre. Autour de lui, le point de vue est exceptionnel : de la Méditerranée, en passant par les Pyrénées et jusqu'aux contreforts de la Montagne Noire, ce point culminant des Corbières est unique. Mais ça, Jean-Louis s'en fiche : « On est venu parce qu'on l'a vu à la télé. On pourra dire qu'on y était. »
Selon une interprétation sujette à caution du calendrier maya, la fin du monde est programmée pour le 21 décembre 2012. « A 0 h 32 », précise la préfecture de l'Aude. Et seuls ceux qui se trouveront au sommet de ce massif seraient sauvés. « Certains affirment qu'un ovni surgira du sommet et emportera les rescapés », rigole Yves Lignon, universitaire retraité toulousain qui en connaît un rayon sur cette région. Laquelle concentre à elle seule les trésors des Cathares, des Templiers et des Wisigoths. Mais, ici, le magot est partout : le caillou de Bugarach se revend à 1 500 € le kilo sur la Toile.
« Un phénomène médiatique »A quelques mètres en contrebas du pic, une tente défie le vent. Visiblement, certains emplacements sont déjà réservés. « Les illuminés, il commence à y en avoir marre, lâche cette habitante. On préfère les journalistes, ils restent moins longtemps. » Depuis que la rumeur s'est répandue sur Internet, les médias nationaux et internationaux n'en finissent plus de déferler sur le village. « C'est un phénomène médiatico-médiatique qui se nourrit lui-même », se désole Eric Freysselinard, le préfet de l'Aude. N'empêche que cette rumeur, Jean-Pierre Delord, le maire du village, l'a bien aidée à se propager. C'est lui qui, en décembre 2010, a confié à un journaliste son inquiétude quant à l'approche de la date fatidique. A cette époque-là, il est au centre d'une polémique concernant l'implantation d'éoliennes sur sa commune. Un an et demi plus tôt, il a signé un protocole d'accord avec une société, sans l'aval de son conseil municipal. « Je m'en fous qu'on dise que je suis à la base de tout ça. Les éoliennes, ici, on en voit partout », rétorque le maire. Comme les illuminés d'ailleurs : « Voilà deux jours, j'ai vu une lumière blanche au-dessus du pic », jure Jacques Christophe, magnétiseur, voyant et exorciste, qui arpente les rues du village. Allez, encore trois semaines à tenir.
Texte : éric dourelPhotos : Frédéric Scheiber
Camp retranché
Inutile de venir jouer les touristes du 19 au 23 décembre à Bugarach. Pour éviter tout débordement, les quatre accès à la montagne seront interdits et gardés par une cinquantaine de gendarmes. D'autres filtreront les alentours du village. Pompiers, Sécurité civile et spéléologues, qui auront au préalable visité les cavités du pic, seront également mobilisés. « Les deux risques identifiés sont d'une part l'afflux de badauds et d'autre part des gens fragiles qui croient à la fin du monde. Nous serons extrêmement vigilants », promet le préfet de l'Aude.

Video

LA FABULEUSE AVENTURE DU METRE ; un dîner-Débat du Razès

"En passant par le Bugarach"



L'ODS et l'Atelier Empreinte vous proposent le vendredi 11 janvier à 19h30 un nouveau dîner-débat du Razès.
Une conférence de Patrick Vallette, au restaurant LE DRAGON DE RHEDAE à Rennes-le-Château. Formule à 25 € tout compris. On réserve au 04 68 74 28 98.

« Si le Mètre m’était conté… »


Sous la forme d’un diaporama richement illustré et avec la présentation de nombreux objets de collection (pied de Roi, pile de poids à godets, copie du mètre-étalon en X et du kilogramme-étalon de 1889, etc.), cette vidéo-conférence vous fera revivre une histoire passionnante où Politique, Science et Aventure se conjuguent pour notre plus grand plaisir au cœur d’une période particulièrement riche de l’Histoire de France : la Révolution Française.

De plus, le département de l’Aude est intimement associé à cette épopée historique. Sans aucun doute, votre curiosité sera récompensée et votre intérêt sera comblé à l’écoute de ce prodigieux récit… Alors, venez nombreux !


LA NAISSANCE DU MÈTRE
En 1789, il n’existait pas de poids ni de mesures communes : de setier en boisseau, de solive en écuellée, de livre en once, de toise en pied ou en canne, les unités se comptaient par centaines voire milliers... Au début de la Révolution Française, l’Assemblée nationale constituante adopta comme nouvelle mesure : « la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre, partie du pôle Nord à l’Équateur ». Restait à définir cette distance de référence…


LA MESURE D’UN ARC DE MÉRIDIEN
Ce calcul a été opéré sur l’arc du méridien de Paris compris entre les parallèles passant par Dunkerque et Barcelone. Cette opération fut confiée à deux astronomes de l’Observatoire Royal de Paris : Jean-Baptiste Delambre et Pierre Méchain. Partis de Paris en juin 1792, les deux savants vécurent une véritable aventure dans une époque révolutionnaire particulièrement tourmentée (guerre, destitution, arrestation, exil, etc.). Après plus de six années d’expédition, les deux astronomes se retrouvèrent à Carcassonne en novembre 1798 avant de retourner à Paris pour donner en 1799 le mètre à l’humanité tout entière.


LE DÉPARTEMENT DE L’AUDE À L’HONNEUR :
Notre département a été particulièrement concerné par cette mesure : le méridien de Paris le traverse du Nord au Sud, cinq « stations » y ont été effectuées, et l’aventure des deux astronomes, Messieurs Delambre et Méchain, s’est terminée justement à Carcassonne. Le superbe Pic de Nore, la respectable Tour de l’église Saint-Vincent à Carcassonne, la majestueuse Montagne d’Alaric, l’imposant Mont Tauch et le « célèbrissime » Pech de Bugarach ont servi de stations géodésiques quand l’astronome Méchain effectua ses mesures dans notre région entre 1795 et 1798.

Y AURA-T-IL UN NOUVEL EON ?




Je sais que nous prenons un risque, celui de ne plus être là le 5 janvier. Mais à titre de précaution, je vous propose de nous retrouver pour le traditionnel Nouvel Eon Odésien le samedi 5 Janvier à 19h30, dans un restaurant que je déterminerai en fonction du nombre de participants. Il sera bien sûr choisi en respectant les strictes normes gastronomiques de l'ODS. Alors, manifestez-vous, vous pouvez venir avec votre grand-mère, les filles de votre concierge, où le routier que vous avez rencontré sur le périphérique de Bugarach.

On se manifeste......

LES TAPAS DU PR LIGNON : LE VILLAGE DE LA FIN DU MONDE de Nicolas d'Estienne d'Orves





Sous -titré : " Rendez vous à Bugarach" de Nicolas d'Estienne d'Orves.
Vient de paraître aux éditions Grasset.

Il ne s'agit certes pas d'un texte de niveau universitaire mais j'ai
lu d'un trait cet excellent travail de journalisme d'investigation. Le
talent littéraire de l'auteur s'exprime pleinement (même si quelques
passages laissent l'impression d'avoir été rédigés un peu vite) dans
cette description de ce qui finit par ressembler à un noeud gordien et
dans les portraits fouillés de plusieurs des protagonistes de
l'affaire. Bien que ne ressentant guère d'affinités pour certains
d'entre eux Nicolas d'Estienne d'Orves se contente de le sous-
entendre discrètement, avec tolérance et largeur d'esprit, sans
jamais juger. Au contraire il s'efforce de faire partager au lecteur
sa découverte de personnages pittoresques qui ont suscité sa sympathie.

Et évidemment ce n'est pas ici qu'on lui en voudra de reconnaître la
valeur de l'étude de Thomas Gottin en la citant abondamment

A lire pour attendre la fin du monde et à relire juste après icelle.

UNE PETITE CHAMBRE A BUGARACH ?

Bugarach et sa région Actu |  Sports |  Loisirs

Publié le 27/11/2012 07:49 - Modifié le 27/11/2012 à 10:56
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Fin du monde à Bugarach : des chambres d'hôtel à 1500 euros la nuit

Pour le 21 décembre fatidique certains propriétaires louent leurs terres et leurs maisons à prix d'or./Photo D.D. ()
Pour le 21 décembre fatidique certains propriétaires louent leurs terres et leurs maisons à prix d'or./Photo D.D.
Un Tarnais a mis à la location sur le Bon Coin, ses chambres pour 1 500 euros par jours et 7 500 m2 en parcelles de 400 euros chacune. Ses locations sont prises d'assaut.
Sur le site du Bon coin fleurissent une multitude d'annonceurs vendant un bout de Bugarach. Le foncier fait recette dans ce lieu bucolique audois sauvé in extremis dans les fameuses prédictions Maya. Les terrains, les yourtes contemporaines, les fermettes à vendre ou à louer sont légions. La dernière en date est celle de Salvador (le sauveur en espagnol) postée sous son pseudo Gascon Crouzat. Cet habitant du Tarn possède des terres familiales sur le Pic de Bugarach, une aubaine financière qu'il ne compte pas laisser passer. Comme le célèbre Blondin (Clint Eastwood) dans Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone il plagie : «Le monde se divise en deux. Ceux qui ont la corde au cou et ceux qui la coupent, je fais partie de la deuxième catégorie, je possède un bien rare aux yeux de certains, la terre de l'immortalité.» Et assume pleinement son choix : «Je sais l'annonce est gonflée mais parfois nécessité fait loi, je suis un opportuniste !» dit il cette fois sans rire. Sur la dite annonce on peut lire : Je propose mes terres familiales à la location puisque les autorités ont interdit tous les accès en vue des événements prédisant la fin du monde. Je propose à la vente ou la location une surface de 7 500 m2 que je peux fractionner à la demande… le prix de la parcelle est de 400 euros par jour..Le paiement se fait d'avance ainsi que pour la location des 4 chambres à 1500 euros par jour. Le prix peut vous paraître excessif mais il reste peu élevé en rapport de vos croyances.. et de vos désirs de protéger vos vies ou pas face aux prédictions. Chaque locataire aura un vrai contrat pour les périodes désirées.» Le Tarnais facétieux qui travaille dans le social a laissé son numéro de téléphone sur la toile et précise qu'il est assailli des quatre coins du monde : «Je suis surpris, j'ai même reçu un appel d'une personne vivant aux État Unis qui souhaitait acheter mon terrain quatre ou cinq fois le prix réel. Finalement la location est plus rentable. A ce jour 38 parcelles sont déjà payées et réservées, pour un ou plusieurs jours, toutes mes chambres sont prises. Mais rien ne m'empêche d'installer des lits pliants si la demande persiste.» affirme Salvador qui a jusqu'au 21 décembre pour faire grimper son compte en banque et tout le reste de sa vie pour en profiter.


Créé 27-11-2012 12:56
Le village de Bugarach va voir affluer des milliers de personnes le 21 décembre
Le village de Bugarach va voir affluer des milliers de personnes le 21 décembre Photo : AFP

A Bugarach, survivre à la fin du monde a un prix

Dans le petit village français de Bugarach, réputé seul lieu sur Terre épargné par la fin du monde le 21 décembre prochain, la survie n'a pas de prix. Certains habitants sont prêts à tout pour se remplir les poches.

Combien seriez-vous prêts à payer pour survivre à la fin du monde le 21 décembre 2012 ? Dans le petit village de Bugarach, dans le Languedoc-Roussillon, seul lieu sur Terre épargné par la fin du monde qui doit arriver le 21 décembre 2012 selon le calendrier maya, certains se frottent les mains. Alors que près de 10 000 personnes sont attendues ce soir-là dans ce petit village perdu de l'Aude, la prédiction est une aubaine pour les quelques 200 âmes du village, qui y voient un bon filon à exploiter.
La survie se loue chère. Et les prix de l’immobilier s'envolent. En quelques mois, le coût des terrains à bâtir est passé de 15 à 50 euros le mètre carré. Sur le site le Bon coin.fr fleurissent une multitude de petites annonces. Abris, terrains à louer, fermes familiales... On peut ainsi y trouver une yourte de 7 m de diamètre vendue 8200 euros. Plus loin, on nous propose de vivre ses "dernières heures dans l'authenticité et le confort " dans une grande maison en pierre entièrement équipée pouvant abriter 10 personnes" pour 1500 à 2000 euros la semaine. Une offre valable, bien sûr, jusqu'à la fin du mois de décembre.

Une chambre à 1500 euros par jour !
Tout est bon à prendre. Certains vendent même des petits morceaux de pierre "récupérés au pied du pic de Bugarach". Un "porte-bonheur" à portée de main, moyennant... 200 euros. Dernière offre en date : un Tarnais qui possède des terres familiales sur le Pic de Bugarach propose la location de chambres à 1500 euros par jour. "Je sais l'annonce est gonflée mais parfois nécessité fait loi, je suis un opportuniste !", reconnaît l'annonceur facétieux, sous le pseudonyme Gascon Crouzat, interrogé par la Dépêche.fr. Sur la dite annonce on peut lire : "Je propose à la location une surface de 7 500 m2 que je peux fractionner à la demande… le prix de la parcelle est de 400 euros par jour. Le paiement se fait d'avance ainsi que pour la location des 4 chambres à 1500 euros par jour. Le prix peut vous paraître excessif mais il reste peu élevé par rapport à vos croyances... et vos désirs de protéger vos vies".
L'offre peut paraître décadente. Sauf que la décision de la Préfecture de Carcassonne d'interdire l'accès au site le jour J, annoncé mi-novembre, craignant l'éventualité d'une affluence de mystiques, en a frustré plus d'un, prêt à tout pour trouver refuge. Gascon Crouzat s'en félicite : "J'ai reçu un appel d'une personne vivant aux États Unis qui souhaitait acheter mon terrain quatre ou cinq fois le prix réel !"

lundi 26 novembre 2012

DANS LES PETITES RUES DE BUGARACH


Le Point.fr - Publié le - Modifié le

À un mois de l'apocalypse, les "illuminés" se font attendre dans le petit village de l'Aude. Reportage.

La presse du monde entier annonce l'arrivée d'illuminés supposés se réfugier sur le pic pour échapper à la prétendue apocalypse du 21 décembre. La presse du monde entier annonce l'arrivée d'illuminés supposés se réfugier sur le pic pour échapper à la prétendue apocalypse du 21 décembre. © Brigitte Merle / AFP

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Sur la petite route, des lacets à n'en plus finir. À gauche, un champ en friche ; à droite, quelques blondes d'Aquitaine flanquées contre la montagne. Droit devant, à la fois majestueux et narquois, le "Pech" comme on dit là-bas, ce fameux pic qui, non content de dominer les Corbières, servirait de refuge aux illuminés de tout poil désireux d'échapper à l'apocalypse annoncée le 21 décembre prochain. L'arrivée au village ne dément pas la première impression. Bugarach, 180 habitants, n'abrite que des rues désertes où le vent d'autan s'engouffre volontiers, des chiens errants qui ont oublié d'aboyer, des volets clos et des maisons à vendre au bord de l'effondrement. Raymond Depardon ferait ici une bien belle suite à ses Profils paysans; on l'imagine aisément bavasser avec les derniers villageois - mais encore faudrait-il en croiser - et faire l'éloge de cette ruralité qui survit tant bien que mal. Las, pas âme qui vive aux alentours, pas même l'ombre d'un bistrot pour casser la croûte entre midi et deux.


Dans ce petit coin reculé de l'Aude, la fin du monde aurait-elle déjà eu lieu ? Où se cachent les centaines de doux dingues vêtus de blanc de pied en cap annoncés dans la presse du monde entier ? Où sont les propriétés vendues à prix d'or aux survivalistes américains ? Et les campements de farfelus censés accueillir le visiteur à l'entrée du village ? "Bugarach assailli par les fous de l'apocalypse", titrait cet été Le Figaro. "Apocalypse now", alertait Le Monde.fr pas plus tard que début novembre. Et le New York Times de surenchérir en invoquant les Rencontres du troisième type de Steven Spielberg. On ne pouvait pas ignorer l'emballement médiatique qui a fait de ce petit coin sublime et tranquille une attraction pour internautes en manque de fantasmes. Le Point lui-même avait été l'un des premiers magazines à pointer l'arnaque du doigt. Mais à deux mois de la date fatidique, voilà qu'on imagine à présent le scénario du pire et que les rumeurs déferlent sur la présence de centaines de gendarmes pour maintenir l'ordre le jour J. Une inquiétude qui frise le ridicule ; en cette froide journée, la montagne ne saurait être plus paisible.

Eric Cabanis/AFP

"Je ne peux pas faire mieux !" (Jean-Pierre Delord, maire de Bugarach)

Tout commence en novembre 2010, lorsque le maire, Jean-Pierre Delord, élevé depuis au rang de célébrité, évoque en plaisantant lors d'un conseil municipal ces sites internet abracadabrants qui font de Bugarach le refuge idéal pour échapper aux douteuses prédictions attribuées aux Mayas. Les nouvelles vont vite dans ces petites contrées et, quelques jours plus tard, le journaliste local de L'Indépendantde Perpignan publie un reportage, certes amusant, mais quelque peu exagéré sur le phénomène. La Toile s'enflamme, les titres gasconnent et les médias du monde entier en font leurs choux gras. Un maire, donc, quelques habitants bien rodés à la communication, et en avant le "coup de pub". Loin de s'en cacher, Delord, faussement lassé par "ces hordes de journalistes qui le sollicitent", n'en savoure pas moins l'instant : "Si, demain, je prends une agence de com' et que je lui demande de faire une campagne de publicité telle qu'elle a été pendant deux ans, je pense que ça va me coûter plus qu'une fortune, et il n'y arrivera pas. Tandis que, simplement, en écrivant quelque chose de loufoque, on peut arriver au maximum. Je ne peux pas faire mieux !" Est-ce à dire pour autant que les vertus magnétiques du pic ne seraient qu'élucubrations ?
En empruntant sur quelques centaines de mètres la D14 en direction du sommet, on tombe sur le Relais de Bugarach, un joyeux bazar qui fait office de lieu de rencontre. Pêle-mêle, sur les présentoirs, des cartes postales du pic ornées d'une belle soucoupe volante (merci Photoshop), le magazine Top Secret qui nous informe avoir "retrouvé la porte du temps", des tee-shirts aux couleurs du village, le vin de survie à l'apocalypse. Corine et Patrice, installés depuis quelques années dans la région, font mine de ne pas comprendre ce qui attire tant les journalistes dans toute cette histoire. Puis les langues se délient et on est alors aux premières loges pour écouter l'inversion des champs magnétiques, la théorie des dimensions parallèles ou celle des flux d'énergie, ces phénomènes qui avaient tant séduit Jules Verne, de passage dans la région.

Point d'illuminés aux alentours

De films d'ovnis aux photos des excursions dans les entrailles du pic, on comprend que, si Corine et Patrice ne s'interdisent pas de temps à autre une petite interprétation paranormale, ils ne s'attendent pas pour autant à voir la montagne s'ouvrir pour révéler le fameux "garage à ovnis" qui fait sa réputation sur la Toile. "Ah, si vous cherchez les illuminés, vous pouvez toujours courir, s'amuse Patrice. Il y a bien quelques loufoques à Rennes-les-Bains, mais pas de quoi fouetter un chat." Rennes-les-Bains, à quelques kilomètres en contrebas de Bugarach, recèle en effet son quota d'excentricité. Dans la rue unique de ce village thermal aux 175 habitants, la librairie ésotérique Atelier empreinte et la société de production Debowska font l'animation. "Nous sommes un vortex, nous ouvrons sur un autre monde", confie la maîtresse des lieux en nous montrant, d'un grand geste de la main, le mur de DVD - plus de 350 - qui retracent les expériences mystiques ou surnaturelles de la région.
Dehors, quelques babas cool fument un pétard en attendant la nuit. La fin du monde ? La fin d'une époque peut-être, mais en attendant, tout cela les fait bien rire. La rue est déserte et on a toutes les peines du monde à imaginer la foule se presser. Point d'illuminés aux alentours, seuls quelques néo-New Age en mal de nature, comme on peut en trouver dans toutes les campagnes françaises et qui, comme les soixante-huitards de l'époque, attendent tranquillement dans la montagne des jours meilleurs. Au fond, quel mal à cela ? Certes rien, mais si tout le monde ici voit dans le buzz de la fin du monde un vaste canular, comment expliquer un tel raffut médiatique ? Comment expliquer la récente décision de la préfecture de fermer l'ascension du pic aux promeneurs et la centaine de gendarmes et de pompiers mobilisés ?

Claude Boyer/Maxppp

Quête de fantasmes

"N'oublions pas à quel point la région est un terreau fertile pour ce genre d'histoires farfelues. Ici, on est bercé par les mythes et les légendes depuis le plus jeune âge", raconte Nicolas d'Estienne d'Orves, journaliste et écrivain, auteur du Village de la fin du monde. Rendez-vous à Bugarach (Grasset, 2012). C'est à quelques encablures, en effet, à Rennes-le-Château, que l'abbé Saunières aurait découvert, à la fin du XIXe siècle, le célèbre trésor des Cathares. Du pain bénit pour les férus de mystères. Ajoutez à cela un maire retors, des villageois bien décidés à ne pas laisser leur village sombrer dans l'oubli et quelques adeptes de la théorie du complot... "À qui profite le crime ? s'interroge-t-on au Relais de Bugarach. Est-ce un habile stratagème pour détourner l'attention du contrat signé par la commune avec un opérateur d'éoliennes industrielles ? Une occasion rêvée pour fouiller les cavités du pic ?" Ou un précieux filon pour vendre des extraterrestres sur cartes postales par centaines ? se retient-on d'ajouter.
Nicolas d'Estienne d'Orves a parcouru la région de long en large ; avec Rémi Lainé, réalisateur du documentaire Le Monde s'arrête à Bugarach qui sera diffusé le 20 décembre sur Arte, il a assisté au conseil municipal, côtoyé les habitants, mangé à leur table... "Nous sommes aujourd'hui en quête de fantasmes, finit-il par conclure. Le visiteur déçu de ne pas apercevoir d'ovnis s'invente des petits bonshommes verts. Le journaliste frustré de ne pas trouver matière à un bon sujet finit par inventer des choses. Comme atteint d'un syndrome..." Un syndrome qui pousserait certains journaux à publier un croquis du dispositif et le nombre d'hommes mobilisés avant même que la préfecture n'ait arrêté quoi que ce soit ? À raconter des processions quotidiennes et les prétendues yourtes qui encerclent le village ? Sans doute. En attendant, les pronostics vont bon train sur le nombre de spectateurs attendus pour admirer le non-spectacle du 21 décembre. En regardant le pic, on ne peut s'empêcher de repenser aux péripéties de Nicolas d'Estienne d'Orves, aux congères qui paralysent la petite route en plein hiver, aux trois heures de route que l'on met parfois en cas de verglas. Les illuminés n'ont plus qu'à bien se chausser.
 

À la une du Point.fr

par Jean Décotte

BUGARACH, Aude (Reuters) - "Ne venez pas à Bugarach !", lance le maire, soucieux de dissuader les "gens un peu tracassés" d'affluer dans ce petit village de l'Aude qui doit être préservé de la fin du monde le 21 décembre 2012, selon une interprétation du calendrier maya.
Comme nombre de ses 200 administrés, Jean-Pierre Delord n'a qu'une hâte: que sa commune du sud de la France et l'imposant pic rocheux qui la surplombe retrouvent leur tranquillité après cette date considérée par certains comme la fin d'une ère.
Terre de légendes, Bugarach est au centre de nombreuses rumeurs sur internet qui font de son pic un "garage pour extraterrestres", un "refuge" face à la fin des temps, et drainent depuis plusieurs mois les passionnés d'ésotérisme, les curieux... et les journalistes du monde entier.
Un important dispositif de sécurité doit être déployé le 21 décembre autour du village pour contrôler tout afflux de population, symbole de l'écho médiatique rencontré par ces théories et de la gêne qu'elles impliquent pour les habitants.
"Mon message est très simple: je dis aux gens qu'il faut qu'ils ne viennent pas sur Bugarach, parce que de toute façon il n'y a rien à voir", souligne Jean-Pierre Delord.
"Il y aura surtout des forces de police pour préserver la population du village et aussi préserver d'éventuels dommages corporels : l'hiver est une période difficile, malheureusement on peut avoir de la neige et des gens qui se retrouvent dans la difficulté parce que nous, petit village, on n'aura pas les moyens de les mettre à l'abri."
COMME AU ZOO
Dans les ruelles de Bugarach, alors que le pic est encore nimbé de brumes matinales, les habitants semblent habitués aux caméras et aux micros. "Au moins un journaliste par jour", sourit-on au petit bureau de poste, près des ruines du château.
 
Les curieux aussi affluent, ce qui est bon pour le tourisme comme le reconnaît le maire, mais trouble la quiétude du lieu.
"On a l'impression d'être au zoo", confie Valerie Austin, une retraitée britannique installée ici depuis plus de 20 ans.
"Il y a des gens qui viennent voir si nous sommes bizarres, ou s'il y a quelque chose de bizarre. Certaines réactions sont très amusantes: ils se promènent dans la rue, s'enthousiasment pour de simples volets et prennent des photos. Mais des jolis volets, il y en a partout en France (...) Juste parce que c'est Bugarach, il faut que cela soit bizarre."
Selon Jean-Pierre Delord, au moins 10.000 personnes par an gravissaient en temps normal les pentes du "Pech" de Bugarach. L'affluence a doublé depuis un an.
L'élu attend lui aussi le 22 décembre avec impatience.
"C'est sûr qu'on a envie qu'il y ait un retour à la normale. A la fin, de nous harceler avec toujours les mêmes questions, ça devient pénible", dit-il, ajoutant toutefois ne pas craindre de débordements le jour J grâce aux mesures prises par la préfecture.
Une centaine de gendarmes seront déployés pour interdire l'accès au pic et pour filtrer les accès au village, a indiqué à Reuters le préfet de l'Aude, Eric Freysselinard.
"Il peut y avoir deux menaces: soit des illuminés, qui croiraient vraiment à ces prophéties - nous n'y croyons pas trop parce qu'il n'y a pas de gourou ou de secte sur cet événement", souligne le haut fonctionnaire.
"PRÉVOIR TOUTES LES POSSIBILITÉS"
"Le deuxième risque, il est plutôt que trop de badauds, trop de curieux veuillent venir, alors qu'il n'y a pas grand-chose à voir (...) La région est belle à visiter quand elle est sauvage. Si j'ai un message à donner, c'est : 'Ne venez pas le 21 décembre, ce n'est pas un bon jour pour visiter'."
Le pic de Bugarach, qui culmine à 1.230 mètres, pourrait être venteux et enneigé à ce moment-là de l'année, et il s'agit "d'éviter les accidents", souligne le préfet.
Face à toute cette agitation, certains locaux préfèrent prendre les choses avec le sourire, comme Jean-Pierre Billard, qui vit dans un village voisin.
"C'est des bêtises tout ça, je ne pense pas qu'il y ait des extraterrestres", explique cet employé communal. "C'est comme l'an 2000, c'est des histoires."
Pour mieux en rire, le solide gaillard de 44 ans a posté sur un site de partage de vidéos un montage photo alliant des clichés du "Pech" et des images de soucoupes volantes ou d'extraterrestres célèbres.
Et il a déjà coché la date de "l'après fin du monde" sur son calendrier. "Le 22 décembre, on va faire la fête !"
Avec Chris Bockman, édité par Yves Clarisse
 

LA FIN DU MONDE DANS "LE MONDE"


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23 novembre 2012

Déluge livresque
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Une vague de publications s'abat sur la table des libraires. Pas question de mourir inculte le jour de la funeste prédiction maya. Un beau livre, La Fin du monde de l'Antiquité à nos jours (François Bourin, 310 p., 45 €) propose une navigation entre les imaginaires et les représentations de la catastrophe, de l'Egypte ancienne au 11-Septembre, sous la plume de Jean-Noël Lafargue, lui-même auteur du blog Fins du monde, vraies et fausses.
Thème de prédilection de la science-fiction, l'anéantissement inspire au géographe Alain Musset des " géofictions de l'apocalypse " sous le titre Le Syndrome de Babylone (Armand Colin, 320 p., 22,50 €). Réinterprétant la malédiction biblique qui pèse sur les villes, le genre se nourrit des images de destruction urbaine : Paris, Ville Lumière devenue champ de ruines, New York et ses gratte-ciel foudroyés, aujourd'hui Los Angeles et San Francisco " nouvelles victimes expiatoires de la science-fiction ". L'auteur souligne le motif récurrent de la route, hypothétique chemin de l'exode : l'automobile se révèle non pas l'instrument du salut, mais un piège.
Le beau roman de Cormac McCarthy, La Route (L'Olivier, 2008), est l'objet d'une fine analyse de Marc Atallah dans le collectif La Fin du monde. Analyses plurielles d'un motif religieux, scientifique et culturel (Labor et Fides, 250 p., 20 €) : sa force tiendrait en partie à l'absence de toute explication sur l'origine de la catastrophe ; il n'y a rien à dire, sinon l'inanité du langage et de l'humanité. On citera enfin l'anthologie de Bernard Sergent La Fin du monde. Treize légendes, des déluges mésopotamiens au mythe maya (Librio, 92 p., 3 €) ainsi que la revue d'art et d'esthétique Tête- à-tête (no 4, " Catastrophe ! ", 72 p., 15 €)
J. Cl.


 
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23 novembre 2012

Le Village de la fin du monde.

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Enquêtant sur le phénomène qui a fait de ce village du sud-ouest de la France un des carrefours mondiaux des croyances apocalyptiques, le journaliste et écrivain Nicolas d'Estienne d'Orves découvre une réalité à la fois plus triviale et plus étrange que celle qu'il s'attendait à trouver. Rien de surnaturel : l'extravagance humaine dans tous ses états, qu'il restitue avec une bienveillance amusée.
Rendez-vous à Bugarach
de Nicolas d'Estienne d'Orves,
Grasset, 304 p., 19 €.
© Le Monde


 
" N'importe quel monde ne mérite pas d'être défendu "

Michaël Foessel.
Propos recueillis par Julie Clarini

Dans son nouvel essai, " Après la fin du monde ", le philosophe Michaël Foessel montre l'omniprésence, dans les sociétés occidentales, des discours apocalyptiques, et comment ils risquent d'étouffer la vie démocratique

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Michaël Foessel est maître de conférences à l'université de Bourgogne, spécialiste de philosophie allemande et de philosophie politique. Il explique comment, selon lui, les thèmes apocalyptiques servent à légitimer les politiques publiques.


Le 21 décembre approche : peut-on faire un lien entre les prophéties apocalyptiques fantaisistes et les discours, portés par l'institution scientifique et politique, sur l'extinction de la vie sur Terre ?
Il faut saisir le phénomène à plusieurs niveaux d'entrée. D'abord l'intérêt pour ces prophéties est un symptôme. Même si on cherche une parure mythologique chez les Mayas, il s'agit surtout d'un phénomène occidental, voire européen, qui concorde avec un sentiment, qui nous est propre, de décadence. Nous avons la sensation d'être sortis de la roue de l'Histoire ; nous sommes les témoins de la fin de notre monde tel qu'il était constitué autour de valeurs comme le progrès, la croissance économique, etc. D'autre part, si l'on regarde la formulation politique de ces discours, ils nous font entrer dans un nouvel âge : notre rapport au temps n'est plus présidé par le progrès. Les politiques publiques sont légitimées, au contraire, par l'évidence de la catastrophe à venir : il faut " sauver ", " préserver "... Ainsi l'apocalypse se retrouve mise au service de politiques rationnelles. Ce qui me semble très neuf, c'est ce point de rencontre entre l'imaginaire de la fin du monde et la rationalité instrumentale. On assiste à la rationalisation de ce qui pouvait apparaître il y a encore peu de temps comme la figure même de l'irrationnel, la crainte de la fin des temps.


Vous faites l'hypothèse, dans votre livre, que les gens obnubilés par l'échéance de la fin du monde cherchent avant tout à masquer leur propre finitude.
Oui. Il me semble que l'apocalypse collective ou la destruction tellurique est une manière de rationaliser cette fin du monde singulière que sera notre mort. C'est une façon de gérer l'angoisse en la déplaçant sur le collectif, de partager l'impartageable. Au passage, remarquons que le propre du catastrophiste, a fortiori de l'apocalypticien, c'est qu'il produit un discours qui, tant qu'il le tiendra, sera démenti par les faits. Il est donc obligé de renforcer une rhétorique de l'aveuglement : " Vous ne vous en rendez pas compte, mais le monde est sur le point de disparaître, nous sommes dans l'urgence "... On retrouve la fonction prophétique par excellence : révéler, au nom d'une vérité supérieure, au nom de Dieu - ou aujourd'hui au nom de la science -, une vérité cachée. Par là, c'est aussi une manière de stigmatiser l'inconscience des hommes.


Comment comprendre que la glorieuse époque des Lumières a été, elle aussi, habitée par la fin du monde ?
J'ai insisté sur ce point dans mon livre, car on entend souvent, dans la bouche des catastrophistes contemporains, un reproche adressé à la modernité : elle aurait été aveugle à la finitude, masquée par l'idée de progrès, le développement technique, etc. Il m'a donc semblé intéressant d'aller voir si les XVIIe et XVIIIe siècles étaient si aveugles que cela. Certes, dans les Lumières françaises, chez les Encyclopédistes notamment, on trouve une espèce d'indifférence, antireligieuse, aux thèmes apocalyptiques ; en revanche, ceux-ci sont très présents chez des philosophes comme Hobbes et Kant. Pour une raison simple : la modernité est née d'une catastrophe. Les modèles d'ordonnancement du monde, à commencer par la Providence divine, se sont effondrés ou du moins se sont affaiblis. Les Temps modernes découvrent l'objectivité du chaos. L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous, dit Hobbes. Le discours apocalyptique ressurgit alors avec d'autant plus de vigueur pour condamner la modernité. Dans La Fin de toutes choses (1794), Kant vise les contre-révolutionnaires qui ont interprété littéralement la Révolution française comme une fin du monde. Il devient nécessaire, pour les philosophes, de neutraliser ces peurs apocalyptiques pour fonder l'idée d'un progrès, une autre manière de nommer l'avenir. Mais, attention, le progrès n'est pas le progressisme, la croyance que demain sera nécessairement meilleur qu'hier. Le progrès, c'est d'abord une catégorie de la consolation : nous avons perdu un monde, le monde clos et hiérarchisé ; il faut miser sur l'avenir comme étant ouvert, indéterminé. C'est cette indétermination que le catastrophisme tente de refermer au nom d'un savoir du pire. Et qu'il me semble tout au contraire important de réinvestir.


Votre ouvrage pose une question provocatrice : sommes-nous si sûrs que le monde vaut la peine d'être préservé ?
Marx écrivait : jusqu'ici, les philosophes ont toujours interprété le monde, il faut désormais le transformer. Aujourd'hui, on entend plutôt : on a trop souvent essayé de changer le monde, il faut le préserver. Cette logique est conservatrice, parce qu'elle ne pose pas la question de la valeur de ce qui doit être préservé. Au contraire, j'essaie d'introduire cette idée que n'importe quel agencement du réel ne mérite pas, comme tel, d'être préservé, n'importe quel " monde " - au sens de manière collective d'organiser la vie - ne mérite pas d'être défendu. Par exemple, je n'affirme pas qu'il n'y a pas un problème de réchauffement climatique ou d'énergie nucléaire, mais je critique le type d'argumentation formelle qui est proposé dans ces débats. Si une branche de l'alternative est la catastrophe, l'autre s'imposera ipso facto. Pour ne pas être classé parmi les inconscients, on n'a d'autre choix que de se ranger aux avis des experts. Ainsi, on produit de la norme par réduction de la conflictualité démocratique. C'est typiquement le modèle technocratique : le savoir versus l'opinion.
Selon moi le monde a déjà disparu lorsqu'il n'incarne plus des choix, des conflits, du possible. Il a disparu lorsqu'on envisage le réel comme un processus automatique, qui fonctionne tout seul et sans nous, que ce soit le modèle providentiel d'autrefois ou le modèle vitaliste et technique d'aujourd'hui.


Etes-vous un optimiste ?
Non. Optimisme et pessimisme sont des positions métaphysiques puisqu'ils supposent une connaissance de la nature du temps. Or, le possible, par définition, ne contient ni la promesse du meilleur ni la certitude du pire. Le possible, je l'entends au sens de l'incertitude propre à la démocratie. Mon objectif est de rouvrir le champ de la confrontation contre les tentatives qui viennent de tous bords (expertises économiques, écologiques et sociales) pour refermer l'espace des possibles sur une alternative entre survie et disparition.
Julie Clarini
Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique,
de Michaël Foessel,
Seuil, " L'ordre philosophique ", 294 p., 23 €.
© Le Monde

 
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23 novembre 2012

La fin du monde approche. Certaines interprétations du calendrier maya l'ont fixée au 21 décembre. A défaut de s'y préparer, trois livres permettent de s'arrêter sur un curieux penchant au catastrophisme
Désirs d'apocalypse
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JESSY DESHAYES
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Si une chose est sûre, c'est que le monde finira. Quand et comment, il faudrait être prophète pour le dire. Cela tombe bien : les prophètes ne manquent pas, ces temps-ci. Faux le plus souvent, et fous, confus, absurdes, voire escrocs, avec peut-être quelques authentiques spécimens noyés dans la masse, dont la présence potentielle, prétexte ou vague espoir, incite à tendre l'oreille. Il est vrai que, à l'approche du fameux 21 décembre, jour supposé de l'apocalypse, le tintamarre monte. Difficile d'y échapper, sauf à s'être retiré dans un désert, attitude qui, précisément, est depuis toujours celle des apôtres des derniers temps. Où trouver refuge, sinon en soi-même, quand le monde se dérobe ?
C'est ce que font, sans le savoir, les personnes que Nicolas d'Estienne d'Orves a rencontrées pour son enquête, Le Village de la fin du monde, " sorte de journal de bord, façon Tintin " sur la vie dans ce chef-lieu du millénarisme qu'est devenu le village de Bugarach, réputé être le seul endroit sur terre qui échappera au cataclysme du 21 décembre. Venues dans ce bourg de l'Aude pour des raisons similaires, elles forment une communauté cependant illusoire ; chacun, campant sur ses croyances, erre dans son désert personnel. Désert qui cesse d'être une métaphore quand on entre dans L'Art de la résurrection, le roman de l'écrivain chilien Hernán Rivera Letelier, bien qu'il revête le même sens pour son héros, Domingo Zarate Vega, " le Christ d'Elqui ", lorsqu'il traverse celui d'Atacama, en prêchant les foules avec le refrain classique : " Le jour du Jugement dernier est proche, repentez-vous, pécheurs. " Car les foules sont ingrates et renvoient ce " messie à la manque "à sa folie et à sa solitude.
En somme, il faut commencer par déserter le monde si l'on tient à s'occuper de sa fin. A moins que l'on ne puisse s'enticher d'apocalypse que parce que le monde est déjà, depuis sa fondation, un désert. Tel est le sentiment qu'on retire de la lecture du beau livre du critique d'art et écrivain Jean-Yves Jouannais, L'Usage des ruines, recueil de vingt-deux courts textes consacrés à des guerriers vainqueurs et vaincus, ou aux témoins de leurs exploits, tous ayant en commun le décor où l'auteur les saisit : villes dévastées, paysages transfigurés par les pluies d'obus, tumulus de gravats... De la Mésopotamie d'il y a trois millénaires à Ground Zero, en passant par l'Afrique des guerres puniques, les conquêtes napoléoniennes ou le siège de Stalingrad, défilent les images saccadées, magnétiques, d'une histoire universelle dont la guerre ne serait pas un accident, mais une source jamais tarie.
Si l'apocalypse n'est pas le sujet explicite du livre, il ouvre des perspectives lumineuses, sans discours ou presque - la puissance de l'image suffit à tout -, sur l'obsession apocalyptique, c'est-à-dire sur le désir mortifère de la catastrophe. Ainsi de cette scène, tirée du récit d'une bataille en Chine au IVe siècle av. J.-C. : " C'était tout le peuple de Luoyping qui était sorti des murs. Les hommes, les vieillards, les femmes, les enfants, les soldats sans leurs armes. Et ce qu'ils faisaient, appliqués, tournant le dos à l'assaillant, c'était de démonter, pierre à pierre, les murailles de leur ville. (...) Bientôt (...) Luoyping fut une surface nue sous le ciel. " Au-delà du contexte historique, cette image d'une violence que, par certitude du pire, mais aussi par défi, on retourne contre soi, resserre une grande part de la pensée qui donne son unité au livre. Le monde semble aspirer par nature à la destruction, l'homme étant l'agent de cet élan originaire d'agressivité envers les choses et les êtres. Jean-Yves Jouannais cite Héraclite : " Un tas de gravats déversés au hasard : le plus bel ordre du monde. " Comment dès lors ne pas aspirer à la dévastation ? Comment ne pas désirer que surgisse des profondeurs la beauté des ruines fondatrices ? C'est une tentation constante de l'humanité confrontée à la menace de sa disparition : l'anticiper, l'accepter, finir par l'aimer.
Sur un registre certes plus léger, le livre de Nicolas d'Estienne d'Orves ne montre pas autre chose. Forme pure du désir d'apocalypse, Bugarach est le révélateur parfait, puisque absurde, du nihilisme bon enfant de l'époque. Mais pourquoi Bugarach ? C'est tout simple. Ce village et le pic qui porte son nom forment " un vortex cosmo-tellurique : en clair, une porte interdimensionnelle qui permet de réaliser le voyage astral ", explique une interlocutrice. Pour des raisons elles aussi obscures, les croyances ésotériques les plus baroques se concentrent sur ce lieu depuis des décennies, entraînant l'afflux, commencé bien avant l'histoire de décembre 2012, de mages, de chamans, d'adeptes du channelisme, du tantrisme, du néodruidisme, de l'ufologie... Il y aurait, dans les souterrains de la montagne, un réseau menant à une base extraterrestre, à une cité enfouie, au repaire des derniers Atlantes, dont l'exploration permettrait de découvrir les secrets les mieux gardés de l'humanité. De là naît sans doute le besoin d'imaginer Bugarach préservé des malheurs à venir : il serait tout de même dommage de se priver de ces merveilles.
Bref, Bugarach est tout sauf Bugarach. C'est, comme disent les voyants, une transparence, un lieu qui n'existe que pour révéler ce qui se tient derrière. L'intelligence de Nicolas d'Estienne d'Orves est de le renvoyer à sa plus commune réalité, ce qui lui permet de tracer au passage un saisissant portrait de la France contemporaine en territoire dépris de lui-même. Ici, les maisons semblent s'appeler " à vendre ", écrit-il drôlement. Même impression lorsqu'il remonte, en voiture, la vallée de l'Aude : " Pas un commerce, pas même une silhouette, des maisons aux volets fermés, des lieux retournés à la jungle. (...) Comme si une partie de la France était morte sur pied, dans ces recoins oubliés du monde. " Le désert, à nouveau : on n'y échappe pas. Une civilisation, en pleine mue, abandonne sur le bas-côté ses formes anciennes comme des peaux mortes. Tout un peuple d'illuminés, de va-nu-pieds de l'apocalypse, se prosterne devant les décombres, totems dérisoires de métamorphoses plus profanes que celles qu'ils hallucinent. Mais surtout plus angoissantes, puisque dans le ciel aucun signe de feu n'annonce ce qui va suivre.
Ces va-nu-pieds, s'ils étaient plus attentifs à l'histoire chilienne, auraient pu faire du Christ d'Elqui leur saint patron. Le héros d'Hernán Rivera Letelier, inspiré d'un personnage réel, qui eut son heure de gloire dans la première moitié du XXe siècle, est comme eux un adepte du bricolage métaphysique. Convaincu d'être un nouveau Christ, il part sur les chemins préparer son peuple aux derniers temps, dans un salmigondis où se mêlent éloquence sacrée et préceptes rudimentaires : " Il faut prendre le petit déjeuner le plus léger possible ! ",clame-t-il dans ses sermons enflammés. Il croit parfois accomplir des miracles mais, quand il saute d'un toit pour démontrer son élection divine, aucun ange ne le porte sur ses ailes : il se foule la cheville, comme le premier pécheur venu. Brocardé, combattu, brutalement séparé de la belle prostituée dont il avait cru pouvoir faire sa Marie-Madeleine (moyennant certaines incartades à la chasteté), il renonce à sa mission, et achève sa vie dans un anonymat dont il ne s'était éloigné qu'aux yeux de poignées d'autres misérables affamés de merveilleux. Peu lui importe : " Le Père éternel donne et reprend ", il l'a assez prêché.
Figure du dénuement matériel et spirituel absolu, le Christ d'Elqui est de ces êtres capables, puisqu'ils n'ont rien, de se soumettre à toutes les étrangetés du destin, jusqu'à cette fin du monde qui hante nos pays prospères et fébriles. Le monde est déjà perdu ; il peut le quitter. Sorti de son désert, évadé du paysage de ruines qu'arpente Jean-Yves Jouannais, comme des croyances burlesques dont Nicolas d'Estienne d'Orves fait son miel, le personnage d'Hernán Rivera Letelier aura appris qu'il n'y avait pas d'autre apocalypse à attendre que celle que tout homme connaît un jour, dans la vie réelle. Acceptation sereine, joyeuse parfois, de la dépossession, qui fait de ce fou d'entre les fous le plus lucide des prophètes.
Florent Georgesco