mercredi 27 mars 2013

WENDIGO 2 EST SORTI DES PRESSES



Les Éditions de l'Oeil du Sphinx ont le plaisir de vous annoncer la sortie de Wendigo no2, la revue de fantastique "à l'ancienne" dirigée par Richard D. Nolane.

Au sommaire :

ÉDITORIAL par Richard D. Nolane
UNE ILLUSTRATION DE LA SCIENCE MODERNE par Richard Marsh
LE PIÈGE ELFIQUE par Francis Stevens
LA PLUS ANCIENNE CHOSE DU MONDE par Willy Seidel
LE CAS DE LA FILLE DU GEÔLIER par Victor Rousseau
LE SÉPULCRE BLANCHI par Hugh Burt 

UN ÉTRANGE TERRAIN AURIFÈRE par Guy Boothby
 LE RÔDEUR par Barbara Baynton 

Couverture de Céline Miécret et logo créé par André Savéant
Directeur de la publication : Philippe Marlin – Rédacteur en chef : Richard D. Nolane
Ont collaboré de manière déterminante à ce numéro :
Philippe Aes, Jean-Michel Archaimbault, Albert Aribaud, Martine Blond, Jean-Daniel

Brèque, Jean-Pierre Moumon et Morgan A. Wallace. Mise en page : André Savéant

Un volume de 178 pages au prix de 16 € (plus 3,25 €) de frais de port.

Disponible chez EODS et prochainement chez Amazon et Atelier Empreinte.

vendredi 22 mars 2013

DRACULA A PARIS

Sur les traces de Dracula

Demain, Jacques Sirgent lira des extraits de son livre dédié aux vampires à Paris, avant de faire visiter son effrayant musée des Lilas.

Bérangère Lepetit | Publié le 22.03.2013, 04h22 

LE PARISIEN

Les Lilas, le 15 mars. Jacques Sirgent a créé le musée des Vampires et des Monstres imaginaires dans sa maison familiale. Il abrite de nombreux ouvrages sur Dracula, une collection d’affiches, des monstres ou des têtes de mort, et une reproduction de l’impasse de Jack l’Eventreur, dans la cave.

Les Lilas, le 15 mars. Jacques Sirgent a créé le musée des Vampires et des Monstres imaginaires dans sa maison familiale. Il abrite de nombreux ouvrages sur Dracula, une collection d’affiches, des monstres ou des têtes de mort, et une reproduction de l’impasse de Jack l’Eventreur, dans la cave. | (LP/B.L.)

Zoom
L’antre de Dracula se situerait-il non pas en Roumanie mais en Ile-de-? Voilà une nouvelle qui agacerait Vlad l’Empaleur, le tyran sanguinaire de Roumanie qui aurait inspiré la légende et qui est mis à l’honneur ce week-end au Salon du livre de * à l’occasion d’un débat « Dracula, entre mythe et réalité ».
SUR LE MÊME SUJET
Mais pour une immersion complète dans le pays des vampires, rien de tel que le Salon du livre OFF, une soirée très particulière organisée demain soir de 19 heures à 21 heures à la librairie anglophone parisienne, The Abbey Bookshop, en présence du vampirologue Jacques Sirgent, qui viendra lire des passages de son dernier ouvrage (voir encadré). Les présentations faites, il entraînera les plus téméraires dans sa vieille demeure aux Lilas, unique « musée privé des vampires et des monstres de l’imaginaire », en .

Car Jacques Sirgent ne reçoit que le soir, à la nuit tombée, et sur réservation. L’endroit mais surtout le personnage, vampirologue de profession et dernier traducteur français en date du « Dracula » de Bram Stoker, méritent le détour. Long manteau de cuir noir battant sur les chevilles, Jacques Sirgent, 58 ans, est une apparition. Il s’habille intégralement en noir depuis l’âge de 20 ans, « par timidité », confie-t-il au milieu du bric-à-brac de son salon-musée où s’amassent des tonnes de livres poussiéreux et d’où sortent des murs des mains pâles aux ongles laqués de rouge.

 
C’est à 7 ans que naît son amour des revenants, après avoir vu « sans l’avis de ses parents » le film muet allemand de Murnau, « Nosferatu ». Il habite alors au Canada, où ses parents ont émigré. Là, il fréquente une « école catholique rigoriste irlandaise », « où j’ai appris que les filles, c’était le diable ». Il s’en est remis. Il a failli épouser une « prof de fac » en Louisiane avant de succomber à Paris au charme d’une « sorcière », explique-t-il dans un petit sourire, une dénommée Clotilde D’Albepierre, auteure de livres pour enfants et « passionnée de sciences occultes ».
Un vampirologue émérite

Avenant et affable, l’homme aux petites lunettes est une encyclopédie vivante des monstres et légendes. Il adore disserter des heures sur les fantômes « qui reviennent quand on leur fait du mal », intervenir dans des classes de « décrocheurs » en Seine-Saint-Denis ou organiser des visites ésotériques du Père-Lachaise, un cimetière qu’il connaît comme sa poche.

Universitaire émérite, diplômé de l’université de Genève, Jacques Sirgent donne aujourd’hui des conférences au Chili, au Canada ou aux Etats-Unis. Mais il affirme ne pas « croire aux vampires » — « c’est le reflet du vampire qui m’intéresse. Ce qu’il révèle sur la société ». Il avoue juste, avec une joie enfantine, son béguin pour « les revenants ». Et de lâcher que l’esprit de son grand-père, un sculpteur italien, a élu domicile dans sa cave. Autodérision ou douce folie? Le vampirologue assume le « folklore » du personnage gothique qu’il s’est construit.

« Jacques est très reconnu dans le milieu », confie son ami, le prêtre exorciste François Poublan. « Quelqu’un de pur, un précurseur à mille lieux de ceux qui surfent sur la mode du vampirisme pour se faire de l’argent facile. » Et que pense Jacques Sirgent de la série à succès « Twilight »? « Une bluette marketing, peste-t-il. Les vampires sont décidément trop subversifs pour les Américains. »

* Porte de Versailles, dimanche, sur la grande scène, débat de 16h30 à 17h30, « Dracula entre mythe et réalité » avec des auteurs roumains. A partir de 19 heures demain soir, Salon du Livre OFF à la librairie bilingue The Abbey Bookshop, 29, rue de la Parcheminerie, Paris (Ve). Lectures de François Sirgent, suivies d’une visite gratuite du musée des Vampires des Lilas, au 14, rue Jules-David. Tél. 01.43.62.80.76.
Le Parisien

jeudi 21 mars 2013

PESSOA ET L'ESOTERISME


 

POLITICA HERMETICA

                                                                                          Paris, le mercredi 20 mars 2013



Chers amis,

           
Nous avons le plaisir de vous convier à la conférence de

Marco Pasi

 

Fernando Pessoa : ésotérisme, sociétés secrètes et théories du complot


Le samedi 13 avril 2013 dans les locaux de l’Institut européen en sciences des religions (IESR), 14 rue Ernest Cresson, 75014, Paris à 19 heures 30. Un buffet sera servi après la conférence, participation aux frais de l’Association : 15 € ; 5 € dans le cas où vous ne pouvez pas être des nôtres au buffet.


IESR, 14 rue Ernest Cresson, Paris, 14e
(métro Denfert-Rochereau)



            Pour tout renseignement: Marthe Laurant, 1, Chemin du Bois Macaire, 02290, Vézaponin, tel: 0323557018,  Courriel : laurant.veza.laurant@orange.fr 
Soyez assez aimable pour nous faciliter l’organisation de bien vouloir nous renvoyer le coupon ci-dessous


Nom:

Prénom:

adresse:

tel:
accompagné de   personne (s)

assistera/n’assistera pas à la réunion

CAFE DU FLEUVE, Quillan




11500 – Café du Fleuve (2 place de la République, 11500 Quillan). Et voilà le café branché de la cité de la Quille, sur cette sympathique petite place à l’ombre du château. Et le patron, fort avenant, se donne beaucoup de mal pour animer le lieu avec des soirées poétiques, concerts ou mini-théâtre. Il ne vous laissera pas de surcroît mourir de faim, allant jusqu’à vous suggérer de ne prendre qu’un plat, car les portions sont très copieuses. J’ai testé la salade nordique, avec une laitue quasi entière (et pas en sachet !), une belle portion de cole slaw, le tout recouvert de généreuses tranches de saumon fumé et de harengs. A remarquer aussi un chili corn carne qui réveillerait un Cardinal à l’heure des vêpres ! Quant à la fricassée de poulet à la blanquette, je n’en ai surpris que le fumet dans l’assiette de ma voisine, mais elle appelle un prochain contrôle qualité. Pour les estomacs fragiles, ils pourront surfer sur une belle carte de grillades dont le magret entier (aux épices) est le roi. Bravo !

RETOUR A BRAN

ROUMANIE Le château de Bran prisonnier de la légende de Dracula

Entre mythe, légende et désenchantement, le château de Dracula voit affluer de nombreux touristes. Ils viennent à Bran sur les traces du personnage de Bram Stoker, mais aussi pour fêter Halloween.
 
COURRIER INTERNATIONAL
Photo du château de Bran. Office de tourisme. Photo du château de Bran. Office de tourisme.
 
Le château de Bran, l'un des plus imposants monuments historiques de Roumanie, se trouve à l'entrée du col de Bran-Rucăr, dans les montagnes des Carpates. Il est situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Braşov, qui fut la première capitale de l'ancienne Valachie, territoire du prince Vlad Tepeş, surnommé Dracula. Bâti sur un rocher, le château abrite actuellement un musée qui s'étend sur les quatre étages ouverts au public. Et bien que les touristes étrangers viennent chaque année, attirés par la légende du comte Dracula, et que le guide n'hésite pas à mettre l'accent sur le côté mythique de la bâtisse, l'histoire vraie du château de Bran suffit à les enthousiasmer.
Le château de Bran est mentionné pour la première fois dans un document officiel le 19 novembre 1377. Le roi de Hongrie, Louis Ier d'Anjou, accorde alors aux habitants de Braşov le privilège de construire une citadelle de pierre sur le rocher qui porte le même nom. A la fin du XVIe siècle, le château est placé sous l'autorité des Sicules (population de Transylvanie de langue magyare), puis rattaché à la Transylvanie sous le règne de Iancu de Hunedoara. Ses liens de la forteresse avec Vlad Ţepeş datent de la même époque, lorsque le prince de Valachie est chargé de défendre la passe donnant accès à la Transylvanie.
Le 1er décembre 1920, le conseil de la ville de Braşov fait don du château à la reine Marie de Roumanie, en signe de gratitude pour sa contribution à l'union des principautés roumaines en 1918. Le château est restauré entre 1920 et 1927, sous la direction de l'architecte de la cour, Karel Liman. Du temps de la reine Marie, le château de Bran connaît son heure de gloire : il est l'une des résidences favorites de Sa Majesté. On raconte même que le cœur de la reine Marie est resté enterré quelque temps à Bran avant d'être déposé dans sa résidence de Baltchik, en Bulgarie.
La fille de la reine Marie, la princesse Ileana, hérite du château en 1938. Mais, en 1948, la famille royale est expulsée du pays par le régime communiste. Bran devint propriété de l'Etat roumain, qui le transforme en musée d'histoire et d'art féodal. L'état de délabrement avancé du château entraîne sa fermeture en 1987. Il n'est rouvert au public qu'en 1993, après restauration.
Actuellement, le château est la propriété de l'héritier de la princesse Ileana, un dentiste d'origine américaine, Dominique de Habsbourg. Il est ouvert à la visite, à la location (il semblerait qu'on puisse le louer pour un mariage pour la somme de 2 000 euros) et accueille de superbes fêtes d'Halloween.
Le mythe de Dracula : une bouffée d'oxygène pour le château

Mais il ne fait aucun doute que les touristes étrangers viennent visiter le château de Bran essentiellement à cause de la légende de Dracula.
Le mythe du comte Dracula vient du roman de l'écrivain irlandais Bram Stoker, publié au Royaume-Uni en 1897. Les personnages sont nés de l'imagination de l'auteur, mais l'essentiel de la trame narrative est issue des croyances populaires sur les forces du mal, tels les vampires ou les revenants. Le voïvode [comte] de Valachie, Vlad Ţepeş, a été associé à Dracula, bien que les données historiques ne confirment pas qu'il ait séjourné longuement au château de Bran. Et pourtant, le site est promu à travers le mythe du vampire qui se nourrit du sang de ses ennemis.
C'est l'une des raisons pour lesquelles le château de Bran fut classé par des journalistes de CNN parmi les dix plus beaux châteaux médiévaux. Ils le présentent en ces termes : "Aussi bien les administrateurs du château que les responsables du tourisme en Roumanie mettent en rapport de manière insistance le château et Vlad Ţepeş, source d'inspiration pour Bram Stoker lors de la rédaction de son Dracula. Les liens sont pour le moins subtils, mais on ne peut guère nier le charme sombre de cette structure massive. Certaines des pièces de mobilier ont appartenu à la reine Marie de Roumanie, une nièce de la reine Victoria qui, après avoir refusé la demande en mariage du roi George V d'Angleterre, épousa le roi de Roumanie."
Malheureusement, Bran n'a conservé qu'un lustre extérieur. Après sa rétrocession à Dominique de Habsbourg, le château s'est vidé peu à peu. Le mobilier a été déplacé par le ministère de la Culture et du Patrimoine. La nouvelle salle de projection, où l'on peut visionner des images des Archives nationales sur l'histoire de la famille royale et du château, n'est pas assez mise en valeur, et son aménagement n'invite pas les visiteurs à y rester plus de cinq minutes. Quant à la stratégie de l'actuel propriétaire, elle tend plutôt à démystifier le lieu et ses liens supposés avec le célèbre personnage du roman.

mardi 19 mars 2013

JEAN-YVES TOURNIE CAUSE

 
 
L'INDEPENDANT
 

Quillan Soirée littéraire avec Jean-Yves Tournié

Le 15 mars à 6h00
Le club de loisirs Léo-Lagrange est heureux d'annoncer la venue de Jean-Yves Tournié, journaliste écrivain, qu'il a invité pour animer une soirée littéraire. Celle-ci aura lieu le vendredi 22 mars, à partir de 17 h 30, salle Linou-Respaud. Jean-Yves Tournié connaît bien notre terroir puisqu'il est né à Fa, village voisin dont il a fréquenté l'école primaire, avant celle de Carcassonne. Là il a ensuite entamé ses études secondaires, menées à bien à Saint-Étienne. Quant à ses études supérieures, il les a faites à Lyon puis à Paris. Journaliste professionnel depuis 1968, Jean- Yves Tournié a collaboré à de nombreuses publications, à la radio et à plusieurs émissions de télévision. En 1976, retour au pays comme chef d'agence de l'Indépendant à Narbonne, puis, en 1981 jusqu'en 2000, comme chef d'édition du même quotidien à Carcassonne. L'auteur a déjà publié plusieurs ouvrages remarqués, et son dernier né, "Une ombre sur le chemin", témoigne d'un talent et d'une maîtrise de l'écriture incontestables. Ce roman très prenant narre l'affrontement de deux générations paysannes occitanes au moment du basculement de la paysannerie traditionnelle dans l'univers de l'agriculture intensive moderne. Il raconte en même temps la déchirure intérieure du héros, entre ses racines profondes et son goût pour la vie urbaine. Avec en toile de fond l'amour fou pour une femme et le séisme sociétal de 68. L'auteur débutera la soirée par une conférence sur la ruralité et le passage du monde des cultivateurs à celui des agriculteurs. Il dialoguera ensuite avec les participants et se prêtera à une séance de vente dédicace. Un vin d'honneur convivial clôturera la soirée vers 19 h.

lundi 18 mars 2013

LES CHRONIQUES d'EL'BIB : JE SUIS UNE LEGENDE, Richard Matheson




L’ouvrage de Richard Matheson, Je suis une légende (1954 ; Présence du Futur 1955 ; Denoël 2001), est certainement l’un des premiers à revisiter le thème du vampire. Certes, les « codes de chasse » sont respectés (croix, pieu, lumière du jour, eau...). Mais l’environnement gothique habituel est totalement abandonné. Nous sommes dans un univers de science-fiction type « le Survivant », et la catastrophe qui a décimé l’humanité n’est ni une guerre nucléaire, ni un sinistre écologique, mais une épidémie de vampirisme. Robert Neville a échappé à la catastrophe, une morsure de chauve-souris subie dans le passé l’ayant manifestement immunisé. Et nous allons participer à la survie du dernier homme, barricadé la nuit dans sa maison pour échapper aux zombies assoiffés de sang. Ce qui fait la véritable force du roman, c’est le besoin de comprendre ce qui s’est passé, amenant Robert Neville à aller fureter dans les rayons « biologie » des bibliothèques d’universités désertes et de se procurer le microscope nécessaire pour analyser les prélèvements opérés le jour sur les non-morts en léthargie. Il finira par localiser le virus dont les mutations successives sont autant de révélations sur ce que pourrait être les germes d’une nouvelle humanité. Un petit chef d’œuvre servi par une agréable traduction de Nathalie Serval.

dimanche 17 mars 2013

LOVECRAFT, 76 ANS DEJA

Lovecraft, indicible hommage

Lovecraft, indicible hommage

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Hier, nous célébrions le 76éme anniversaire de la disparition d’Howard Phillips Lovecraft, l’un des écrivains majeurs du Xxéme siècle, et certainement le plus influent. Vous ne le connaissez pas ? C’est presque normal, mais nous sommes là pour ça…

La mort de Lovecraft

Howard Phillips Lovecraft
Peut on juger un homme à la manière dont il meurt ? Pour Lovecraft, certainement, tant sa disparition a ressemblé à sa vie : en gentleman. Lorsque son médecin le visite, mi février 1937, il découvre l’écrivain famélique, dans sa baignoire, seul moyen pour lui de soulager les douleurs aux ventres qui le rongent. L’on n’a jamais vraiment su pourquoi Lovecraft avait tant tardé à requérir aux secours de la médecine, certains pensent que c’est par manque de moyens, d’autres parce qu’il n’estimait pas nécessaire de déranger un médecin pour des troubles intestinaux.
Transporté à l’hôpital, Lovecraft y mourra un mois plus tard, du cancer de l’intestin qu’on lui avait diagnostiqué. Interrogés par des amis, le personnel de l’hôpital, particulièrement les infirmières, se souviendront d’un homme qui n’a jamais cessé d’être courtois, d’une exquise politesse, alors même qu’il endurait des souffrances abominables.
Ainsi mourut Lovecraft, écrivain miséreux pour magazines bons marchés, qui ne daignaient pas souvent le payer, et ainsi eût il dù disparaître s’il n’avait été entouré d’admirateurs qui surent reconnaitre son génie.

Une œuvre au destin singulier

Tombe de Lovecraft, avec l'inscription "I am Providence", déclaration d'amour à sa ville natale à laquelle il fut fidèle.
Dernier survivant de sa lignée, une famille issue des premiers colons, ruinée. Il verra son père hospitalisé dans un asile d’aliénés, rendu dément par la syphilis. Dès lors, sa mère, ses deux tantes et son grand père se chargeront de son éducation.
De constitution faible, Lovecraft compense sa fragilité physique par une intelligence exceptionnelle, adossée à une mémoire qui ne l’est pas moins. A trois ans, il lit couramment et apprend par cœur des poèmes, a huit ans, il dévore les livres de science et d’astrologie. La mort de son grand père, et la mauvaise gestion du fond de celui-ci, laisse la famille presque sans le sou. Encouragé par quelques directeurs de magazines avec qui il correspondait, il publie sa première nouvelle, « Dagon ».
Le reclus de Providence, qui vit quasiment en ermite, reçoit alors un abondant courrier, auquel il répond. Il ne cessera toute sa vie d’être le correspondant assidu de jeunes admirateurs qu’il encouragera à écrire. Parmi eux, Robert Howard, créateur de « Conan le Barbare », ou le jeune Robert Bloch, qui ne sait pas encore qu’un fait divers l’inspirera pour écrire un roman, « Psychose », qui sera adapté au cinéma et considéré comme le meilleur film d’Alfred Hitchock.
Mais Lovecraft continue aussi d’écrire, des nouvelles principalement, quelques poèmes, des essais, qui seront uniquement publiés dans les Pulps, des magazines bons marchés pour amateurs d’horreur, parmi lesquels le magazine Weird Tales, devenu mythique. Jamais il ne verra ses histoires compilées en livre. Les rédacteurs en chef de certains magazines omettent souvent de la payer, et lui ne les relance pas, trop bien élevé qu’il est : un gentleman ne s’abaisse jamais à demander de l’argent.

Le mythe de Cthulhu

Cthulhu, plus célébre représentant du panthéon Lovecraftien
De cette œuvre, il reste quelques milliers de pages, des nouvelles et un seul roman, dont certaines constituent le Mythe de Cthulhu, du nom d’une créature, membre du panthéon de divinités extra-terrestres essayant sans relâche d’asservir l’humanité. Le nom du mythe vient de la nouvelle « L’Appel de Cthulhu », la plus connue des admirateurs, et sans doute la plus représentative du style Lovecraftien.
Style qui n’est pas sans défauts : lourd, emphatique, prévisible, Lovecraft est plus en quête d’efficacité que de style, et surtout se refuse à toute surprise. Pour ses détracteurs, ses nouvelles se résument à une litanie d’horreurs « Indicibles » laissées à l’imagination, à des sectes et des complots. Il faut reconnaître que, dès la première phrase, l’on sait si le personnage principal a fini mort ou fou. Pas de fin heureuse, chez Lovecraft : on ne fait que repousser l’inéluctable, le retour des Grands Anciens.
Lovecraft souriant, une image rare...
Mais comment, pour l’amateur de lecture, ne pas rêver des livres maudits dans des bibliothèques interdites, le De Vermiis Misteriis ou le fabuleux Nécronomicon, écrit par un arabe dément qui finit dévoré vivant par des chiens invisibles sur la place de Bagdad ? Un livre qui rend fou toute personne qui le lit.
Pour rendre hommage à Lovecraft, rien de tel qu’une énumération des personnes qui le revendiquent pour leur maître spirituel : Stephen King, Neil Gaiman, Robert Bloch, Alan Moore, John Carpenter, Stuart Gordon, Guillermo del Toro, Junji Itō, H. R. Giger… Mais aussi ceux qui le citent sans s’en rendre compte ou sans s’en réclamer ouvertement, même si ils lui ont consacré une biographie. Ainsi, chaque idée de Michel Houellebecq vient de Lovecraft. D’autres noms, comme Borges ou Joyce Carol Oates, y font des références appuyées.
Le lecteur attentif qui découvre aujourd’hui Lovecraft sera saisi d’un sentiment mêlé : d’un côté, la sensation de n’avoir jamais rien lu de pareil auparavant, et d’un autre, la familiarité avec un univers abondamment cité dans l’art, sous toutes ses formes, depuis 76 ans.

Conseils de lecture :

Le mythe de Cthulhu,parfait pour découvrir l’oeuvre, peu onéreux et relativement représentatif, notamment grâce au fameux « Appel de Cthulhu », LE grand classique.

samedi 9 mars 2013

PRINTEMPS D'ASIE, Carcassonne





11000 – Printemps d’Asie (142 avenue Franklin Roosevelt, 11000 Carcassonne, tél 04 68 25 73 12). Une belle surprise à la sortie de Carcassonne, sur la route de Toulouse. Contrairement à beaucoup de ses confrères, ce restaurant n’aligne pas 500 plats à la carte. Mais un choix limité de produits frais et de qualité. Le Bo Bun est délicatement parfumé, les assiettes beignets/raviolis très copieux et le crabe farci a la saveur du crabe et non de la chair à saucisse. Belle marmite de fruits de mer et un succulent émincé de bœuf sur plaque chauffante au poivre de Sechuan. Difficile enfin de choisir entre les coupes glacées arrosées qui ont pour nom Nuit de Chine, ou Nuit d’Amour, ou encore Nuit Câline. La cuisine est garantie « sans glutamate pour préserver la santé de nos clients ». Quant au patron, il est tout simplement adorable.

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : L'AUTRE DRACULA CONTRE L'ORDRE NOIR DE LA GOLDEN DAWN, Tony Mark

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Je m’étais bien amusé à la lecture de L’Autre Dracula de Tony Mark (2006). Mais la suite des aventures du Comte homosexuel, L’Autre Dracula contre l’Ordre Noir de la Golden Dawn (Blanche, 2011), m’a véritablement donné la nausée. Le titre de ce roman aurait dû être Traité Méthodique de Sodomie Pratique ! Nos amis Jonathan Harker, Mina, Lucie et Arthur vivent ensemble et, pour respecter les convenances, se sont mariés. Mina est même allée jusqu’à donner un fils, Quincey, à Jonathan. Et ce dernier couple reçoit un mystérieux appel de Dracula et partent à son secours en Roumanie. Après un petit stage lesbien de Mina avec la Comtesse Dolingen de Graz au cimetière du pays, nos deux comparses retrouvent le château dévasté. Le Comte est en cendre au fond de sa tombe mais, grâce à un efficace mélange de sperme et de sang, reviendra à la non-mort. Notre pauvre Saigneur est en effet en proie aux attaques d’Aleister Crowley qui veut lui voler ses pouvoirs et, pour ce faire, lui a dérobé ses deux grimoires les plus précieux, Le livre d’Abramelin le Mage et bien sûr le Necronomicon. Il charge nos deux amis d’aller récupérer ces ouvrages au Temple londonien de la Golden Dawn. Il prendra cependant le temps de raconter à Jonathan son histoire, et notamment comment il a été initié à la cour du Sultan dont il était le favori. On comprend enfin d’où vient la pratique du pieu ! 
La fin de la saga prendra évidemment la forme d’une grandiose partouze sanglante, au cimetière de Highgate bien sûr. Un ouvrage dont on peut se passer !

L'ECONOMIE DES VAMPIRES Sciences et Avenir

L'économie des vampires

Créé le 07-03-2013 à 11h04 - Mis à jour à 18h35

Un chercheur néo-zélandais a simulé sur ordinateur les relations proies-prédateurs entre humains et vampires. Son modèle illustre la façon dont les hommes peuvent "vampiriser" un stock limité de ressources naturelles.

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Klaus Kinski s'en prend à Isabelle Adjani dans la version signée Werner Herzog de Nosferatu, sortie en 1979. Archives du 7eme Art / Photo12
Klaus Kinski s'en prend à Isabelle Adjani dans la version signée Werner Herzog de Nosferatu, sortie en 1979. Archives du 7eme Art / Photo12

MONDE VIRTUEL. À première vue, le sujet de l'étude paraît saugrenu. Pourtant, Daniel Farhat, un chercheur du département d'économie de l'université d'Otago, en Nouvelle-Zélande, en est persuadé : son modèle informatique permet d'éclairer de vraies situations économiques du monde réel. « Même si les vampires n’existent pas, la relation de type proie-prédateur qu'ils entretiennent avec les humains constituent une métaphore très pertinente pour un grand nombre de relations économiques » explique le néo-zélandais dans sa publication.
D'ailleurs Farhat n'est pas le premier à aller titiller Dracula pour expliquer l'économie: une dizaine d'études du même acabit ont déjà été publiées sur le sujet (si, si !). Mais aucune ne satisfaisait pleinement Daniel Farhat.
Ainsi, dans certaines d'entre elles, les humains et les vampires disposaient de trop d'informations (comme par exemple l'état du "stock" : combien de bipèdes encore vivants - si l'on peut dire parlant des vampires - à chaque instant). Dans d'autres, la mortalité des humains n'était pas prise en compte... Aussi, Daniel Farhat a-t-il décidé de créer son propre modèle, bien plus "réaliste".

Un monde virtuel où les humains se nourrissent de pain, et les vampires, du sang des hommes


Le chercheur a donc programmé un monde virtuel composé d'un quadrillage dans lequel les humains sont représentés par des points - eh oui, ça se passe comme ça dans un labo d'économie moderne !
Dans ce monde-logiciel, les hommes numériques produisent des ressources (du pain) qu'ils consomment pour survivre et se multiplier. Le chercheur a également programmé sa simulation afin que les humains se regroupent petit à petit dans des villes. En l'absence de vampires, voici ce qui se passe :


La première courbe représente l'évolution de la population d'humains qui croît régulièrement en l'absence de vampires. La seconde courbe montre la production d'une ressource alimentaire, ici du pain (bread), indispensable au maintien et à la croissance des humains. La troisième case montre la répartition aléatoire des humains (les points bleus) au tout début de la simulation, puis regroupés dans des "villes" (dernière case) à l'issue de la simulation. 
 
De leur côté, les vampires, fidèles à leurs bonnes vieilles habitudes alimentaires, ne se nourrissent que de sang humain. Lorsqu'ils mordent, il peuvent parfois transformer un humain en l'un des leurs. Mais en l'absence d'hémoglobine à se mettre sous les crocs, les vampires finissent par mourir de faim. Voici donc ce qui se passe dans un monde virtuel où les humains ne peuvent pas repérer (et donc combattre) les vampires :


La courbe bleue représente l'évolution de la population d'humains et la rouge celle des vampires. La simulation montre que malgré la prédation des vampires sur les humains, le ratio entre les deux espèces reste constant.
ÉQUILIBRE. Comme on peut le constater, les vampires et les humains trouvent alors une situation d'équilibre leur permettant de coexister. Les deux populations évoluent en parallèle, les vampires tentant de gérer leur stock limité de proies tandis que les humains eux, doivent produire les ressources qui leur permettent de survivre tout en résistant à la pression des buveurs de sang.
Mais que se passe-t-il si les vampires deviennent trop voraces ? Pour le savoir Daniel Farhat a augmenté la quantité de sang virtuel que prélèvent les vampires (toujours invisibles aux humains). Et le résultat est surprenant : une gourmandise trop importante des prédateurs les conduit à... leur extinction.

La courbe de population des vampires (en rouge) croît rapidement et, chez les humains, c'est un massacre. La population humaine (courbe bleue) s'effondre jusqu'à ce que les vampires soient à court de nourriture. Ces derniers meurent alors de faim jusqu'au dernier. Les quelques humain survivants repeuplent alors le monde virtuel.

Les humains contre-attaquent, les pieux à la main


RÉVOLTE. Ensuite Daniel Farhat introduit un nouveau paramètre. Cette fois, les humains peuvent détecter les vampires. Et les hommes laissent alors tomber la production de pain pour, à la place, fabriquer des pieux - comme moyen de défense contre les suceurs de sang, on a rien fait de mieux depuis Bram Stoker.
Le chercheur teste alors deux situations. Dans la première, les vampires sont de faibles créatures que les humains éliminent sans difficulté lorsqu'ils sont repérés. Dans la seconde, les prédateurs sont invincibles. Et de manière surprenante, l'étude montre que les vampires sont exterminés... lorsqu'ils sont invincibles.

 
Le graphique de gauche montre qu'en présence de vampires "faibles", la population humaine croît régulièrement tandis que celle des vampires est soumise à de fortes fluctuations en fonction de "cycles de peurs" entraînant des campagnes d'éradication. La courbe de droite montre que si les vampires sont invincibles, les humains s'épuisent à fabriquer des pieux inefficaces au lieu de produire leurs ressources vitales... La population humaine s'effondre et les vampires "invincibles" au corps à corps finissent par mourir de faim faute de proies.

EXTRAPOLATIONS. Et le chercheur d'expliquer que l'on peut appliquer ce modèle à la manière dont les humains « vampirisent » un stock limité de ressources naturelles qui, si elles viennent à manquer, pourraient conduire à l'extinction des prédateurs que nous sommes.

"C'est une métaphore très pertinente pour un grand nombre de relations économiques" - l'économiste Daniel Farhat.

De même, l'économiste fait le parallèle avec la manière dont un agent infectieux se propage lors d'une épidémie (les personnes infectées étant les « vampires ») au milieu d'une population d’humains "saine". Ainsi, un pathogène trop virulent aura plus de chances de disparaître qu'une maladie moins incapacitante.

« Des relations similaires existent entre les gouvernements (qui prélèvent des impôts) sur leurs citoyens ou entre les grandes entreprises et leurs salariés (les premiers font du profit sur les seconds), avance le chercheur. Ainsi, ce modèle suggère que des révolutions sociales peuvent survenir si ceux qui se nourrissent des efforts des autres "consomment" un peu trop (ex : un gouvernement corrompu ou une entreprise ne payant pas assez ses salariés) »
Au bout de cette étude crépusculaire, luit heureusement une bonne nouvelle. « La voici: le modèle prédit que les vampires trop affamés (un gouvernement corrompu ou un employeur abusif) sont inévitablement éliminés lorsque leurs actions sont découvertes » conclut le chercheur. N'oublions pas toutefois que ces conclusions ne reposent que sur un modèle mathématique qui ne prend en compte qu'un nombre très limité de facteurs.
Erwan Lecomte, Sciences et Avenir le 7/03/13
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LE VERRE ET LE SEL BALNORENNAIS


Rennes-les-Bains et sa région Actu |  Sports |  Loisirs

Publié le 08/03/2013 03:47
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Rennes-les-Bains. Domaine de l'Eau-Salée

Entrée du four verrier. ()
Entrée du four verrier.
Le domaine de l'Eau-Salée fut jadis fréquenté par de nombreux acteurs : verriers, mineurs de jais, charbonniers, bûcherons, bergers, paysans, colporteurs et bien sûr, contrebandiers du sel et gabelous de la ferme générale à leurs trousses.
Au cœur de ce domaine, une source où jaillit une eau couleur saumon, au goût salé et dont le degré de salure varie selon les saisons, donne naissance à la rivière Sals. Du temps de l'impopulaire gabelle, ce sel fut à l'origine d'une contrebande très active régulée par les gabelous en poste sur les lieux. Tout près de la source salée, les fouilles archéologiques ont mis au jour les vestiges de l'atelier verrier forestier de Salines constitué de structures de chauffe particulièrement bien conservées : un four de fusion de plus de 6 m de longueur et un four de recuisson. Entre les mains expertes des gentilshommes verriers, ces fours ont fonctionné entre 1650 et 1750. Ils produisaient par soufflage : fioles, bouteilles, languedociennes, verres à tige creuse et perles. Des visites guidées du site à partir de Rennes-les-Bains : vendredi 8 et 29 mars : départ à 14 heures devant Ecla en covoiturage. Inscription obligatoire à Ecla au 04 68 69 82 94. Dimanche 10 mars : départ à 10 heures à Sougraigne chez Soc-art photographies ; dimanche 24 et 31 mars à partir de Sougraigne, départ à 14 heures chez Soc-art photographies, inscription obligatoire à Ecla au 04 68 69 82 94 ou au 06 86 69 41 72.
La Dépêche du Midi

jeudi 7 mars 2013

RESTAURANT Espéraza




 



11260 – Restaurant (20 place de la République, 11260 Espéraza, tél 09 67 04 62 91). Le charmant couple qui gère cette adresse ne s’est pas fatigué pour trouver un nom ! Mais qu’importe, c’est un très agréable bistrot avec quelques tables et une carte de qualité. Le menu est à 9,50 € (avec un verre de vin) ; on vous offre une belle assiette de tapas pour démarrer et ensuite vous avez le choix entre 5 ou 6 plats du jour que le chef mitonne quotidiennement en série limitée (4 parts). Tripes fraîches, bourguignon de joue de bœuf, ficelle picarde, tête de veau, parmentier de confit de canard. Les portions sont gigantesques et la qualité irréprochable. Le patron, un ancien de la Direction Départementale de la Répression des Fraudes, fait ses courses tous les matins ! Et pour être complet, je conseille aux vrais gourmands de terminer avec un café… gourmand. Vous serez lestés pour un bon moment.

ON NE MANGE PAS LES CHEVAUX DE BUGARACH

Trois jours autour du pic de Bugarach

Une site somptueux qui invite à la balade. / Photo DDM ()
Une site somptueux qui invite à la balade. / Photo DDM
Le pic de Bugarach, mondialement célèbre grâce à une histoire de fin du monde, est avant tout le point culminant (1 230 m) d'une région très riche en paysages et offrant de nombreux circuits de randonnée. Pendant ces trois jours, le centre équestre du Causse vous fera traverser la forêt des Fanges avec ses sapins géants, visiter le château de Puylaurens, puis traverser la vallée du Fenouillèdes et ses vignobles, pour s'approcher du sommet du pic (900 m) et découvrir les espaces sauvages du plateau de Malabrac avec ses hameaux abandonnés, pour terminer par la découverte du site des sources de la Sals avant de revenir au point de départ après avoir traversé la petite ville thermale de Rennes-les-Bains.
Quatre dates à retenir : Du 29 mars au 1er avril, pour commencer la saison, du 17 au 20 mai pour la flore en pleine explosion, du 14 au 17 août pour les longues journées (et la sieste !), et ensuite du 31 octobre au 3 novembre pour les somptueuses couleurs de l'automne. Pour plus d'informations, contacter Nicole (guide de tourisme équestre) au 06 83 11 26 22 ou par mail nicolegranes@gmail.com
La Dépêche du Midi

LE GRAVEUR BALNORENNAIS

Limoux. Dans le secret du graveur

portrait

 

La Dépêche

Guy Fontalavie dans son atelier de Rennes-les-Bains. / Photo DDM ()
Guy Fontalavie dans son atelier de Rennes-les-Bains. / Photo DDM
Passionné et passionnant, Guy Fontalavie exerce au plus haut niveau un art séculaire : la gravure. Il crée des œuvres rares dans sont atelier de Rennes-les-Bains. Rencontre.
Quel paradoxe: la gravure qui contribua à l'explosion de la connaissance des populations du Moyen Age grâce aux tirages en série d'images et de textes, semble être passé par le planning familial. Sa valeur intrinsèque dépend désormais de la limitation des tirages. Une sorte de régulation des naissances, qui a fait le tri entre les divers services rendus par la révolution de l'imprimerie, et les techniques de reproduction. Dans son atelier de Rennes- les bains, une maison de pierre à deux niveaux posée au bout du vieux pont qui enjambe la Salz, Guy Fontalavie, la soixantaine, regard vif sous une tignasse en bataille perpétue les gestes de ses lointains devanciers. Et qu'il a eu le temps de découvrir de 1974 à 76, au titre de pensionnaire et de lauréat du prix de la Casa Velasquez à Madrid, l'équivalent du prix de Rome.

La couleur dans un univers en noir et blanc

Une lignée illustre dont la vigueur s'est relâchée faute de combattants, rebutés par l'ingratitude de la tâche. Ancien élève des Beaux Arts de Paris, il a découvert la gravure après la peinture, la sculpture, mais surtout le travail sur les médailles qu'il a exercé pendant une vingtaine d'années pour le compte des ateliers de la Monnaie de Paris. C'est peut-être la persistance d'une odeur familière qui flottait dans l'atelier de gravure, et «la recherche de la transparence dans la couleur» qui a fixé définitivement son choix. Après 30 ans de Normandie, et un long séjour en Ardèche, il a débarqué sur les bords de la Sals en 2010, acheté une maison qui l'attendait puisqu'elle était à vendre. Et posé ses valises. Ses outils pour graver, ses plaques, et ses fioles contenant les acides, vernis, couleurs, rouleaux. Ses feuilles de papier aussi, élaborées à la main dans quelques rares ateliers. Sa presse à main enfin, qui est pour le graveur ce que la barre est pour le timonier. Attaché à deux techniques complémentaires: la quadrichromie où seuls les reliefs du motif de la plaque sont reproduits, et son contraire, l'eau forte, qui ne livre que les creux à la reproduction, Guy Fontalavie, est un des rares graveurs à utiliser la couleur. Et à la maîtriser dans le labyrinthe des compositions et des harmonies qui se précisent au fil des passages des plaques sous le rouleau de la presse à bras. Tous ses modèles sont creusés à la main,dans la plaque d'inox avec une gouge. Le répertoire de la gravure est immuable au fil des âges.

Primé à Séoul

On retrouve des personnages de légende empruntés à l'Ancien Testament , croisés au Moyen Age comme les 4 frères Aymon, sortes de «samourais» occidentaux. La technique de l'eau forte riche en effets visuels suggère avec fidélité l'ambiance feutrée des initiations que seul le langage symbolique peut aider à déchiffrer. L'illustration de livres représente une partie importante du travail de l'artiste, qui expose, avec parcimonie, en France mais également en Extrême Orient. Une de ses œuvres a récemment été primée à Séoul. D'un naturel taiseux sauf quand on le lance sur son métier, Guy Fontalavie reçoit ses stagiaires, «motivés», précise-t-il, la gravure est un travail de patience où le temps compte. On peut le rencontrer dans cette perspective, ou pour le plaisir de découvrir ses œuvres, mais il est prudent de téléphoner au 0468693729.

L'IMMORTALITE PAR LE PAL

Vlad Tepes, l'immortalité par le pal

Pour forger le personnage de Dracula (et jusqu'à son nom), Bram Stoker s'est inspiré du seigneur médiéval Vlad III : l'écrivain avait frappé dans l'impitoyable cruauté du prince de Valachie.
Indiana Jones est mort le 11 novembre 2012. Il s'appelait en réalité Farish Jenkins et était paléontologue, anatomiste et zoologiste, professeur à l'Université de Harvard. Son arme sur le terrain n'était pas le fouet, mais un fusil dont il savait très bien se servir. (Voir sa nécrologie dans The Economist du 11 novembre 2012.) Il en allait de même du comte de Monte-Cristo (de son vrai nom François Picaud, cordonnier), de Madame Bovary (Delphine Delamare, née Couturier) et du professeur Tryphon Tournesol, personnage inspiré, tout comme le Professeur Nimbus, par la vie et  les explorations stratophériques et des fonds marins d'Auguste Piccard . Le fameux Docteur Jekyll et son double meurtrier, Mr. Hyde, rappellent les méfaits du diacre Brodie d'Edinbourg, alors que Gilles de Rais a été amalgamé dans la figure de Barbe Bleue, l'assassin de femmes, avec comme compétiteur le roi Henry VIII d'Angleterre.
   
En règle générale, le mythe est le dernier stade de l'existence d'un personnage historique et tel est le cas également du comte Dracula, «l'empereur des vampires», le héros homonyme du roman de Bram Stoker (1897). L'histoire est connue : un aristocrate vivant dans un mystérieux château des Carpates achète une propriété à Londres, tout comme des milliers d'oligarques russes et millionnaires orientaux de nos jours. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire, sauf si l'on considère que ladite propriété est une ancienne abbaye abandonnée, et vraisemblablement hantée. Les choses se gâtent lorsque l'agent immobilier chargé de la transaction se rend sur place en Transylvanie pour faire signer les actes de vente et découvre que le comte est un vampire et que ses trois assistantes sont en réalité des goules qui abusent de lui et le retiennent prisonnier au château comme esclave sexuel. Tandis que le comte vogue vers l'Angleterre dans un bateau plein de cercueils remplis de terre, de sa terre natale, et où il passe ses journées. Car, étant un vampire, il ne «vit» qu'après le coucher et avant le lever du soleil, comme un riche insomniaque moderne. Arrivé à Londres, le comte se met à l'oeuvre : il vampirise un individu qui sera son fidèle serviteur (vraisemblablement pour ne pas avoir à payer les gages pratiqués en Angleterre), et une jeune fille, amie de la fiancée de l'agent immobilier. Son but final est de conquérir l'Empire Britannique à la tête d'une armée d'ombres, des hommes et des femmes qui ont subi le baiser acéré des crocs du vampire et qui, à leur tour, feront d'autres victimes (ou adeptes).
   
Sur ces entrefaites,  Jonathan Harker, l'agent immobilier, réussit à s'évader du château maudit et se met à la recherche du comte vampire qui terrorise la pays. Un petit groupe de chasseurs de vampires, avec à sa tête le savant hollandais Van Helsing, traque le comte, l'oblige à fuir Londres et finit par le tuer juste avant qu'il ne rejoigne son château gardé par de sauvages Tsiganes vêtus de peaux de bêtes. Les fiancés sont délivrés de la menace qui pesait sur eux et le monde peut souffler enfin : le vampire est mort et enterré, un pieu fichu dans son coeur.
   
C'est au moins ce que croyait Bram Stoker, car depuis plus d'un siècle Dracula a continué de hanter les imaginations au théâtre, au cinéma et sur le net. Cette pérennité s'explique par le fait qu'il s'agit d'un mythe fondateur de la conscience collective de l'humanité, le mort vivant, la vie après la mort, un syntagme vieux comme l’Homo Sapiens, le premier qui a commencé à enterrer ses morts, à les teindre de poudre de couleur ocre pour leur donner les couleurs de la vie, à déposer dans leurs tombes de la nourriture, des objets familiers et des jouets dans le cas des enfants. Des pyramides d'Egypte aux kourganes des steppes asiatiques, les maisons édifiées pour les morts traduisent un unique souci : le non retour de ceux-ci parmi les vivants.
   
«L'archéologie du vampire» n'est pourtant qu'une des sources d'inspiration de Bram Stoker. Le modèle incontesté est un personnage historique, un prince ayant régné au XVe siècle sur la Valachie, la partie méridionale de la Roumanie actuelle. Il s'appelait Vlad, Vlad III, tout comme son père, Vlad II Dracula (le Diable, ou le Dragon, donc le serpent biblique qui a tenté Ève au Paradis). Vlad II avait été reçu en 1431 membre de l'Ordre du Dragon (Ordo Draconistarum), un ordre de chevalerie fondé par l'empereur Sigismond de Luxembourg (1410-1437), alors qu'il n'était que roi de Hongrie et s'engageait à combattre les Turcs ottomans. Les chevaliers du Dragon étaient tous des aristocrates hongrois et autrichiens, auxquels s'ajoutaient trois souverains étrangers, le roi de Pologne, le despote de Serbie et Vlad II couronné à cette occasion prince de Valachie. Le dragon, incarnation du Diable, se faisait écraser par une croix à deux barres horizontales, du type croix de Lorraine, que les chevaliers portaient en sautoir. Les fils de Vlad II et leurs descendants ont reçu ainsi de surnom Dracula (ou Draculya) qui a désigné une branche de la dynastie princière valaque éteinte au XVIIe siècle.
   
Mais que vient faire un obscur prince d'un petit pays que personne ou presque ne connaît, dans le roman de Bram Stoker? En fait, Vlad Dracula bénéficia sa vie durant, mais aussi après sa mort (1476) d'une renommée européenne. Son nom circulait de Strasbourg à Moscou et de Lübeck à Constantinople grâce aux écrits latins, allemands, russes et grecs qui racontaient, par le biais de manuscrits et de brochures imprimées (la première à Vienne en 1463), les méfaits d'un tyran «pire que Néron et Dioclétien», comme la terre n'en avait jamais connu. En revanche, en Europe de l'Est et du Sud-Est, Dracula a servi de modèle pour les grands souverains russes et turcs ottomans, un souverain sévère mais juste, en somme un véritable réformateur ! On lui attribuait en fait des dizaines de milliers de victimes dans les rangs de ses propres sujets, mais aussi des Turcs, qu'il mettait à mort par le supplice du pal  d'où son sobriquet, «l'Empaleur» (en roumain Tepes). Même si ce mode d'exécution était fréquent en Hongrie, en Pologne dans les cas de banditisme et vol à main armée, et dans l'Empire ottoman, Vlad Dracula est le seul souverain à porter ce surnom, un signe qui ne trompe pas sur sa propension à en faire usage en cas de manquements à la législation.
   
Pourtant, dans son propre pays, la Valachie, sa mémoire subsista seulement autour de son château, Poienari, un nid d'aigle qu'il fit construire dans les Carpates méridionales par des jeunes hommes et femmes coupables d'être les descendants des bourgeois de sa capitale qui avaient enterré son frère vivant (2). Leur punition était d'autant plus pénible qu'elle s'accompagnait de la condamnation de porter toujours les mêmes vêtements, au point qu'ils étaient tous en haillons ou pratiquement nus lorsque les travaux furent terminés.
   
En 1804, un savant allemand  – Johann Christian Engel – redécouvrit un des pamphlets allemands vilipendant la barbarie de Vlad III, qu’il publia dans un ouvrage érudit sur l’histoire de la Valachie. Quarante ans plus tard parut le premier récit slavon russe, alors que les textes en latin, grec et turc circulaient déjà dans des ouvrages historiques imprimés ou en manuscrit. C'est seulement en 1896 que tous ces récits furent étudiés en détail de manière comparative par un historien roumain qui concluait que Dracula avait été «un tyran cruel et un monstre de l'humanité».  Cependant, le jeune État roumain avait besoin d'un panthéon national de héros ayant combattu les Turcs ou les autres ennemis du passé. Ainsi, Vlad Dracula fut absous de ses crimes pour être catalogué comme grand souverain amoureux de liberté et d'indépendance tombé sur le champ d'honneur les armes à la main.
   
Certes,  Bram Stoker ne lisait pas le roumain ou le russe, et encore moins le turc ou le grec et ce n’est pas par ces sources qu’il vint à Vlad Dracula. Stocker affirme que l’idée d’écrire un roman avec le vampire comme personnage principal lui est venue lors d’un cauchemar dans la nuit du 7 mars 1890. Après un dîner bien arrosé au Beefsteack Room, un célèbre restaurant londonien, Stoker vit en rêve un énorme crabe se lever de l'assiette, les pinces grandes ouvertes. Dans une autre note, griffonnée sur le même papier à en-tête du Lyceum Theater, dont il était le gérant, il écrit : «Jeune homme sort, voit des filles, l'une d'entre elles essaie de l'embrasser pas sur les lèvres mais sur la gorge. Le vieux comte s'interpose – rage et fureur diabolique – “cet homme m'appartient, je le veux !“ » Ce rêve est raconté aussi dans le journal de Jonathan Harker écrit au château de Dracula et les trois filles (un possible souvenir des sorcières de Macbeth) se transforment en goules. Dracula était né, mais son écriture allait exiger pas moins de six ans. Au départ, son titre devait être «Le Comte Wampyr» : le vampire aristocrate venait de remplacer, depuis Lord Byron et John William Polidori (1819), son médecin et souffre douleur, le vampire anonyme paysan des Balkans (grec, roumain et serbe) décrit par les auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècle. Deux mois plus tard, Stoker faisait la connaissance d'Arminius Vambéry (1832-1913), un grand orientaliste hongrois surnommé «le derviche boiteux». Ce colonel Lawrence avant la lettre avait parcouru tous les pays du Proche et du Moyen-Orient déguisé en derviche ; il écrivait des livres et des articles et donnait des conférences dénonçant l'expansionnisme russe en Asie Centrale et la menace qu'il représentait pour la Grande-Bretagne. Vambéry dut s'entretenir avec Stoker, au Lyceum Theater, et lors de ses conférences publiques, sur les croyances dans les vampires que rappelait furieusement son propre nom d'adoption (il était né Hermann Weinberger).
   
Une des marottes de Vambéry était l'origine des Szeklers, une population transylvaine archaïque vivant dans les Carpates orientaux, qu'il croyait descendants des Huns d'Attila, les cruels guerriers qui avaient terrorisé toute l'Europe sous la conduite de leur chef, «le fléau de Dieu». Ceci donna à Stoker l'idée de faire de son héros un comte szekler vivant dans un château des mêmes Carpates, à la frontière de la Transylvanie, de la Moldavie et de la Bucovine autrichienne. L'été de 1890, Stoker le passa ensemble avec sa femme et leur fils, dans le Yorkshire, mais le temps couvert et pluvieux l'obligea à passer des longues heures dans la bibliothèque municipale où il tomba sur un livre écrit par William Wilkinson, un diplomate anglais en poste à Istanbul et à Bucarest entre 1812 et 1818. Dans ce livre (An Account of the Principalities of Walachia and Moldavie, paru à Londres en 1820), Stoker trouva le nom du prince (voévode en roumain) Dracula et son explication : «Dracula, en langue valaque, signifie “Diable”. Les Valaques avaient coutume, à cette époque, comme ils l'ont encore à présent, de donner ce surnom à toutes les personne qui se font distinguer par leur courage, leurs actions cruelles ou leur habileté.»
   
Cette note de bas de page fit tout basculer : le Comte Wampyr disparaissait et Dracula prenait sa place. Poursuivant ses recherches sur la Transylvanie et les croyances dans les vampires, Stoker consulta également The Land beyond the Forest. Facts, figures and fancies from Transylvania (Londres, 1880) d'Emily Laszowska Gerard, l'épouse d'un officier austro-hongrois ayant vécu deux ans dans le pays, et qui avait     publié aussi un article spécial sur les superstitions transylvaines en 1885. C'est ici qu'il tomba sur le terme nosferatu pour le vampire dans lequel, écrivait-elle, «chaque paysan roumain croit aussi fortement qu'il croit au paradis et à l'enfer». Or, Nosferatu (inexistant en roumain sous cette forme) est aussi le titre du film de Friedrich Wilhelm Murnau (1922), repris par Werner Herzog en 1978 avec Klaus Kinsky et Isabelle Adjani (Nosferatu, fantôme de la nuit). D'autres lectures - les Guides Baedecker, des auteurs français et belges- allaient suivre et lui donner des nouvelles idées.
Résumons : Stoker avait maintenant le cadre général du livre – le comte vampire Dracula, le château dans les Carpates (c'était aussi le titre d'un roman de Jules Verne paru en 1892), les trois goules et, peut-être, même le projet de détruire l'Empire Britannique, le rêve de tout Irlandais qui se respectait (Stoker était né à Dublin). Il manquait pourtant l'intrigue, les personnages bien vivants confrontés au vampire, enfin les méthodes de ce dernier pour les subjuguer et les transformer en serviteurs obéissants. Il fallait aussi une histoire d'amour contrarié, comme il se doit, par des obstacles divers et variés et, en premier lieu, par les agissements du vampire.  Or, cette histoire d'amour, en fait double, car il s'agissait de deux jeunes couples, Stoker l'a trouvée dans un roman paru en 1879 à Paris et à Bruxelles et intitulé Le Capitaine Vampire (nouvelle roumaine) dû à Marie Nizet (1859-1922), une jeune fille belge de 20 ans! L'action du roman se passe en Roumanie et en Bulgarie en 1877-1878 lors de la guerre russo-turque qui avait vu les armées victorieuses du tsar Alexandre II arriver dans les faubourgs de Constantinople. Le vampire est un prince, capitaine puis colonel dans l'armée russe, qui s'emploie à séparer deux couples de jeunes Roumains qui ne demandent qu'à s'aimer : un couple est vaincu, un autre triomphe et vainc le vampire qui ne sera pourtant pas détruit et continuera à tuer des jeunes filles riches qu'il épousait pour leur dot.
   
Stoker tenait ici l'essentiel de son roman. Ses héros s'appellent Jonathan Harker et Mina Murray, d'une part, Arthur Holmwood et Lucy Westenra, d'autre part. Les deux jeunes femmes sont vampirisées et Lucy devient vampire à son tour, mais Mina est sauvée grâce aux efforts réunis du savant Abraham Van Helsing et de ses amis. Restait encore à trouver l'arme secrète du vampire, l'instrument qui lui permettait de dominer non seulement le corps, mais aussi l'esprit de ses victimes. Marie Nizet lui avait fourni une piste, car elle est la première à parler du pouvoir hypnotique du vampire qui plonge ses victimes dans une transe les empêchant de lui résister. Ce fut donc à Paris que Stoker découvrit l'arsenal du vampire moderne : l’hypnose, la suggestion et la transmission de pensée dans les ouvrages d'Hyppolyte Bernheim et de Joseph Delboeuf, et surtout dans les expériences que le docteur Charcot menait sur des hystériques à La Salpêtrière. Il y trouva un formidable modèle dans Suggestion (Paris, Tresse et Stock, 1891), le roman d'Henri Nizet (1864-1925), le propre frère de Marie. Henri Nizet, auteur de Bruxelles rigole... moeurs exotiques (1883) et de L'Amour et la suggestion (1893), connaissait bien la Moldavie du nord et la Bucovine, voisines de la Galicie où il place le début de Suggestion. Paul Lebarrois, jeune bohême et amoral, intelligent et cynique, prend grâce au hypnotisme le contrôle total sur une jeune fille, Séphorah, qui le suit à Paris, devient son esclave sexuelle et lui obéit en tout, jusqu'à se suicider lorsque son amant le lui ordonne. Henri Nizet participait en outre à des expériences publiques de magnétiseurs et vénérait la mémoire de Jan Baptist Van Helmont (1577-1644), médecin et chimiste flamand qui avait découvert, en étudiant les cadavres, le gaz carbonique puis l'acide chlorhydrique.
   
De Van Helmont à Van Helsing, de Marie et Henri Nizet à Bram Stoker, la filiation est très probable. La dernière partie de Dracula, qui décrit la chasse au comte vampire en mer Noire et en Bulgarie, n'est qu'une longue séance d'hypnotisme dont le sujet est Mina Murray, la fiancée de Jonathan Harker, préalablement vampirisée par Dracula qui lui inflige le «baptême du sang» avec ces paroles : «Vous êtres à présent chair de ma chair, sang de mon sang, race de ma race, ma source de vie, pour un temps, ma compagne dans un proche avenir...vous les avez aidés à me donner la chasse - à présent vous allez répondre à mon appel. Quand mon esprit vous ordonnera de venir, vous devrez traverser terres et mers pour m'obéir.»
    Si le comte domine l'esprit de Mina par la transmission de pensée la nuit, les seuls moments où il est actif, Van Helsing la hypnotise de jour afin qu'elle suive les mouvements et la route que prend Dracula pour rejoindre son château des Carpates. Le combat entre les forces du Bien et celles du Mal revêt ainsi l'antagonisme entre le jour et la nuit, entre la lumière et les ténèbres. Et on peut se demander si l'enfant que porte Mina et dont elle donnera le jour après la mort du comte, si cet enfant est de Jonathan Harker ou bien de Dracula. C'est comme la fin du Bal des Vampires de Polanski quand le professeur Abronsius ramène en Europe au galop des chevaux un couple d'amoureux qui sont des vampires en herbe dans la personne de son assistant Alfred (interprété par Roman Polanski) et de sa bien aimée Sarah incarnée par Sharon Tate, qui allait être victime d'un horrible crime rituel quelques années plus tard.
    Dix ans après le chef-d'oeuvre de Polanski, la romancière américaine Ann Rice allait révolutionner la figure du vampire avec son héros, Louis Lestat, qui n'est plus un démon, mais le semblable de l'homme, habité par les mêmes passions et les mêmes faiblesses. C'est le vampire du XXIe siècle, celui qui a conquis les coeurs et les imaginations et a donné naissance à d'innombrables fans clubs et associations. Après avoir été un paysan anonyme des Balkans, puis un aristocrate séducteur et pervers, le vampire s'est métamorphosé en un double avec lequel on peut cohabiter, voire s'identifier. Et pourtant, Dracula continue d'exercer une fascination sans égale dans cette galerie de morts vivants, peut-être parce qu'il est unanimement reconnu comme "l'empereur des vampires". Même si son modèle historique - le prince Vlad Dracula - n'était pas un vampire, son supplice préféré, le pal, fait partie des outils du parfait chasseur de vampires dans un pays, la Roumanie,où ces croyances sont encore vivaces en plein XXIe siècle.