mardi 31 mai 2016

LOVECRAFT & JOHN DEE

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En 1927, Gustav Meyrink publie une extraordinaire biographie romancée du magicien élisabéthain John Dee, L’Ange à la Fenêtre de l’occident.
……
Synchronicité ? Cette même année, Lovecraft écrit sa fameuse Histoire du Necronomicon et dans laquelle on apprend qu’une traduction anglaise, faite par le Dr. Dee, ne fut jamais imprimée et n’existe qu’à l’état de fragments récupérés à partir du manuscrit original. Et de préciser en 1928, dans L'Abomination de Dunwich, que le personnage principal de la nouvelle ne possède que les fragments traduits par John Dee. Il recherche alors le reste dans diverses bibliothèques : la Bibliothèque nationale de France, le British Museum, la Bibliothèque Widener d'Harvard, la bibliothèque de l'Université de Buenos Aires et de celle de la Miskatonic University d'Arkham. Il découvre que l'ouvrage contient aussi une histoire des Grands Anciens et annonce leur retour. La nouvelle est la première mention d'une traduction par John Dee, un occultiste britannique ayant réellement existé et travaillé pour Elisabeth Ire puis l'empereur Rodolphe II8.

Toujours cette même année 1927, Lovecraft évoque rapidement John Dee dans Épouvante et Surnaturel en Littérature. Il le classe dans la catégorie des mages et des alchimistes de la Renaissance. Il cite également Meyrink dans cette étude, mais uniquement pour son roman Le Golem.

lundi 30 mai 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA TRANSITION DE JUAN ROMERO, H.P. Lovecraft






La Transition de Juan Romero (1919). HPL n’était pas satisfait de ce texte et s’opposera, de son vivant, à toute publication. Il s’agit du récit d’un quidam, non nommé, qui rentre de son service militaire dans l’armée des Indes pour travailler à la mine d’or de Norton, dans les Cactus Mountains. Il rentre avec une magnifique bague hindoue qui fascine l’un des ouvriers de la mine Juan Romero. Une explosion va se produire et découvrir un gouffre béant manifestement sans fond. La nuit, nos deux compères vont entendre des sifflements et de battements venant de l’abîme. La bague se met à briller et Juan Romero hurle Huitzilhopotchli en se précipitant dans le gouffre. Le narrateur observe une lueur aveuglante et perd connaissance. Il se réveille dans le bungalow, Juan Romero gisant mort dans son lit. Les compagnons de chambrée affirment qu’ils ne sont pas sortis de la nuit, d’autant qu’un violent orage s’est déclenché colmatant le gouffre. Le narrateur découvre que son pendentif a disparu.
Le corpus de l’horreur souterraine commence à prendre forme !

mercredi 25 mai 2016

JEAN-CHARLES PICHON A LIMOGES





Du 27 mai au 15 juin, la Bibliothèque Francophone Multimédia présente une exposition consacrée à Jean-Charles Pichon (documents, manuscrits, livres, photos, vidéo…) ainsi qu’une présentation le 28 mai sous forme de trois conférences.
Inexplicablement méconnu aujourd’hui, Jean-Charles Pichon (1920-2006) a conçu une œuvre prolifique, multiforme, souvent dérangeante, voire iconoclaste, de la science-fiction jusqu’aux confins de la métaphysique et de la spiritualité.
Jean-Charles Pichon (photos © http://www.jeancharlespichon.com) un théoricien de la « Machine de l’éternité » ? Sans doute, mais il fut d’abord un poète, un dramaturge, un scénariste, un dialoguiste ; un journaliste engagé face aux impostures de son époque. Il fut aussi autobiographe, et romancier navigant entre le polar et le fantastique. À partir des années soixante, il élabora une formidable fresque sur les cycles et les rythmes du temps, reliant les mythes et toutes les connaissances.
Cette exposition se situe dans le sillage de la réception des archives de cet immense auteur par la Bibliothèque Nationale de France.
Conférences :
Samedi 28 mai, de 15 h 30 à 17 h 30. Rencontre suivie d’un cocktail. Dans le cadre de l’exposition consacrée à Jean-Charles Pichon, cette rencontre éclaire sa vie et son œuvre.
Trois interventions sont proposées, suivies par un débat :
Biographie et bibliographie, présentée par Marie-Chantal Narceau.
La science-fiction : disparition d’un paradigme, par Jean-Christophe Pichon.
Jean-Charles Pichon, la forme vide et l’apocalypse, par Philippe Marlin.
Contact :
05 55 32 23 31
06 81 15 81 99
lesportesdetheleme@gmail.com


ANNULATION DU COLLOQUE POUSSIN DU 4 JUIN 2016

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Un communiqué des associations ODS, ARTBS et la Librairie Atelier Empreinte


Colloque d’Études et de Recherches sur Rennes-le-Château
Spécial Nicolas Poussin
Rennes-le-Château le samedi 4 juin 2016


Après les défections d’Ollivier Ruca et de Jean-Marie Villette pour des raisons personnelles, nous venons de perdre notre ami Jean-Claude Rossignol, décédé le samedi 14 mai.
Il devait assurer l’aspect académique (beaux-arts) de notre colloque.

Ce dernier se trouve vidé d’une grande partie de sa substance. Aussi nous sommes au regret de devoir l’annuler. Les chèques de réservation n’ont pas été encaissés et seront détruits.

Bien cordialement

Yves Lignon, Philippe Marlin, Nicolas Miècret.

mercredi 18 mai 2016

JEAN-CLAUDE ROSSIGNOL, IN MEMORIAM




Jean-Claude Rossignol est décédé ce samedi 14 mai au matin. Son humour souvent à froid nous manquera, et je crains que la princesse ne vienne pas le réveiller. Féru de peinture, il était plongé dans une étude sur Poussin qu'il devait présenter début juin à Rennes-le-Château. Il venait de se réjouir de la prochaine réédition de son ouvrage sur les Téniers qui devait accompagner une conférence, fin août, toujours sur la Colline Envoûtée.
Il était un ardent défenseur de la cause féminine qu’il partageait avec sa compagne Christiane Laïfaoui qui l’a précédé le 26 janvier 2010. En hommage à Christiane, il avait publié en 2013 une anthologie féminine contemporaine de langue française regroupant 26 poètes de 12 pays (et 4 continents), et il avait pour projet d’en réaliser une seconde. 
Il travaillait également sur une étude fort érudite sur les Vierges Noires.

Ses obsèques auront lieu le jeudi 19 mai. Rendez-vous à 12 h 30 au funérarium du Père Lachaise (accès par Gambetta).

Toutes nos condoléances à sa famille.

Patrick Mensior et Philippe Marlin 

mardi 17 mai 2016

LES CHRONIQUES D'EL BIB : L'AFFAIRE CHARLES DEXTER WARD, Lovecraft





L’Affaire Charles Dexter Ward (1927, Weird Tales 1941). J’ai beaucoup de sympathie pour ce petit roman, et ce pour deux raisons : d’abord parce qu’il s’ouvre sur un véritable poème à la gloire de Providence, les tribulations du jeune Charles Dexter dans la cité étant pour l’auteur un prétexte pour exprimer sa passion pour la ville ; ensuite parce qu’il nous propose une plongée très structurée dans l’occultisme le plus noir, faisant de ce récit un véritable « thriller ésotérique ». On sait que Lovecraft le matérialiste ne portait guère d’intérêt aux sciences des Arcanes. Mais force est d’admettre qu’il savait remarquablement bien utiliser ce type de disciplines pour donner une couleur particulièrement terrifiante à sa fiction.
Il s’agit du récit de la lente plongée dans la folie de Charles Dexter Ward sous les yeux impuissants du Dr Willett, médecin de sa famille. Fils unique, Ward est un passionné d’archéologie et de généalogie qui va progressivement se replier sur ses recherches plutôt que de suivre un cursus universitaire classique. Le point d’orgue sera la découverte parmi ses ancêtres maternels d’un certain Joseph Curwen, venu de Salem, qui avait fait preuve d’une longévité surprenante et fut le héros d’étranges histoires. Ward va alors mener une enquête très approfondie sur ce Curwen. C’était à la fois une « personnalité locale », faisant fortune dans le trafic maritime à une époque où la contrebande était florissante, mais c’était également une personne redoutée, se livrant à d’étranges expériences dans sa ferme isolée de Pawtuxet. On l’appelait « l’alchimiste », un alchimiste qui faisait une importance « consommation » de bétail et d’esclaves noirs.
Ward retrouvera le portrait de son ancêtre dans l’ancienne demeure de ce dernier à Providence, ainsi que divers papiers qu’il entreprendra de déchiffrer. Au grand dam de ses parents, il s’isolera de plus en plus dans son bureau, faisant installer dans une pièce attenante un laboratoire et ne sortant plus guère que pour mener des expéditions nocturnes dans de vieux cimetières. Les papiers de Curwen lui ont en effet appris qu’en observant certains rituels, il était possible d’extraire « le sel » des morts et de les ramener à une certaine forme d’existence pour en « soutirer » le savoir. Et de fait, le jeune homme surprendra ses rares relations par sa connaissance particulièrement précise de certains faits passés.
Il entre en relations avec un certain Dr. Allen et part s’installer avec lui dans la ferme de Curwen à Pawtuxet. Les apparitions spectrales, hurlements lugubres et autres phénomènes sinistres ne cessent de hanter la nuit de la région, et une expédition sera montée par une équipe de notabilités de Providence pour mettre un terme à ces abominations. Ward sera interné alors que son comparse restera introuvable. Suit le récit extraordinaire de l’exploration que fait le Dr Willet dans la ferme, découvrant dans les sous-sols des bibliothèques maudites, des laboratoires terrifiants et des cellules où croupissent d’épouvantables morts-vivants. Il comprendra que Ward avait « ressuscité » Curwen qui avait pris l’apparence d’Allen avant de s’emparer de « l’enveloppe » du chercheur irresponsable.
Le Dr Willett rendra une dernière visite à celui qui est enfermé à l’asile :
« À ce moment, le médecin fut interrompu par un cri de la créature à laquelle il s’adressait. Réduit aux abois, sans armes, sachant bien que toute manifestation de violence physique ferait accourir plusieurs infirmiers au secours de son visiteur, Joseph Curwen eut recours à son ancien allié : tout en faisant des mouvements cabalistiques avec ses deux index, il psalmodia d’une voix profonde, où ne restait plus trace du moindre enrouement, les premiers mots d’une terrible formule :
PER ADONAI ELOIM, ADONAI JEHOVA,
ADONAI SABAOTH, METRATON…
Mais la réplique de Willett fut prompte. Au moment même où les chiens commençaient à aboyer, où un vent glacial se mettait à souffler de la baie, le vieux médecin récita, comme il en avait eu l’intention depuis son arrivée, la seconde partie de cette formule dont la première avait fait surgir l’auteur du message en minuscules, l’invocation placée sous le signe de la Queue du Dragon, emblème du nœud descendant :
OGTHROD AI’F
GEB’L — EE’H
YOG – SOTHOTH
’NGAH’NG AI’Y
ZHRO !
Dès le premier mot, Joseph Curwen cessa de parler comme si sa langue eût été paralysée. Presque aussitôt, il fut incapable de faire un geste. Enfin, lorsque le terrible vocable Yog-Sothoth fut prononcé, une hideuse métamorphose eut lieu. Ce ne fut pas une simple dissolution, mais plutôt une transformation ou une récapitulation ; et Willett ferma les yeux de peur de s’évanouir avant d’avoir fini de prononcer la formule redoutable. »


° Livres

« Cette collection bizarre (ie la bibliothèque de Joseph Curven) comprenait presque tous les cabalistes, démonologistes et magiciens connus, et constituait un véritable trésor de science en matière d’alchimie et d’astrologie. On y trouvait Hermès Trismégiste dans l’édition de Ménard, la Turba Philosophorum, le Liber investigationis de Geber, la Clé de la Sagesse d’Artephius, le Zohar, l’Albertus Magnus de Peter Jamm, l’Ars Magna et ultima de Raymond Lulle dans les éditions de Zetzner, le Thesaurus chemicus de Roger Bacon, le Clavis Alchimiae de Fludd, le De Lapide Philosophico de Trithème. Les Juifs et les Arabes du Moyen Age étaient fort nombreux, et Mr Merritt blêmit lorsque, en prenant un beau volume étiqueté Quanoon-e-Islam, il s’aperçut que c’était en réalité le Necronomicon de l’Arabe dément Abdul Alhazred, livre interdit qui avait été l’objet de rumeurs monstrueuses, quelques années auparavant, après la découverte de rites innommables dans le petit village de pêcheurs de Kingsport, Massachussetts.
Mais, chose étrange, le digne Mr Merritt fut plus particulièrement bouleversé par un infime détail. Posé à plat sur l’énorme table d’acajou se trouvait un très vieil exemplaire de Borellus, annoté et souligné de la main de Curwen. Le livre était ouvert au milieu, et un paragraphe marqué de plusieurs traits de plume retint l’attention du visiteur. La lecture de ces quelques lignes lui causa un trouble indescriptible. Il devait se les rappeler jusqu’à la fin de ses jours, et les transcrivit mot pour mot dans son journal intime. Les voici :
Les Sels essentiels des Animaux se peuvent préparer et conserver de telle façon qu’un Homme ingénieux puisse posséder toute une Arche de Noé dans son Cabinet, et faire surgir, à son gré, la belle Forme d’un Animal à partir de ses cendres ; et par telle méthode, appliquée aux Sels essentiels de l’humaine Poussière, un Philosophe peut, sans nulle Nécromancie criminelle, susciter la Forme d’un de ses Ancêtres défunts à partir de la Poussière en quoi son Corps a été incinéré. »

Borellus vient du livre de Cotton Mather, Magniala Christi Americana, possédé par HPL. Il s’agit de l’alchimiste Pierre Borel (1620-1689).

mardi 10 mai 2016

LE RÔLE SOCIAL DES ÉCRIVAINS


INVITATION 

De plus en plus présents dans l'espace public et sur les territoires, les écrivains sont sollicités pour des rencontres avec des lecteurs en médiathèques ou dans les librairies, lors de manifestations littéraires ou dans les établissements scolaires... Les collectivités territoriales et les institutions encouragent cette présence par des subventions aux résidences d'écrivains ou des soutiens à l'éducation artistique en milieu scolaire.

Au-delà de l’œuvre qu’ils construisent, les écrivains participent ainsi à une forme d'action culturelle et sont ainsi missionnés pour offrir à des publics dits "éloignés" ou "élargis" une expérience artistique.
Exercées par les auteurs en parallèle de leur activité d'écriture, ces interventions auprès des publics présentent des formes diverses, conduisant ainsi les écrivains à "cumuler" plusieurs statuts ainsi que plusieurs sources et modes de rémunération.

C’est sur le rôle de ces activités connexes et des échanges qu’elles impliquent avec d’autres médias, théâtre, cinéma, musique, image, qu’est centrée l'étude qualitative du MOTif réalisée par Gisèle Sapiro, Cécile Rabot et leur équipe de recherche CNRS/CESSP.

La présentation de l'intégralité de cette étude aura lieu:

le vendredi 20 mai 2016
 de 14h à 16h
 à la Maison de la Poésie.

Une table ronde sera ensuite l'occasion pour les auteurs et ceux qui les accueillent dans leur structure, bibliothécaires en particulier, de témoigner et partager leurs expériences et leur pratique.


Intervenants :
  • CNRS/CESSP : Gisèle Sapiro, Cécile Rabot et Madeline Bedecarré, Julien Gaffiot,  Myrtille Picaud, Hélène Seiler
  • Carole Chaix, auteure illustratrice
  • Valérie Rouxel, développement culturel BDP77
  • Un(e) réprésentant(e) du Festival Hors Limites
  • Modération : Vincent Édin, journaliste et essayiste

Pour vous inscrire à la présentation cliquez ici.

Informations pratiques :
Maison de la Poésie
Passage Molière
157 rue Saint-Martin
75003 Paris
Métro : Rambuteau – RER : Châtelet-les-Halles


 Renseignements :
marie-christine.roux@lemotif.fr

COLLOQUE NICOLAS POUSSIN LE 4 JUIN À RENNES-LE-CHÂTEAU

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Rennes-le-Château le  samedi 4 juin 2016

Une manifestation organisée par les associations ODS, ARTBS et la Librairie Atelier Empreinte


Colloque d’Études et de Recherches sur Rennes-le-Château
Spécial Nicolas Poussin

Salle de la Capitelle à partir de 10 heures



Programme

Introduction, Yves Lignon, universitaire & auteur,
Nicolas Poussin dans la belle histoire de RLC, Philippe Marin, éditeur,
L’œuvre de Nicolas Poussin, Jean-Claude Rossignol, auteur,
Le point de vue de Daniel Castille, auteur,
Poussin et l’Alchimie ou l’Alchimie de Poussin, Geneviève Beduneau, auteur,
Mais où en est Robert Tiers ? Robert Tiers, chercheur,
Conclusion, débats, hypothèses, les intervenants avec le public,
Remise du prix Bérenger 2016.

Remarques

Le repas de midi est libre, il y a trois restaurants à Rennes-le-Château.
Repas facultatif le soir au Jardin de Maris (25 €)
Inscription 20 € ; chèque (de 20 € ou de 45 € avec le dîner) à l’ordre de l’ODS à adresser à Association Œil du Sphinx, 36.42 rue de la Villette, 75019 Paris.

LE ROYAUME WISIGOTH D'OCCITANIE, Joël Schmidt





SCHMIDT Joël, Le royaume wisigoth d’Occitanie, éditions Perrin, collection tempus, 2008, Paris (ISBN : 978-2-262-02765-0)
Le sujet est peut-être un peu étroit mais nous avons là une bonne synthèse de ce que l’on peut raisonnablement savoir. C’est aussi et surtout une excellente approche de ce que fût la décadence romaine en Gaule.
Au fur et à mesure que la puissance centrale déclinait, une myriade de peuples « barbares » se pressaient aux frontières et représentait un double enjeu : d’une part une menace pour la paix et la sécurité quotidienne, d’autre part une opportunité de supplétifs qui feraient au moins régner cette même paix sur le territoire qu’on leur accorderait. Et c’est bien là toute la politique de l’époque avec sa contrepartie : autant Rome étant solide, le système se tiendrait bien, autant Rome donnant des signes de faiblesse, se verrait challengé.
Parmi ces peuples, les wisigoths, dont l’histoire à cette époque est typiquement celle-ci. Pillant Rome en 410, puis repoussés en Espagne, revenant menacer la Narbonnaise, on finit par leur accorder un foedus en 418, leur accordant un territoire entre Toulouse et Bordeaux d’où ils irradieront régulièrement vers l’Espagne mais ils se verront longtemps interdits d’accès à la méditerranée (qui est considérée comme parfaitement stratégique par Rome). A partir de là, les rois wisigoths vont se succéder avec pour chacun des spécificités de règnes.
Au départ, l’implantation d’environ 100.000 wisigoths (et Taïfales, un peuple associé) se passe dans la plus grande tolérance et sous les meilleurs auspices, vers une romanisation certaine mais sans qu’il y ait, durant 100 ans, de véritable métissage pas de mariage mixte). Théodoric Ier se montre d’abord très tolérant vis-à-vis des catholiques et un allié fidèle dans les batailles, dont celle des champs catalauniques ou il mourra, suivi pour l’essentiel par Thorismond et Théodoric II. La distance se créera à partir des années 460-470, essentiellement par une opposition religieuse catholique / ariens, ou d’un côté on agit comme une cinquième colonne et de l’autre on persécute plus ou moins ouvertement (sans qu’on sache trop qui est l’œuf et qui est la poule…). La tolérance ne pouvait être que temporaire puisque l’assimilation culturelle ne s’était pas faite et que ce sont ces différences qui ont servi de prétexte aux actions.
Au final, dans un empire romain décati, qui n’a plus grand moyen d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit, les catholiques ayant appelé au secours Clovis qui cherchait à s’étendre et les Wisigoths ayant perdus en capacité militaire, le royaume de Toulouse s’écroule et les wisigoths refoulent en désordre vers l’Espagne qui devient leur nouvelle terre. Pour la suite il reste à trouver « le royaume wisigoth d’Espagne » qui reste à écrire.
Sur la question de Rennes-le-château, rien, pour la simple raison qu’elle n’apparaitra que plus tard dans les sources. Pas trace d’évêché non plus. Mais à bien comprendre les mouvements décrits dans ce livre, il s’agit d’une ville frontière même si celle-ci n’est pas très claire : frontière avec le Narbonnais, longtemps convoité et tardivement conquis ? Peut-être trop prêt… Frontière avec l’Espagne ? Mais dans ce cas une ville qui aurait gardé la frontière espagnole contre… les francs, et ferait de Rennes le château une ville wisigothique tardive, tournée vers l’Espagne contre le Nord et non l’inverse.
Finalement seule mention de Rhedae, dans les dernières lignes de la conclusion à propos du trésor wisigoth (réel et important, probablement déplacé à Barcelone vers 508 EC) qui :  alimente d’étranges histoires comme celle de ce curé  de Rennes-le-château qui, à la fin du XIXème siècle, devint subitement riche sans raison.

Bien cordialement

Laurent BUCHHOLTZER

TROISIEME JOURNEE UFOLOGIQUE DU RAZES, RLC le Dimanche 14 août 2016

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Rennes-le-Château le Dimanche 14 août 2016

Une manifestation organisée par les associations ODS, ARTBS et la Librairie Atelier Empreinte


Troisième Journée Ufologique du Razès

Salle de la Capitelle à partir de 10 heures



Programme

Présentation, Yves Lignon, universitaire & auteur,
OVNIs et sécurité nationale, James, chercheur,
Aimé Michel, un philosophe et un homme de sciences face aux OVNIS, Geneviève Beduneau, auteur,
Les OVNIS et les installations nucléaires, Gildas Bourdais, auteur,
Autour du groupe « OVNIS Conscience", Jocelin Morisson, journaliste & auteur
Présentation d’ODH-TV, Gilles Thomas, chercheur
Conclusion, débats, hypothèses, les intervenants avec le public.

Remarques

Inscription 20 € ; chèque à l’ordre de l’ODS à adresser à Association Œil du Sphinx, 36.42 rue de la Villette, 75019 Paris,
Il est conseillé aux auteurs de se munir de leurs ouvrages,
Les repas de midi et du soir sont libres ; il y a trois restaurants à Rennes-le-Château.

samedi 7 mai 2016

CONFERENCES DE LA JOURNEE DU LIVRE ET DE L'ETRANGE, RLC le 13 août 2016

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Rennes-le-Château le samedi 13 août 2016

Une manifestation organisée par les associations ODS, ARTBS et la Librairie Atelier Empreinte  
 

CONFÉRENCES DE LA JOURNÉE DU LIVRE ET DE L’ÉTRANGE

Salle de la Capitelle à partir de 10 heures



Programme

Entre terreur et ésotérisme, les écrivains de la Golden Dawn, Lauric Guillaud, professeur de littérature, auteur,
Sur les chemins de Compostelle, Georges Bertin, sociologue, auteur,
Les Mystères du Phénomène OVNI, Franck Maurin, auteur,
Témoignage d’un voyant, Alexis Tournier, auteur,
Crimes à Bugarach, Patrick Caujolle, romancier,
Les grands dossiers du mystère, Joslan F. Keller & Sébastien Denis, auteurs.

Remarques

Ces conférences sont gratuites,
Il est conseillé aux auteurs de se munir de leurs ouvrages,
Il est conseillé aux auteurs, bouquinistes, libraires, associations de commencer à réserver leur stand auprès de ods@oeildusphinx.com,
Le repas de midi est libre ; il y a trois restaurants à Rennes-le-Château,
La journée se terminera par Le Méchoui des Amis du Razès au Jardin de Marie. On réserve directement sa table auprès de Morgan :
+33 4 68 20 99 71

vendredi 6 mai 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE SOUTIEN-GORGE ENSORCELÉ, Sally Theobald





Le Soutien-Gorge Ensorcelé (1936 sous le pseudonyme de Sally Theobald, I wore the brassiere of doom, in True Confessions ; 1986 in Lurid confessions ; version française in La Nurserie de l’Épouvante, Encrage 1987). Un gag fabriqué par Robert. M. Price qui fit croire avoir retrouvé avec son compère S.T. Joshi cette nouvelle dans un « magazine de confessions », littérature féminine très en vogue aux USA à partir de 1910. Il s’agit du récit d’une jeune « oie blanche » de province qui monte à New-York où elle va ouvrir une boutique de vêtements. Afin de se faire « relooker », elle se rend chez Macy’s où une vieille vendeuse inquiétante lui conseille un magnifique soutien-gorge, au décolleté vertigineux, et avec sur chaque bonnet une étoile à 5 branches percée en son centre d’un rond en forme d’œil. L’affaire sera vite faite, et la jeune femme sera ravie de voir l’effet de son acquisition auprès de la gente masculine. Mais elle est vite la proie de rêves dans lesquels elle se sent plonger dans la décadence de la luxure. La vendeuse-sorcière semble la narguer, tout comme le soutien-gorge qui prend des proportions effrayantes, se transformant en bulles de mamelons pour la faire plonger dans d’autres dimensions aux couleurs de l’horreur.

mercredi 4 mai 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA PIERRE NOIRE Robert H. Howard






La Pierre Noire (Robert E. Howard 1931, in Weid Tales 1931). Voilà une nouvelle typique de l’efficacité du Cthulhu’s Club qui s’est développé autour de Lovecraft. Le narrateur, non nommé, est un spécialiste du Unaussprechichen Kulten de Von Juntz, encore appelé Livre Noir. Et de nous présenter cet ouvrage sur deux pages, avec forces détails, à l’instar de ce qu’avait fait Lovecraft avec son Histoire du Necronomicon (1927). On sait que l’auteur de ce grimoire, qui a enquêté sur les cultes les plus impies autour de la planète, sera retrouvé mort en 1840, avec des griffes sur la gorge, par son ami le Français Alexis Ladeau. Ce dernier se tranchera la gorge avec un rasoir après cette sinistre découverte. Mais ce qui intéresse surtout le narrateur est l’évocation par Von Juntz d’un monolithe noir, situé dans les montagnes de Hongrie, dans la région de Stregoicavar, pierre levée qui serait le lieu d’étranges cultes la nuit de la Saint Jean. Il va se rendre sur place et apprendra par le cocher que le lieu a été le siège d’une terrible bataille en 1526, entre les polonais et les hongrois, commandés par le Comte Boris Vladinoff, et les hordes de Soliman le magnifique. Ces dernières remportèrent la bataille ; le chroniqueur Selim Bahadur a rapporté ce combat terrible au cous duquel il est tombé. Un tumulus conserve les restes des victimes du conflit.
Arrivé au village, on lui conseille d’éviter la Pierre Noire, lui rappelant le destin tragique du poète Justin Geoffrey, se rendant régulièrement pour rêver sur les lieux. On lui explique aussi que la population du village a été entièrement décimée par les turcs, et que les indigènes de l’époque avaient un physique inquiétant et se livraient à de sombres cultes. On appelait le village à l’époque Xulthan. Le narrateur va pourtant se rendre sur le tertre la nuit de la Saint Jean. Il va s’assoupir et assistera à une infernale bacchanale, messe noire au cours de laquelle un bébé sera sacrifié et une jeune femme nue fouettée jusqu’ au sang ; rituel qui libérera une créature monstrueuse venue chercher son tribut en la personne de cette dernière.
Le narrateur tombera en syncope et, à son réveil, ne retrouvera aucune trace de ce qu’il a pourtant vu. Il se rendra alors sur le tumulus conservant les restes de la guerre menée par les turcs et retrouvera un coffret ayant appartenu à Selim Bahadur. Il renferme un parchemin retraçant le déroulement du culte impie auquel il a assisté et une petite statuette en or représentant la monstruosité. Le chroniqueur suppose que ce monolithe était en fait le somment d’une construction cyclopéenne souterraine dans laquelle résidaient les cultistes.
Le récit se termine par une petite pincée d’horreur cosmique, sans laquelle un récit ne serait pas lovecraftien : quelles formes abominables peuvent se tenir cachées, aujourd’hui encore, en des recoins obscurs du monde ?

Livres

Outre le Livre Noir, sont cités :

° Le Folklore Magyard de Dornly (imaginaire). La pierre noire y est citée dans le chaoitre consacré aux « Mythes de rêves », allusion aux cauchemars horribles qu’elle suscite lorsqu’on s’endort à proximité.

° Les vestiges des empires perdus de Dostmann (Berlin, 1809). Un livre imaginaire très critiqué par l’Université : « La théorie d'Otto Dostmann selon laquelle le monolithe est un vestige de l'invasion des Huns érigé pour commémorer une victoire d'Attila sur les Goths est aussi logique que de supposer que Guillaume le Conquérant a fait lever Stonehenge. »

° Les guerres turques de Larson (imaginaire).

° Ouvrages historiques de Selim Bahadur (imaginaire[1])
This worship was stopped when Turkish invaders wiped out the villagers and killed the toad god. The Turkish scribe Selim Bahadur recorded the event and placed it in a lacqured case which also housed a small idol of the toad god. The case was later buried with the Count Boris Vladinoff. The Count was killed where he stood in shock after reading the Turkish manuscript and was buried by his collapsing castle. The case was later uncovered by an unnamed author in the nineteen-hundreds and was then tossed into the Danube.

° Le peuple du monolithe du poète Justin Geoffrey (imaginaire[2]) :
« T’is said that ancient beings from ages gone by are watching,
From beyond oblivion and the far corners of this very world,
Still, on some darkened nights, baleful doors are left yawning… »

The Starspawn, Justin Geoffrey
Edité à compte d’auteur, peu épais et relié dans une sorte de cuir indéfinissable à la texture vaguement caoutchouteuse, « Le Peuple du Monolithe » est un recueil de poèmes d’un obscur poète américain du nom de Justin Geoffrey. Outre le grandiose poème donnant son nom à l’ouvrage, il comprend entre autre « De l’Ancienne Contrée » ( From the Old Land), « Passions Obscures » (Dark Passions »), « Nemesis« , « La Bête Venue des Etoiles » (The Starspawn) ou encore l’effrayant « Parade Dans Les Ténèbres » (Strutter In The Dark).
Geoffrey y dépeint une série de voyage en des terres indéterminées, où l’évocation d’une nature sauvage pourrait de prime abord le classer quelque part entre le Gothique et le Romantisme. Pourtant, il émane d’entre ces vers une sensation de malaise indéfinissable. Les paysages de Geoffrey suggèrent une morne stérilité, une immobilité morbide dissimulant d’antiques secrets inavouables, et laissent entrevoir en filigrane une vision nihiliste d’un cosmos tout entier voué à l’entropie et dénué de grâce divine.
Le retour à la nature n’est pas une régénération spirituelle chez Justin Geoffrey mais au contraire un retour vers un état dégénéré où la conscience se dilue et finit par être anéantie face au caractère vertigineux et insondable de l’Immuable et de l’Eternel. Le cycle poétique amène lentement le lecteur, au terme d’une spirale déprimante, à une ultime et fatale épiphanie. Il réalise alors qu’il n’est nul Chant des Sphères ordonnant l’agencement de l’univers, mais au contraire un hymne dissonant à l’entropie et nul dieu si ce n’est un monstrueux chaos bouillonnant, totalement indifférent à l’ensemble de la Création.
« Through the ghoul-guarded gateways of slumber,
Past the wan-mooned abysses of night,
I have lived o’er my lives without number,
I have sounded all things with my sight;
And I struggle and shriek ere the daybreak, being driven to madness with fright.

I have whirled with the earth at the dawning,
When the sky was a vaporous flame;
I have seen the dark universe yawning
Where the black planets roll without aim,
Where they roll in their horror unheeded, without knowledge or lustre or name.

I had drifted o’er seas without ending,
Under sinister grey-clouded skies,
That the many-forked lightning is rending,
That resound with hysterical cries;
With the moans of invisible daemons, that out of the green waters rise.

I have plunged like a deer through the arches
Of the hoary primoridal grove,
Where the oaks feel the presence that marches,
And stalks on where no spirit dares rove,
And I flee from a thing that surrounds me, and leers through dead branches
above.

I have stumbled by cave-ridden mountains
That rise barren and bleak from the plain,
I have drunk of the fog-foetid fountains
That ooze down to the marsh and the main;
And in hot cursed tarns I have seen things, I care not to gaze on again.

I have scanned the vast ivy-clad palace,
I have trod its untenanted hall,
Where the moon rising up from the valleys
Shows the tapestried things on the wall;
Strange figures discordantly woven, that I cannot endure to recall.

I have peered from the casements in wonder
At the mouldering meadows around,
At the many-roofed village laid under
The curse of a grave-girdled ground;
And from rows of white urn-carven marble, I listen intently for sound.

I have haunted the tombs of the ages,
I have flown on the pinions of fear,
Where the smoke-belching Erebus rages;
Where the jokulls loom snow-clad and drear:
And in realms where the sun of the desert consumes what it never can cheer.

I was old when the pharaohs first mounted
The jewel-decked throne by the Nile;
I was old in those epochs uncounted
When I, and I only, was vile;
And Man, yet untainted and happy, dwelt in bliss on the far Arctic isle.

Oh, great was the sin of my spirit,
And great is the reach of its doom;
Not the pity of Heaven can cheer it,
Nor can respite be found in the tomb:
Down the infinite aeons come beating the wings of unmerciful gloom.

Through the ghoul-guarded gateways of slumber,
Past the wan-mooned abysses of night,
I have lived o’er my lives without number,
I have sounded all things with my sight;
And I struggle and shriek ere the daybreak, being driven to madness with fright. »

Nemesis, Justin Geoffrey


[1] Wiki
[2] Voir : https://howlingtwenties.wordpress.com/2013/04/04/le-peuple-du-monolithe/

lundi 2 mai 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : H.P.LOVECRAFT, JUVENILIA






La Petite Bouteille de verre (1896, in H.P. Lovecraft ; Juvelina, The little glas bottle, Necronomicon Press, 1984). Une curiosité puisqu’il s’agit du premier texte retrouvé de Lovecraft, alors qu’il avait 6 ans. Un texte naïf qui raconte d’histoire d’un capitaine qui découvre une bouteille renfermant une carte au trésor. Il se précipite sur les lieux, au large de l’Australie, et trouve une autre bouteille dans laquelle un nouveau message avoue qu’il s’agit d’une farce. Mais le mystificateur ne manque pas d’élégance puisqu’est joint à la bouteille un coffret contenant quelques dollars pour le dédommager de ses frais. Cette mini-nouvelle est illustrée par ladite carte au trésor !

e


La caverne secrète ou l’aventure de John Lee (1898, in H.P. Lovecraft ; Juvelina, The Secret Cave or John Lee’ Adventure, Necronomicon Press, 1984). Un récit toujours très naïf, mais qui commence à se colorer de noir. Un petit garçon de 10 ans, John, est laissé seul avec sa petite sœur Alice de 2 ans, le temps que les parents puissent aller faire leurs courses. Ils descendent dans la cave de la maison, dégagent une entrée et se retrouvent dans l’eau. Une barque est à portée de main. Il agrippe sa sœur qui tient un coffret, mais hélas, elle succombe à la noyade. Dans le coffret, il trouve de gros morceaux d’or, de quoi payer n’importe quoi mais pas la mort de sa sœur.
Les lovecraftologues avisés verront dans cette nouvelle poindre la fascination qu’exerceront les caves, grottes et autres gouffres dans la production ultérieure.
:

Le mystère du cimetière ou la revanche d’un mort (1898, in H.P. Lovecraft ; Juvelina, The Mystery of the Graveyard or a Dead’s Man Revenge, Necronomicon Press, 1984). Sous-titrée « une histoire policière », cette petite nouvelle se présente de façon structurée, comme un roman découpé en chapitres. Il y est question de l’enterrement d’un certain Joseph Burns qui, dans ses dernières volontés, avait demandé au pasteur Dobson de placer sur son cercueil, à l’endroit indiqué par un A, une petite boule en or. Ce qui fut fait avec comme conséquence de faire disparaître le dit pasteur. Suit une histoire embrouillée de demande de rançon. Mais ce qui est intéressant, à l’instar de la nouvelle précédente, c’est l’omniprésence du thème de la cave. En plaçant la boule en or, l’officiant tomba dans une pièce magnifiquement éclairée où il survécu avant d’être délivré.

Z

Le Vaisseau Mystérieux (1902, in H.P. Lovecraft ; Juvelina, The Mysterious Ship, Necronomicon Press, 1984). Un autre petit texte découpé en chapitres comme un roman et que Lovecraft avait fait relier sous forme de booklet avec la mention « Royal Press 1902 ». Il s’agit du récit du périple d’une mystérieuse frégate qui, à chaque fois qu’elle accoste, provoque la disparition d’un indigène. Ceux-ci se retrouvent cantonnés au pôle Nord où nous apprenons qu’il existe un vaste continent composé de terres volcaniques, dont une partie seulement est ouverte aux explorateurs. On l’appelle le « No-Mans Land ». La critique érudite verra bien sûr dans ce petit texte les prémices des Montagnes Hallucinées et l’influence des Aventures d’Arthur Gordon Pym, l’auteur ayant découvert Poe à l’âge de 4 ans.

D


La bête de la caverne (1905, in H.P. Lovecraft ; Juvelina, The Beast in the Cave, Necronomicon Press, 1984). Lovecraft a désormais 15 ans et commence à écrire du « lovecraft » ! Un style maîtrisé et une technique du développement du récit qui fera la « marque de fabrique » de l’auteur ; on instille la terreur à petite dose pour arriver à une chute qui ne manquera pas de dérouter le lecteur. Il s’agit du récit d’un jeune étudiant (en philosophie !) qui part avec un groupe explorer la Caverne du Mammouth. Il s’égare, les batteries de sa torche s’épuisent, et seul dans le noir, il commence à percevoir les bruits d’une créature inquiétante qui s’approche. Pour se défendre, il lui projette des pierres alors que la caverne s’éclaire ; le guide a retrouvé sa trace. A l’examen du cadavre du monstre, il s’avère que ce fut un homme horriblement transformé par une vie passée dans l’obscurité.
On retrouve encore à nouveau dans ce texte de jeunesse la thématique de la cave/grotte. Et apparaît pour la première fois l’anti-héros cher à HPL, à savoir doté d’un profil marqué d’intellectuel.

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L’Alchimiste (1908, The Alchemist in United Amateur, 1916 ;  Necronomicon Press, 1984). Antoine, Comte de C., vit avec son majordome dans un vieux château délabré. Il est le dernier survivant d’une lignée frappée par un étrange malédiction. Résidait dans le domaine un inquiétant sorcier que l’un de ses ancêtres a tué. Et le fils de ce mage, Charles, a lancé à l’ancêtre d’Antoine la malédiction suivante : tous les rejetons de sa lignée périront à l’âge de 32 ans, âge du meurtrier au moment de son forfait. En commençant bien sûr par lui-même ! Et la prophétie de se dérouler jusqu’à nos jours. Antoine plonge dans les sciences occultes, pour tenter de trouver une parade au sort. En vain. Le jour venu, il cherche à s’échapper par les caves du manoir et, forçant une porte branlante, pénètre dans un laboratoire alchimique où vit une créature repoussante qui l’agresse violemment. Il réussit à la neutraliser alors que celle-ci, dans son dernier souffle, lui déclare être Charles. Il a survécu pendant six cent ans pour assouvir sa vengeance.
La nouvelle, comme la précédente, est bien ficelée et après les caves, les grottes, les pôles, ce sont aux manuscrits d’occultisme de faire leur apparition. Un ingrédient qui deviendra essentiel dans la fiction lovecraftienne.