SI LA NOTION N'EST PAS MAINTENUE DE JC PICHON dans la Lettre du Crocodile

Samuel Beckett et Jean-Charles Pichon

Si la notion n’est pas maintenue… de Jean-Charles Pichon. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
www.oeildusphinx.com
La pensée de Jean-Charles Pichon englobe de vastes domaines dont les sciences quantiques et la métaphysique. Cet essai court et particulièrement dense constitue autant un commentaire qu’une exploration du texte de Samuel Beckett intitulé Le dépeupleur.
Couv Pichon
Le point de départ de Jean-Charles Pichon réside dans l’identification de cinquante machines littéraires depuis 1848 :
« Toutes ces machines, précise-t-il, nous sont données comme singulières, uniques, bien que toutes prétendent à recouvrir l’univers entier (astrophysique ou biologique, mathématique ou psychanalytique, mythologique ou poétique) ou, plus exactement la localisation du JE dans l’univers. »
Parmi les auteurs de ces machines littéraires, nous trouvons Edgar Poe (Eureka, 1848), Wronski, Saint Yves d’Alveydre, Villiers de l’Isle-Adam, Mallarmé, Yeats, Jarry, Kafka, Daumal… Souvent, un auteur apparaît comme le traducteur, le redécouvreur ou le schismatique d’un autre. Jean-Charles Pichon y distingue l’action de machines littéraires à l’œuvre à travers ou indépendamment des auteurs. Ce qui n’est pas sans évoquer les machines répliquantes de Gilles Deleuze.
« La machine de Beckett a pour objet, nous dit-il, de définir et de préciser le fonctionnement du « séjour où les corps vont cherchant chacun son dépeupleur. »
Beckett raconte tout de la vie des habitants de ce cylindre, sorte de boîte de conserve, sauf le début et la fin. Cette machine est close, désespéramment close. Jean-Charles Pichon en imagine une sortie, en basculant le cylindre, réinterrogeant la « Forme Vide où viennent mourir les dieux et en naître d’autres ». Beaucoup des questionnements suggérés par Jean-Charles Pichon, à travers les mathématiques, ou le rapport à la langue, relèvent des philosophies de l’éveil :
« « L’affaire du cylindre », chère à Beckett, ne serait-elle autre, encore, que l’affaire du seuil, non plus distingué de l’appareil, son séjour ? Et le possesseur de la boîte de corned-beef, du cornet de glace, du bull-roarer, le Jupiter justicier ou l’Apollon flûtiste, seraient-ils autre que JE ? Non plus seulement le seul hôte de l’imaginaire séjour, mais l’unique auteur de toutes ces merveilles.
Sans doute, en ce point, Dieu est mort. Et la Mère elle-même, la première vaincue, n’est plus que la mariée pendue, la demoiselle, la hie, de toute machine célibataire, Jésus est crucifié, Iahvé enrage, le Créateur n’a plus que faire, le Double est un reflet ou un écho, la science se love en vain – le vieux serpent, le Directeur ne dirige plus rien. Tout se passe en dehors des dieux, inutiles. Mais quel ressort secret anime le culbutant ? »
Le texte de Jean-Charles Pichon est accompagné d’un commentaire et de dix études graphiques de Silvanie Maghe.
En 1990, Sylvanie Maghe illustre Le Dépeupleur de Beckett et envoie le texte avec ses illustrations à Jean-Charles Pichon qui écrit alors Si la notion n’est pas maintenue…
L’une et l’autre sont préoccupés par la même question : Comment échapper à la « Forme Vide », au cylindre de Beckett ? A la perte de sens ? A la stérilité de la machine ?
De même que Jean-Charles Pichon prolonge et d’une certaine manière libère Le Dépeupleur, Sylvanie Maghe prolonge le travail de Jean-Charles Pichon par ses gravures talentueuses, qui illustrent ce qui se passe, ce qui apparaît, quand la notion que Beckett voulait à tout prix maintenir s’échappe…

samedi 28 octobre 2017

COLIN WILSON, UNE PLUME TREMPÉE DANS L'OCCULTE

Une nouvelle réalisation d'ODS TV à l'occasion de l'AG de l'ODS du 14 octobre.


jeudi 26 octobre 2017

JEAN-CHRISTOPHE PICHON ET L'AVANT-DERNIER LIVRE SUR ODS'PROD

Une nouvelle réalisation enregistrée lors de l'AG de l'ODS d'octobre.











LES CHRONIQUES D'EL'BIB : ÊTRE ASSASSIN, Colin Wilson





Etude – Être assassin (1972, Order of Assassins, the Psychology of Murder ; Alain Moreau, 1977 ; Le Pire des Mondes, Durante, 2002). Ce livre se présente comme le troisième opus de la trilogie du meurtre de Wilson, après L’Encyclopédie du Meurtre (1961) et le Répertoire du Meurtre (1969). Il est tout à fait intéressant, car il traduit une étape importante dans la maturation de la pensée de l’auteur. Le thème est certes le crime, ou plus exactement le « true crime », appuyé par une galerie impressionnante de « cas concrets ». Mais la recherche reste la même – on l’a vu dans les romans noirs précédemment évoqués – à savoir que se passe-t-il dans la tête de l’assassin ? Et quelle est la mécanique du crime dit « gratuit » ?
Wilson déroule une nouvelle fois son cheminement philosophique, partant de « l’outsider », engoncé dans sa quotidienneté au point de devenir « robot », prisonnier de ses habitudes avant de réussir à se libérer de ses chaînes. Il débouche sur la notion « d’homme de droit » qui est aussi un homme violent, thèse développée par A.E. Van Vogt qu’il considère comme particulièrement importante en matière de psychologie. Il s’agit du bourreau domestique, qui martyrise sa femme parce qu’il a tous pouvoirs sur elle, ou du dictateur, qui comment les pires méfaits au nom du régime dont il a instauré les règles. Mais c’est dans le schéma d’évolution proposé par le psychologue Abraham Maslow que Wilson trouvera les clés nécessaires à son analyse. Selon ce chercheur, l’évolution de l’individu passe par plusieurs stades : satisfaire ses besoins de sécurité et de nourriture, puis ses besoins sexuels ; c’est ensuite qu’il cherchera la réussite sociale et éprouvera le besoin de reconnaissance ; et de là, il pourra se tourner vers des besoins plus sophistiqués qu’il pourra satisfaire par la culture, l’art ou la religion et parvenir enfin à une conscience élargie. Et toute entrave au bon déroulement de ce schéma peut entraîner des dégâts importants à l’individu. On peut compliquer évidemment cette approche apparemment simpliste, notamment en examinant tous les types d’obstacles, mais elle donne certainement une bonne grille de lecture des cas criminels étudiés. D’autant plus que Wilson fait une nette différence entre le crime et l’assassinat. Le crime est le meurtre à la petite semaine, celui qui obéit à un médiocre mobile passionnel, amoureux ou financier en général. L’assassinat a une fin en soi et n’a d’autre raison que le dégoût de la banalité du quotidien conjugué à un énorme besoin de reconnaissance. C’est une façon de se réaliser en se faisant remarquer. Manson était un garçon sympathique et apprécié par son entourage qu’il érigea en Famille dont il était le chef naturel. Et il lui fallait sans cesse aller plus loin pour asseoir son emprise, débouchant sur le meurtre gratuit. Il était devenu un « homme de droit » qui n’avait plus de limites.
Wilson intégrera de façon curieuse Lovecraft dans sa démonstration, le présentant comme un « outsider » qui sublimera son besoin de reconnaissance non par le meurtre mais par la rédaction d’histoires d’horreur pour choquer le public. Il fera une longue analyse de Loved Dead, une révision pour C.M. Eddy (1922), dans laquelle la nécrophilie est portée au rang des beaux-arts. Une publication qui vaudra du reste quelques soucis à l’éditeur [1].
Colin Wilson nous a quitté en 2013 et n’a pas connu la barbarie islamiste qui nous infecte désormais quotidiennement. En reprenant le schéma de Maslov et le besoin de tendre en permanence vers un idéal, il nous aurait certainement expliqué que nos djihadistes se sont fait injecter un rêve absurde par sa cohérence, les transformant en « hommes de droit » aveugles.
L’auteur nous donne en annexe une petite étude sur Jack l’Éventreur dont les crimes ont été une source d’inspiration pour ses premiers romans noirs (Le Sacre de la Nuit, 1960, par exemple, qui est sa première fiction criminelle). On le sent hésiter, en ce qui concerne l’identité du tueur, entre le Duc de Clarence (frère du futur roi George) et l’un de ses amis, Sir Stephen. Mais ceci est une autre histoire !


[1] Le Nécrophile (1922, une révision pour Clifford Martin Eddy, The Loved Dead, in Weird Tales 1924). Une révision qui a dû être effectuée alors que Lovecraft travaillait sur Le Molosse dont la thématique est très proche. Un beau texte de poésie noire qui n’est pas sans rappeler celle des Fleurs du Mal. Il sera du reste repéré par les autorités qui protesteront contre ce genre de publication ce qui conduira l’éditeur à mettre Lovecraft « sous surveillance ». Il s’agit de l’histoire d’un jeune homme vivant en reclus chez ses parents à Fenham, ne s’intéressant à rien et plongé dans une lourde apathie. Jusqu’au jour où son grand-père décède et que l’enterrement de ce dernier lui apporte la révélation : une fascination morbide pour les cadavres, une passion dévorante pour les cimetières, une intoxication méphitique aux parfums des « ailes de la mort ». Ces mêmes délices seront à nouveau dégustés lors de l’inhumation de ses parents, puis ce sera le grand saut : travailler aux Pompes Funèbres. Pour assurer l’approvisionnement, il se transformera la nuit en sérial killer, mais se fera renvoyer de son emploi, son patron l’ayant retrouvé au petit matin enlacé avec un cadavre encore tout chaud. Il se fera affecter dans une morgue militaire lors de la Grande Guerre, et, de retour au pays, reprendra ses méfaits. Traqué finalement par la police, il se suicidera en s’ouvrant les veines.

mercredi 25 octobre 2017

LE BUGARACH DE CHARLY SAMSON DANS LA LETTRE DU CROCODILE

Si Bugarach m'était confié

Publié le 22 Octobre 2017, 08:15am






Si Bugarach m’était conté de Charly Samson. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
Bugarach s’est fait connaître presque brutalement, et au grand dam de ses habitants, quand certains crurent bon de le présenter comme un refuge lors de la fin du monde soi-disant annoncée pour 2012 par des prophéties mayas. Cette annonce fortement médiatisée a finalement masquée l’intérêt que présente le pic de Bugarach.

Toute montagne invite à la méditation et porte ses mystères. D’un point de vue géologique tout d’abord, Bugarach est étonnant puisque les couches les plus anciennes sont les plus visibles. Ce fait rare justifierait de faire le détour vers ce haut lieu du Razès pour découvrir la majesté inquiétante du lieu et les paysages magnifiques qui l’entourent.
Le Razès est une terre de légendes, anciennes ou modernes, du tombeau de Marie-Madeleine aux bases secrètes d’ovnis. Nous sommes tout prêt de Rennes-le Château et de Rennes-les-Bains qui concentrent nombre de mystères mais aussi Marcelle, Alet-les-Bains… Les mythes se chevauchent aux interprétations multiples et souvent fantaisistes. Cependant, la matière mythologique est réelle. Il y a beaucoup à travailler et à explorer.

Charly Samson rend compte de sa relation personnelle avec le site et des recherches qu’il lui a consacrées en lien avec le groupe des Amis de la Salz, du nom de la source salée qu’il souhaitait préserver. Recherche d’un trésor, présence extra-terrestres, couloirs du temps, arche d’alliance… voici quelques-unes des préoccupations du groupe.

« Le Pic de Bugarach est vraiment un lieu magique…, confie l’auteur, mais dans le véritable sens de ce mot. Tel un souverain accueillant mais secret, il domine sa région. Il semble maîtriser les forces de la nature qui l’envahissent et lui confèrent une personnalité redoutable dans sa majesté.
Il est né de bouleversements géologiques particuliers qui sont à la base – dans tous les sens de cette expression – des intenses vibrations qui l’animent : forces cosmiques, forces telluriques, courants d’eau, réserves de sel, et multiples grottes et cavernes pour la plupart inconnues qui sillonnent ses profondeurs. Le vent caresse ses flancs, mais parfois semble lui manifester une certaine hostilité. Il joue avec le soleil en créant des illusions qui nous rappellent la beauté de récits bibliques.
Les quatre éléments de notre univers jouent avec le Bugarach. La terre depuis la poussière presque impalpable de ses sentiers jusqu’aux roches cyclopéennes qui le coiffent. L’air et le feu du vent et du soleil qui l’enlacent chaque jour. L’eau qui n’est pas que celle que lui offre la pluie, mais aussi l’eau de ses sources qui puisent dans ses profondeurs d’étranges saveurs.
Les éléments de la matière ne font pas tout le Bugarach. Quelle vie anime cette masse depuis ses entrailles jusqu’à sa surface que nous connaissons plus ou moins bien ? »

L'IMI EN NOVEMBRE

Conférence et café métapsychique à l'IMI


Conférence de Erlendur Haraldsson, le 24 novembre 2017 :
"J'ai vu une lumière et je suis entré"
 
J’ai vu une lumière et je suis entré est le résultat de décennies de recherches académiques et d’investigations sur les souvenirs de vies antérieures, essentiellement chez des enfants. Erlendur Haraldsson, psychologue, a une expérience de plus de deux décennies d’enquêtes sur une centaine de cas dans ce domaine. Il a étroitement travaillé avec Ian Stevenson, docteur en médecine, et enseignant à l’Université de Virginie, qui a initié les études systématiques sur les « cas suggérant la réincarnation », et qui a fait œuvre de pionnier avec ses études psychologiques sur des enfants affirmant de manière insistante avoir des souvenirs d’épisodes de vies antérieures.

Pour l’écriture de ce livre, Haraldsson a invité l’anthropologue James Matlock à se joindre à lui, en raison de sa grande connaissance de ces recherches à travers le monde.

Informations pratiques : 
Le conférencier s’exprimant en anglais, une traduction en français est assurée.

Cette conférence aura lieu le vendredi 24 novembre 2017 de 19h30 à 21h30, au siège de l’IMI, 51 rue de l’Aqueduc, 75010 Paris.
Métros : Stalingrad ou Louis Blanc.
Tarifs : tarif normal : 15 € ; 
membres d’A-IMI : 12 € (sur présentation de la carte).
Réservations 

Le nombre de places étant limitées, il est prudent de s’inscrire dès maintenant  en :

-Téléphonant à l’Institut au :
01 46 07 23 85
-Envoyant un mail à :
contact@metapsychique.org
- en ligne grâce à PayPal  sur cette page:
http://www.metapsychique.org/event/conference-de-erlendur-haraldsson/
 
 
 
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Café métapsychique, le 25 novembre 2017 :
"Astrologie et parapsychologie"

 
L'A-IMI (Association des Amis de l’Institut Métapsychique International) est heureuse de vous inviter comme chaque année à un Café Métapsychique  en forme d'atelier qui accompagnera son assemblée générale.
Celui-ci aura lieu au siège de L'imi le samedi 25 novembre prochain, de 14H précise à 16H30  maximum, réception à partir de 13H30.

Ce « Café », est Ouvert à tous, adhérent ou non de l’A-IMI.

Le sujet choisi cette année est "Astrologie et Parapsychologie".
François Neddam, notre président, et astrologue à son heure vous présentera sa conception du sujet et les liens qu'il est possible de bâtir avec la parapsychologie.
Pour illustrer de manière vivante son propos, Mr Neddam proposera à plusieurs personnes de l'assemblée une brève analyse de quelques points de leur ciel astral.
Comme le temps sera hélas limité, un tirage au sort permettra de sélectionner ces personnes parmi celles candidates dans le public.
Nous demandons donc aux intéressés de se munir de leur date, heure et lieux précis de naissance.
L'analyse se faisant en public, elle ne portera que sur des traits généraux et ne saurait porter atteinte en aucune façon à la vie privée des candidats, n'engageant en rien la responsabilité de François Neddam.
Tout l'atelier se voulant interactif,  un échange permettra d'ailleurs au fur et à mesure de préciser, valider ou invalider les éléments d'analyse fournis

Un pot final et convivial clora à partir de 16H cette réunion


Informations pratiques : 

Une contribution minime de 5 euros pour les adhérents ou étudiants (8 pour les non-adhérents) sera demandée pour participation aux frais de l'association.

Le nombre de places étant limitées, il est prudent de s’inscrire dès maintenant  en :

-Téléphonant à l’Institut au :
01 46 07 23 85
-Envoyant un mail à :
contact@metapsychique.org

lundi 16 octobre 2017

FABIENNE LELOUP ET LA LITTERATURE DECADENTE SUR ODS'PRO

Retrouvez nos émissions sur YouTube. Fabienne Leloup inaugure les travaux de notre laboratoire, où chacun est invité à partager ses projets, ses idées, ses recherches.


lundi 9 octobre 2017

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA CORRESPONDANCE DE CAMERON THADDEUS NASH, Ramsey Campbell





Ramsey Campbell nous présente la très étrange correspondance de Cameron Thaddeus Nash (in Les Chroniques de Cthulhu, anthologie dirigée par S.T. Joshi, Bragelonne/Sans Détour, 2017),  . Un document récupéré par August Derleth en 1968 qui devait être publié dans l’Arkham Collector, puis, Derleth changeant d’avis, dans un essai de Campbell sur HPL. Le projet n’a pas abouti, les originaux ont été perdus, mais heureusement le narrateur en avait gardé une copie. Il s’agit d’un échange entre un admirateur anglais, Nash, et le Maître de Providence, le premier, béat d’admiration, se présentant comme un grand rêveur qui se propose de soumettre au second les textes tirés de ses excursions oniriques. Lovecraft, comme à l’accoutumée, fera son travail consciencieusement, suggérant ici un nouveau titre plus percutant, là une révision complète. Il s’engage de surcroît à essayer de placer la prose de Nash auprès de Weird Tales. Mais l’interlocuteur anglais supporte mal les modifications et piaffe d’impatience de voir publier ses écrits. Le ton se gâte, Nash devient de plus en plus agressif et commence à injurier Lovecraft, le traitant de noms d’oiseaux (Lovecrotte !) tout en critiquant sévèrement ses nouvelles. Il estime être un rêveur hors pair, Lovecraft ne lui arrivant pas à la cheville et le menace de lui envoyer sa photo afin que notre écrivain puisse mesurer comment ses voyages dans les Contrées du Rêve ont pu le transformer. Ce qu’il finira par faire et, peu avant l’aube du 15 mars 1937, Providence sera réveillé par un hurlement effrayant provenant de la maison de Lovecraft. On y trouvera la photo d’un visage dont il manque le bas, remplacé par un vide étoilé.

dimanche 8 octobre 2017

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE TEXTE DE R'LYEH OU LES PAGES SECRÈTES DU NECRONOMICON






Document : The R’Lyeh Text ou les pages secrètes du Necronomicon, 1995, avec George Hay et Robert Turner (Skoob books, 1996)
Fort du succès de leur Necronomicon (cf 1978), nous trois compères récidivent en s’attaquant à une autre belle pièce du Mythe de Cthulhu.
Pour bien saisir toute la saveur de ce document, il nous faut plonger au préalable dans les rayonnages sulfureux de la Bibliothèque de l’Impossible de Lovecraft et de ses « suiveurs ». Dans Le Retour d’Hastur (The Return of Hastur, in Weird Tales 1939), Derleth nous livre l’une de ses premières « collaborations posthumes » dans laquelle il introduit Le Texte de R’lyeh, d’origine extraterrestre. Il est en effet bien antérieur à la naissance de l’humanité.
On raconte qu’un certain Amos Tuttle se serait procuré auprès d’un prêtre tibétain un exemplaire de ce  Texte de R’lyeh contre son âme et quelque cent mille dollars. En dépit de ses dernières volontés, le neveu d’Amos n’a pas détruit l’ouvrage et a préféré le léguer à la bibliothèque de l’université Miskatonic. Il s’y trouve toujours et fait l’objet de nombreuses consultations (par le Pr Shrewsbury notamment).
Il s’agit d’une véritable Bible du Culte de Cthulhu ! Derleth en donne quelques extraits :
Ph’nglui mgllw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’ nagl fhtagn :
Dans sa demeure de R’lyeh, la Ville morte, Cthulhu attend et rêve
Le Grand Cthulhu s’élèvera de R’lyeh, Hastur l’Indicible reviendra de l’étoile noire qui se trouve dans les Hyades près d’Aldébaran... Nyarlathotep mugira éternellement dans l’obscurité dont il a fait sa demeure, Shub-Niggurath pourra engendrer ses mille chevreaux.
Lllllll-nglui, nnnn-lagl, fhtagn-ngah, ai Yog-Sothoth !


L’ouvrage s’ouvre sur une première préface, signée George Hay. Un texte assez confus sur le déclin de notre civilisation et le proche retour des Grands Anciens. C’est du reste ce qu’il a failli se produire avec le IIIème Reich. Le Mythe est réel… Si nous l’utilisez comme une métaphore pour analyser l’état actuel de notre société, vous serez frappé par sa portée prophétique. On croirait lire du Jean Robin ! [1]

Suit une introduction de Colin Wilson qui ne fait pas moins de 56 pages et qui forme en fait le corps du livre. Un texte étonnant qui est en fait un concentré de la pensée wilsonienne mâtinée de sympathiques délires. La clef de la démonstration repose sur une recherche approfondie sur le Mythe de l’Atlantide en compagnie du Pr Hapgood [2] et de son analyse des cartes de Piri Reis. Un thème qui manifestement fascine Wilson, car nous le retrouverons dans de nombreux autres textes (The Tomb of The Old Ones par exemple, 1999). En résumé, il existait une civilisation évoluée très ancienne basée sur un continent qui « glissera » après une catastrophe tellurique pour former, avant la glaciation, l’Antarctique. Les habitants de ce continent, l’Atlantide, reçurent la visite d’amphibiens venus de Sirius qui leur fournirent les rudiments de la civilisation et initièrent leurs prêtres au maniement d’un cristal magique donnant une conscience infinie, et donc de redoutables pouvoirs. Mais ils abusèrent de cette énergie, occasionnant la destruction du continent. Les survivants migrèrent en Antarctique puis en Egypte. Une démonstration qui fait appel à une galerie de personnages que l’auteur affectionne comme Blavatsky, Steiner, Cayce, Crowley, Kenneth Grant ou Bertiaux et accorde une large place à la magie sexuelle atlantéenne. Lovecraft qui, comme chacun sait, allait pêcher ses visions dans les rêves, était parfaitement au fait de cette histoire inconnue qui est devenue l’un de ses sources d’inspiration ! On se demande pourtant quel est le lien entre ce qui précède et le R’Lyeh Text !



C’est ensuite au tour de l’occultiste Robert Turner de nous présenter les fameuses pages cachées du Necronomicon. Elles sont numérotées de 19 à 29, pour assurer la continuité avec les documents proposés dans le précédent ouvrage. Comme dans celui-ci, le texte fait figure de tranche de jambon très fine, 23 pages dans un sandwich de 176. Un texte qui ne présente aucun intérêt, débutant par deux pages retraçant la quête d’Abdul Alhazred avant de nous asséner des rites et sorts qui sentent bon le pastiche d’obscurs traités du Moyen-âge. Nous sommes en fait en plein hors-sujet, nos trois compères semblant ignorer l’origine du R’Lyeh Text tel que proposé par Derleth.


Robert Turner reprend la plume sous prétexte de commenter le texte. Un prétexte en effet pour nous présenter, avec beaucoup d’érudition il est vrai, son point de vue ésotérique. Il débute par une analyse eschatologique des trois grands courants spirituels (Perse, Christianisme avec l’Apocalypse et Nordisme) pour nous montrer que le Mythe de Cthulhu est d’une toute autre nature. Il ne s’agit plus d’un face à face entre l’homme et Dieu, mais un combat interne entre les divinités qui ignorent superbement l’humanité. Un petit commentaire pourtant. La « théologie » lovecraftienne est loin d’être figée et L’Appel de Cthulhu par exemple nous apprend que les Grands Anciens attendent que des humains « éveillés »  leur permettent de revenir ; c’est en quelque sorte une « parousie » noire qui se prépare !
Turner nous livre ensuite une intéressante analyse des grimoires de magie, en montrant qu’ils procèdent tous de quelques écrits anciens comme The Sword of Moses, The Sefer Raziel, The Sibylline Books or Books of Destiny, écrits mutilés ou délayés dans les traités moyenâgeux. Il passe en revue les manuscrits douteux comme The Red Book of Appin[3] ou The Book of Sogya[4]. Il pointe bien sûr le caractère imaginaire des livres sulfureux de Lovecraft and co, sauf le Necronomicon qui est tout ce qu’il y a de plus authentique. Et de nous donner la preuve ultime : les feuillets publiés par nos compères comportent des références à de vieux grimoires, s’inscrivant ainsi dans une tradition bien établie !
Il consacrera une large place à l’étude du Livre de Dzyan, tel que révélé dans la Doctrine Secrète de Blavatsky. Il est vrai que ce compendium traite largement du monde avant l’apparition de l’homme et du rôle d’entités non-humaines dans l’histoire de l’univers. Le Livre de Dzyan, vieux de quelque 18 millions d’années, serait la source du plus ancien manuscrit hébreu d’occultisme, le Siprah Dzeniouta , du Shu-king chinois, des Puranas hindous, du Book of Numbers chaldéen et du Pentateuque. 
Et de conclure en mettant en garde le lecteur car le Mythe de Cthulhu est une réalité et les forces noires rôdent et attendent.


L’ouvrage se termine par deux magnifiques hors-sujet qui sentent bon le « remplissage ». Patricia Shore s’interroge sur le rôle des « familiers » auprès des sorcières, prétexte pour nous parler du brave Brown Jenkin. Quant à un certain Arnold Arnold, il nous livre une digression sur la relativité générale, la théorie du tout pour terminer sur le principe anthropique. Le nom de Lovecraft n’est pas cité dans cette contribution, alors qu’il y aurait beaucoup à dire !

Je ne peux m’empêcher de clore cette étude en donnant l’opinion de Daniel Harms dans les Necronomicon Files : En 1993, Georges Hay publie une suite à son Necronomicon sous le titre de R’Lyeh Text, supposé contenir les feuillets cachés du Necronomicon. Dans l’univers de la fiction lovecraftienne, ce texte a été inventé par August Derleth après la mort de Lovecraft ? Lovecraft n’a jamais écrit sur ce sujet. De surcroît, Derleth n’a jamais dit que le document était une partie du Necronomicon. Hay, Wilson et Turner semblent ne pas en savoir plus sur Lovecraft que sur la Magie et utilisent un titre inapproprié pour le dernier épisode de leur « soap opera » occulte, claironnant qu’il s’agit de feuillets perdus de l’ouvrage d’Abdul Alhazred. Qu’importe, le R’Lyeh Text est tout aussi débile et inefficace que son lamentable prédécesseur…. Le plus intéressant dans cet ouvrage est le dessin du crocodile sur la couverture !


[1] 4 ème de couverture de Lovecraft et le secret des Adorateurs de Serpents (Trédaniel, 2017) : Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) est sans conteste le plus grand auteur américain de récits fantastiques depuis Edgar Allan Poe. Considéré comme le père spirituel de Stephen King, il a créé un univers de terreur hanté par des entités extraterrestres, et très apprécié des jeunes générations... Tout le monde - ou presque - ignore pourtant que cet univers envoûtant ne relève pas de la fiction, mais d'une stupéfiante réalité dont les derniers développements de la physique quantique nous donnent aujourd'hui la clé... Celle-ci était jusque-là détenue par la tradition secrète d'Isaïs à laquelle appartenait le grand initié Lovecraft ! Grâce à une source très proche de la présidence des Etats-Unis, familière de cette tradition, Jean Robin a pu décoder l'œuvre du "Prince Noir de Providence". Il nous apprend ainsi que les célèbres "Grands Anciens" mis en scène par Lovecraft, loin d'être des prédateurs d'outre-espace, sont des initiateurs chargés d'annoncer aux esprits libres, aux chercheurs de Vérité, l'aube d'un monde nouveau étendu aux dimensions du Cosmos et prêt à accueillir les humanités des autres planètes... Tel est en effet le terme de l'Histoire, illustré par le mythe biblique de la Jérusalem céleste qui, sous la forme de la "Citadelle solaire" des Rose-Croix, descendra "du ciel en terre" à la fin des temps.

[2] (Wiki) Charles Hutchins Hapgood (1904 - 1982) est un universitaire américain et l'un des plus grands défenseurs de la théorie des changements des pôles.
Hapgood obtient une maîtrise en histoire médiévale et moderne de l'Université Harvard en 1932. Son doctorat « Travaux sur la Révolution française » est interrompu par la Grande Dépression de 1929. Il enseigne pendant un an dans le Vermont et est secrétaire exécutif de Franklin Roosevelt pour l'artisanat.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hapgood travaille dans les services stratégiques (OSS), dans les services de la CIA ainsi qu'au sein de la Croix-Rouge. Il est également agent de liaison entre la Maison-Blanche et le Bureau du Secrétaire de la Guerre.
Après la Seconde Guerre mondiale, Hapgood enseigne l'histoire au Collège de Springfield dans le Massachusetts.
Il étudie avec ses élèves les théories sur le continent perdu Mu ainsi que sur l'Atlantide.
En 1955, Hapgood publie son premier livre, The Earth's Shifting Crust. La préface est écrite par Albert Einstein, peu de temps avant sa mort en 1955. Dans ce livre, ainsi que dans deux autres livres, Les Cartes des anciens rois de la mer (1966) et Le Chemin du Pôle (1970), Hapgood propose la théorie que la croûte terrestre s'est déplacée de nombreuses fois au cours de l'histoire géologique en glissant sur le magma interne. Hapggod n'est pas le seul géologue à avoir fait cette hypothèse qui n'a pas reçu de confirmation et n'est plus considérée aujourd'hui.
Pour son livre intitulé Les Cartes des anciens rois de la mer, Hapgood utilise de nombreuses archives cartographiques trouvées notamment à la Bibliothèque du Congrès américain de Washington, y compris la carte de Piri Reis, dont il prétend qu'elle montre le vaste continent Antarctique et la Sphère du monde du nommé Oronteus Finæus datant de 1531 (en latin ; 1549 en français). Il indique que les pôles avaient varié de 15 degrés vers 9600 av. J.-C., et qu'une partie de l'Antarctique était libre de glaces à l'époque, suggérant implicitement qu'une civilisation glaciaire pourrait avoir cartographié la côte à ce moment-là.
Les hypothèses géologiques de Hapgood ont été infirmées par les recherches géologiques et climatologiques récentes : l'analyse des carottes glaciaires montrant que l'Antarctique serait couvert de glace depuis au moins 800 000 ans. Néanmoins, certains auteurs actuels, comme Graham Hancock, évoquent toujours son travail et démontrent à quel point « l'avis conventionnel » accepté par les orthodoxes peut être dénué de bon sens logique face aux vestiges de l'histoire. Ses thèses ont toutefois inspiré bon nombre de spéculations fantastiques sur l'archéologie et le passé humain, thèses qui selon Garret Fagan ne correspondent pas à la démarche scientifique mais égarent le public. Pour l'historien des sciences Gordon L. Herries Davies ses hypothèses sur la cartographie ancienne sont de la « pseudo-science ».
Hapgood épouse Tamsin Hughes en 1941. Ils divorcent en 1955. Plus tard, il habite en Arizona et à Richmond (New Hampshire). Alors qu'il habite à Greenfield (Massachusetts), il est renversé par une voiture et meurt le 21 décembre 1982. Il a eu deux fils, Frederick (né en 1942) et William (né en 1944), et deux petits-fils.

[3] Cité par Dennis Weathley dans The Devil rides out.
[4] Aurait été possédé par John Dee qui en fait référence dans son Liber MysteriorumPrimus. Serait écrit en langage pré-adamique.

STARGATE à L'IMI LE 13 OCTOBRE

Conférence exceptionnelle d'Ed May au Forum 104 :
"Espionnage para-psychique :
Analyse scientifique, révélations et perspective,
par l'ancien directeur du  programme StarGate"
Le vendredi 13 octobre 2017, de 19h30 à 21h30, au Forum 104
 

 
 
Le conférencier :Ancien directeur du programme de recherche de l'État américain STARGATE, le physicien Edwin C. May est une figure majeure de la parapsychologie contemporaine. Ancien président de la Parapsychological Association et président actuellement des Laboratoires pour la Recherche Fondamentale (LFR) en Californie, il est l’auteur de plus de 500 articles pour l’Etat américain et des journaux scientifiques. Avec son co-auteur Sonali B. Marwaha, cette année, il a publié en quatre volumes le rapport définitif sur le programme Stargate : The Star Gate Archives: Reports of the United States Government Sponsored Psi Program, 1972-1995.
https://www.amazon.com/Star-Gate-Archives-Government-1972-1995/dp/1476667527


Informations pratiques :

FORUM 104
104 rue de Vaugirard
75006 PARIS
Métros : Saint Placide ou Montparnasse.
 
de 19H30 à 21h30
Accueil à partir de 19H
 
Tarif 15 euros et 12 euros pour les adhérents A-IMI à jour de leur cotisation.
 
Les places étant strictement limitées, il vous est conseillé de vous inscrire dès aujourd'hui.
Pour ceci et tous les détails , s'adresser au secrétariat de l'IMI au 00 33(0)1 46 07 23 85
(du lundi au vendredi 10H à 15H)
ou par mail:

metapsychique@gmail.com
en ligne grâce à PayPal  sur cette page: http://www.metapsychique.org/+Conference-d-Ed-May-le-13-octobre+.html