mercredi 28 mars 2018

LE LIVRE, H.P. Lovecraft







Au grenier, la fenêtre vibra, presque imperceptiblement.
Ces trois textes ont été refondus sous forme d’une petite nouvelle en 1934.

mardi 27 mars 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : SUR LES TRACES DE LOVECRAFT, tome II





Sur les traces de Lovecraft, T2, Nestiveqnen 2018

Le filon du pastiche est inépuisable

Arkham

Hugo Jalurid, dans Magda, nous entraîne dans une communauté repliée sur elle-même dans la région d’Arkham, au bord de la Miskatonic. Magda vit recluse, enfermée dans sa chambre car rejetée par ses parents car elle n’a pas subi « la transformation » à la fin de sa période de croissance. L’absence de strie sur son cou la font classer dans la catégorie des monstres. Elle n’a comme seul contact que sa mère qui lui fait passer sa nourriture par un passe-plat. Un jour, elle réussit à s’enfuir par la fenêtre, mais sera vite repérée par une voisine. De retour dans sa chambre, elle entendra ses parents en conciliabule avant de se rendre à une réunion du Temple. De retour, sa mère tentera de la poignarder en exécution de la peine de mort prononcée à son encontre par les autorités. Elle parviendra à nouveau à s’échapper et sera réupérée par une brave fermière des environs.

Art fantastique

Jolie fiction que Mouvement d’Ambroise Garel. Un jeune peintre se lie d’amitié avec son voisin, un vieil homme qui possède un duplex luxueux dont les murs sont ornés d’une foultitude de tableaux animaliers, plus vrais que nature. Le propriétaire explique que ce sont les œuvres de son fils, hélas disparu. Il lui offre une des pièces représentant une mésange. L’artiste étudie attentivement la composition et constate qu’elle est le fruit d’un dessein au trait continu. Il s’exerce à cette technique, mais sans vraiment réussir à égaler l’original. Un soir, il pénètre dans l’appartement et monte les escaliers ornés de représentations monstrueuses dont l’humanité n’est plus qu’une étincelle. Il pénètre dans une chambre restée éclairée et découvre une créature abjecte en train de dessiner l’Ultime. Hurlant de terreur, il se jettera par la fenêtre.

Cthulhu

Alain Delbe nous donne, avec La Vérité sur Alexis Chandhor une petite perle dont il a le secret. Le narrateur retrouve dans les papiers de son grand père, Floréal Delbe, un dossier sur Alexis Chandhor, talentueux écrivain d’horreur qui a péri en 1921 dans l’incendie de son appartement. Or le dit grand père a vécu longtemps sans le savoir sur le même palier que l’écrivain, Chandhor étant le pseudo du locataire appelé Octave Barillet. Les deux hommes sympathiseront mais l’écrivain ne recevra jamais chez lui son voisin, prétextant qu’il ne fallait pas perturber son « ambiance » d’écriture. Floréal remarquera quelques bizarreries dans son comportement : il écume les poissonneries du quartier pour s’approvisionner quotidiennement, il retrouve dans sa poubelle des messages faisant état de protections occultes…. Profitant de la courte absence de son voisin parti chercher le courrier en laissant sa porte entrouverte, Floréal fera une visite éclair chez Barillet et apercevra dans une chambre une abominable créature marine en train d’écrire avec un tentacule.
On retrouvera, après l’incendie, Cthulhu engoncé dans une large redingote, dans le train pour Dunkerque où il rejoindra la mer. Alain Delbe fait remarquer que la nouvelle de Lovecraft, L’Appel de Cthulhu est postérieure à ces événements (1926) et se demande si l’écrivain de Providence n’a pas lui aussi contraint le Seigneur de R’Lyeh à l’écriture forcée !

Ce qui marche au fond du Pacifique de Béryl Asterell est une nouvelle de facture classique, plutôt bien troussée. Elle nous relate l’expédition d’un navire océanographique dans la région de Fukushima, à la recherche de l’épave d’un navire disparu lors de la catastrophe de 2011. Ce dernier avait été affrété par un riche mécène, Claude Balfour, passionné d’archéologie sous-marine et de monstres marins. On remontera de l’épave un coffret contenant divers papiers dans lesquels il est fait allusion aux Soggoths, à Nodens, à la mission Dyer-Pabodie en Antarctique, au Culte des Goules et au Necronomicon. On devine la suite : une terrible tempête et une créature monstrueuse lançant ses tentacules pour couler le bateau.

Innsmouth

Tout est dans le titre L’Appel des Eaux de la nouvelle de Cancereugène. Après un accident de voiture, un jeune homme se retrouve paralysé des jambes et vit « surcouvé » par une famille inquiète. Sa chambre se transforme la nuit, entre l’heure de son accident et celle de sa reprise de conscience : tout devient vert, humide et malodorant. Il s’enfuira de sa maison de rééducation où il vient d’être placé, constatant que des branchies se développent dans son cou, et ira se jeter dans la rivière pour retrouver l’océan et LES rejoindre.

Frédérique Sevel nous conte, dans La Famille, l’histoire de Walter Sanders, de Kingsport, qui sauve de la noyade l’un de ses condisciples de l’Université de Miskatonic, Arthur Paul Grant. Ce dernier s’est fait agresser par des malfrats qui voulaient s’emparer de son sac. Il montrera à son sauveur le trésor qu’il contient, un exemplaire très rare du De Vermis Misteriis. Il est passionné par la survivance de cultes anciens maritimes et mène ses recherches sous l’autorité du Dr. Armitage. Ils arpentent la région, à la recherche d’indices et visitent la cité désertée d’Innsmouth. Puis, lors d’une exploration hasardeuse, ils tombent dans un trou et se retrouvent dans une grotte semi immergée. D’étranges personnages hommes-batraciens se manifestent et semblent bien connaître Walter. Celui-ci finira par admettre qu’il est de la race des Profonds mais que sa mutation est à peine entamée. Arthur, atteint d’un asthme aigu, succombera lors du retour à la surface. Lors d’une visite chez Arthur pour nettoyer son appartement, il découvrira que son ami collaborait avec la police locale pour éradiquer les derniers Profonds. En sa mémoire, il acceptera de prendre sa suite avec l’aide d’Armitage ;

Livres Maudits

Raf(a)les de Wilfried Renaut nous conte l’histoire d’Avel qui vit en reclus dans son cabinet de curiosités avec pour compagnon un vieux livre que lui a confié son grand-père. Les pages de l’ouvrage sont désespérément blanches et rien ne permet d’y écrire. Pour des raisons mystérieuses, l’appartement d’Alev sera balayé par une tornade alors qu’une voix lui assène : Vénère-moi ou péris dans ton trou !  Il sera sauvé (on suppose) grâce au livre et le tout se terminera par la reprise du poème Azathoth de Lovecraft. Un récit confus.

Le Bal des Ombres d'Alexandre Baron est un récit qui s’inspire fidèlement du « canon ». Jacob Clyne, un jeune chercheur en histoire ancienne de l’université de Providence, se rend à la bibliothèque de Miskatonic dont il a appris qu’elle venait de faire l’acquisition d’un exemplaire du Culte des Goules. Il croit avoir trouvé une explication aux affaires « Dexter Ward » et « Dunwich » et a besoin de consulter certains grimoires afin de conforter son opinion. La Bibliothécaire, Mme Hepstein, se montre d’abord très réticente, mais après un échange approfondi, admet qu’elle aussi fait des recherches sur le sujet et qu’elle bute en ce moment sur la compréhension de l’ouvrage du comte d’Erlette. Les deux chercheurs décident alors de s’associer et avec l’appui du Necronomicon, finissent par « casser le code des Goules » et trouver la voie d’accès à Ceux du Dehors. Mme Hepstein est tellement ravie qu’elle décide d’organiser un grand bal masqué dans son manoir d’Arkham afin de révéler à ses amis le résultat de ses recherches. Et de réunir une foule bizarroïde dont le « dress code » est « créatures du Mythe ». Une violente explosion secouera le bâtiment lorsqu’elle prononcera la formule découverte, entraînant la disparition de tous les participants à l’exception de Jacob qui était resté à l’écart. L’enquête de police piétinera mais fera admettre au rescapé qu’il a profité de la cérémonie pour dérober les livres maudits dont il est un collectionneur compulsif.

L’hôte de Marsden Hall de David Verdier frôle la caricature. Un quidam se rend chez son ami James Wilbur Arnold qui vit dans un manoir isolé. Son attitude est bizarre et il finit par lui avouer qu’il a fait l’acquisition d’une retranscription du fameux Necronomicon. On entendra bien sûr des bruits bizarres la nuit et le visiteur retrouvera son ami transformé en une monstruosité dégoûtante. Bravo l’inspi !

Sutures spatiales de Francis Thievicz est du même tonneau. Un manuscrit envoyé à Nesti qui fait part d’horreurs survenues à la lecture du livre maudit. On apprendra par une note de fin que la maison du lecteur a été détruite !

Lovecraft

Poulpe Apocalypse de Guillaume Maréchal met en parallèle un quidam qui, en 1875, va se frotter à des créatures innommables dans le quartier des Halles et un jeune reporter chargé, de nos jours, par une revue anar de faire une enquête sur un « Collectif HPL » qui organise des raves dans les catacombes. On ne sera pas déçu du voyage, truffé de clins d’œil au Maître de Providence et qui nous permet de rencontrer un grand lovecraftien devant l’éternel, Roland C. Wagner. La sauterie souterraine se terminera évidemment dans l’horreur et l’on comprend mal l’irruption de HPL himself dans le chaos final.

Maison Maudite

Jeff Gautier nous propose avec La Maison des Damnés un pastiche bien ficelé qui n’es pas sans rappeler les textes d’August Derleth des années 40/50. Un jeune notaire, Charles Lequestac, est chargé de faire l’inventaire de la demeure d’un de ses clients, journaliste, mystérieusement disparu. Faute de descendance, la maison revient à la municipalité qui veut la transformer en établissement pour enfants gravement déficients. Il découvre un bureau envahi de papiers attestant que le propriétaire se livrait à des recherches bizarres sur des cultes anciens. Il possédait de redoutables manuscrits comme les Unaussprechlichen Kulten de Von Juntz. Le journaliste a fait du reste une visite au bord de la côte et a rencontré un « fou » dont il a brûlé la maison. Il en est revenu passablement dérangé.
Le notaire est pressé de boucler la succession par une Demoiselle Adèle, personne mystérieuse qui prendra la responsabilité du futur établissement. Mais il doit au préalable prendre contact avec le Pr Guttin de l’École des Chartres, ayant retrouvé dans le bureau un paquet qui lui était destiné. Le savant sera fort intéressé par l’ensemble de notes qu’il contient et fera une visite « décryptage » de la bâtisse, mettant en évidence de nombreux symboles ésotériques laissant supposer un chemin initiatique qui conduit au passage d’une porte. Il partira avec les manuscrits maudits que lui confie volontiers l’homme de loi.
Plusieurs mois après le notaire fera une visite discrète près du manoir, apercevant les enfants exécuter des danses bizarres autour de la directrice. Adèle contactera son étude, lui demandant de venir suite à une découverte étrange faite dans la maison. On ne reverra jamais Me Lequestac.

La nouvelle de Virginie Buisson-Delandre, Just dont’ask me what is was… sent le déjà lu. Une jeune executive-woman, Marine, est perturbée, dans son appartement par des bruits atroces et des cris d’enfant. Elle croise du reste un petit garçon le bras en écharpe. Elle en perd le sommeil et s’en ouvre à son amie et collègue, Vanessa. Celle-ci accepte de venir s’installer chez elle. Alors que le vacarme reprend pour Marine, Vanessa n’entend rien. On retrouvera la jeune femme hagarde, dans les sous-sols de l’immeuble, tenant dans ses bras le cadavre d’un petit garçon au bras bandé.

Miskatonic

L’Horreur des Bas-Fonds de Tepthida Hay met en scène un dilettante parisien de la fin du XIXème siècle qui part dans les bas-fonds glauques de la banlieue parisienne pour enrichir son cabinet de curiosités. Il dénichera chez une vieille marâtre un bocal contenant un fœtus portant la mention « Unidentified Miskatonic specimen » et une jolie montre gousset. Rentré chez lui, ses emplettes se mettront à tout détruire en rendant vie aux créatures conservées sur les étagères du cabinet. Il est vrai qu’à l’intérieur du couvercle de la montre était gravé « Dunwich demon ».

Belle surprise que Tertön de Jonas Lenn. Nous sommes à Providence, dans un futur proche, en compagnie du Lieutenant Llewellyn du FBI et de sa collègue, Samantha Perkins, détective à l’Agence d’Investigation sur le Paranormal. Cette agence est spécialisée dans les enquêtes relatives du Mythe de Cthulhu et possède dans un local sécurisé un Shoggoth, récupéré lors d’une précédente affaire. Il est dans un état de vie suspendue mais peut communiquer « mentalement » avec certains agents ultra-sensibles.
Notre équipe va se mettre en route pour enquêter sur la disparition d’un vieil herboriste tibétain de Providence, R’Lyeh Topo, capturé par des hommes en noir qui voulaient mettre la main sur une relique en sa possession. Les papiers retrouvés dans sa boutique seront examinés par Havana Moon Castro, une ex de Samantha, chercheuse à l’Université de Miskatonic. Le déchiffrement des documents amènera l’universitaire à constater qu’ils ont été rédigés dans la même langue que les Sept Livres Cryptiques de Hsan et que la relique contient le fœtus du fils du premier roi tibétain. Ce roi légendaire appartenait à la race des Profonds et la relique est supposée avoir des effets bénéfiques sur la longévité. Les papiers font également référence au Texte de R’Lyeh et à un livre inconnu, Le Livre des Profondeurs.
L’enquête mènera nos investigateurs sur la piste du Dr Donovan, un familier de la bibliothèque de l’Université et propriétaire d’une île flottante, « Jouvence », sorte de clinique pour clients fortunés cherchant le rajeunissement. L’herboriste tibétain y est retenu prisonnier avec sa relique. L’opération menée par le FBI se terminera par un fiasco, Donovan préférant faire sauter son île plutôt que de se rendre.

Mutations monstrueuses

Guillaume Roos a un talent évident pour instiller de façon lancinante la montée de l’horreur. Dans L’étrange affaire des Miraculés de Ferguson, il nous entraîne dans la clinique Crawford qui vient de recueillir une dizaine de rescapés d’une explosion au gaz dans la ville, manifestement consécutive à des émanations nocives venant des sous-sols. Les dits rescapés sont miraculeusement indemnes, mais vont tour à tour se transformer en une sorte de gangue vivante. Et après chaque « mutation », le directeur recevra un visiteur banal (plombier, électricien, démarcheur) portant le même nom que le transformé et tenant un discours où il est question d’horreurs cosmiques. Il fera appel à un enquêteur de son administration qui se présente sous le même nom que le dernier des mutants. Les coquilles finiront par exploser, libérant des créatures monstrueuses.

Nyarlathotep

Joli clin d’œil que nous offre Guillaume Dalaudier avec La représentation de Phyrt. Nous sommes à Frichemesnil, petit village perdu de Seine-et-Marne. Le brave Aimé rapporte à la maison un tract, faisant état d’une représentation à la salle municipale du grand magicien Anatole Phyrt (on aura compris l’anagramme). Poussé par la curiosité, et malgré l’opposition de sa femme Germaine, il se rend au spectacle. Merveilleux scientifique, visions cosmiques effrayantes, révélations ultimes, Aimé tombe sous le charme de celui qui n’est autre que Nyarlathotep. Sa femme, disciple de Nodens, attend de pied ferme son retour avec un couteau de cuisine.

Shub-Niggurath

Guillaume Biéron nous propose, avec J’étais son Dieu, un texte intéressant, mettant en scène un père divorcé qui a la garde de son fils, Luc, le week end. Et le garnement, lors du pont du 1er mai, fait une fugue. Le père fait une investigation poussée sur son ordinateur et découvre que le rejeton fréquente des milieux goths adorant d’odieuses créatures comme Shub-Niggurath. Une rave-party démoniaque est organisée durant le week end et il repère sur l’ordinateur les coordonnées GPS de la manifestation. Il se rend évidemment sur place pour récupérer le fiston. La description de la soirée est grandiose, faite de musique métal et d’invocations des Grands Anciens qui bien sûr ne manqueront pas de signaler leur présence. Il parvient à exfiltrer Luc dont les yeux n’ont plus rien d’humain !

dimanche 25 mars 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE DÉMON NOIR, Robert Bloch






Le Démon noir est un recueil de nouvelles lovecraftiennes de Robert Bloch (Clancier-Guénaud, 1983).

Le secret de la Tombe (Weird Tales, Mai 1935). Un texte assez naïf, manifestement inspiré de La Tombe (Lovecraft, 1917). Un quidam reclus dans un vieux manoir vit avec un manuscrit que lui a remis son père, contenant le secret de la famille, la lignée du patriarche Jeremy Strange. Il y est question de révélations sur l’immortalité. Il passe son temps à étudier le texte, éclairé par d’autres ouvrages comme le Necronomicon, le Livre d’Eibon, la Cabala de Saboth et les Mystères du Ver. Puis un jour, il reçoit une sorte d’appel qui le conduit à pénétrer dans le caveau familial. Il ne résistera pas à l’envie de soulever le couvercle de la tombe monumentale de Jeremy Strange, découvrant l’ancêtre à moitié décomposé, mais toujours en vie. Ce dernier cherche à saisir son descendant. Mais il réussira à se dégager et à s’enfuir, mettant le feu au tombeau.

L’expérience de James Allington (Weird Tales juin 1935) est un récit très amateur, retraçant les recherches d’un sorcier contemporain, lecteur assidu du Necronomicon, des Mystères du Ver, du Culte des Goules et des Rites Noirs de Luveh-Keraph, le prêtre fou de Bast. Il est persuadé que par auto-hypnose, il peut se dédoubler et matérialiser la partie sombre de sa personnalité. Ce qu’il réalisera, libérant un monstre qui cherche à l’étriper ! On le retrouvera mort dans son bureau fermé à clef avec sur lui les empreintes d’un singe gigantesque.

Le Dieu sans visage (Weird Tales 1936) met en scène un antiquaire véreux qui organise une expédition au fin fond du désert pour récupérer une mystérieuse statuette dont parlent les indigènes avec beaucoup de crainte. L’objet sera retrouvé, dégagé de sa gangue et rapidement identifié comme étant une représentation du Dieu du Mal, Nyarlathotep. Suit une belle description du cheminement de la divinité, venue du désert pour reprendre le contrôle de l’humanité. Son nom est mentionné dans le Necronomicon, Le Livre d’Eibon et Les Mystères du Ver. L’équipe de l’antiquaire est terrorisée et parle d’une sombre malédiction. Elle quittera le camp de nuit, laissant le malfrat seul. Après une longue errance dans le désert brûlant, suivi par l’ombre du Pharaon Noir, il reviendra à son point de départ et sera « absorbé » par la créature, sa tête seule émergeant du sable alors que les vautours commencent à se manifester.

Le Démon Noir (Weird Tales, novembre 1936) est un récit émouvant mettant en scène l’auteur et Lovecraft sous le nom d’Edgar Gordon. Bloch est subjugué par les textes de Gordon, entre en relations épistolaires avec lui pour lui soumettre sa modeste prose. Il lui rend visite, et Gordon lui parle de ses sources, ses rêves, qui sont de plus en plus vivants. Ainsi sa fameuse nouvelle, La Gargouille, est-elle inspirée de sombres cités aux confins du fabuleux Vide du Dehors, cités visitées en rêve. Et il précise avoir rencontré Azathoth, Narlathotep, Yog-Sothoth et la planète Yuggoth bien avant d’avoir lu le Necronomicon, les Mystères du Ver ou le Livre d’Eibon. Mais Bloch constate que Gordon vire de plus en plus dans le morbide, ses derniers livres donnant le sentiment que le narrateur n’est pas un être humain. C’est la raison pour laquelle L’Être Décharné de la Nuit et l’Âme du Chaos seront refusés par les éditeurs. Il finit par avouer avoir écrit ces textes parce qu’on lui avait demandé de les écrire. Et de délirer sur le thème qu’il a été choisi comme messager par l’Être Sombre qui peuple ses rêves. Une créature abominable « qui ressemble assez au démon Asmodée ». « Ses intentions ne sont pas mauvaises et m’a promis que je m’incarnerais avec lui ».
Gordon demande à Bloch de cesser ses visites, car il dort de plus en plus longtemps. Inquiet, il se rendra quand même au domicile de l’écrivain et un éclair illuminera son bureau lui permettant de constater… que l’incarnation a bien eu lieu !

Le narrateur de La créature de l’horreur (Weird Tales, avril 1937) est professeur qui prend quelques vacances à Bridgetown. Il y rencontre par hasard l’un de ses anciens étudiants, Simon Maglore, qui vient de s’installer, suite au décès de ses parents, dans la demeure familiale sise à proximité de la bourgade. Un élève extrêmement brillant qui possédait une excroissance sous l’omoplate gauche. Il s’était signalé par une imagination particulièrement morbide ; l’un de ses poèmes, Pendaison de la Sorcière, avait obtenu un prix réputé. Il était très versé en occultisme et fin connaisseur de la Cabala de Saboth et des Mystères du Ver notamment.
Le professeur a du mal à le reconnaître sous son aspect hirsute et avec son excroissance qui a singulièrement enflé. Il lui rendra visite à plusieurs reprises et Simon finira par avouer qu’il est possédé physiquement par un homoncule qui ne cesse de se développer et qui lui a ordonné d’écrire un livre évoquant « l’Être Noir ». Et de le retrouver mort lors d’une ultime visite, déchiqueté par son hôte de chair.
Une nouvelle manifestement inspirée par Cassius (1930, une révision de Lovecraft pour Henry Saint-Clair Whitehead, Strange Tales of Mystery and Horror, 1931).

Dans Le Secret de Sebek (Weird Tales, novembre 1937), un jeune écrivain se promène dans les rues de la Nouvelle Orléans une nuit de carnaval et rencontre un quidam déguisé en prêtre égyptien. Il l’aborde, contact d’autant plus facile que la personne, du nom de Henricus Vanning, connaît son œuvre et est comme lui passionné l’occultisme. Il le convie à une « partie » qu’il va donner dans son manoir, une soirée du « Club du Cercueil ». Les invités sont déguisés de façon très folklorique, dont un prêtre inquiétant qui porte d’œil de Horus, mais vite délaissés car Vanning veut montrer à son nouvel ami quelque chose de spécial. Dans une petite pièce sont réunies quelques personnes érudites, dont l’occultiste Etienne de Marigny et le Dr Delvin qui a joué un rôle important dans l’affaire Randolph Carter. Et de montrer à l’écrivain, dans un local attenant, le cercueil d’un prêtre de Sebek ramené d’Égypte par un ethnologue du « club ». Vanning veut le point de vue de son invité sur la malédiction que ferait courir cette divinité. Il a en effet beaucoup étudié sur le sujet dans le Livre d’Eibon, le Culte des Goules et le De Vermis Mysteriis. Ludwig Prinn, dans son chapitre sur « les Rites Sarrazins », analyse en effet de façon très détaillée le Dieu Sebeth, créature assoiffée de sang. La réunion sera interrompue par l’irruption du prêtre porteur de l’œil de Horus qui se précipite sur Vanning et le déchire de ses griffes… de crocodile !

Robert Bloch continue d’exploiter le filon égyptologique dans Le Sanctuaire du Pharaon Noir (Weird Tales décembre 1937) qui met en scène le Capitaine Carteret à la recherche de la crypte de Nephrem-Kâ, pharaon sulfureux entretenant le culte de Nyarlathotep. Il a consacré toute sa vie à l’étude de cette légende, aidé par la lecture du Necronomicon et du chapitre sur « les Rites Sarrazins » du De Vermis Mysteriis. Suit une description très complète de la vie de ce dignitaire qui était réputé pour connaître l’avenir, mais qui disparaîtra, pourchassé à cause du caractère sanglant de son culte au « Singe Aveugle de la Vérité ». Il se réfugiera dans une galerie souterraine où se trouve sa tombe.
Carteret est approché par un bédouin qui lui dit connaître la galerie et lui montre « le Sceau de Nephrem-Kâ ». Carteret le suit et pénètre dans un long tunnel sur les murs duquel sont dessinées toutes les scènes de l’histoire de l’Égypte. Ils arrivent à la période contemporaine dont la suite est masquée par un rideau rouge. Le bédouin lui avoue être un prêtre du Pharaon Noir et fait glisser le rideau. La gravure représente Carteret poignardé, dernière vision qu’il aura avant de s’écrouler sous le coup de l’arme blanche que dissimulait son accompagnateur sous son burnous.

Les Serviteurs de Satan (1935, Robert Bloch ; Satan’s Servant in Something about Cats and other Pieces, 1949). Un texte abondamment commenté par notre auteur. L’édition comprend un papier de Robert Bloch qui raconte que Lovecraft, épuisé, a refusé de faire une véritable révision, mais lui a fourni de nombreuses notes pour améliorer son texte. Et la lecture de ces dernières donne une bonne idée de l’immense culture de l’écrivain de Providence : remarques sur la chronologie historique, l’architecture, la géographie, la flore, le tout pour donner plus de vraisemblance au texte. L’histoire en elle-même est simple. C’est celle d’un pasteur fondamentaliste, Gideon Godfrey, qui part à Roodsford, petit port perdu de Nouvelle Angleterre, où semble subsister un culte satanique. A noter que cette localité oubliée est citée pour la première fois dans les Chronicles of Captain Elias Godworthy, his Trips and Explorations upon the Continent of North America (Haverstock, Londres, 1672). Le voyage est classique, avec l’inévitable égarement dans la forêt, puis c’est la découverte du village délabré où tout le monde se terre. Une population curieuse, âgée ; pas d’enfants et… pas de cimetière. Il pénètre dans la première demeure où il reçoit un accueil méfiant et assiste à des apparitions effrayantes. Il se fait alors passer pour un messager de Satan, ce qui a lui permet de briser la glace et d’être associé à la préparation du prochain sabbat. Une cérémonie abominable à laquelle il mettra fin en exhibant sa Bible, ce qui aura pour effet de décimer les participants du village qui étaient devenus des mort-vivants.
A noter qu’outre la Bible, le pasteur utilise des rituels tirés du Necronomicon et se réfère au Daemonic Presences d’Hebert qui comprend des allusions subtiles à La Fable de l’Arbre et du Fruit.

Dernière pièce de l’ouvrage, Le Dieu des Abysses (Fantastic, juin 1958) nous entraîne sur l’île de Santa Rita, dans l’archipel des Caraïbes, en compagnie de l’écrivain Howard Lane. Ce dernier rencontre deux aventuriers, Don et Dena, qui ont trouvé un vieux manuscrit faisant état de l’existence de l’épave d’un galion, dans les parages. Il aurait coulé mystérieusement après que son équipage ait dérobé un autel en or et un coffret précieux appartenant à la tribu indigène d’un autre îlot. L’expédition est vite montée, l’épave localisée et les plongeons vont se succéder. Un des membres de l’équipe sera décapité alors qu’il essayait d’ouvrir le coffre, puis ce sera au tour de Don lors d’une plongée avec l’écrivain. Celui-ci tombera en adoration devant la créature tentaculaire qui a investi les lieux et lui offre Dena afin de satisfaire son appétit insatiable. Il finira ses jours à psalmodier dans la prison de Santa Rita.

Le recueil se termine par un Voyage dans le temps avec H.P. Lovecraft où l’auteur évoque sa découverte du Maître dans Weird Tales, sa correspondance passionnée, et la dette immense qu’il lui doit pour lui avoir mis le pied à l’étrier.

jeudi 22 mars 2018

LE MESSAGER, H.P. Lovecraft





Le Messager (1929, in Providence Journal 3, 1929, in Weird Tales 32/1, 1938, in Bouquins TII, 1991).  
B.K Hart, patron du Providence Journal, s’était dit choqué que Wilcok, dans L’Appel de Cthulhu, ait été domicilié par Lovecraft à l’adresse de sa propre résidence. Aussi menaça-t-il de lui envoyer un fantôme le 3 h Novembre à 3 heures du matin. Le poème retrace l’attente terrifiée de l’auteur et à trois heures
Alors on frappa prudemment à ma porte
Et la vérité démentielle me dévora comme une flamme !

mercredi 21 mars 2018

SOME NOTES ON H.P. LOVECRAFT, August Derleth






Some notes on H.P. Lovecraft, August Derleth, Arkham House 1959). Un petit recueil de souvenirs assez sympathique.

Derleth commence à tordre le cou à certains mythes touchant à la personnalité de Lovecraft. Non, il n’est pas mort de famine, même si son régime alimentaire désastreux n’a pas manqué d’occasionner de sérieux dégâts à son organisme. Non, il ne s’est pas suicidé mais est mort suite à un cancer à l’hôpital. Oui, il était raciste, mais son racisme était le fruit de son amour du passé et de sa révolte contre la décadence générée par l’immigration. Il était antisémite, ce qui ne l’a pas empêché d’épouser une juive et d’avoir beaucoup d’amis juifs. Non, il est faux de dire que de nombreux de ses manuscrits ont été perdus. Il en avait fait un inventaire précis avant sa mort et Barlow en dressera le recensement.

Dreleth consacre ensuite un long chapitre aux manuscrits inachevés. Il précise qu’il y en avait assez peu et s’attarde sur l’un des plus connus d’entre eux, Le Rôdeur sur le Seuil (cf 1959). Ce manuscrit devait porter le titre de The Round Tower. Il n’exclut pas, dans le montage qu’il a réalisé, qu’il ait pu utiliser d’autres textes que ceux prévus pour le projet éponyme. Pour ce qui est du Survivant, Derleth donne simplement une petite liste de noms (personnes et lieux) que lui avait communiquée Barlow.

Suit un texte anecdotique sur la façon de s’habiller de Lovecraft lorsqu’il écrivait ! Le coup de la robe de chambre, quoi !

Derleth nous propose ensuite le journal de Barlow, rédigé lors d’une visite de Lovecraft (du 2 mai au 21 juin 1934). Là encore, une série de courtes anecdotes dans lesquelles Lovecraft décrit certains de ses rêves et commente de façon négative plusieurs de ses fictions. Barlow fait remarquer que Lovecraft n’était pas un homme de la campagne et décrit son embarras, au retour d’une excursion dont il est rentré plein de boue !

Suivent quelques lettres dont la plus curieuse est datée du 20 février 1927. Après avoir fait une critique enthousiaste de A Rebours de J.K Huysmans (1884 ), il fait l’éloge de la religion catholique romaine, surtout sous sa version européenne qui a su préserver ses traditions. C’est pour lui le milieu idéal des symbolistes et des décadents. Ses rituels magnifiques leur procurent une paix et un sens de la réalisation qu’ils ne peuvent trouver nulle part ailleurs. L’Église a une conception à la fois poétique et dramatique de l’homme et de sa relation avec l’Infini. Et de préciser que c’est un athée d’origine protestante qui écrit ces lignes.

A l'IMI FIN MARS

Conférence d' Alejandro Parra:
"Apprendre à lire l'âme des choses :
Psychométrie et sensibilité psi
"
Le vendredi 30 mars 2018, de 19h30 à 21h30, au siège de l'IMI
 

 
    
 
Présentation 
 
La psychométrie est la faculté psi qui permet d’obtenir une information sur des personnes, des lieux ou des faits, en ayant en main des objets en lien avec eux.
Le sujet psi reçoit des impressions au moyen d’un objet-témoin (« Token-object ») ; et le fait de lire l’objet de cette manière s’appelle « psychométrie ». Il dit alors recevoir des informations sur des émotions et des actions passées, transmises au moyen de « vibrations » qui ont imprégné les objets, permettant aux images de parvenir à sa conscience. Certaines de ces images peuvent arriver sous forme de symboles que le sujet psi doit apprendre à interpréter.
Par ailleurs, certains sujets psi et guérisseurs affirment pouvoir obtenir des sensations corporelles, des images de dysfonctions d’organes. Il apparaît cependant que ces « diagnostiques psi » se réduisent à la perception d’ « informations » concernant les personnes-cibles, mais que ces dernières peuvent être difficiles à traduire en termes de diagnostic médical. En effet, ces sujets psi n’ont en général pas de formation médicale, et peuvent par conséquent avoir quelques difficultés à traduire les impressions qu’ils reçoivent dans les termes de la terminologie médicale concernant l’anatomie, la physiologie, …
Bien que la psychométrie ait été au centre de l’intérêt depuis les débuts de la recherche en parapsychologie, le public pose souvent la question de savoir si l’on peut faire confiance à cette faculté, et plus particulièrement si on peut consulter les sujets psi ou guérisseurs qui s’appuient sur elle ; ce qu’on peut en attendre, et comment il est possible de parvenir à une évaluation de ses résultats.

Fort d’une expérience considérable sur ces sujets, le psychologue et chercheur, Alejandro Parra, nous fera partager ses réflexions et résultats d’expériences, ainsi que l’entraînement et les exercices qu’il a conçus, dans le but de développer cette faculté présente, à des degrés divers, chez chacun d’entre nous (à cet égard, durant cette conférence, des exemples d’exercices seront proposés, invitant à la participation active
du public).

 
Le conférencier :
Alejandro Parra, docteur en psychologie, psychothérapeute, et enseignant à l'université de Buenos Aires est reconnu comme expert dans le champ des états non ordinaires de conscience comme la télépathie, la clairvoyance, la précognition la psychokinèse, les possessions.
Se basant sur des exemples de la sensibilité parapsychique, Alejandro Parra en approfondit les mécanismes sans spéculations ou conjectures infondées, mais à partir de connaissances scientifiques, ceci pour en comprendre les mécanismes psychologiques mis en jeu.
Alejandro Parra a édité de 1990 à 2004 la Revue Argentine de Psychologie Paranormale.

Parmi ses ouvrages citons :
« Fenémenos paranormales » (2003.)
Et en français :
"la sensibilité psi : apprendre à mobiliser sa perception extrasensorielle"

 

 
Informations pratiques :

IMI
51 rue de l'aqueduc
75010 PARIS
Métros : Saint Stalingrad ou Louis Blanc.
 
 
de 19H30 à 21h30
Accueil à partir de 19H
 
Tarif 15 euros et 12 euros pour les adhérents A-IMI à jour de leur cotisation.
 
Les places étant strictement limitées, il vous est conseillé de vous inscrire dès aujourd'hui.
Par ce lien :
http://www.metapsychique.org/event/conference-de-alejandro-parra

 
Ou en écrivant au secrétariat de l'IMI à
métapsychique@gmail.com

 
 
* toute réservation payée et non annulée 24 H au moins avant est due
* Toute réservation non préréglée et non honorée au moins un quart d'heure avant le début d'une conférence, soit ici 19H15 libérera la place
*Les personnes n'ayant pas réservé ne pourront être accueillie que si après ce délai, il reste des places disponibles dans la salle.

 

dimanche 18 mars 2018

A LA GLOIRE D'AVEROIGNE

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To Klarkash-Ton, Lord of Averoigne (1936, in Weird Tales (31/5 1938 ; in Bouquins TII, 1991). Le dernier poème écrit par Lovecraft, dont il avait dit à Price : « un hommage qui a jailli spontanément de ma plume, voici deux ou trois semaines, tandis que je relisais certaines des meilleures nouvelles macabres de Smith » ((lettre du 11/01/1937).
Sombre Seigneur d’Averoigne… dont les fenêtres donnent
Sur des abysses de rêves que nul autre regard ne saurait supporter !
Averoigne est une province imaginaire française crée par C.A. Smith, située quelque part dans une région correspondant à l’Auverge et à l’Aveyron. Elle apparaît pour la première fois dans : "The End of the Story", by Clark Ashton Smith (Weird Tales, Popular Fiction Publishing Co., May 1930).

lundi 12 mars 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : 115° VERS L'ÉPOUVANTE, Lazare Guillemot





Belle surprise que ce premier tome de la collection « Les Saisons de l’Étrange » chez les Moutons Électriques. 
115 ° vers l’Épouvante de Lazare Guillemot (2018) est de la bonne littérature populaire qui ravira de surcroît tous les lovecraftiens. Nous sommes en 1925 dans les Cornouilles en compagnie du père Brown et de son jeune guide local, Billy. Le père Brown est un prêtre catholique, passionné par les vieilles pierres et par les messages que laissent parfois transparaître certaines inscriptions que le temps n’a pas encore effacées. Lors d’une excursion archéologique, ils sont surpris par ce qu’il semble être un orage, mais les nuages se transforment en crapaud menaçant qui se met à les traquer. Ils seront sauvés par un avion de tourisme qui éradiquera la bestiole. Ils poursuivront leur chemin vers un site mégalithique dont la principale pierre levée a disparu. Et de rencontrer une équipe de quatre américains dont le pilote du petit avion. Ceux-ci sont sur la piste d’une monstruosité qui cherche à prendre le contrôle de la planète, l’abominable Tsathoggua[1]. Les américains expliquent en effet être tombé sur cette affaire par un collectionneur américain possédant un artefact codé et que le but de la créature, par le biais de ses serviteurs les Voormis, est de reconstituer une clef qui permettra sa libération. Ladite clef est formée de 13 morceaux, mégalithes et autres sculptures, réparties tout autour de la planète. Leur enquête a été facilitée par un vieux libraire de Providence, qui leur a fourni de précieuses informations tirées du Culte des Goules et du Necronomicon.
Commence alors une course poursuite au travers les océans entre le navire des Voormis et le yacht des américains épaulés par le prêtre et le jeune guide. Ils se feront à chaque fois devancer par les créatures malfaisantes, qui réussiront à s’emparer des différentes pièces de la clef.  La libération de Tsathohhua sera grandiose, mais de courte durée. Le père Brown a mis en effet la main, grâce à l’artefact, sur une arme redoutable qui permettra d’anéantir le monstre.
Un récit bien mené, plein de surprises amusantes. Les nuages malfaisants sont des Pustulars qui aident les Voormis à transporter les lourdes pierres permettant de reconstituer la clef. Nous sommes en 1925, et les communications radio ne sont pas encore au point. Mais l’équipage américain s’est adjoint la collaboration d’Eyrimath, une mimosée pensante, plante télépathe qu’ils ont ramené d’une précédente aventure au Gondokoro (Soudan du Sud). Quant aux petites monstruosités, nous sommes gâtés avec des champignons grenouilles ou d’inquiétantes créatures marines à tête d’obus. Last but not least, outre l’empreinte prégnante de Lovecraft, le récit fourmille de clins d’œil à Chesterton et Rosny Ainé.
Bravo !


[1] Tsathoggua est une création de C.A. Smith dans The Tale of Satampra Zeiros (1929, in Weird Tales 1931). Lovecraft l’utilisera notamment dans Celui qui chuchotait dans les Ténèbres (1930, in Weird Tales 1931) et dans L’Horreur dans le Musée (1932, in Weird Tales 1933). Les Manuscrits Pnakotiques y font allusion. Les serviteurs de Tsathoggua sont les Voormis.

dimanche 11 mars 2018

CTHULHU A DUNKERQUE, Alain Delbe

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1921 : Décès d’Alexis Chandhor (Sur les traces de Lovecraft, T2, Nestiveqnen 2018)
Alain Delbe nous donne, avec La Vérité sur Alexis Chandhor une petite perle dont il a le secret. Le narrateur retrouve dans les papiers de son grand père, Floréal Delbe, un dossier sur Alexis Chandhor, talentueux écrivain d’horreur qui a péri en 1921 dans l’incendie de son appartement. Or le dit grand père a vécu longtemps sans le savoir sur le même palier que l’écrivain, Chandhor étant le pseudo du locataire appelé Octave Barillet. Les deux hommes sympathiseront mais l’écrivain ne recevra jamais chez lui son voisin, prétextant qu’il ne fallait pas perturber son « ambiance » d’écriture. Floréal remarquera quelques bizarreries dans son comportement : il écume les poissonneries du quartier pour s’approvisionner quotidiennement, il retrouve dans sa poubelle des messages faisant état de protections occultes…. Profitant de la courte absence de son voisin parti chercher le courrier en laissant sa porte entrouverte, Floréal fera une visite éclair chez Barillet et apercevra dans une chambre une abominable créature marine en train d’écrire avec un tentacule.
On retrouvera, après l’incendie, Cthulhu engoncé dans une large redingote, dans le train pour Dunkerque où il rejoindra la mer. Alain Delbe fait remarquer que la nouvelle de Lovecraft, L’Appel de Cthulhu est postérieure à ces événements (1926) et se demande si l’écrivain de Providence n’a pas lui aussi contraint le Seigneur de R’Lyeh à l’écriture forcée !

vendredi 9 mars 2018

LOVECRAFT AU ZIMBABWE





L’Avant-Poste (1929, The Outpost in Bacon’Essays 3/1, 1930 ; in Fantasy Magazine, 1934 , in Bouquins TII, 1991). Le roi de Zimbabwe s’enferme dans son palais, toutes lumières allumées. Il ne doit plus rêver après un songe où il a découvert l’Antique Secret, une cité maléfique peuplée de formes terrifiantes, les Pêcheurs du Dehors. Un texte manifestement inspiré par le voyage de son correspondant et ami, Edward L.Sechrist (1873-1953), qui avait mené une expédition à la recherche de ruines au Zimbabwe.

mardi 6 mars 2018

À PAN, LOVECRAFT





À Pan (To Pan (as “Pan”). The Tryout, 5, No. 4 (April 1919), repris dans Bouquins T II, 1991). Le poète rencontre Pan dans son rêve, est séduit par le chant de sa flûte et se réveille plein de nostalgie. L’influence « grecque » est ici évidente ; Lovecraft ne découvrira le chef d’œuvre de Machen qu’en 1923, grâce à F.B. Long.

lundi 5 mars 2018

PROVIDENCE IN 2000 A.D., Lovecraft

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Providence in 2000 A.D. (1912, in Evening Bulletin, mars 1912 ; in Bouquins T II, 1991). Premier poème publié de HPL. Une satire où un quidam du futur revient dans sa bonne ville de Providence qu’il ne reconnaît plus. Elle a été complètement défigurée par l’immigration. Ce poème a été inspiré par une pétition de la communauté italienne de la ville qui voulait renommer Atwell’Avenue (leur district) en Columbus Avenue.