mercredi 20 octobre 2021

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LES DERNIERS TÉMOINS DU BUNKER, Pierre Galante & Eugène Silianoff

 


 

 

Les derniers témoins du bunker, Pierre Galante & Eugène Silianoff, Filipacchi, 1989. La saga des derniers jours du Führer est désormais bien connue après sa brillante illustration dans le film La Chute de 2004. L’intérêt du présent travail est de nous faire vivre cette fin tragique par les yeux d’une des jeunes secrétaires d’Hitler, Gertraud Junge, rentrée au service de la Bête à l’âge de 23 ans. Elle lui consacrera deux ans et demi de sa jeunesse, perdant au passage son jeune époux envoyé sur le Front de l’Est par le Chef pour se faire les muscles. Le récit est fascinant car il est découpé en une série de bulles (la tanière du loup, le nid d’aigle, le bunker) complètement coupées de la réalité, bulles dans lesquelles on fume (dans les couloirs), boit du champagne et écoute pérorer jusqu’aux aurores le Maître du Monde. La galerie de portraits est aveuglante, allant du médecin à la diététicienne[1], de la belle Eva à la femme de Goebbels, qui se faisait appeler « la première Dame », du maître-chien aux sommités du régime, mielleuses et constipées ! Il nous est présenté un Hitler aimant les femmes, prenant tous ses repas avec ses assistantes, car c’était sa seule détente. Le doute sur son infaillibilité commencera cependant à s’instiller, au fil des maigres informations du Front qui arrivaient à parvenir au personnel ; l’ombre de la défaite prendra alors de plus en plus de corps, au rythme des colères noires du Führer à l’égard de son état-major. On apprendra même que Hitler, juste avant de se suicider et après s’être marié, embrassa Eva Braun sur la bouche en public. Mazette, quel scoop.

On sort mal à l’aise de cette lecture car un Monstre, même s’il roule des « galoches », reste une abomination !



[1] Hitler mangeait habituellement deux œufs sur le plat avec des pommes de terre.


mercredi 13 octobre 2021

LE PRINCE DES CANAILLES, Guy Boothby


 

 

Le Prince des Canailles

Guy Boothby

(Traduction Jean-Daniel Brèque)

Créateur du Dr Nikola, un des plus grands « méchants » de la littérature victorienne, Guy Boothby (1867-1905) fut un best-seller de son temps, explorant avec frénésie tous les genres populaires : romance, aventures exotiques, fantastique, roman policier et d’autres encore. Paris en 1897, les méfaits de Simon Carne réunis dans ce volume figurent parmi les récits fondateurs du genre mettant en scène des cambrioleurs de haut vol, mais loin d’être toujours des gentlemen.

Couverture de Gino Starace

Septembre 2020

220 pages, 12 € plus 0,01 de frais de port

En vente sur la boutique ODS et sur Amazon


mardi 12 octobre 2021

DANTE, LE RÊVEUR ÉVEILLÉ, Emmanuel Licht

Commande


 

Dante, le rêveur éveillé

Introduction à la Divine Comédie

Emmanuel Licht

« La divine comédie » en accolant à son titre un adjectif 2021 est l’année du septième centenaire de la mort de Dante Alighieri. L’ampleur et la richesse de l’œuvre du poète florentin font depuis la parution des premiers manuscrits l’émerveillement des lecteurs. Ses interrogations sont intemporelles et sa dimension est universelle, Dante se définit lui-même comme citoyen du monde. Cette introduction à la lecture de La Divine Comédie propose un voyage ésotérique en compagnie de personnages réels ou imaginaires de la galaxie dantesque.

Ainsi vous rencontrerez tour à tour des maîtres antiques comme Virgile et Pythagore, des troubadours comme Arnaut Daniel, des saints comme saint Bernard et Hildegarde de Bingen, des prophètes comme Joachim de Flore, des kabbalistes comme Abraham Aboulafia,des soufis comme Ibn Arabi, mais aussi des personnages fictifset énigmatiques comme Clémence Isaure et Al Khidr. « … Pour reprendre les termes employés par l’auteur de cette étude, La Divine comédie peut se comparer à un traité d’alpinisme spirituel. La « Commedia » de Dante est l’un des livres les plus commentés au monde. Un livre tenu dans une telle estime qu’on l’appelle ébloui employé par Boccace… » (Jean-François Lecompte)

Scientifique de formation, Emmanuel Licht est un ésotériste, historien des religions. Il se consacre à l’étude des archétypes qui façonnent les mythes et les religions et leurs liens avec les sciences traditionnelles : géométrie sacrée, alchimie, kabbale. Dante, le rêveur éveillé, est son deuxième ouvrage.

Une coédition avec l’association Portes de Thélème

25 € plus 0,01 € de frais de port

Édition couleur, numérotée, tirage limité, disponible sur la boutique ODS (cf "commande")

2021

Couverture de Jean-Michel Nicollet

ISBN 978-2-38014-002-6

samedi 2 octobre 2021

FABIENNE LELOUP & MARIE MAITRE ou l'Octobre des Femmes à l'ODS

 

Fabienne Leloup nous propose avec son dernier roman une exploration sulfureuse aux confins de l’amour. Un récit tout simplement sublime. Ce qui est en effet envoûtant, c’est le brio avec lequel elle développe le yin et le yang de la passion, lente plongée aux enfers et montée fulgurante au nirvana.  Un roman écrit avec ses « tripes » (sourire) qui respire véritablement comme un thriller. On veut savoir la suite, car on se rend compte que le cheminement amoureux de l’héroïne n’a rien de « convenu » et qu’il se renouvelle sans cesse pour flirter avec l’Extrême qui lui-même est une forme de l’Absolu.

Une expérience à classer dans la catégorie des « initiations suprêmes ».

 


 Ceci est un roman de vie, largement inspiré de faits réels. Francesca ne s’est pas illustrée dans le mouvement « me too » ; on ne l’a pas vue sur les plateaux de télévision qui se multiplient en ce moment sur les thèmes ‘femme battue, viol, inceste…’. Et pourtant, elle y aurait toute sa place par la belle leçon qu’elle nous donne : on peut échapper à l’horreur grâce à l’Art !

Pour moi, l’Art est total, physique, entier, il s’explore en poussant à l’extrême les capacités du créateur.
Artiste autodidacte, je parle volontiers de quête. Cette quête qui m’anime sans cesse et m’accompagne à travers mes créations photo.
Désormais, cet Art-là nourrit mon âme et mon corps. Il répond à mes exigences humaines autant que je peux les provoquer, les étaler et les partager.

Marie Maitre

vendredi 1 octobre 2021

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : RESURRECTION, Giacometti & Ravenne

 


 

Résurrection, Giacometti & Ravenne (JC Lattès, 2021). Après la chasse aux svastikas sacrées qui a fait l’objet des trois premiers tomes de « la Saga du Soleil Noir », nos deux compères continuent d’explorer les méandres de « l’ésotérisme nazi » par l’intermédiaire de Tristan Marcas, un agent double, féru d’art pictural, toujours aussi perspicace. Lors de la dernière aventure, à force de naviguer entre les anglais et les allemands, il s’était du reste fait coincer par les nazis et avait été sauvé de justesse par… les soviétiques. Mais Himmler a trop besoin de lui et le fait récupérer pour lui confier une nouvelle mission : décrypter le fameux tableau de Böcklin, L’Ile des Morts, dans lequel serait caché un secret de nature templière. L’accroche est originale car cette œuvre picturale est déjà un mystère en soi, mais aussi parce que Marcas sera chaperonné dans sa recherche par un SS haut en couleur, Otto Skorzneny, un nazi sans foi ni loi qui fera une belle carrière internationale après la guerre. Mais ceci est une autre histoire (cf 2004). On ira subtiliser le tableau de Böcklin dans l’un des somptueux châteaux de Göring, découvrant par la même occasion que le gros maréchal ne collectionnait pas seulement les œuvres d’art pillées, mais aussi les soutiens- gorges ! Il ne nous est hélas pas précisé la provenance de ces amoncellements de lingeries fines. Après un petit détour avec une étude fouillée du carré Sator, L’île des Morts nous conduira au Saint-Suaire qui devrait recéler le secret ultime. Une piste surprenante qui nous offrira une belle promenade sous les dorures du Vatican et nous permettra de faire connaissance avec l’exorciste de Pie XII ; le Pape en effet est persuadé qu’Hitler est une incarnation du Diable et qu’il faut utiliser les rituels appropriés pour lutter contre cette abomination. Petit clin d’œil ; nous croiserons au fil des pages l’ésotériste Julius Evola qui vient de se fâcher avec Mussolini car il voulait repaganiser l’Italie.

Je ne donnerai pas le résultat final de la recherche de nos deux baroudeurs, si ce n’est pour dire qu’il est à la lumière des délires d’Himmler, décoiffant. Le tout avec un dernier paragraphe qui laisse ouverte la saga de Marcas pour… une suite. Mais gare à l’essoufflement, car tous les poncifs du genre ont été largement ratissés !


vendredi 10 septembre 2021

CAMPUS MISKATONIC


 

L’association Miskatonic, fondée en 2019 à Verdun, a pour objectif de faire connaître au public le plus large possible l’œuvre de Howard Phillips Lovecraft, maître américain du récit d’horreur fantastique.
Elle tire son nom de la rivière Miskatonic, cours d’eau fictif du Pays de Lovecraft.

Jeudi 28 octobre

Conférence - H.P. Lovecraft, des Pulps aux Comics
Jeudi 28 octobre 2021 à 20h30|Médiathèque du Grand Verdun
H.P. Lovecraft se trouve au confluent des pop cultures du vingtième siècle. Mort en 1937, il a largement influencé les comic books, héritiers des pulps de plus d'une façon. Quels sont les fils les reliant tous ?
Avec Alex Nikolavitch, auteur, scénariste, traducteur de BD

Exposition |Les Racines de l’Horreur
Du 25 au 30 octobre 2021|Médiathèque du Grand Verdun
Un roadtrip sur les traces de H.P. Lovecraft en Nouvelle-Angleterre.

Vendredi 29 octobre

L’Appel du Gaming
Vendredi 29 octobre 2021, de 10h00 à 17h00
|Médiathèque du Grand Verdun
Du Grand Ancien Alone in the Dark au plus récent The Shore, venez tester une sélection de jeux vidéo inspirés de l’œuvre de H.P. Lovecraft !

L’Appel du Gaming
Vendredi 29 octobre 2021 de 14h00 à 15h00|Médiathèque du Grand Verdun
Un panorama des jeux vidéo inspirés de l’œuvre de H.P. Lovecraft.
Avec Julien Dorémus, dévoreur de mondes culturels

Jeux de société - Jeux de rôle
Vendredi 29 octobre de 19h00 à 00h00
4 tables de jeu de rôle dans 4 endroits étonnants de Verdun. Une soirée dédiée aux jeux de société lovecraftiens dans la boutique de jeux Tavernia.

Samedi 30 octobre

L’Autre chez Lovecraft
Samedi 30 octobre 2021 à 11h00|Médiathèque du Grand Verdun
Quel regard porter aujourd’hui pour apprécier à sa valeur le grand écrivain de l’imaginaire sans pour autant le suivre quand son chemin le mène de la peur de l’inconnu au rejet de l’autre ?
Avec Christophe Thill, co-directeur des éditions Malpertuis

L'Indicible Salon
Samedi 30 octobre 2021 de 14h00 à 17h00|Médiathèque du Grand Verdun
Venez rencontrer, échanger et pourquoi pas faire dédicacer les ouvrages d’auteurs inspirés par l’oeuvre de H.P. Lovecraft.
Les invités : Gilberto Villarroel,Christophe Thill, Armel Gaulme, Bastien Bertine et Bruno Cariou

Projection|The Whisperer in Darkness
Samedi 30 octobre 2021 à 20h30|Salle Jeanne d’Arc à Verdun
Tourné dans le style des films classiques des années 1930 tels que Frankenstein, Dracula et King Kong, The Whisperer in Darkness nous ramène à l'âge d'or du cinéma pour une aventure palpitante d'horreur surnaturelle. Une des adaptations de H.P. Lovecraft les plus réussies !
Introduction par Christophe Thill


jeudi 9 septembre 2021

LES CONFESSIONS DE FRANCESCA, Marie Maitre


 

Ceci est un roman de vie, largement inspiré de faits réels. Francesca ne s’est pas illustrée dans le mouvement « me too » ; on ne l’a pas vue sur les plateaux de télévision qui se multiplient en ce moment sur les thèmes ‘femme battue, viol, inceste…’. Et pourtant, elle y aurait toute sa place par la belle leçon qu’elle nous donne : on peut échapper à l’horreur grâce à l’Art !
L’Éditeur

Pour moi, l’Art est total, physique, entier, il s’explore en poussant à l’extrême les capacités du créateur.
Artiste autodidacte, je parle volontiers de quête. Cette quête qui m’anime sans cesse et m’accompagne à travers mes créations photo.
Désormais, cet Art-là nourrit mon âme et mon corps. Il répond à mes exigences humaines autant que je peux les provoquer, les étaler et les partager.

Marie Maitre

Disponible d'ores et déjà sur Amazon

Marie Maitre 

Et bientôt dans la boutique ODS

 

mardi 7 septembre 2021

LE PAYS AUX MILLE COULEURS INVISIBLES, Pierre-Jean Canquouët

 


 

Cet ouvrage aurait pu s’intituler Petit Traité d’herméneutique kabbalistique. Dans le temps d’une écriture et pour la fugacité d’une lecture, cette science sacrée a survolé un archipel d’îlots épars. Par-dessus ceux-ci, l’Arbre de Vie a placé sa fonction organisatrice dans un glyphe fondateur, sceau de vies possibles. L’écharpe infinie de l’Alephbeth s’est déroulée pour révéler un aspect singulier du langage du monde.A.E. : derrière ce pseudonyme inspiré du tarot, se devine, comme le dit son biographe Henry Summerfeld, un homme à l’esprit myriadique, instruit par sa propre poésie qu’il a nommée « rétrospective ». Il a murmuré à l’auteur le titre de cet opuscule et lui a servi de guide tutélaire dans ce dévoilement. Dans son firmament intérieur, sa radiation est majeure.Pierre-Jean Canquouët, né en 1944, a rencontré une vie d’informaticien. A l’heure de la haute retraite, il a retrouvé ses projets profonds : la poésie, la musique et la kabbale. Il se promène dans les trous de ver de l’astrophysique par-delà les trous noirs si troublants – échappant à la tyrannie de la gravité et de la densité dans les libres pages de l’immédiateté imaginale. 

Disponible chez ODS et sur Amazon

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA RELIQUE DU CHAOS, Giacometti & Ravenne

 


 

La Relique du Chaos, Giacometti et Ravenne (J.C. Lattès, 2020). C’est vrai qu’on finit par s’attacher à l’équipe infernale de nos quatre amis, et même éprouver de la sympathie pour Aleister Crowley qui reste certes un gros cochon, mais qui maîtrise parfaitement la magie opérationnelle ! On va rencontrer dans cette aventure un certain Gurdjieff (tiens), grand collectionneur de tableaux qui fut l’un des proches de Nicolas II. Mais le prix d’honneur revient cette fois-ci à Alfred Rosenberg, l’idéologue raté du Reich devenu spécialiste émérite des questions juives et pilleur particulièrement avide des biens de ses sujets d’étude. Le cœur du roman sera bien sûr la queste de la quatrième svastika sacré, une saga qui nous fera remonter dans l’histoire de la famille impériale, et bien au-delà. Tristan Marcas s’en sortira une nouvelle fois sur le fil du rasoir, non sans avoir risqué à plusieurs reprises la vie de ses jolies amies. Et on aura droit à un final grandiose sur l’île de Bornholm, entrée de la terre creuse mais aussi station de travail sur la terre… plate.

Pour le gag, on apprendra que Richard Nolane est un bobby londonien qui « manie une matraque généreuse et pédagogique. »


LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA NUIT DU MAL, Giacometti & Ravenne

 


Avec La Nuit du Mal, Giacometti et Ravenne (Livre de Poche, 2019) reprennent du service à la recherche de la troisième swastika sacrée, artefact indispensable au Reich pour remporter la victoire. On retrouve avec plaisir l’agent double Tristan Marcas, l’archéologue nazillarde Erika et la belle résistante cathare, Laure. Et en bonus fera son apparition Ian Fleming, chargé d’une mission ultra secrète, parallèlement à l’opération de récupération de la croix qui aurait été localisée en Crète. On aura droit aussi à la participation d’’Aleister Crowley, plus « gros porc » que jamais, mais qui semble bénéficier d’une protection obscure de Winston Churchill !

A noter quelques belles pages bien documentées sur la jeunesse d’Hitler, ses années de galère à la recherche de la gloire artistique, ses années militaires faites de dévouement et d’efficacité et sa douloureuse recherche d’identité politique après la capitulation de l’Allemagne. On aura droit aussi à la participation efficace d’un petit gars étonnamment perspicace, Reinhardt Heydrich. 

 

Et puis, tout à fait hors sujet, j’épingle cette citation qui me va droit au cœur :

Tristan avait pris ses quartiers dans la bibliothèque. À cette heure, elle baignait dans une obscurité qui accentuait son côté mystérieux. Enfant, il s'était souvent demandé ce que faisaient les livres en l’absence des hommes. Restaient-ils sagement rangés dans leurs rayonnages ou bien jaillissaient-ils de leurs étagères pour entamer une sarabande déchaînée ? Avant de s’endormir, il s’imaginait les livres assis côte à côte, se lisant les uns sur les autres. Il se demandait même, durant ses lectures clandestines, si les livres ne se mélangeaient pas entre eux, n’échangeaient pas des pages, pour finir par former un livre collectif, le livre des livres, que personne ne lirait jamais. Depuis, la vie s’était chargée de lui faire oublier ses rêves d’enfants, mais il avait gardé le secret espoir qu’un jour, dans une bibliothèque, il découvrirait ce que les autres hommes n’avaient jamais osé imaginer.

 

dimanche 22 août 2021

ROBERT LIRIS LU PAR REMI BOYER

 


Robert Liris, chercheur de mystères. Entretiens avec Claude Arz. Éditions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

C’est sans doute à propos du site de Glozel que vous aurez entendu parler de Robert Liris. Professeur d’histoire à Vichy, dans les années 60, Robert Liris accueillit dans sa classe le petit-fils du propriétaire du site. Suivirent des décennies de recherches sur les vestiges controversés de Glozel.

« Les productions de Glozel, dit-il, sont authentiques, mais en décalage chronologique. Pour moi, c’est une survivance d’inspirations néolithique et de l’âge du bronze. Selon le philologue suisse Hans-Rudolf Hitz, Glozel aurait été un lieu de pèlerinage religieux et médical ayant attiré un grand nombre de peuples sur plusieurs siècles qui auraient célébré des cultes cosmiques dédiés à la déesse mère. »

Glozel est le premier sujet abordé par Robert Liris et Claude Arz mais d’autres suivent car les entretiens sont thématiques : la Table des Bergers sur la montagne de Bozat, la fête aux mystères, la psychohistoire, Passions poétiques, Rencontres avec des hommes remarquables… Au fil des entretiens, ce n’est pas seulement une plongée dans « l’histoire mystérieuse » que vit le lecteur mais une belle rencontre avec un aventurier aussi attachant qu’intéressant.

Robert Liris définit ainsi la psychohistoire, qui donne sens à sa démarche :

« La psychohistoire est une discipline qui mêle l’histoire et la psychanalyse. C’est la recherche non pas du quoi, mais du pourquoi, de l’engagement profond de l’homme par rapport aux faits, la découverte de sa motivation profonde. »

Il précise :

« L’événementiel dépend de la sphère politique, économique ou sociale si l’on admet que le religieux est un masque pour passer à l’action sur les trois autres grands domaines déterminants. L’aventure freudienne permet de pénétrer et révèle le domaine caché des déterminations. C’est dans la psyché humaine que se tapissent des ressorts d’explication de la motivation de l’individu socialisé. Le champ d’étude de ce fait s’élargit en examinant des documents laissés pour compte. »

Nous comprenons mieux le décalage entre les hypothèses posées par Robert Liris et les affirmations officielles nécessairement contraintes et réductrices, pourtant les interprétations proposées en psychohistoire ouvrent de nouveaux champs d’investigations et de nouveaux possibles. « L’histoire, nous dit-il se conjugue avec le songe et le rêve. »

La poésie se glisse naturellement dans la pensée de Robert Liris et vient prendre une place centrale, en tant que telle ou comme regard sur le monde, visible et invisible. Et il a cette intuition remarquable qui envisage le son, qui précède le mot, comme porteur d’un sens propre.

Les entretiens, autant de rencontres où la profondeur et la méthode se mêlent, témoignent d’un voyage spirituel remarquable. Robert Liris démontre comment nous pouvons traverser ce monde-carcan en restant réellement vivant.

lundi 16 août 2021

LES DIALECTIQUES FACTRICES de Jean-Charles Pichon lues par Rémi Boyer

 

 

 

Les dialectiques factrices dans les quêtes du Graal er les alchimies de Jean-Charles Pichon. Editions L’œil du Sphinx et Association des Amis de Thélème, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris.

www.oeildusphinx.com

Quatre parties composent ce livre magistral de méta-analyse et de métaphysique : le Graal, les Alchimies, la Forme vide, les Machines annexes. Une fois de plus, il est question de mettre l’accent sur les relations plutôt que sur l’objet et le sujet afin de rendre compte du tissage du réel hors des temporalités apparentes.

Jean-Charles Pichon en appelle aux Grandes Images de C.G. Jung : « Non seulement l’objet mais le sujet qui l’observe (JE) ne sont que des composés des Grandes Images, dont l’étude révèle la réalité profonde (l’Inconscient). ».

« L’objet de ce livre, indique-t-il, n’est pas autre que l’étude des processus par lesquels la Grande Image se fait un Système de symbole physique : ce sont les Quêtes du Graal, lors du dernier renversement. Et l’étude des processus par lesquels le Système de symbole physique donne lieu à de nouvelles Grandes Images : c’est toute l’alchimie. Il n’en suit pas que les quêtes du Graal et l’alchimie révèlent ce qui est l’Être en soi. Mais aucune quête et aucune science ne le révèlent, bien qu’elles l’imitent, le créent ou le connaissent parfois, soit symboliquement soit par l’image. »

Ceci modifie radicalement et de manière totalement pertinente, le rapport à l’initiatique qui n’est point une conquête (avoir et faire) mais une célébration (être). Les interactions créatrices, les dialectiques, entre Grandes Images et Système de symbole physique, ou encore Archétypes et précipitations, une fois identifiées permettent de comprendre comment les mythes se déplacent dans la temporalité et les cultures, se répliquant et se renouvelant simultanément et aussi comment ils imprègnent le langage.

Jean-Charles Pichon passe le cycle du Graal au tamis du système promesse-réponse. Remarquons que ce système opère en toute dimension initiatique et peut-être même dans tous les domaines de la vie. Ce schéma promesse-réponse en implique un autre : déliement-défi car on se délie de sa promesse et on répond au défi. Les personnages principaux du cycle du Graal et les événements qu’ils connaissent, souvent des épreuves, apparaissent comme les facettes d’un unique quêteur et d’une seule quête, indépendante des temps et des lieux qui sont des états de la conscience en mouvement.

Avec l’alchimie, l’Or remplace le Graal mais les enjeux demeurent, notamment le sujet essentiel du temps que Jean-Charles Pichon a parfaitement identifié à la fois du point de vue métaphysique, ce qui est classique, et du point de vue scientifique, ce qui fait de lui un précurseur.

« Le fondement de toute science rationnelle est la croyance en une flèche unique du temps. Cette flèche est axée de l’Avant vers l’Après : soit du passé vers le devenir, soit du devenu vers l’Avenir. Mais les deux sens eux-mêmes ne peuvent se succéder que de l’Avant vers l’Après : dans le cycle cosmologique, le matin précède le soir ou le printemps l’automne, dans le processus de vie, l’enfance précède l’âge adulte, ou (très probablement) le minéral la plante, qui précède l’animal.

Cette croyance est donc suffisamment prouvée, à cela près du moins que, quelque part, dans l’Instant, hic et nunc, le devenir précède le devenu (mais c’est alors le devenir qui est avant, le devenu qui est après). »

Intégrer ce principe est indispensable pour réaliser une quête initiatique, Graal, Pierre Philosophale ou plénitude du Vide.

Jean-Charles Pichon ne travaille pas à grands traits, il conduit le lecteur sur l’océan agité des ambivalences. Parfois un îlot de stabilité permet à la pensée de se poser avant de repartir. Etudier cette œuvre magistrale est un voyage aussi passionnant que risqué. Les certitudes volent en éclat sans que d’autres viennent les remplacer.

« Si, nous dit-il, tout le problème est celui-là : la maintenance et la plénitude de Ce qui est, l’Être ne dure pas sans se faire différent (autrement), il ne se change pas sans redevenir le même (la même chose). Ou, du moins, c’est ainsi que JE lit les processus, comme il voit le bâton se briser quand il le plonge d’un élément dans l’autre (demeurant le bâton même) et le nuage ou l’arbre se répéter dans le fleuve, la ville dans le mirage ou soi-même dans le miroir – une même chose dans l’autre.

Mais la réflexion (que provoque la réflection) et le sentiment de casse que provoque la réfraction ne sont que des illusions nées des lectures. »

Il faut encore traverser les apparences, se saisir des intervalles, car, conclut Jean-Charles Pichon, « le jeu seul permet à JE une approche acceptable de la réalité ».