lundi 18 juillet 2011

LE TRESOR DE SAUNIERE

Le lundi 18 juillet 2011 à 06h00 |


Rennes-le-Château



La quête du trésor de l'abbé Saunière

 L\'église et ses symboles maçonniques gravés dans la pierre.
L'église et ses symboles maçonniques gravés dans la pierre.

A l'entrée de Rennes-le-Château, minuscule village perché de la haute vallée de l'Aude, un panneau annonce la couleur : il interdit aux 120 000 visiteurs annuels accourus du monde entier de creuser des trous pour rechercher l'énigmatique magot de l'abbé Saunière.

Près d'un siècle après sa mort, le trésor supposé de Béranger Saunière suscite plus que jamais les passions, témoigne le maire Alexandre Painco. "Il y a tout le temps du monde", dit-il. Grande-Bretagne, Etats-Unis, Australie, mais aussi Brésil ou Japon...«Les gens arrivent de partout".

Plus de 500 romans, thèses ou essais ont été écrits sur le prêtre arrivé au village en 1885 et qui se mit à procéder à des travaux extravagants, sans que quiconque ne connaisse l'origine de sa fortune subite : rénovation de l'église, tour néo-gothique, villa, parc et jardins.

Un industriel de Perpignan

L'auteur américain Dan Brown se serait inspiré de la légende du prêtre, qui emporta son secret dans la tombe en 1917, pour son best-seller, le Da Vinci Code. Un personnage nommé Saunière y meurt dès le premier chapitre.

Aux origines de la renommée d'une légende jusqu'alors confinée peu ou prou à la région, Noël Corbu, un industriel de Perpignan. "Mon père a racheté en viager en 1946 le domaine de Saunière à Marie Dénarnaud", servante et maîtresse probable du prêtre dont elle avait hérité, raconte aujourd'hui la fille de Noël Corbu, Claire Captier.

«Pour faire venir du monde dans l'hôtel-restaurant qu'il avait ouvert sur le domaine, il a répandu l'histoire du trésor", dit Claire Captier, 72 ans, qui s'est passionnée pour le sujet avec son époux Antoine.

La presse locale s'en est emparée à la fin des années 1950 et des ouvrages pseudo-historiques se sont chargés du reste. L'origine de la bonne fortune de l'abbé est expliquée pêle-mêle par le trésor des Wisigoths ou celui des hérétiques cathares, l'Arche de l'alliance ou encore le fruit d'un chantage : l'abbé aurait monnayé des découvertes remettant en cause l'histoire du christianisme.

Résultat, dans les années 1960, "les gens venaient avec des pelles et des pioches", se souvient Antoine Captier, 74 ans. "Ils achetaient des propriétés pour les fouiller".

"Les gens venaient avec des pelles et des pioches"

«Si on voulait le métro, les souterrains seraient déjà faits", ironise Alexandre Painco, expliquant "qu'on y allait même à l'explosif". Un arrêté municipal a interdit les fouilles en 1965 mais certains ne se laissent pas décourager. "Il y a deux ans, on a eu des trous dans le cimetière", dit le maire.

Las, rien n'a jamais été trouvé. En 2003, des fouilles légales menées à la suite d'une mission de scientifiques américains n'ont rien donné.

150 000 visiteurs

Ce qui n'empêche pas le village de 60 habitants de comptabiliser 120 000 à 150 000 visiteurs annuels, dont environ 50 % d'étrangers.

Le public est divers : des touristes curieux d'admirer le village, un ancien oppidum gallo-romain d'où l'on domine des paysages spectaculaires, côtoient les porteurs de poêles à frire ou de pendules.

«Des allumés, on en a en permanence", constate Alexandre Painco. "Certains ont abandonné travail, femmes et enfants pour la chasse au trésor". Et la proximité de Rennes-le-Château avec le pic de Bugarach où certains pensent qu'ils pourront échapper à l'apocalypse le 21 décembre 2012 ne gâche rien.

Le village ne boude pas entièrement la carte de l'ésotérisme. Le musée Béranger Saunière présente un point assez complet des théories en cours. Trois librairies se disputent le marché des curieux. Et dans l'un des deux restaurants, un pianiste britannique descendant d'une "famille de guérisseurs" saisit en musique "l'être" des visiteurs.

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