MONTRÉAL
Aujourd'hui, un monument situé à l'embranchement de la route d'Arzens, en venant du village, signale que sur ce champ a eu lieu le miracle dit des "épis sanglants". Cet épisode est connu par la relation qu'en fit Pierre des Vaux de Sernay en 1207. "Deux moines qui venaient de Béziers à pied rencontrèrent dans les environs de Carcassonne des hérétiques qui faisaient la moisson le jour de la nativité de St Jean qui n'était pas pour eux un prophète mais une créature du diable. Au moment où ils soutenaient ces propos ils virent que les gerbes qu'ils tenaient, et de leurs mains coulaient du sang."
Cet épisode est extrêmement intéressant pour bien comprendre, en ce début de XIIIe siècle, la profonde influence de la religion orientale, qu'on nommera par la suite "catharisme", dans l'Aude sur les mentalités religieuses. En effet, le jour de la Saint Jean-Baptiste est pour les chrétiens un jour férié puisque Jean-Baptiste a baptisé le Christ. Par contre pour ces gnostiques Jean-Baptiste est un être "malignissimum", c'est-à-dire l'incarnation même du mal pour la raison qu'il a souillé le Christ par la matière. Et cette matière est le royaume du dieu du Mal par opposition au dieu du Bien. Pour cette raison, il n'est donc pas question d'observer un jour de fête pour l'anniversaire de sa naissance. Il est fort probable que quand ces deux moines font reproche aux moissonneurs de travailler le jour de la Saint Jean-Baptiste, ils sont vertement reçus. Le miracle des Épis sanglants est rapporté comme preuve de l'orthodoxie de la Foi par Pierre des Vaux de Sernay, c'est le moins à quoi on puisse s'attendre dans le contexte historique. Comme les Cathares sont donnés pour être des "johannistes", certains historiens se sont emmêlés les pinceaux avec St Jean l'Évangéliste, "l'Aigle de Patmos", l'auteur de l'Apocalypse qui, en effet, est vénéré par les gnostiques cathares. Tout ça est assez compliqué.
Ce champ et ce monument étaient, jusqu'au début du XXe siècle, la propriété d'un ecclésiastique de Prouilhe et, qu'à la suite d'un viager, il devint la propriété de la famille d'un ancien maire de Montréal tout en restant sur la commune d'Arzens.
Ce monument est le vestige d'une chapelle qui a été ruinée à la fin de l'Ancien Régime.
La stèle de Saint Dominique et le miracle des épis sanglants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire