Tribune libre
Est-ce que le monde va finir en 2012 ?
10:57 26/12/2011
"Les femmes ont la parole" par Svetlana Koltchik
Eh bien, certains pensent sérieusement que cela pourrait être le cas. Officiellement, ou, selon les prédictions d’un certain nombre de savants, le terrible jour devrait arriver lors du solstice d’hiver 2012 qui a lieu le 21 décembre.C’est le jour où le monde finit dans le calendrier des méso-américains (qu’on appelle parfois Mayas) et selon certaines prévisions, une série de cataclysmes majeurs, tels que des tremblements de terre meurtriers, des tsunamis, un basculement des pôles impliquant des changements climatiques et des tempêtes de soleil, devrait suivre.Certains prévoient que toute l’année 2012 ne sera pas, en général, une année facile, pour le moins qu’on puisse dire. Mais qui va contredire cela ? Le ralentissement économique mondial, le nombre croissant de bouleversements sociaux, les catastrophes naturelles et dues à la main de l’homme, s’accordent avec le sentiment général d’anxiété que beaucoup ressentent ces jours-ci. Tout cela pourrait tout a fait remplir les critères d’une fin du monde.
Alors est-ce que nous nous dirigeons vraiment vers la fin du monde ou est-ce que la fin du monde est une idée trop intéressante commercialement pour qu’on n’en profite pas ?
Certes, les croyances eschatologiques ont existé dans le monde de la littérature et de l’art, sans parler des religions, depuis aussi longtemps que l’humanité se souvienne. Mais dans l’ère de l’information, Armageddon vend particulièrement bien. Cette année, selon l’intensité du flux des nouvelles du jour, le soi-disant « phénomène 2012 » a été un sujet brûlant à la fois dans la culture pop et dans les affaires. Après le grand nombre de films catastrophes des années 1990 et 2000, y compris le film à grand succès de 2009 de Roland Emmerich « 2012 », un autre thriller apocalyptique et glaçant est sorti cet été, « Melancholia » par le controversé réalisateur danois Lars von Trier. Le film dépeint avec éclat la collusion fatale entre la Terre et une large et mystérieuse planète. « Avec l’apocalypse de 2012 qui arrive, il est temps de se préparer au Dernier Souper cinématographique » disait le communiqué de presse. Britney Spears a rejoint la tralala apocalyptique avec un succès récent intitulé « Jusqu’à ce que le monde finisse ».
Sont aussi apparues récemment, de nombreuses sociétés offrant les outils pour se préparer à la fin des temps. Des entrepreneurs dans le monde entier tirent profit de la notion de catastrophe imminente, vendant des livres de conseils, des abris (les ventes de bunker ont explosé après le tremblement de terre au Japon) et de l’équipement de survie pour le jour de l’apocalypse de toutes sortes : masques a gaz, nourriture lyophilisée, approvisionnements massifs en eau, etc. De nombreux blogueurs offrent des conseils sur la façon de survivre au cas où des calamités globales devraient se produire. Même une institution américaine aussi respectable que la NASA (National Aeronautics and Space Administration) a lance une vaste section Q&R sur son site Internet traitant uniquement la soi-disant apocalypse de 2012.
J’ai appelé plusieurs futurologues pour savoir si nous devrions vraiment nous préparer au pire dans l’année à venir. Tout d’abord, j’ai parlé avec l’écrivain et philosophe Danila Medvedev, un membre du mouvement russe trans-humaniste et directeur de CryoRus, le premier laboratoire russe de cryogénie (oui ces mecs bizarres qui vont congeler vos parents fraichement décédés pour les décongeler et les raviver quand l’immortalité aura été découverte). Les prédictions de l’apocalypse devraient être la dernière chose dont nous devrions nous préoccuper dit Medvedev. “Les choses vraiment effrayantes sont imprévisibles” dit il. Ces dernières, selon Medvedev, pourraient aller des météorites géantes aux catastrophes technologiques comme celle, récente, de Fukushima. Pourtant, la fin du monde tel que nous le connaissons aura bien lieu mais pas seulement en 2012 mais tout au long du XXI siècle et nous devrions, en effet, nous préparer à des changements majeurs. « Les gens qui vont vivre à la fin de ce siècle seront plus différents de ceux qui vivent maintenant que l’homme moderne diffère de l’homme de Neandertal » dit Medvedev.
Tatiana Ivanova, sociologue-futurologue, directeur adjoint de l’Académie russe des Sciences et de l’Institut d’Economie Stratégique à l’air encore moins optimiste. Elle dit que l’apocalypse a commencé depuis bien longtemps, et à moins que nous ne commencions à vivre de façon responsable, les choses ne vont faire que s’empirer. « Ecologiquement, la Terre ne peut porter que 600 millions de personnes » dit Ivanova « Cela ne signifie pas qu’une population plus importante soit nécessairement fatale mais nous devrions revoir et modifier les règles par lesquelles nous opérons sur notre planète. »
Mais, heureusement, tout le monde ne s’accorde pas sur de si sombres scénarios. Un nombre croissant d’experts insistent pour dire que les choses ne vont faire que s’améliorer. Nous avons eu déjà assez de tourmente et commençons à apprendre nos leçons. Donc 2012 pourrait ne pas être la fin du monde mais le début d’une transformation par l’ouverture du cœur et de l’esprit et que nous allons tous expérimenter dans les années qui viennent. Autant j’aime regarder les films catastrophe, autant j’ai tendance à croire cela. En fait, je pense que les gens ont déjà commencé à se réveiller. Nous nous préoccupons d’avantage les uns des autres, et du monde car nous ne pouvons nous empêcher de réaliser à quel point tout est interconnecté aujourd’hui. Comme nous l’avons récemment observé, nombre d’entre nous choisissent de ne pas attendre patiemment mais d’aller dans la rue et de se battre pour ce que nous croyons.
Et soit dit en passant, le terrible jour de décembre 2012 est officiellement hors jeu, comme l’a annoncé la communauté scientifique pas plus tard que la semaine dernière. Il se trouve qu’une inscription maya d’une importance capitale a été mal interprétée. Elle se référait au passage vers une ère nouvelle, pas vers la fin du monde tel que précédemment prédit.
Mais comme la prédiction du futur est un business fleurissant, nous allons certainement entendre de nouvelles prophéties pessimistes. Alors pourquoi ne pas profiter de ce que nous avons plutôt que s’inquiéter des désastres à venir ?
L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.
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