Les
amateurs de Bob Morane, et plus généralement les passionnés de littérature
populaire, attendaient cet ouvrage. En 480 pages, Henri Vernes nous offre enfin
ses Mémoires (Jourdan Editions,
2011), sans prise de tête inutile ni auto-gloriole de circonstance. Il sait
qu’il n’est pas le centre du monde, et que toute aventure humaine a une fin. Et
cette fin (qu’il sent proche) tend sous sa plume à relativiser son parcours
exceptionnel. Mais quel beau parcours. Elevé et choyé par ses grands parents
(ses parents étaient séparés), Charles Dewisme fera son apprentissage dans une
Belgique ballotée entre les deux guerres mondiales. Avec des fugues hautes en
couleur (ah, la Mer de Chine, Canton et Shanghai !), un intérêt très
limité pour les études et une passion précoce pour l’écriture. Avec aussi une
haine farouche pour l’occupant allemand qui l’amènera à devenir le discret
correspondant du MI 16 dans sa bonne ville de Tournai. Cette haine l’amène du
reste à qualifier Hergé de sale collabo dont toute la Belgique a honte. Mais
retenons surtout ses pages d’amitiés, notamment celle sur Michel de Ghelderode,
Jean Ray qu’il exhumera de l’oubli grâce à Marabout et surtout Bernard
Heuvelmans. C’est à ce dernier qu’il devra du reste à rentrer dans l’écurie de
l’éditeur de Verviers et de se lancer dans l’aventure de Bob Morane. C’est
également le cryptozoologue qui lui fera découvrir, au sens propre du terme, le
paradis sur terre : l’Ile de Levant et le nudisme…… On n’oubliera pas non
plus ses belles pages sur… les femmes et sur sa petite chienne, qui fut le
grand bonheur de sa vie.
Henri
Vernes restera assez pudique sur sa fabuleuse aventure éditoriale, parlant avec
discrétion de ses nombreux voyages pour camper une nouvelle aventure du
commandant. Mais on devine que le rythme de production insensé qui lui était
imposé flirtait souvent avec la galère et que lorsqu’il était amené à aller
crapahuter en Colombie ou au Pérou, c’est à son appartement tranquille en
Belgique auquel il rêvait, où il savait que l’attendaient un bon fauteuil et un
bon bouquin.
A
lire et à relire en savourant chaque chapitre.
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