13 juil 2012
Hotel Castel Dracula
Je pourrais vous parler du col de Borgo, où nous sommes parvenus ce matin-là, l’endroit où Jonathan Harker fut emmené par la calèche du comte Dracula jusqu’à son château; de son ambiance et de ses brumes qui correspondent mot pour mot aux descriptions de Bram Stoker. Je pourrais vous parler de tout cela mais je me suis dit que le plus remarquable ici, ce n’est pas le col de Borgo en lui-même, mais ce que nous trouvons juste après.
Car quelques centaines de mètres plus loin, une étrangeté à même de
glacer le sang des plus braves nous apparaît brusquement : l’hôtel
Castel Dracula, un monument de kitsch ostentatoire à vocation
touristique. Comme issue de l’esprit d’un architecte dément qui aurait
tenté de mêler styles médiévaux, gothiques, et pur produit bétonné des
années ‘80, cette chose réussit le tour de force de proposer une source
d’effroi plus grande encore que la singulière atmosphère du col.
L’endroit nous paraît tout de même incontournable et, malgré une
certaine appréhension, c’est de pied ferme que nous nous y engageons.
L’intérieur du bâtiment se révèle à l’avenant des hésitations et des
contrastes troublants de sa façade. On sent nettement le désir de
proposer un intérieur classieux, à même d’attirer un certain type de
public, mais des objets de décoration vampirique d’un mauvais goût sans
appel contrarient cette louable intention. D’ailleurs, pour un endroit
qui prétend être la demeure du célèbre comte, la présence d’un
gigantesque miroir dans le salon n’est pas sans choquer. À table, les
égarements entre kitsch gothique et médiéval se poursuivent : les menus
tentent de ressembler à de vieux grimoires mais renferment des photos de
plats aux couleurs archi-saturées. De qualité plutôt correcte, ces
derniers regorgent littéralement d’ail : pas moins de la moitié d’une
gousse à côté de mon échine de porc...
Évidemment, nous ne pouvons nous empêcher de demander à voir le caveau du comte avant de quitter les lieux. Le personnel semble quelque peu ennuyé face à cette requête mais, comme il s’agit d’une visite payante… Passée une dizaine de minutes d’attente, une femme rondelette nous conduit dans la fameuse crypte. À sa suite, nous traversons plusieurs étroits couloirs flanqués de quelques volées de marches, avant de pénétrer dans un sous-sol obscur au centre duquel la lumière tremblotante d’une simple bougie nous permet d’entrevoir un cercueil. Lorsque notre guide pose la main sur le panneau de celui-ci, je sens à son regard que quelque chose est sur le point de se produire. De fait, la flamme de la bougie est soudain balayée et nous plonge dans un noir total. Au même instant, le rire d’un méchant de série Z retentit tandis qu’une créature jaillit maladroitement du cercueil et percute Gwenn en filant vers la sortie. Au bout de quelques secondes que nous entrecoupons de fous rires, l’obscurité s’atténue, un peu de lumière nous révèle le visage contrit de notre guide, comme si elle s’excusait de la piètre qualité du spectacle. Accessoirement, ce nouvel éclairage nous permet de découvrir les fresques qui couvrent les murs : des scènes criardes dans le style mauvaise illustration de jeux de rôles des années ‘80, montrant les succubes du comte avec le nourrisson que ce dernier leur offrit pour calmer leur faim, Dracula en chevalier du XVe siècle ou encore la calèche avec laquelle il vint chercher Jonathan Harker en haut du col. Et lorsque nous repartons, le simili comte nous assaille à nouveau, en nous chatouillant les genoux au travers d’ouvertures pratiquées dans les parois du couloir. Spectacle grotesque par excellence, du début à la fin ; nous avons tout de même une pensée de compassion pour le pauvre employé qui, en pleine saison touristique, doit s’enfermer dans son cercueil et se prêter au jeu à de multiple reprises.
Évidemment, nous ne pouvons nous empêcher de demander à voir le caveau du comte avant de quitter les lieux. Le personnel semble quelque peu ennuyé face à cette requête mais, comme il s’agit d’une visite payante… Passée une dizaine de minutes d’attente, une femme rondelette nous conduit dans la fameuse crypte. À sa suite, nous traversons plusieurs étroits couloirs flanqués de quelques volées de marches, avant de pénétrer dans un sous-sol obscur au centre duquel la lumière tremblotante d’une simple bougie nous permet d’entrevoir un cercueil. Lorsque notre guide pose la main sur le panneau de celui-ci, je sens à son regard que quelque chose est sur le point de se produire. De fait, la flamme de la bougie est soudain balayée et nous plonge dans un noir total. Au même instant, le rire d’un méchant de série Z retentit tandis qu’une créature jaillit maladroitement du cercueil et percute Gwenn en filant vers la sortie. Au bout de quelques secondes que nous entrecoupons de fous rires, l’obscurité s’atténue, un peu de lumière nous révèle le visage contrit de notre guide, comme si elle s’excusait de la piètre qualité du spectacle. Accessoirement, ce nouvel éclairage nous permet de découvrir les fresques qui couvrent les murs : des scènes criardes dans le style mauvaise illustration de jeux de rôles des années ‘80, montrant les succubes du comte avec le nourrisson que ce dernier leur offrit pour calmer leur faim, Dracula en chevalier du XVe siècle ou encore la calèche avec laquelle il vint chercher Jonathan Harker en haut du col. Et lorsque nous repartons, le simili comte nous assaille à nouveau, en nous chatouillant les genoux au travers d’ouvertures pratiquées dans les parois du couloir. Spectacle grotesque par excellence, du début à la fin ; nous avons tout de même une pensée de compassion pour le pauvre employé qui, en pleine saison touristique, doit s’enfermer dans son cercueil et se prêter au jeu à de multiple reprises.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire