La Paille dans l’Oeil
de Dieu (The Mote in God’s Eye)
Larry Niven et Jerry Pournelle (1974 et 2007
pour la présente traduction française, éditions Le Bélial, Pocket)
Autre titre, paru chez Ailleurs et Demain : La
Poussière dans l’Oeil de Dieu.
692 pages édition française POCKET.
Je termine la relecture de ce gros pavé
considéré par beaucoup d’amateurs de SF comme le meilleur roman de Larry Niven
(auteur aussi de la saga de l’Anneau Monde). Le présent roman conte la première
rencontre des terriens avec une civilisation extra-terrestre venue d’une
lointaine galaxie qui ressemble au visage de Dieu tel que le voit l’être humain
et sise dans le secteur nommé trans-Sac-à-Charbon.
Une planète y gravite comme un grain de poussière autour d’un grand soleil, tel
l’oeil gigantesque de ce visage divin : la poussière (ou la paille) dans l’oeil
de Dieu, donc.
Tout y est écrit avec talent et originalité. Le
mode de vie des ET imaginé par nos auteurs est surprenant et imaginatif. Leur
but : sortir de leur sphère et émigrer vers d’autres mondes colonisables sans
gêner personne (ce qui les différencie donc des humains qui, eux, ne
s’embarrassent pas de savoir s’ils gênent quelqu’un). Le hic, justement, c’est
que ces aliens tombent sur ce que l’humanité a de pire : les militaires. Qui
dit militaire dit obtus, limité en neurones et paranoïaque voyant le mal
partout. Mission donc impossible que de s’entendre avec de pareils individus. Et
une fois encore c’est l’Homme qui aura le dessus et qui imposera sa loi de
façon dictatoriale.
Le lecteur devra donc aimer l’ambiance des
casernes, des Marines, des “garde-à-vous”, “rompez”, exécutez mes ordres”. A en
croire Niven, il n’y a que ça sur notre planète : des hommes en uniforme pour
régir le monde. Si l’auteur a voulu se moquer de cet univers de soldats, c’est totalement
réussi mais s’il a voulu faire l’apologie de la force brute par rapport à la
raison, au secours ! Dans le doute, j’opterai pour la première hypothèse.
On aurait malgré tout préféré y voir consacrer
plus de temps à tout l’apport philosophique découlant de pareille rencontre,
plus de poésie aussi mais sans doute est-ce là ce qui fait toute l’originalité
de ce roman fleuve qui souffre néanmoins de pas mal de longueurs “militaro-protoclaire”.
Autre originalité à épingler : lorsque les réflexions se font entre
extraterretres, le texte est en italique et il est intéressant d’ainsi avoir
les deux approches : celles des humains vis-à-vis de ces “étrangers” qui
risquent de mettre en péril l’équilibre de l’Empire (on notera que quand il
s’agit d’humains du futur, c’est souvent Impérial, rien de moins) et celles des
“Pailleux” qui n’ont pas la même longévité et qui en souffrent, cherchant
désespérément à sortir de leur univers restrint. Mais sans doute ne sont-ils
pas aussi innocents que l’on pourrait l’imaginer. Une fois de plus, le conteur
a tendance à faire de l’anthropomorphisme psychologique lorsqu’il s’agit d’
“aliens”.
Personnellement, je crois que 300 pages
auraient amplement suffi pour traiter le sujet tel qu’il l’a été. Cela dit, on est loin de E.T. ou STARMAN. Et
il faut avouer, à la décharge de Niven, que quand on parle de rencontres (extraterrestres
ou bien de chez nous), les militaires n’ont pas leur pareil pour fourrer leur
nez là où il ne faut pas et pour tout faire foirer. Les exemples sont nombreux tant dans la
science-fiction que dans la réalité (pour qui y croit). Comme disait Einstein, pour marcher au pas
sur une musique militaire, il n’est pas besoin de cerveau, la moëlle épiniaire
suffit !
El Jice
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