Les trésors de la Maison Giscard enfin au musée
Pour la première fois, le musée des Arts Décoratifs Paul Dupuy célèbre la Maison Giscard, fameuse famille de sculpteurs et statuaires. À Toulouse le nom de Giscard n’évoque pas seulement un ancien président de la République. Il rappelle aussi toute une dynastie d’artisans à qui l’on doit d’innombrables décors en terre cuite – angelots, motifs floraux, frises, mascarons…- qui ornent des maisons toulousaines, mais aussi des mobiliers d’édifices religieux comme l’autel et le chemin de croix de l’église Saint-Aubin ou le tympan de la basilique Sainte Germaine de Pibrac. La Manufacture Giscard a fonctionné jusqu’à très récemment. Le dernier de la lignée, Joseph Giscard, décédé en 2005, n’avait pas de descendant direct. Il a légué tout le fonds industriel familial à la Ville, ainsi que l’atelier, situé rue de la Colonne, véritable expression du savoir-faire de ses ancêtres depuis le XIXe siècle. L’exposition qui ouvre au public demain est une grande première, car tout ce fonds dormait dans des garde-meubles depuis huit ans.
Mobilisés pour sauver la maison
« C’est un héritage conséquent qui représente plusieurs milliers d’objets fragiles qu’il a fallu déménager et stocker » explique Marie-Géraldine Furic.Docteur en Histoire et spécialiste du sujet, cette Toulousaine de 27 ans a participé à l’exposition du musée Paul Dupuy. Elle préside l’association Manufacture Giscard de Toulouse (www.manufacturegiscard.com) créée en 2012 pour faire connaître ce patrimoine et sauver l’ancienne manufacture de la rue de la Colonne. Cette bâtisse insolite et spectaculaire, à la façade rehaussée d’arabesques, ornements et statues en terre cuite, comme ce drôle de singe à haut-de-forme et monocle juché sur le toit, est l’illustration du savoir-faire de la très renommée Maison Giscard. Fermée et vide depuis plusieurs années, cette demeure ancienne fait l’objet d’une mobilisation des amoureux d’Histoire de l’Art et des défenseurs du patrimoine. « Il est urgent d’engager des travaux sur la toiture et les planchers pour arrêter le processus de dégradation et préserver le bâtiment », résume Marie-Géraldine Furic qui ne manque pas d’idées pour redonner vie à cet édifice atypique. « On pourrait, dit-elle, créer un centre de formation et un atelier de sculpture, ou encore un pôle d’interprétation du riche patrimoine de la sculpture en terre cuite, car rien n’existe dans ce domaine à Toulouse et en région». Interrogée dernièrement au sujet de la Maison Giscard, l’adjointe à la culture Vicentella de Comarmond explique qu’une « étude de faisabilité est en cours ».La Ville devra trouver des partenaires financiers. Plusieurs élus visitent l’expo aujourd’hui en avant-première. Peut-être l’occasion d’en savoir plus sur le devenir de ce chef-d’œuvre en péril.L’atelier Giscard reconstitué
Le Musée Paul Dupuy (13 rue de la Pleau.Tél : 05 61 14 65 50) présente du 21 novembre 2013 au 23 février 2014 l’exposition« La Fabrique Giscard. Histoire d’une famille de statuaires toulousains ». Moules, sculptures, carnets de commandes, photos anciennes sont présentées. Un atelier a été reconstitué avec son établi et ses outils, dont certains datent de 1 855.
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