Spécialiste en communication installé à Bugarach, Patrice Etienne avait
organisé un colloque fin décembre 2013 pour revenir, un an plus tard,
sur l'apocalypse annoncée. Et insiste sur la chance que pourrait être
cet événement pour les Corbières.
Un an après la fin du monde, qui selon d'obscures prédictions devait
épargner quelques sites terrestres parmi lesquels Bugarach (montagne et
village inclus), il ne se passe plus grand-chose dans ce petit coin des
Corbières. "C'est pourquoi j'ai organisé cette première rencontre
destinée à provoquer un débat de fond qui d'ailleurs pourrait se
poursuivre sous la forme d'un colloque", confie Patrice Étienne. "En
tout cas j'espère pouvoir en organiser un au printemps prochain". Mais
de préférence après les élections municipales (23 et 30 mars) car avant,
"pour trouver une salle, c'est très difficile". Cet informaticien et
ancien gestionnaire d'événementiels, spécialiste en communication, tient
le Relais du Bugarach (vente de produits du terroir) avec sa compagne.
Ils se sont installés dans le village voici quelques années.Le souvenir de scènes cocasses avec les journalistes
Les 21 et 22 décembre derniers, ils ont accueilli des touristes ainsi que des autochtones pour un week-end de réflexion axé sur un thème précis : la fin du monde : pourquoi ? Comment ? Et la suite à donner ? Il avait lancé l'invitation par internet. "Des Montpelliérains, des Toulousains, des Audois sont venus causer librement, de même qu'une artiste italienne : elle a fait un détour par ici avant de regagner son pays", explique Patrice Étienne, "Beaucoup m'ont dit : 'Le 21 décembre 2012, vous avez dû voir beaucoup de monde ! 'Je leur ai répondu : Non, on a eu des journalistes et des gendarmes... Plus nombreux que les Bugarachois ! ''." Il a même assisté à des scènes comparables à l'humour "non sense" de Pierre Dac voire au théâtre de Courteline : "J'ai vu des cameramen filmer d'autres cameramen, des photographes photographier des photographes et des journalistes s'interviewer entre eux", et tout cela pour et à cause d'un événement qui finalement n'a jamais eu lieu.
Une manne médiatique qui aurait pu servir à promouvoir le département
Patrice Étienne regrette que les responsables du tourisme audois n'aient pas profité de cette manne médiatique "pour promouvoir le département. Aujourd'hui, rebondir sur Bugarach signifierait mettre en place une politique de développement touristique axée sur la richesse naturelle de l'Aude, son histoire (châteaux du pays cathare), ses mystères (Rennes-le-Château), et l'aspect ressourcement, bien-être, spiritualité en veillant, bien sûr, à écarter les sectes qui d'ailleurs n'ont rien à voir avec la recherche spirituelle". Pour lui, "trois millions de touristes par an à Carcassonne", c'est un déséquilibre qui ne profite pas, ou peu, au reste du département : "Cependant il existe une demande pour venir ici dans cette région des Corbières mais il n'y a pas d'offres". Ne serait-il pas temps que les acteurs du développement se mettent autour d'une table ?
Un phénomène révélateur d'une "prise de conscience"
"Médiatiquement, Bugarach est un cas d'école", explique Patrice Étienne,
"en ce sens que les journalistes auraient dû s'intéresser aux causes de
l'événement. Autour du phénomène Bugarach, il existe un mouvement qui
n'a rien à voir avec la fin du monde mais avec une prise de conscience,
un éveil vécu par de nombreuses personnes, par rapport à l'écologie et à
la folie financière du monde.De plus en plus de personnes s'intéressent à leur épanouissement plutôt qu'à la lecture des faits divers". Parallèlement, il existe selon lui une précession des équinoxes (changement de l'axe de rotation de la terre) qui "influence toujours les comportements. Ceci est dû au fait que nous sommes actuellement, depuis 1994 et jusqu'en 2030, dans une période d'alignements planétaires".
Patrice Étienne s'étonne que "personne n'ait donné d'explications à ce battage médiatique. Et puis pourquoi autant de gendarmes à Bugarach ce 21 décembre 2012 ? Pour empêcher des suicides, nous a-t-on dit. Alors dans ce cas pourquoi ne déploie-t-on pas des gendarmes sur les ponts d'autoroute, à la Tour Eiffel et dans tous les endroits connus pour attirer les suicidaires ?". Une équipe de cinéastes catalans est venue réaliser un film dont le thème intéresse déjà des festivals.
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