samedi 31 décembre 2016
vendredi 30 décembre 2016
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA THEORIE DES CYCLES SELON LOVECRAFT
Le Cosmicisme de l’Infini (lettre de plus de 25 pages du 30/10/1929 à J.F.
Morton, Lyre Press op. cité). Malgré le titre pompeux choisi par l’auteur, ce long texte
est un nouveau plaidoyer matérialiste de base : il évoque … « un cosmos dans lequel il n’y a pas la
plus petite parcelle de probabilité qu’il existe une conscience directrice, un
ensemble de valeurs absolues ou un aspect « spirituel ». Mais ce
qui est intéressant ici, c’est la couleur qu’il donne à son matérialisme, celle
de l’indifférentisme. Il ne s’agit
aucunement de pessimisme, mais de la conclusion naturelle à laquelle on arrive
quand on a compris que la vie n’a pas de but et que toute idée d’un progrès
collectif est totalement absurde. Lovecraft est à l’opposé d’un Hegel, qui voit
une « montée de l’esprit dans l’histoire », mais plutôt tenant d’une
histoire cyclique qui n’en finit plus de boucler sur elle-même. La civilisation
actuelle s’oriente vers un monde de grand confort qui étouffera progressivement
la culture. Ce monde s’effondrera soit par ennui, soit par une conquête venant
de l’extérieur ( ?). Et la machine repartira sur une base nomade/pastoral,
avec de vieilles femmes qui raconteront d’étranges légendes à propos des ruines
de béton des ponts et des immeubles de ce que furent des villes, ou encore au
sujet des « restes » du Sphinx d’Égypte ou des temples de Pétra. On
aura droit bien sûr également dans cette confession à une critique en règle du
christianisme qu’il qualifie de secte sémite abêtissante et une envolée
nostalgique pour les virils vikings/teutons qui furent les fondateurs de la
civilisation.
A
noter qu’il envoie à F.M. Morton avec ce même courrier un poème se déroulant en
Afrique, L’Avant-Poste.
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LETTRES DE 1929, Lovecraft
-->
Les recueils de lettres choisies de Lovecraft n’ont pas de chance. Christian
Bourgois a capitulé après le premier tome. Il en est de même pour Lyre Press
qui nous a pourtant donné un joli petit volume en 2009, Lettres de 1929 (de juillet à décembre). On trouvera dans ce
recueil la monumentale lettre (70 pages) à un certain Woodburn Harris avec
lequel il avait des conversations « pink » et dans laquelle il lui
donne un véritable cours de philosophie sexuelle !
mercredi 28 décembre 2016
L'UNITE 10'003 DE L'ARMEE RUSSE
Paranormal
OVNI, télépathie et forces spéciales: la mystérieuse histoire de l’Unité 10’003 de l’armée russe
En 1989, plusieurs dizaines de Russes aux dons exceptionnels sont recrutés par l’armée. Intégrés au sein de l’Unité 10'003, ils apprendront à devenir des «superhumains». De l’utilisation de la télépathie sur les champs de bataille à une rencontre avec des extraterrestres, les souvenirs de ces vétérans jouent avec les limites de l’imagination.
Par Romain Mielcarek - 26.10.2016
Hésitante, l’interprète ouvre de grands yeux incrédules. L’homme à qui elle parle au téléphone est-il complètement fou? Elle peine à traduire ses propos tant ils paraissent incroyables. «Pendant plusieurs mois, nous avons fait des recherches et compris comment instaurer le contact avec les extraterrestres grâce à la télépathie, explique une voix sereine à l’autre bout du fil. Ils ont un code de communication composé de chiffres et de lettres, comme les opérateurs radio.»
Cet étrange récit est celui du général Alexey Y. Savin [sic, lire Alexeï Y. Savine], aujourd’hui à la retraite. Le vieil homme, vêtu simplement, reste en forme du haut de ses soixante-dix ans passés. Il a pris l’habitude de raconter son histoire et continue de le faire patiemment. Dans sa jeunesse, l’officier a suivi un cursus particulièrement prestigieux au sein de l’armée russe. Au début des années 1970, il commence des études au département aéronaval de l’Académie de la marine de Sébastopol, avant de se plonger dans la cybernétique. Pendant les seize premières années de sa carrière d’officier, il sera même à la pointe de la recherche scientifique de la Défense soviétique. Jusqu’à ce qu’en 1989, l’Etat-major des armées lui confie une nouvelle mission: développer une cellule de recherche et d’expérimentation dans le domaine de la parapsychologie. Les Russes veulent vérifier si les compétences extraordinaires de certains esprits peuvent servir au cours d’opérations militaires ou de missions de renseignement.
Exemple d’expérience télépathique.
«Nous avions quarante ans de retard sur les Américains, car ce genre de pratiques n’était pas conforme à l’idéologie communiste, se souvient-il. Nous avons donc décidé de créer l’Unité 10’003.» Télépathie, visionnage de coordonnées géographiques ou de sites militaires par la pensée, détournement de missiles par la force de l’esprit, prédictions de l’avenir et… contacts avec des extraterrestres, les «phénomènes» étudiés par cette brigade très spéciale rappellent de nombreux épisodes de la célèbre série X-Files.
D’ailleurs, sur internet, on ne trouve au sujet de l’Unité 10’003 qu’une poignée d’interviews de son ancien patron. Ainsi que des rumeurs invérifiables évoquant des expériences sur des zombies, des liens obscurs avec les dirigeants soviétiques, des noms d’officiers du KGB… C’est pour rectifier ces affabulations, nourries par le secret militaire et la complexité des sujets abordés, que le général Savin [Savine] et l’une de ses anciennes subalternes ont accepté de nous raconter leur histoire.
Pour développer les capacités extraordinaires nécessaires à la parapsychologie, les militaires ont commencé par s’intéresser au fonctionnement du corps et de l’esprit dans des conditions de concentration extrême. «On travaillait de 9 heures du matin jusqu’à 21 heures», se souvient Valentina Ivanovna Sydorova, l’une des membres de la première heure de l’Unité 10’003, formée au KGB.
Trente ans après, elle garde toujours le même carré réglementaire et affiche fièrement ses médailles, sur l’uniforme qu’elle ne sort plus que pour les grandes occasions. A la création de l’unité, en 1989, elle est âgée de 35 ans. Elle est rapidement soumise à un entraînement intensif dans un austère bâtiment à deux pas de l’Etat-major des armées, en plein cœur de Moscou. «L’Institut de nutrition nous avait prescrit un régime spécial. Il s’agissait d’examiner une nouvelle méthodologie. On testait tout, comme la nourriture végétarienne. Notre état, tant physique que psychique, était régulièrement contrôlé en laboratoire.»
Très tôt, Savin [Savine] est convaincu que les femmes possèdent des capacités accrues et qu’elles sont capables de mieux aiguiser leurs sens, même méconnus. Pour le prouver, il les pousse dans leurs derniers retranchements. Sur des clichés jaunis, il nous montre ces Russes à la coiffure rigide, pas spécialement habituées aux réalités de l’infanterie presque exclusivement masculine en Union soviétique, s’entraîner à tirer à l’arme automatique… ou chercher à deviner l’état civil de fonctionnaires à partir de simples photos. «On nous soumettait une liste de cinquante portraits d’inconnus et nous devions retrouver l’identité de chaque personne, raconte Valentina. Si cela ne correspondait pas à 85% à la réalité, on devait tout reprendre à zéro. On arrivait à de très bons résultats.»
Les membres de l’Unité 10’003, même non militaires, suivaient une formation basique au combat.
L’Unité 10’003 était divisée en deux groupes. Le premier, composé de forces spéciales, est toujours soumis au secret défense. Le haut gradé est, par contre, plus loquace en ce qui concerne la seconde section, exclusivement féminine. Sur les centaines de candidates auditionnées, huit seulement ont été retenues. Lui-même a été sur le terrain, même si les photos de l’époque montrent qu’il n’avait pas le physique d’un guerrier.
Le visage potelé, il ressemble, sur une photo prise dans un hélicoptère, à un chercheur plus habitué aux laboratoires qu’aux champs de bataille. Mais il fallait bien aller suivre sur place les résultats de ses ouailles: «Pendant la guerre en Tchétchénie, elles avaient pour tâche de déterminer les intentions de l’adversaire et de décoder les informations lors des interrogatoires, explique le général. Même chose pour les plans des Américains en ex-Yougoslavie. On leur donnait des cartes topographiques sur lesquelles elles devaient indiquer où se trouvaient les mines et les stocks d’armes dissimulés.»
En plus des conflits en Tchétchénie, en Géorgie, en ex-Yougoslavie et en Abkhazie, les spécialistes de l’Unité 10’003 ont, au fil des années, collaboré à des enquêtes de police dans différentes villes du pays. «Comme j’avais été formée au KGB, se souvient Valentina, j’ai notamment pris part à la lutte contre les trafiquants d’armes et de drogue.»
Ce sont d’ailleurs les seules attestations que les anciens de l’Unité 10’003 sont en mesure de présenter. Tout leur travail au profit de l’armée est confidentiel, et le restera probablement longtemps encore, Moscou n’ayant pas de politique de déclassification des documents militaires comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Le général Savin [Savine], s’il assure que les résultats de ses «supersoldats» ont épaté les combattants sur le terrain, ne peut nous montrer qu’un document du Ministère de l’Intérieur: une lettre rédigée en 1993 qui remercie son équipe de femmes pour leur participation à de vastes opérations de police, ayant permis l’interpellation de criminels.
Aussi surprenants que puissent paraître ces exploits, Alexey Y. Savin [Alexeï Y. Savine] et Valentina Ivanovna Sydorova en égrainent d’autres, plus abracadabrants encore. Cette dernière raconte par exemple comment elle a communiqué télépathiquement avec des dauphins, dressés par l’armée, dans le port militaire de Sébastopol.
De la projection mentale au profilage d’individus, en passant par le développement d’une supermémoire ou l’étude de la philosophie et de la poésie, le champ des investigations de l’Unité 10’003 était pour le moins diffus. Dans l’esprit du général, ces procédés étaient motivés à la fois par un goût intime pour la spiritualité et par un patriotisme qui le poussait à mieux servir son pays: «J’aimerais que les gens ne nous perçoivent pas comme des agresseurs violents, mais qu’ils comprennent que, parmi les militaires, certains avaient une approche philosophique, croyaient en Dieu et n’avaient pas peur de l’opinion publique, même à l’époque soviétique.»
Que ce soit parce qu’il sent sa fin approcher ou parce qu’il a vraiment envie de partager ce qu’il a observé, le septuagénaire a commencé à coucher sur le papier les mémoires d’une vie pour le moins originale pour un officier de l’armée soviétique. On peut y découvrir les souvenirs du jeune chercheur en cybernétique, marqué par les conflits qui ont saigné son pays et forgé, comme pour toute une génération de Russes, son amour fervent du pays.
Il rend également hommage à ceux qui ont posé les jalons du tournant majeur de son existence. Il insiste notamment sur le rôle joué par Vitaly Shabanov [Vitali Chabanov], l’officier général qui deviendra plus tard vice-ministre de la Défense pour l’armement, l’homme qui a eu l’idée de créer cette cellule paranormale et de la lui confier.
Un projet qui a vu le jour grâce aussi à Valentin Pavlov, ultime Premier ministre de l’Union soviétique. En 1989, en tant que ministre des Finances, c’est lui qui alloue un budget équivalent à 30 millions de dollars à l’Unité 10’003. «On n’avait pas besoin de le convaincre, assure Savin [Savine]. C’était quelqu’un de très éduqué, qui connaissait très bien la philosophie.» Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant du pays avant son effondrement en 1991, a lui aussi assisté à une démonstration de l’unité qui l’aurait convaincu de laisser les travaux se poursuivre.
Natalia Bekhtereva, neuroscientifique et psychologue de renom.
A l’époque, personne ne trouve rien à redire à ces expériences hors normes. Le général et ses troupes ont même le droit de mobiliser d’importants moyens humains: 200 chercheurs de haut niveau, sous la direction notamment de Natalia Bekhtereva, une neuroscientifique particulièrement respectée en Russie.
Les militaires réquisitionneront toutes sortes de spécialistes, des psychiatres, des astrologues, des théologiens. Ils équiperont plusieurs laboratoires à travers le pays, multipliant les visites pour faire la démonstration des talents de leurs soldats d’un nouveau type. Les religieux seront également approchés, car les méthodes de l’Unité 10’003 reposent largement sur un intense travail spirituel. Au cours de leurs explorations, les militaires consulteront des hommes de foi, issus aussi bien de l’Eglise orthodoxe que de l’islam. Les musulmans se seraient même montrés plus ouverts sur le sujet que les chrétiens, du moins au début, à en croire Savin [Savine].
Une bonne partie de ses mémoires s’égare toutefois en poèmes incompréhensibles et en longues digressions sur la nature de l’âme ou encore sur les liens entre religions et nature. «J’avais compris, tente-t-il d’expliquer, que les personnes possédant ces connaissances développaient une certaine force mentale, un pouvoir sur elles-mêmes, mais aussi sur leur entourage. Il était donc important d’accroître leur sens de la responsabilité, afin qu’elles se considèrent comme des citoyens de cette planète.»
En favorisant cette approche spirituelle, les Russes ont renoncé à l’usage de drogues pour stimuler le cerveau, contrairement aux expérimentations du même genre menées au cours de la seconde moitié du XXe siècle par la CIA, comme le relatent de nombreux témoignages incroyables. Parmi les plus connus, celui de Leonard Lyn Buchanan qui explique dans son livre The Seventh Sense comment une équipe de l’US Army dont il faisait partie parvenait à projeter leurs esprits à travers le temps et l’espace afin d’espionner les installations ennemies.
Il affirme aussi que les Russes et les Chinois faisaient de même et, qu’entre «psi-espions», ils parvenaient à se ressentir les uns les autres. A cette époque, les Etats-Unis investissaient beaucoup d’argent dans le domaine de la parapsychologie. Tandis que la CIA se concentrait principalement sur la possibilité de conditionner les esprits grâce notamment à des exercices d’hypnose et de drogues, l’US Air Force étudiait avant tout les phénomènes d’OVNI.
Plusieurs de ces soldats-cobayes ont longuement raconté leurs aventures, à travers des récits tous plus fous les uns que les autres. Autant de travaux et d’expérimentations aux résultats aléatoires et particulièrement controversés, qui ont à priori tous été abandonnés.
En ce qui concerne les travaux de l’Unité 10’003, ils étaient suffisamment importants pour interpeller les militaires américains. On en veut pour preuve une page d’un rapport sur les opérations d’information, coproduit en 2004 par la NSA (l’Agence de la sécurité nationale) et le collège d’Etat-major des armées.
Listée parmi d’autres organismes travaillant sur les engagements cognitifs et informationnels, «l’Unité militaire 10’003, qui étudie l’occulte et le mystique, maîtriserait le recrutement et les techniques de « lavage de cerveau » des individus destinés aux opérations psychologiques». Le document évoque également la présence d’astrologues au ministère de la Défense russe pour prévenir tout piège ou tentative d’infiltration et de spécialistes formés… au détournement de missiles par la pensée. Autant d’activités qui dépendaient directement du commandement du général Savin [Savine].
Lorsque l’Unité 10’003 ferme ses portes, en 2004, un plus petit laboratoire de l’Académie de l’air prend le relais. Mais en 2012, cette institution cesse ses activités à la suite d’une immense affaire de corruption.
Les élèves officiers aviateurs sont déplacés à Voronej, à 500 kilomètres de la capitale. Trop loin de Moscou pour que les chercheurs impliqués dans la recherche parapsychique fassent le déplacement. «Nous continuions cependant à travailler avec certains groupes, notamment dans le renseignement, car les autorités et quelques ministres avaient saisi l’importance de nos travaux», affirme, comme pour se rassurer, le général Savin [Savine].
L’unité 10’003 réunie en 1995.
Plus personne n’accorde beaucoup de crédit aux recherches sur le paranormal en Russie, comme ailleurs. Un officier russe, actuellement en poste à l’ambassade de Paris, nous confirme son scepticisme sur le sujet: «Lorsque j’étais à l’académie militaire, il y avait plein de livres sur le sujet. En Tchétchénie, ils auraient proposé une solution de ce type… Mais le ministère a préféré les bombes. Je pense aussi qu’un missile est plus efficace.»
Pour Valentina Sydorova, qui a entre-temps travaillé au service des ressources humaines d’une banque, où elle assure que ses dons lui ont permis d’évaluer très rapidement le potentiel des candidats, les raisons de l’abandon de l’Unité 10’003 sont tout autres: «A l’époque, on nous avait demandé de dresser les portraits de certains hauts fonctionnaires. Bien que nous ayons refusé, nos supérieurs ont insisté en nous promettant de garder le secret. Mais tout a finalement été révélé et les résultats peu flatteurs auxquels nous étions arrivés n’ont guère plus aux autorités.»
Contraints de faire face à cette nouvelle donne et de s’adapter à la libéralisation économique de la Russie, le général Savin [Savine] et l’agent Sydorova ont fondé leur propre société «pour faire avancer l’humanité et mener à bien leurs quêtes de spiritualité.»
Depuis sept ans, ils organisent quasiment chaque week-end des séminaires d’initiation aux pouvoirs des «supersoldats» pour 12’000 roubles, à peine 160 francs suisses. «Plus de 6’000 volontaires les ont déjà suivis, se félicite Valentina. Je dois quand même préciser que cette méthodologie fonctionne uniquement en langue russe. Les quelques candidats étrangers que nous avons essayé de former n’en ont pas tiré grand-chose. Pourquoi? Peut-être parce que cette technique élaborée en Russie recourt à la métaphore, une figure de style très courante dans la langue russe.»
sept.info
OVNI, télépathie et forces spéciales: la mystérieuse histoire de l’Unité 10’003 de l’armée russe
En 1989, plusieurs dizaines de Russes aux dons exceptionnels sont recrutés par l’armée. Intégrés au sein de l’Unité 10'003, ils apprendront à devenir des «superhumains». De l’utilisation de la télépathie sur les champs de bataille à une rencontre avec des extraterrestres, les souvenirs de ces vétérans jouent avec les limites de l’imagination.
Par Romain Mielcarek - 26.10.2016
Hésitante, l’interprète ouvre de grands yeux incrédules. L’homme à qui elle parle au téléphone est-il complètement fou? Elle peine à traduire ses propos tant ils paraissent incroyables. «Pendant plusieurs mois, nous avons fait des recherches et compris comment instaurer le contact avec les extraterrestres grâce à la télépathie, explique une voix sereine à l’autre bout du fil. Ils ont un code de communication composé de chiffres et de lettres, comme les opérateurs radio.»
Cet étrange récit est celui du général Alexey Y. Savin [sic, lire Alexeï Y. Savine], aujourd’hui à la retraite. Le vieil homme, vêtu simplement, reste en forme du haut de ses soixante-dix ans passés. Il a pris l’habitude de raconter son histoire et continue de le faire patiemment. Dans sa jeunesse, l’officier a suivi un cursus particulièrement prestigieux au sein de l’armée russe. Au début des années 1970, il commence des études au département aéronaval de l’Académie de la marine de Sébastopol, avant de se plonger dans la cybernétique. Pendant les seize premières années de sa carrière d’officier, il sera même à la pointe de la recherche scientifique de la Défense soviétique. Jusqu’à ce qu’en 1989, l’Etat-major des armées lui confie une nouvelle mission: développer une cellule de recherche et d’expérimentation dans le domaine de la parapsychologie. Les Russes veulent vérifier si les compétences extraordinaires de certains esprits peuvent servir au cours d’opérations militaires ou de missions de renseignement.
Exemple d’expérience télépathique.
«Nous avions quarante ans de retard sur les Américains, car ce genre de pratiques n’était pas conforme à l’idéologie communiste, se souvient-il. Nous avons donc décidé de créer l’Unité 10’003.» Télépathie, visionnage de coordonnées géographiques ou de sites militaires par la pensée, détournement de missiles par la force de l’esprit, prédictions de l’avenir et… contacts avec des extraterrestres, les «phénomènes» étudiés par cette brigade très spéciale rappellent de nombreux épisodes de la célèbre série X-Files.
D’ailleurs, sur internet, on ne trouve au sujet de l’Unité 10’003 qu’une poignée d’interviews de son ancien patron. Ainsi que des rumeurs invérifiables évoquant des expériences sur des zombies, des liens obscurs avec les dirigeants soviétiques, des noms d’officiers du KGB… C’est pour rectifier ces affabulations, nourries par le secret militaire et la complexité des sujets abordés, que le général Savin [Savine] et l’une de ses anciennes subalternes ont accepté de nous raconter leur histoire.
Pour développer les capacités extraordinaires nécessaires à la parapsychologie, les militaires ont commencé par s’intéresser au fonctionnement du corps et de l’esprit dans des conditions de concentration extrême. «On travaillait de 9 heures du matin jusqu’à 21 heures», se souvient Valentina Ivanovna Sydorova, l’une des membres de la première heure de l’Unité 10’003, formée au KGB.
Trente ans après, elle garde toujours le même carré réglementaire et affiche fièrement ses médailles, sur l’uniforme qu’elle ne sort plus que pour les grandes occasions. A la création de l’unité, en 1989, elle est âgée de 35 ans. Elle est rapidement soumise à un entraînement intensif dans un austère bâtiment à deux pas de l’Etat-major des armées, en plein cœur de Moscou. «L’Institut de nutrition nous avait prescrit un régime spécial. Il s’agissait d’examiner une nouvelle méthodologie. On testait tout, comme la nourriture végétarienne. Notre état, tant physique que psychique, était régulièrement contrôlé en laboratoire.»
Très tôt, Savin [Savine] est convaincu que les femmes possèdent des capacités accrues et qu’elles sont capables de mieux aiguiser leurs sens, même méconnus. Pour le prouver, il les pousse dans leurs derniers retranchements. Sur des clichés jaunis, il nous montre ces Russes à la coiffure rigide, pas spécialement habituées aux réalités de l’infanterie presque exclusivement masculine en Union soviétique, s’entraîner à tirer à l’arme automatique… ou chercher à deviner l’état civil de fonctionnaires à partir de simples photos. «On nous soumettait une liste de cinquante portraits d’inconnus et nous devions retrouver l’identité de chaque personne, raconte Valentina. Si cela ne correspondait pas à 85% à la réalité, on devait tout reprendre à zéro. On arrivait à de très bons résultats.»
Les membres de l’Unité 10’003, même non militaires, suivaient une formation basique au combat.
L’Unité 10’003 était divisée en deux groupes. Le premier, composé de forces spéciales, est toujours soumis au secret défense. Le haut gradé est, par contre, plus loquace en ce qui concerne la seconde section, exclusivement féminine. Sur les centaines de candidates auditionnées, huit seulement ont été retenues. Lui-même a été sur le terrain, même si les photos de l’époque montrent qu’il n’avait pas le physique d’un guerrier.
Le visage potelé, il ressemble, sur une photo prise dans un hélicoptère, à un chercheur plus habitué aux laboratoires qu’aux champs de bataille. Mais il fallait bien aller suivre sur place les résultats de ses ouailles: «Pendant la guerre en Tchétchénie, elles avaient pour tâche de déterminer les intentions de l’adversaire et de décoder les informations lors des interrogatoires, explique le général. Même chose pour les plans des Américains en ex-Yougoslavie. On leur donnait des cartes topographiques sur lesquelles elles devaient indiquer où se trouvaient les mines et les stocks d’armes dissimulés.»
En plus des conflits en Tchétchénie, en Géorgie, en ex-Yougoslavie et en Abkhazie, les spécialistes de l’Unité 10’003 ont, au fil des années, collaboré à des enquêtes de police dans différentes villes du pays. «Comme j’avais été formée au KGB, se souvient Valentina, j’ai notamment pris part à la lutte contre les trafiquants d’armes et de drogue.»
Ce sont d’ailleurs les seules attestations que les anciens de l’Unité 10’003 sont en mesure de présenter. Tout leur travail au profit de l’armée est confidentiel, et le restera probablement longtemps encore, Moscou n’ayant pas de politique de déclassification des documents militaires comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. Le général Savin [Savine], s’il assure que les résultats de ses «supersoldats» ont épaté les combattants sur le terrain, ne peut nous montrer qu’un document du Ministère de l’Intérieur: une lettre rédigée en 1993 qui remercie son équipe de femmes pour leur participation à de vastes opérations de police, ayant permis l’interpellation de criminels.
Aussi surprenants que puissent paraître ces exploits, Alexey Y. Savin [Alexeï Y. Savine] et Valentina Ivanovna Sydorova en égrainent d’autres, plus abracadabrants encore. Cette dernière raconte par exemple comment elle a communiqué télépathiquement avec des dauphins, dressés par l’armée, dans le port militaire de Sébastopol.
De la projection mentale au profilage d’individus, en passant par le développement d’une supermémoire ou l’étude de la philosophie et de la poésie, le champ des investigations de l’Unité 10’003 était pour le moins diffus. Dans l’esprit du général, ces procédés étaient motivés à la fois par un goût intime pour la spiritualité et par un patriotisme qui le poussait à mieux servir son pays: «J’aimerais que les gens ne nous perçoivent pas comme des agresseurs violents, mais qu’ils comprennent que, parmi les militaires, certains avaient une approche philosophique, croyaient en Dieu et n’avaient pas peur de l’opinion publique, même à l’époque soviétique.»
Que ce soit parce qu’il sent sa fin approcher ou parce qu’il a vraiment envie de partager ce qu’il a observé, le septuagénaire a commencé à coucher sur le papier les mémoires d’une vie pour le moins originale pour un officier de l’armée soviétique. On peut y découvrir les souvenirs du jeune chercheur en cybernétique, marqué par les conflits qui ont saigné son pays et forgé, comme pour toute une génération de Russes, son amour fervent du pays.
Il rend également hommage à ceux qui ont posé les jalons du tournant majeur de son existence. Il insiste notamment sur le rôle joué par Vitaly Shabanov [Vitali Chabanov], l’officier général qui deviendra plus tard vice-ministre de la Défense pour l’armement, l’homme qui a eu l’idée de créer cette cellule paranormale et de la lui confier.
Un projet qui a vu le jour grâce aussi à Valentin Pavlov, ultime Premier ministre de l’Union soviétique. En 1989, en tant que ministre des Finances, c’est lui qui alloue un budget équivalent à 30 millions de dollars à l’Unité 10’003. «On n’avait pas besoin de le convaincre, assure Savin [Savine]. C’était quelqu’un de très éduqué, qui connaissait très bien la philosophie.» Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant du pays avant son effondrement en 1991, a lui aussi assisté à une démonstration de l’unité qui l’aurait convaincu de laisser les travaux se poursuivre.
Natalia Bekhtereva, neuroscientifique et psychologue de renom.
A l’époque, personne ne trouve rien à redire à ces expériences hors normes. Le général et ses troupes ont même le droit de mobiliser d’importants moyens humains: 200 chercheurs de haut niveau, sous la direction notamment de Natalia Bekhtereva, une neuroscientifique particulièrement respectée en Russie.
Les militaires réquisitionneront toutes sortes de spécialistes, des psychiatres, des astrologues, des théologiens. Ils équiperont plusieurs laboratoires à travers le pays, multipliant les visites pour faire la démonstration des talents de leurs soldats d’un nouveau type. Les religieux seront également approchés, car les méthodes de l’Unité 10’003 reposent largement sur un intense travail spirituel. Au cours de leurs explorations, les militaires consulteront des hommes de foi, issus aussi bien de l’Eglise orthodoxe que de l’islam. Les musulmans se seraient même montrés plus ouverts sur le sujet que les chrétiens, du moins au début, à en croire Savin [Savine].
Une bonne partie de ses mémoires s’égare toutefois en poèmes incompréhensibles et en longues digressions sur la nature de l’âme ou encore sur les liens entre religions et nature. «J’avais compris, tente-t-il d’expliquer, que les personnes possédant ces connaissances développaient une certaine force mentale, un pouvoir sur elles-mêmes, mais aussi sur leur entourage. Il était donc important d’accroître leur sens de la responsabilité, afin qu’elles se considèrent comme des citoyens de cette planète.»
En favorisant cette approche spirituelle, les Russes ont renoncé à l’usage de drogues pour stimuler le cerveau, contrairement aux expérimentations du même genre menées au cours de la seconde moitié du XXe siècle par la CIA, comme le relatent de nombreux témoignages incroyables. Parmi les plus connus, celui de Leonard Lyn Buchanan qui explique dans son livre The Seventh Sense comment une équipe de l’US Army dont il faisait partie parvenait à projeter leurs esprits à travers le temps et l’espace afin d’espionner les installations ennemies.
Il affirme aussi que les Russes et les Chinois faisaient de même et, qu’entre «psi-espions», ils parvenaient à se ressentir les uns les autres. A cette époque, les Etats-Unis investissaient beaucoup d’argent dans le domaine de la parapsychologie. Tandis que la CIA se concentrait principalement sur la possibilité de conditionner les esprits grâce notamment à des exercices d’hypnose et de drogues, l’US Air Force étudiait avant tout les phénomènes d’OVNI.
Plusieurs de ces soldats-cobayes ont longuement raconté leurs aventures, à travers des récits tous plus fous les uns que les autres. Autant de travaux et d’expérimentations aux résultats aléatoires et particulièrement controversés, qui ont à priori tous été abandonnés.
En ce qui concerne les travaux de l’Unité 10’003, ils étaient suffisamment importants pour interpeller les militaires américains. On en veut pour preuve une page d’un rapport sur les opérations d’information, coproduit en 2004 par la NSA (l’Agence de la sécurité nationale) et le collège d’Etat-major des armées.
Listée parmi d’autres organismes travaillant sur les engagements cognitifs et informationnels, «l’Unité militaire 10’003, qui étudie l’occulte et le mystique, maîtriserait le recrutement et les techniques de « lavage de cerveau » des individus destinés aux opérations psychologiques». Le document évoque également la présence d’astrologues au ministère de la Défense russe pour prévenir tout piège ou tentative d’infiltration et de spécialistes formés… au détournement de missiles par la pensée. Autant d’activités qui dépendaient directement du commandement du général Savin [Savine].
Lorsque l’Unité 10’003 ferme ses portes, en 2004, un plus petit laboratoire de l’Académie de l’air prend le relais. Mais en 2012, cette institution cesse ses activités à la suite d’une immense affaire de corruption.
Les élèves officiers aviateurs sont déplacés à Voronej, à 500 kilomètres de la capitale. Trop loin de Moscou pour que les chercheurs impliqués dans la recherche parapsychique fassent le déplacement. «Nous continuions cependant à travailler avec certains groupes, notamment dans le renseignement, car les autorités et quelques ministres avaient saisi l’importance de nos travaux», affirme, comme pour se rassurer, le général Savin [Savine].
L’unité 10’003 réunie en 1995.
Plus personne n’accorde beaucoup de crédit aux recherches sur le paranormal en Russie, comme ailleurs. Un officier russe, actuellement en poste à l’ambassade de Paris, nous confirme son scepticisme sur le sujet: «Lorsque j’étais à l’académie militaire, il y avait plein de livres sur le sujet. En Tchétchénie, ils auraient proposé une solution de ce type… Mais le ministère a préféré les bombes. Je pense aussi qu’un missile est plus efficace.»
Pour Valentina Sydorova, qui a entre-temps travaillé au service des ressources humaines d’une banque, où elle assure que ses dons lui ont permis d’évaluer très rapidement le potentiel des candidats, les raisons de l’abandon de l’Unité 10’003 sont tout autres: «A l’époque, on nous avait demandé de dresser les portraits de certains hauts fonctionnaires. Bien que nous ayons refusé, nos supérieurs ont insisté en nous promettant de garder le secret. Mais tout a finalement été révélé et les résultats peu flatteurs auxquels nous étions arrivés n’ont guère plus aux autorités.»
Contraints de faire face à cette nouvelle donne et de s’adapter à la libéralisation économique de la Russie, le général Savin [Savine] et l’agent Sydorova ont fondé leur propre société «pour faire avancer l’humanité et mener à bien leurs quêtes de spiritualité.»
Depuis sept ans, ils organisent quasiment chaque week-end des séminaires d’initiation aux pouvoirs des «supersoldats» pour 12’000 roubles, à peine 160 francs suisses. «Plus de 6’000 volontaires les ont déjà suivis, se félicite Valentina. Je dois quand même préciser que cette méthodologie fonctionne uniquement en langue russe. Les quelques candidats étrangers que nous avons essayé de former n’en ont pas tiré grand-chose. Pourquoi? Peut-être parce que cette technique élaborée en Russie recourt à la métaphore, une figure de style très courante dans la langue russe.»
sept.info
mardi 27 décembre 2016
dimanche 25 décembre 2016
JACK LONDON A LA PLEIADE... ET A L'ODS/EDITE
Jack London : Vagabondages entre Terre et...
Auteur : Richard Khaitzine Jack London, 1876-1916, a publié une
quarantaine de romans et d'essais sur une période de seize ans,
traversant le ciel et des lettres à la vitesse d'un météore.Écrivain
lucide, matérialiste, humaniste, il prophétise l'avènement de la société
ultralibérale, dès 1908, dans son roman pessimiste, le Talon de fer.
16,00 €
mardi 20 décembre 2016
jeudi 1 décembre 2016
mercredi 30 novembre 2016
ECRIRE AVEC LOVECRAFT
Notes sur l’écriture de la fiction surnaturelle
(1932, Some Backgrounds on the Fairy Tale in Amateur Correspondent, 1937). Il ne s’agit pas ici de revenir sur
les Admirations de Lovecraft dont il
a déjà largement traité dans Épouvante et
Surnaturel en Littérature (cf 1927), mais de s’interroger sur sa technique
d’écriture. Un petit texte intéressant dans lequel il explique que pour lui le
surnaturel est le meilleur moyen de pénétrer l’indicible et que la peur est le
plus vieux sentiment de l’humanité auquel le lecteur sera toujours sensible. De
façon concrète, il faut toujours commencer par dresser un synopsis
chronologique (dans l’ordre où les choses se produisent) avant de le bouleverser
pour créer la trame du récit. Il ne faut pas hésiter à modifier au fur et à
mesure que le travail prend corps, tout en éliminant le superflu. Il faut
encore rester toujours réaliste car l’extraordinaire
n’est jamais un fait acquis. Enfin, et c’est la clef suprême, il convient
de particulièrement soigner l’atmosphère.
samedi 26 novembre 2016
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : H.P. LOVECRAFT'S COMMONPLACE BOOK
Les lovecraftiens apprécient à sa juste mesure le
travail effectué par François Bon en matière de traductions. Il nous fait de
surcroît un joli cadeau en nous proposant une version bilingue du H.P. Lovecraft Common Place Book (Tiers
Livre Editeur), document resté inédit à de jour. Il s’agit d’un recueil de
courtes notes de l’écrivain, sur les sujets les plus divers, destinées à
alimenter des fictions ultérieures. Il en avait fait cadeau à R.H. Barlow en
1934, en contrepartie de quoi son ami lui avait remis une version dactylographiée.
Barlow en fera une micro-édition en 1938 sous le timbre de « Futile Press »,
maison d’édition créée pour les besoins de la cause.
Il est assez fascinant de se promener dans « une
littérature à inventer », lecture d’autant plus agréable qu’elle est
accompagnée des commentaires du traducteur.
A consommer par petites gorgées, sans modération !
mercredi 23 novembre 2016
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : KADATH, LE GUIDE DE LA CITÉ INCONNUE
J’ai
ouvert Kadath, le Guide de la Cité
Inconnue (David Camus, Mélanie Fazi, Laurent Poujois, Raphaël Granier de
Cassagnac, illustrations de Nicolas Fructus, Mnémos 2010) avec gourmandise, car
l’objet est superbement illustré. Mais j’ai vite déchanté, pour deux raisons
principales :
°
la typographie est catastrophique, et utiliser des polices de caractère gris
foncé sur un fond gris clair rend la lecture à la limite du possible et à tout
le moins s’apparente à de la torture !
°
il n’est pas indiqué que c’est un « supplément jeu de rôle », mais
tout est fait pour entretenir la confusion. Nombreux sont les
« encarts » explicatifs en marge sur les lieux, les temples, les
coutumes et même les moyens de transport à Kadath ! De surcroît, un barème
en forme d’icônes vous précisera l’importance des Mythes que vous allez
rencontrer ainsi que le plus ou moins grand risque de folie dans laquelle vous
êtes susceptible de sombrer. Cela rappelle évidemment le système de
« points de santé mentale » du jeu L’Appel de Cthulhu.
Cela
dit, et armé d’une puissante lampe de bureau à halogène, j’ai essayé de
pénétrer dans le texte. Dans les textes, devrais-je dire, car le récit est
formé de plusieurs contributions qui s’intercalent défiant souvent la logique
la plus élémentaire. Il faut donc, pour se faire une idée, extraire en premier
le morceau de « choix » qui n’est autre qu’un inédit de Randolph Carter, Ce que les Dieux doivent aux hommes.
Manifestement un hoax créé pour les besoins de la cause et qui, par rapport à
l’œuvre originale du Maître de Providence, inverse les rôles. Randolph met en
scène en effet Lovecraft himself qui, une fois de plus, va reprendre sa quête.
Un récit sans grande surprise dans lequel « le héros » va encore
chercher à gravir la montagne pour atteindre le château des Dieux. Il sera
distrait de son objectif par la fille de la sorcière Goody Fowler, institutrice
pour petites filles décédées. Mais elle trouvera les potions nécessaires pour
soigner Lovecraft, fort mal en point. Cela ne l’empêchera pourtant pas de
décéder, car nous allons arriver au 15 mars 1937 ! Lovecraft se retrouvera
dans un jardin, avec son grand père et ses tantes, prêt à reprendre ses
pérégrinations à la recherche des Dieux. Ah, j’oublie de signaler que lors de
son périple, Lovecraft avait un appareil photo et le livre reproduit, entre
autres, celle de la maison de la sorcière !
Après
une petite pause, nouvelle extraction. Il s’agit cette fois du Kitab du Saigneur (pourquoi saigneur
avec un A ?) qui n’est rien d’autre que le récit de la seconde vie d’Abdul
Alhazred (ici Abd al-Azrad)). Sa fuite en 738 était devenue nécessaire, en
raison du développement de l’Islam et de la croyance en un Dieu unique,
doctrine incompatible avec sa théologie des Grands Anciens. Il se réfugie dans
la Cité Murmurante (Irem ?) avec son Necronomicon (ici le Kitab Al Azif)
et part à la recherche de sa défunte bien aimée Aicha. Mais, malgré une
tentative de suicide, il revient à la vie et se retrouve en compagnie d’un
hyperboréen (le Chuchoteur) sur la peau duquel il va continuer à écrire son
manuscrit maudit. Suit alors toute une quête visant à pénétrer dans le Château
d’Onyx des Dieux de Kadath afin de chasser les anciennes divinités et
d’instaurer le culte des Grands Anciens qui ne sont guère en odeur de sainteté
dans les Contrées du Rêve ! Il devient même « Le Seigneur du
Lazaret » pour son aide à tous les « éclopés » de Kadath qu’il
appelle à la révolte. Au détour d’une boucle temporelle, l’Arabe Dément
rencontrera en 1896, un autre rêveur, le petit Lovecraft qui, passionné par Les
contes de Mille et une Nuits, lui demande de lui raconter de belles
histoires orientales…
Encore
un découpage et nous arrivons au Témoignage
de l’Innomé. Un récit curieux qui est en quelque sorte celui du « chef
de projet » de l’ouvrage. Il rencontre dans les Contrées du Rêve Auguste
Philistin, un dessinateur de grand talent qui dans le monde réel n’est autre
que Nicolas Fructus. Il visite le bureau d’Abdul Alhazed et une petite église
où il croise un jeune homme ensanglanté et en pleurs, certainement le Christ.
Il se met également en quête du roi Kuranès, un rêveur établi dans les Contrées
dans un sympathique cottage anglais, dont on nous laisse entendre qu’il
pourrait s’agir de Lord Dunsany. Mais le plus drôle est la visite de l’éminence
(comprendre le quartier) où Lovecraft s’est établi. Il y a une voiture (une
Studbaker), une gare avec un train qui ne mène nulle part, une imprimerie, The
Conservative, qui tire le journal local dont les pages sont blanches. Quant
au cimetière, il abrite les tombes de toute la famille Carter, y compris un
certain Pickman Carter né en 2118. Lovecraft, pour sa part, observe les étoiles
en haut d’une tour….
Après
avoir changé l’ampoule de ma lampe, j’attaque le dernier morceau, L’Évangile selon Aliènor qui est pour
moi la bonne surprise du recueil. Mélanie Fazi apporte une petite touche de
féminité dans cet univers où les femmes brillent par leur absence et nous
conte, sous une plume élégante, l’histoire d’Aliénor de Villebon (1124-1145),
religieuse qui sera retrouvée morte un matin, le visage extatique et le corps
vidé de ses fluides. Serait-elle morte d’avoir contemplé le Visage de
Dieu ? Aliénor est en fait partie pour les Contées de Rêve où elle va
aimer un bel et mystérieux personnage dont elle se retrouvera enceinte. Une
grossesse qui lui vaudra le respect de tous les prêtres de Kadath qui semblent
attendre…. En effet, les Dieux disparaissent et on visitera en sa compagnie
l’étonnant cimetière des Dieux Morts. Elle ira se recueillir devant la tête sculptée
du mont Ngranek puis, comme tous ceux qui viennent du monde de l’éveil, fera
édifier sa propre éminence, avec un temple magnifique et gigantesque pour
accueillir Celui qui Doit Venir. Elle reconnaîtra sur le visage de son fils,
après son accouchement, les traits de son amant divin.
Soulignons
pour terminer un encart intéressant, certainement dû à David Camus, nous
explicitant la théologie de
Lovecraft :
°
Les Très Hauts sont les Dieux de la Terre. Ils ont oublié leurs noms et ne
comptent pratiquement plus d’adeptes. On rencontre même un Dieu clochard qui
pleure parce que ses disciples l’ont abandonné.
°
Ils sont protégés des humains par les Autres Dieux. Nyarlathotep est leur
messager et leur gardien dans le château d’onyx. On les appelle encore les
Dieux de l’Extérieur ou les Dieux Ultimes.
Azathoth est au sommet de leur Panthéon.
°
Les Grands Anciens sont plutôt des extraterrestres que de Dieux. Avec Cthulhu,
ils cherchent à s’implanter dans les Contrées du Rêve. On y croise aussi
Tsathogga, Shub-Niggurath et Hastur.
°
Les Très Anciens, ou « Elder Ones », qui sont les plus puissants. On
y trouve Nodens et Urm at-Tawil.
Je
ne sais pas très bien, dans ce panthéon, où caser le fils d’Aliènor !
jeudi 17 novembre 2016
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : A TRAVERS LES PORTES DE LA CLEF D'ARGENT, Lovecraft & Price
A travers les
Portes de la Clef d’Argent (1932-1933, une collaboration avec Edgar Hoffmann
Price, Through the Gates of the Siver Key
in Weird Tales, 1934). E.H. Price avait adoré La Clef d’Argent et proposa à Lovecraft, lors de leur rencontre
l’été 32 à la Nouvelle Orléans, de lui donner une suite. Cela se traduira par Le Seigneur de l’Illusion (1932, The Lord of Illusion, texte publié en
France par « Le Cri Mécanique »,1988), un texte que Lovecraft
révisera en profondeur tout en en gardant la trame.
Nous sommes dans la
demeure de Etienne-Laurent de Marigny, à la Nouvelle-Orléans. Amateur éclairé
de mystères, il est devenu l’ami de Randolph Carter qu’il a rencontré dans la
Légion Étrangère, en France. Exécuteur testamentaire du disparu, il a réuni
Ward Phillips, un vieil occultiste érudit, ami et correspondant de Carter,
Ernest B. Aspinwall, cousin de l’intéressé et un mystérieux pandit
Chandraputra, venu spécialement de Bénarès pour faire d’importantes révélations.
La réunion se déroule dans le salon de l’hôte, sous des volutes de fumée
d’herbes odorantes et au son du tic tac d’une horloge aux cadrans déroutants.
Très vite, l’assemblée se divise quant à la pertinence du règlement de la
succession, car à l’exception du cousin, tous les participants sont persuadés que
Randolph Carter vit toujours, prisonnier de quelque méandre du temps.
Le pandit prend la
parole, abondant dans ce sens, expliquant qu’il a gardé le contact avec le
disparu. Et de retracer l’aventure de ce dernier, franchissant une porte sacrée
où il est attendu par le Grand Ancien Urm At-Tawil, littéralement le plus
Ancien de tous dont il est fait état dans le Necronomicon (cf citation en infra) et Le Livre de Thot. Face à la détermination de Carter, il acceptera
d’ouvrir à son visiteur la porte ultime et de lui révéler le secret de toutes
choses. Carter est alors terrassé par une panique sans nom, perdant son
identité pour devenir tous les Carter passés et futurs. Il lui est expliqué que
le temps n’existe pas, et que toute chose est l’apparence d’une chose plus
importante. Considérez la forme que vous
appelez un cône. Vos géomètres la coupent à l’aide d’un plan et ils obtiennent
un cercle. S’ils changent l’angle de la coupe, ils obtiennent une ellipse.
S’ils changent à nouveau d’angle, c’est une parabole qu’ils obtiennent. Une
parabole dont les extrémités vont se confondre avec les plus extrêmes limites
de votre espace. Et pourtant, il s’agit du même cône, rien n’a changé, vous
l’avez simplement coupé selon des angles différents…. Les ellipses, les paraboles,
les hyperboles sont par conséquent des illusions dont vous dites qu’elles
changent, car vous oubliez qu’elles ont toutes pour origine une figure spatiale
inaltérable… A cette explication qui est de Price, Lovecraft va ajouter une
véritable dimension métaphysique.
A l’origine de tout,
il y a l’Être ou encore l’Archétype Universel. Et chaque chose, chaque
individu, n’est qu’une des phases de l’infinité de phases comportant
l’Archétype Suprême. Et il suffit de changer l’angle de son observation pour se
retrouver ailleurs. Il s’agit d’un texte important qui résonne étrangement, à
la lumière de la physique quantique et des mathématiques de l’impossible. On
sent poindre la thématique de « on a retrouvé Dieu » au travers des
équations, un Dieu qui n’est pas celui de la Bible, mais une Intelligence
Cosmique que d’autres appelleraient le Grand Architecte de l’Univers. Et Carter,
qui est devenu Zbauka, le magicien de Yaddith, demande à L’Être, de l’aider à
changer son angle d’observation pour revenir à Boston. Mais pour retrouver son
apparence humaine, il lui faudra récupérer le parchemin qui était dans le
coffret avec la clef d’argent, document qu’il a laissé dans sa voiture.
Le cousin crie à
l’imposture et condamne les élucubrations du pandit. Celui-ci exhibe alors la
clef d’argent et avoue qu’il est Randolph Carter. Aspinwall fait tomber sa
tenue et découvre le corps d’un monstre qui part se réfugier dans l’horloge
dont il referme la porte. Lorsqu’on la réouvrira, il aura disparu !
Une
chute qu n’en est pas une et qui aurait permis une suite (cf 2010)…
°
Citation du Necronomicon
Et bien qu'il existe des
gens ayant osé jeter un regard par-delà le Voile et accepter l'Entité comme
guide, ils eussent été plus prudents en évitant tout commerce avec elle. Il est
écrit dans le Livre de Thoth de quel terrible prix se paie le moindre regard.
Ceux qui vont de l'autre côté du Voile ne peuvent jamais revenir car, dans ces
espaces infinis qui dépassent notre monde, il y a des ténèbres qui saisissent
et qui lient. L'être qui, pas à pas, avance au hasard dans la nuit, le Mal qui
défie les Anciens Signes, le Troupeau qui monte la garde dont on connaît
l'existence dans chaque tombeau et vit de ce qui pousse des morts - tous ces
êtres du monde des ténèbres sont de loin inférieurs de Celui qui garde la porte
; de Celui qui guidera l'imprudent par-delà l'univers dans l'abîme où gîtent
des formes innomables toujours prêtes à dévorer. Celui-là, le très ancien,
c'est UMR-AT-TAWILL, nom que le scribe a traduit par "Celui dont la vie a
été prolongée".
mercredi 16 novembre 2016
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA CLEF D'ARGENT, Lovecraft
La clé d’Argent (The Silver
Key 1926, Weird Tales, 1929). Randolph Carter, âgé de 30 ans, a perdu
la clef
qui lui permet d’accéder au Monde des Rêves. Il essaie de se raccrocher à
la
vie par la philosophie, la religion puis l’épicurisme, mais tout lui
semble
creux. Même son engagement dans la Légion Étrangère Française, durant la
Grande
Guerre, ne parvient pas à lui redonner du sens. Alors, il reprend
l’écriture,
et même si ses livres ont beaucoup de succès, ses créations l’ennuient
profondément. Il se tournera encore sur l’occultisme et rencontrera un
inquiétant spécialiste avec lequel il partagera quelque temps. Une
relation qui
se soldera par la disparition de son nouvel ami lors de l’exploration
d’une
tombe dans un vieux cimetière (cf L’Innomable,
1923). De retour à Arkham, il s’adonnera à la drogue et rencontrera
en rêve
son grand père qui lui signalera l’existence d’un vieux coffret,
transmis par
ses ancêtres, et contenant une clef d’argent. Il retrouvera dans le
grenier le
coffret, la clef et un parchemin incompréhensible. Muni de ce matériel,
il
retournera dans la vieille demeure abandonnée de ses ancêtres, et par
une
« boucle du temps », retrouvera ses années d’enfance avec son oncle
Christopher, sa tante Marthy et le vieux majordome Benijah Corey. Il
reprend
ses expéditions dans la campagne et notamment son exploration de « la
tanière du serpent ». Ses proches seront surpris par ses « intuitions
prophétiques » se manifestant par une étonnante prescience de l’avenir.
Randoph
Carter disparaîtra et on retrouvera sa voiture à mi-pente d’Elm Mountain, à
proximité du vieux manoir familial.
YANN MINH A LA SORBONNE
Bonjour,
Pour info, jeudi prochain, je présente le noomuseum à la Sorbonne à 14h dans le cadre d'une série de conférences qui s'annoncent passionnante aux Journées du Numérique.
http://jnum.parisdescartes.fr/yann-minh/
http://jnum.parisdescartes.fr/
"Sa conférence, intitulée Préhistoire des créatures artificielles : de l’Iliade à la singularité est donnée en temps réel au sein même d’un jeu vidéo où les auditeurs peuvent évoluer et jouer durant l’intervention.
Celle-ci aborde toute l’histoire de la cybernétique à travers les mythes fondateurs, de l’aube de l’humanité aux rêves de demain. L’évolution des robots, de la sexualité numérique, des avatars, attendez-vous à une conférence interactive décapante!"
à bientôt j'espère dans le monde matériel ou dans les immatérialités du cyberespace
yann
Pour info, jeudi prochain, je présente le noomuseum à la Sorbonne à 14h dans le cadre d'une série de conférences qui s'annoncent passionnante aux Journées du Numérique.
http://jnum.parisdescartes.fr/yann-minh/
http://jnum.parisdescartes.fr/
"Sa conférence, intitulée Préhistoire des créatures artificielles : de l’Iliade à la singularité est donnée en temps réel au sein même d’un jeu vidéo où les auditeurs peuvent évoluer et jouer durant l’intervention.
Celle-ci aborde toute l’histoire de la cybernétique à travers les mythes fondateurs, de l’aube de l’humanité aux rêves de demain. L’évolution des robots, de la sexualité numérique, des avatars, attendez-vous à une conférence interactive décapante!"
à bientôt j'espère dans le monde matériel ou dans les immatérialités du cyberespace
yann
mardi 15 novembre 2016
ANDRE RUELLAN (1922-2016), RIP
(Photo ActuSF)
Né en 1922, après avoir été
instituteur puis médecin, André Ruellan se met à écrire pour la
collection Fleuve noir sous de multiples pseudonymes, dont le plus connu
est Kurt Steiner.
Il publie en 1963 Le Manuel du
savoir-mourir, illustré par Topor, puis il signe ensuite des œuvres de
science-fiction ambitieuses comme Tunnel ou Mémo. Il a aussi été
scénariste pour L’Ibis rouge de Jean-Pierre Mocky, ainsi que pour Le
Distrait avec Pierre Richard. (Actu SF)
André était un grand Monsieur, digne et affable, qui savait nous recevoir dans son appartement-musée autour d'une bouteille de whisky de belle facture. Puis nous poursuivions la discussion sur les mondes de l'Ailleurs dans un petit restaurant libanais, près de chez lui, où il avait "son rond de serviette". Fidèle parmi les fidèles des "déjeuners du lundi", il laissera un grand vide dans les littératures de l'Imaginaire et le cœur de ses amis.
Saluons à cette occasion l'initiative des éditions Mnémos de rééditer son œuvre, dont le premier tome sort le mois de son départ :
Ortog, Intégrale de andré Ruellan
La Guerre Bleue a provoqué trente
milliards de morts. La Terre survit mais un mal inconnu ronge les
hommes : ils meurent de plus en plus jeunes – une maladie acceptée comme
une fatalité.
Ce destin, Dâl Ortog le jeune berger,
le rejette. Quand son père meurt à son tour, il se rebelle. Il veut
sauver l’espèce humaine à tout prix, trouver le remède, dût-il pour cela
explorer tout l’univers et voyager au-delà de la mort…
Ortog est un joyau unique de
l’imaginaire francophone. Palpitant, initiatique et métaphysique, il
nous emporte au croisement de la science-fiction humaniste et de
l’épopée mythique.
Voici un récit atypique et poignant qui fait de ce roman un incontournable du genre en France.
A LA MEMOIRE DE RENAUD VINCENT
Renaud Vincent vient de s'éteindre, au terme d'une longue et douloureuse maladie. Il était l'époux de notre amie, l'anthropologue Véronique Campion-Vincent. Il fut, pendant près de 30 ans, chroniqueur à France-Soir. Sa dernière mission est ici :
Le dernier procès de Renaud Vincent
Toutes nos condoléances à Véronique et à sa famille.
LES OVNIS ET LE RAPPORT COMETA, conférence le 30/11/2016
Prochaine conférence, le mercredi 30 novembre 2016
"Les OVNI et le rapport COMETA par l'un de ses rédacteurs" avec Christian Marchal
Cher(e)s ami(e)s,
Tous les amateurs d’ufologie et d’OVNI se réfèrent au rapport COMETA. Ce rapport, présidé par un Général de l’Armée de l’Air, visait à informer le Président de la République Française et le grand public de la réalité du phénomène OVNI.
Le rapport recense plusieurs dizaines de cas et en détaille certains : ceux qui ont fait l’objet d’enquêtes approfondies et qui peuvent être corroborées par plusieurs témoins crédibles et par des moyens radars.
Publié en 1999 le rapport COMETA a été repris largement par la presse internationale y compris aux Etats Unis. Mais, s’il a été commenté, interprété et parfois dénoncé, il n’a semble-t-il été suivi d’aucun effet, au moins d’aucun effet connus du grand public.
Pour la première fois l’un de ses rédacteurs, Christian Marchal, s’exprimera sur ce rapport, son contenu, les moyens de l’enquête, l’équipe qui l’a mené, son accueil en France et à l’étranger.
Si Christian Marchal semble convaincu du phénomène OVNI, il nous donnera aussi son avis sur les visiteurs extraterrestres que le rapport considère encore comme étant une hypothèse, alors que plusieurs témoignages sérieux sont relatés dans le rapport.
Enfin, il nous donnera son avis sur les agro glyphes ou "crop circle", ces figures géométriques qui apparaissent dans les champs de céréales.
A l’issue de sa présentation d’une heure, une large plage horaire sera consacrée aux questions du public.
Bien cordialement
Rémy Pécot
Directeur de l'Observatoire du Réel
A venir prochainement
Projection du documentaire La fièvre des particules
Documentaire "La fièvre des particules"
Je commande mes places dès maintenant
Informations pratiques
Horaires
Retrait des places à 19h15
Début de la conférence à 19h45
Lieu
35 bis, rue Paul Valéry, 75016 Paris
Participation aux frais
pour les réservations faites
- jusqu'au 21 novembre 2016 inclus : 15€
- à partir du 22 novembre 2016 : 20€
Billetterie
- Commande des places en ligne
- Commande des places par chèque*
- Paiement le jour même, 20 € sur place, dans la limite des places disponibles
*Les chèques sont à envoyer au plus tard une semaine avant la conférence, à l'ordre de Observatoire du Réel et à adresser à l'Observatoire du Réel, 111, avenue Victor Hugo, 75116 Paris. Précisez impérativement les noms et mails des personnes concernées.
Revivez nos conférences en VOD ou DVD
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visualiser en ligne la totalité
d'une conférence passée (P.A.F. 4,5 €),
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A LA MEMOIRE DE JEAN-DOMINIQUE DEVAUD (1944-2016)
Jean-Dominique Devaud (1944-2016)
vient de s’éteindre. Un collaborateur fidèle de nos maisons d’édition, qui œuvrait
discrètement dans l’ombre, mettant à notre service son immense érudition pour
promouvoir des textes oubliés. On retiendra de lui sa collaboration avec Jean- Pierre
Deloux (1944-2009) pour « ressusciter » l’œuvre de Grasset d’Orcet, historien,
cryptographe et ésotériste. Il venait de terminer la révision de La Tunisie de ce dernier que nous aurons
prochainement le plaisir de publier. Proche de Pierre Plantard, on lui doit
également, toujours avec Deloux, Les
Archives Secrètes du Prieuré de Sion (Edite/ODS), recueil d’articles
inédits du Grand Nautonier. Il nous a laissé beaucoup de documents sur ce
personnage contesté, mais sans lequel l’affaire de Rennes-le-Château ne serait
pas ce qu’elle est devenue.
RIP
LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L'INCONNUE, Lovecraft
Attention,
chef d’œuvre ! Avec La quête
onirique de Kadath l’Inconnue (1926/1927, The Dream-Quest of Unknown Kadath, in Beyond the Wall of Sleep, 1948), Lovecraft ouvre toutes grandes les
portes de la fantasy et rentre par avec maestria dans le panthéon de créateurs
d’univers. La saga de Randolph Carter, que nous avions déjà rencontré avec Le Testament de Randoph Carter (1919) et
dans L’Innomable (1923), est
foisonnante, et il faudrait pratiquement lire ce petit roman avec un carnet à
la main pour noter lieux et créatures que nous rencontrons au fil de
l’aventure. Carter est un rêveur de Boston qui va partir à la recherche de Kadath
l’inconnue et le château d’Onyx des Très Hauts. On notera ici que cette
aventure « s’emboite » parfaitement avec les écrits précèdents de
Lovecraft traitant des Contrées du Rêve, que ce soit Le Bateau Blanc (1919), Celephais
(1920), Les Chats d’Ulthar (1920)
ou encore Les Autres Dieux (1921). La
« théologie lovecraftienne » développée dans ces textes forme en
effet l’ossature de la nouvelle aventure. Les Dieux des Hommes ont été évacués
par les Anciens Dieux, et la queste de Carter est de retrouver la trace des
Très Hauts et de la fabuleuse cité d’onyx de ses rêves.
La
démarche est très « initiatique ». Il convient d’abord de descendre
les 70 marches, menant à la caverne de la flamme, puis les 700 marches, menant
à la Porte du Sommeil Profond qui s’ouvre sur le Bois Enchanté. Je ne
retracerai pas tout le périple, alternance de décors merveilleux et d’endroits
épouvantables peuplé de monstres redoutables, au service de Nyarlathotep chargé
de préserver la tranquilité des Divinités en exil. Mais notre aventurier pourra
compter sur l’aide des Chats d’Ulthar et des goules, ces dernières flirtant en
permanence entre le monde des rêves let les vieux cimetières de notre réalité.
Il est vrai que les goules sont dirigées par un vieil ami (!), Pickman, qui a
rejoint son monde de prédilection après ses aventures picturales hors-normes (Le modèle de Pickman, 1926). Même les
fameuses « maigres bêtes de la nuit » viendront à la rescousse du
voyageur qui aura droit du reste à un petit voyage en navire su la face cachée
de la lune !
Après
moultes péripéties, il finira par pénétrer dans le château recherché, niché sur
le redoutable plateau de Leng et sera reçu par Nyarlathotep. Les Très Hauts ont
quitté le château et ripaillent dans la cité merveilleuse, qui n’est rien d’autre
que le produit des souvenirs d’enfance de Carter et des années heureuses qu’il
a vécu en Nouvelle-Angleterre. Après maintes péripéties, il se retrouvera à …
Boston.
Je l’ai déjà signalé au sujet d’autres
textes sur « les Contrées », mais ce roman s’inscrit parfaitement
dans les intuitions du philosophe Jean-Charles Pichon, avec sa forme vide et ses marchines littéraires. La cosmogonie lovecraftienne n’est-elle pas en
effet une « Machine », à savoir un ensemble auto-explicatif en
perpétuel mouvement du fait de ses adjonctions permanentes et avec une
curieuse tendance à boucler sur elle-même en revenant au point de départ ? Et
cette attente du retour des Grands Anciens ne revoie-t-elle pas à cette
inquiétante phase de l’histoire, celle de « la Forme Vide », où les
Anciens dieux ont disparu faute de disciples, alors que les nouveaux ne sont
pas encore apparus (où n’ont pas encore été reconnus). A l’instar des divinités
païennes, les Grands Anciens subsistent à l’état d’une mince égrégore qui ne
demande qu’à…..
°
Géographie
Wiki : Les contrées du Rêve sont divisées en
quatre régions principales indiquées par les points cardinaux.
·
L'Ouest est le
territoire le plus connu des contrées du Rêve, comprenant de nombreuses villes
splendides.
·
Le Sud est connu
uniquement par sa région côtière et son ile d'Oriab sur laquelle se trouve le
Mont Ngranek.
·
L'Est est un
continent largement inhabité l'exception de l'Ooth-Nargai. La cité de Celephaïs
qui est la capitale de l'Ooth-Nargai a été créée de toutes pièces par son monarque
le roi Kuranes, le plus grand de tous les rêveurs. Au-delà s'étendent les
Contrées Interdites, de dangereux royaumes au sein duquel le voyage est
interdit.
·
Le Nord est un
continent montagneux effroyable célèbre pour son plateau de Leng, une région que
se partagent des araignées géantes et des êtres semblables à des satyres,
connus sous le nom d'hommes de Leng. Le nord contient aussi d'autres
endroits plus agréables telle la ville d'Inquanok, célèbre pour ses carrières
d'onyx. Les contrées plus reculées du Nord sont connues pour
abriter Kadath
l'inconnue, la demeure des dieux.
En plus de ces différentes régions, les contrées du
Rêve se composent de deux autres territoires.
·
Le monde
souterrain qui court sous l'ensemble des contrées du Rêve. Ses principaux
habitants sont les goules, qui peuvent physiquement entrer dans le monde de
l'éveil à travers les cryptes et les cimetières. Le monde souterrain est aussi
la demeure des Gugs, des géants monstrueux bannis de la surface pour leurs
blasphèmes indicibles. La zone la plus profonde du monde souterrain est la
vallée de Pnath, une dangereuse et obscure crevasse habitée par d'énormes bêtes
appelées Bholes. Les Bholes sont les ancêtres des Dholes de Yaddith.
·
La Lune a son
pendant dans les contrées du Rêve : elle est habitée par les monstrueuses
bêtes lunaires, des créatures amorphes ressemblant à des crapauds et alliées à
Nyarlathotep. De façon intéressante, il est possible pour un navire de faire
voile depuis l'extrémité des contrées du Rêve afin de rejoindre la Lune à
travers l'espace.
°
JDR, cf 1987
ES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE TEMOIGNAGE DE RANDOLPH CARTER, Lovecraft
1919 (11/12) : dans une lettre à Alfred
Galpin et Maurice Moe, Lovecraft décrit un rêve effrayant. Il était avec Loveman
dans un très vieux cimetière perdu quelque part en Nouvelle-Angleterre. Loveman
soulevera la dalle d’une tombe et mettra à jour un puits. Il descendra, tout en
s’équipant d’un téléphone de campagne laissant le récepteur à Lovecraft. Après
l’échange de quelques banalités, Loveman demande à son ami de s’enfuir au plus
vite. Ce que ce dernier refuse de faire. Puis il entend une voix gélatineuse
presque surnaturelle lui dire : « Pauvre imbécile, Loveman est
mort ». Un texte qui inspirera la nouvelle Le Témoignage de Randolph Carter.
Le témoignage de Randolph
Carter (1919, The Statement of Randolph Carter in
The Vagrant, 1920 & Weird Tales, 1925 et 1937). Lovecraft ne
perdra pas de temps à « novelliser » son rêve, reprenant parfois mot
pour mot la lettre précèdente. Ici, Lovecraft devient Randolph Carter (qui fait
ici sa première apparition) et Loveman Harley Warren. Il donne ici à ce dernier
personnage une image de féru d’occultisme toujours fourré des des manuscrits
maudits (non cités).