mercredi 31 octobre 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : J'IRAI TUER POUR VOUS, Henri Loevenbruck






Avec J’irai tuer pour vous, Henri Loevenbruck (Flammarion, 2018) abandonne (provisoirement ?) le thriller éso/rationnel pour nous plonger dans l’univers de l’espionnage. Un pavé de plus de 600 pages qui se déroule dans les années 85/87, marquées par une vague d’attentats à Paris et par une tension sanglante entre la France et l'Iran, sur fond de prises d’otages de journalistes. Une ambiance qui du reste, vue d’aujourd’hui, nous montre que les choses n’ont guère changé et que le terrorisme islamique défrayait déjà la chronique. La force de ce récit est de s’articuler autour de Marc Masson, un baroudeur attachant, recruté comme clandé de la DGSE. Un de ces personnages de l’ombre que personne évidemment ne reconnaîtra en cas de bavure. L’auteur nous dit s’être inspiré d’un personnage réel et lui donne une « chair » consistante : enfance médiocre à Lorient, un grand père sud-américain qu’il visite chaque année lors des vacances et qui lui apprendra à devenir un homme, un passage dans l’armée qui se soldera par une désertion, car « il s’ennuyait ». Mais surtout un grand amour de la vie, un attachement viscéral à l’honneur de la France, et pour ne rien gâcher, une passion immodérée pour les livres. Son agent traitant, Olivier Dartan, lui fera subir une formation musclée avant de le lâcher sur plusieurs missions périlleuses, dont certaines qualifiées pudiquement « d’homo » lorsqu’il s’agit d’éliminer physiquement une cible. Cela ne dispense pas de la réflexion morale classique : peut-on qualifier d’assassins ces agents très spéciaux chargés d’abattre des terroristes aux mains pleine de sang ? La sainteté passe parfois par d’étranges chemins !
L’art de Loevenbruck est aussi de restituer de façon particulièrement vivante le contexte politique de l’époque, celle de la cohabitation Mitterrand-Chirac avec un premier ministre prêt à tout, avec son âme damnée de Pasqua, pour remporter les toutes proches présidentielles. Et ce sera raté, car le vieux Tonton a plus d’un tour dans son sac !
Un livre qui se dévore et que je vous conseille de consommer sans modération entre deux épisodes du Bureau des Légendes ».
Bravo l’artiste !
-->

L'ODS SUR LES TRACES DU GRAAL





Magnifique week-end odésien pour l’AG du 20 octobre 2018.


 Le beau temps était de la partie pour cette troisième AG « excentrée » de l’ODS. Après deux sessions au Prieuré de Calleville en Normandie, nous nous sommes retrouvés en Val de Loire, au manoir de la Quetraye près d’Ancenis. Nos hôtes, La Louve et son mari Étienne, avaient tout fait pour nous recevoir somptueusement dans une demeure qui est à la fois une gigantesque bibliothèque et un cabinet de curiosités. Après un déjeuner tardif – nous avons attendu en vain le couple Pinet égaré quelque part dans des terres improbables -, nous avons déroulé la séance habituelle près d’un bienveillant feu à l’âtre. Les rapports (moral et financier) ont été approuvés avec une unanimité toute soviétique, ainsi que l’entrée au Conseil de l’ODS de Thibaut Canuti.  


 
Puis nous sommes passés à la partie conférence. Georges Bertin (qui était pour sa part sur le chemin de Compostelle) nous avait délégué deux de ses collaborateurs arthuriens, Daniel Bordeaux et Laurent Chatelais du CENA (Centre d’Études Nouvelles d’Anthropologie). 




Ils nous ont délivré une prestation à la fois érudite et vivante sur la quête du Graal dans la région Normandie-Maine et Grand Ouest. Une recherche passionnante sur les origines historique du Roi Arthur et de Lancelot. On retrouvera ici le petit documentaire qui n’a pu être projeté pour les habituelles « raisons techniques ».


La soirée s’est terminée par un grandiose dîner aux chandelles (toujours sans les Pinet !) concocté par nos amis résidents.



La matinée du dimanche a été mise à profit (sans les Pinet) pour visiter, toujours sous un soleil éclatant, le tout proche château de la Turmelière où se tiendra en juin le colloque de Berder-sur-Loire. Ce château du XIX ème a été édifié à côté des ruines du château de Joachim du Bellay. Inutile de dire que le poète Jean Hautepierre était ravi.





Merci à tous les participants et un grand bravo à nos hôtes. 


-->

dimanche 14 octobre 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA VOIX DES MORTS, Eric Bony





Thomas Cazan, le journaliste de l’étrange mis en scène par Eric Bony, a pris de l’étoffe dans La Voix des Morts (City 2018). On le retrouve toujours avec plaisir dans des aventures « abracadabrantesques » où l’ésotérisme flirte souvent avec l’invraisemblable. Qu’on en juge : après l’explosion suite à un attentat d’un avion qui ramenait à Paris l’élue de son cœur, le héros se lance dans une course aux vieux papiers, et notamment ceux dans lesquels Edison dévoilerait les secrets d’une invention révolutionnaire, le nécrophone. Mais cet appareil de communication avec les défunts, qui lui permettrait de renouer le contact avec sa bien-aimée, est également convoité par un groupe de malfrats aux intentions beaucoup moins nobles. Le thriller, construit dans les règles de l’art, nous conduira notamment dans une galerie souterraine où les grands esprits de l’époque - Edison, Flammarion, Verne – se réunissaient autour d’un créateur de génie, le capitaine Nemo himself. Ambiance steampunk garantie qui est à elle-seule une raison de dévorer ce pavé de littérature populaire.
-->

samedi 13 octobre 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : HOWARD, MON AMOUR, Martine Chifflot






Howard, mon amour est une petite pièce de théâtre signée Martine Chifflot (Aigle Botté éditions, 2018) tout à fait attachante. L’histoire de la relation entre les deux partenaires est bien connue, mais l’auteur a su nous la restituer sous l’angle touchant du « regret éternel ». Sonia Greene n’apprit le décès de Lovecraft que 10 ans après sa disparition et cette information suscita chez elle un torrent de souvenirs passionnels. La pièce met en scène la veuve, toujours en vie, et Lovecraft, sous forme d’un fantôme. Ils ne communiquent pas, à proprement parler, mais évoquent des souvenirs parallèles sur le ratage de ce qui aurait pu devenir une belle histoire d’amour. Les parallèles ne se rencontrent jamais…

vendredi 12 octobre 2018

LOVECRAFT ET SES AMBIGUÏTÉS POLITIQUES

Retrouvez Jacky Ferjault et Cédric Monget sur France Culture


ADIEU BTLV


Pour information, je cesse ce jour ma collaboration avec BTLV (Bob). Je ne rentrerai pas dans les détails, mais ceux qui ont suivi l'affaire Lignon/Tuffigo/Bob comprendront que la déontologie est pour moi une affaire fondamentale et ne souffre pas de compromissions.

Philippe Marlin

LETTRES DE PROVIDENCE, Lydia Ben Ytztak

Une émission que l'on a toujours plaisir à réécouter.


HIER C'ÉTAIT DEMAIN

 

 

Science-fiction et imaginaires collectifs


Science-fiction et imaginaires collectifs

Hier c’était Demain – La culture numérique dans le rétroviseur du futur 
Le Shadok lance un appel à participations, intitulé « Science-fiction et imaginaires collectifs », pour sa programmation 2019. Cette résidence de recherche et développement vise à rassembler créatifs, artistes, chercheurs, auteurs, experts, pour travailler individuellement et collectivement autour du renouvellement de nos imaginaires collectifs du futur.
K. Dick, Asimov, Atwood, Gibson, Orwell… Notre quotidien médiatique déborde, plus que jamais, de cet imaginaire futuriste issu de la science-fiction des années 50 à 80. Toutefois, bien que ces dystopies aient cherché à analyser et mettre en garde contre les dérives possibles liées aux technologies, elles semblent porter aujourd’hui un parfum de fatalisme.
Sommes-nous encore capables d’imaginer un autre futur que ceux proposés par Black Mirror, La Servante écarlate, Blade Runner ou 1984 ?
Le projet se compose de quatre temps de résidence autour de différentes thématiques :
  • 1/ L’Anthropocène • Du 11 au 26 février 2019
  • 2/ La Société du libre • Du 10 au 25 avril 2019
  • 3/ Science de la fiction et fiction de la science • Du 4 au 12 juillet 2019
  • 4/ Le corps connecté • Du 9 au 24 septembre 2019

Il est demandé aux résidents d’être tous présents lors du Temps 3 et de choisir, par ordre de préférence, parmi les Temps 1, 2 ou 4 leur souhait de dates d’accueil en résidence.

Télécharger l’appel à participation


Proposition à envoyer par mail à contact.shadok@strasbourg.eu avec pour objet « Candidature appel à projets SCIENCE-FICTION » avant le 20/10/2018 à 23h.
Infos et renseignements sur le programme : projetshadoksf@gmail.com
En partenariat avec le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, AV.Lab, les Ensembles 2.2, Hackstub, l’Espace multimédia Gantner (Bourogne) et le Festival Musica

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : CELLE QUI N'AVAIT PAS PEUR DE CTHULHU, Karim Berrouka





Celle qui n’avait pas peur de Cthulhu de Karim Berrouka (ActuSf 2018) est à mettre à part dans la vague des productions néolovrecraftiennes. Car ce n’est pas un pastiche, mais une utilisation originale du Mythe pour nous donner un thriller savoureux, servi par une belle plume dont l’humour n’est pas la moindre des qualités. Ingrid Planck, une petite secrétaire intérimaire, vit des jours paisibles et rend fréquemment visite à son amie Lisa, artiste peintre, qui, une fois par an, délaisse ses travaux alimentaires pour réaliser une grande œuvre « cosmique ». Ses visions sont mises sous coffre et ne pourront être exposées que 20 ans après le « scellé ». Un puis un jour tout bascule avec la rencontre de Tungdal qui lui explique qu’elle est « le centre du pentacle ». La relation amoureuse se dégrade et Tungdal est mis à la porte, alors qu’elle est contactée par la DGSE. Elle comprend mal ce qui se passe et prend avec beaucoup d’humour l’information selon laquelle son ex-amant a volé un sous-marin nucléaire pour lâcher une bombe dans l’Océan Pacifique. Et puis le film s’accélère ; elle est sollicitée par des groupes bizarroïdes, les sectateurs de Dagon, l’Église Satanique de Satan qui adore Shub-Nigurath, les disciples musiciens d’Azathoth, les fidèles de Yog Sothoth ou encore l’Église Quantique de Jésus-Nyarlathotep. Tous ces mouvements possèdent une fraction du pentacle dont elle serait la centre, et leur réunion réveillera le Grand Cthulhu. Mais tous ne partagent pas la nécessité d’opérer cette « résurrection ».
La chute sera haute en couleur et Ingrid rencontrera Cthulhu qui dégage, malgré son aspect repoussant, un sentiment de sérénité troublant. Et conformément à la théologie de Providence, il n’a rien à faire de la poussière cosmique qu’est l’humanité et partira rejoindre d’autres dimensions.
L’aventure ne serait pas lovecraftienne s’il n’y avait pas le Livre dont l’un des rituels va présider à l’invocation finale. Il s’agit de l’ancêtre du Necronomicon, Le Livre des Ruines encore appelé Le Livre qui danse. Il a été écrit par un Scribe égyptien dont la statue est au musée du Louvre et qui, après avoir été volé par Tungdal, sera rappelé à la vie pour  recopier cette œuvre disparue.