dimanche 10 novembre 2019

QUI ÊTES-VOUS, MONSIEUR PLANTAD , Geneviève Beduneau





Ce livre a une histoire odésienne. A l’origine, cela devait être un travail commun entre Octonovo (Laurent Buchholtzer) et Geneviève Beduneau. Mais très vite, les chemins se sont séparés. Octonovo ne retenait de Plantard que son aspect de sinistre mystagogue alors que Geneniève voyait en lui un distingué symboliste. Octonovo fera une synthèse brillante de sa recherche pour Politica Hermetica alors que notre amie poursuivra (avec l’aide de Bernard Fontaine de la FNAC) son travail sous le nom de projet « Plantard par les textes ». Elle patouillera pas mal et n’arrivera jamais à prouver son intuition, à savoir que le Grand Nautonnier était manipulé par des groupes occultes. D’un commun accord, nous avons convenu que ce livre n’était pas pour l’ODS car, malgré les belles analyses symboliques de Geneviève, il n’apportait rien à ce que l’on connaît sur le personnage.

Un bon résumé de Rémi Boyer :

Qui êtes-vous Monsieur Plantard ? de Geneviève Béduneau. Éditions Dervy

Geneviève Béduneau nous a quittés avant d’achever ce livre, fruit de recherches minutieuses sur les écrits laissés par Pierre Plantard, qu’elle cherche à réhabiliter, et ses collaborateurs. Pour Geneviève Béduneau, l’affaire du trésor de Rennes-le-Château est un leurre.
En introduction, elle tente d’identifier les influences ou héritages supposés qui ont conduit Pierre Plantard à concevoir son Prieuré de Sion. Il y est question notamment de Pierre Monti et des Alpha-Galates. Geneviève Béduneau tente de mettre en évidence une vision du monde plantardienne tout en expliquant sa méthode :
« Il s’agit dans cette étude d’analyser le tissu mythique présent dans les textes de Pierre Plantard et, ainsi, de voir où il conduisait vraiment ses disciples, quelle vision du monde –consciente ou inconsciente – sous-tendait ses prétentions « mérovingiennes ». A la lecture de ce corpus, on est frappé d’une étrange continuité dans le mode d’écriture, le type de pseudonymes utilisés, le style, l’attaque des thématiques, comme si de sa jeunesse à sa mort Plantard n’avait évolué ni dans sa pensée ni dans sa phraséologie ? (…) Cette continuité, une fois étudiés les principaux textes de Vaincre et le légendaire des Alpha-Galates qui, eu égard à la période de rédaction, méritent une attention particulière, nous permettra d’utiliser parfois une approche synchronique par regroupements thématiques plutôt qu’une lecture chronologique. »
L’analyse des textes publiés dans Vaincre conduit Geneviève Béduneau a suggéré que Pierre Plantard, dans ses écrits de jeunesse, ne fut peut-être qu’un prête-nom ou qu’il fut poussé en avant pour dissimuler d’autres personnalités peu pressées d’être identifiées. La période ne se prête guère à la parade.
Après la guerre, c’est la revue Circuit qui sert de véhicule à la pensée de Pierre Plantard. Écrits sans intérêt se mêlent à des écrits plus intéressants du point de vue ésotérique qui traitent des préoccupations courantes dans les milieux occultistes de l’époque. Puis Geneviève Béduneau s’intéresse à l’hermétisme de Gisors avant de revenir aux textes confidentiels déposés par Pierre Plantard à la BNF.
Pierre Plantard ne cesse de mêler réalités et fictions, vrais personnages et personnages inventés. Il est un joueur, sinon un manipulateur, un peu escroc aussi, d’ailleurs condamné. Mais, Geneviève Béduneau le souligne, on fait dire à Plantard beaucoup de choses qu’il n’a jamais évoquées.
Beaucoup d’imaginaires se mêlent dans cet ensemble sans que les logiques propres à la vie des mythèmes, explicitées par Gilbert Durand, soient repérables. Il est bien possible que ce qui apparaît comme un fatras ne soit qu’un fatras. Bien sûr, il y aura toujours des personnes qui trouveront du sens, hors toute rigueur scientifique, philosophique ou initiatique.
La création de Plantard fascine. Geneviève Béduneau suggère que cette fascination fait partie d’un projet occulte. Pourquoi pas ? Mais elle n’est guère convaincante en évoquant le projet d’Arginy ou les rivalités coutumières entre sociétés dites initiatiques. On surestime beaucoup dans certains microcosmes ésotériques l’action et l’influence de ces sociétés dont Robert Amadou disait que « Parfois, elles rendent service. »
Nous sommes, avec ces questions, à contre-sens des voies initiatiques qui veulent libérer l’être de ses conditionnements et histoires personnelles. Tout au contraire, on développe des rêves toxiques qui ne font qu’ajouter de la confusion.
Reste ce que Geneviève Béduneau désigne comme la « Belle histoire », qui alimente une certaine littérature populaire.
Rémi Boyer                            

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