lundi 11 janvier 2021

Rémi Mogenet dans La Lettre du Crocodile de Rémi Boyer

Chants et conjurations. Poèmes de Rémi Mogenet

Chants et conjurations. Poèmes de Rémi Mogenet. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

Le très beau recueil de Rémi Mogenet met en poésie les émanations ou reflets de l’Imaginal. Ses poèmes sont des réenchantements buissonniers des mythes qui abritent les chemins vers soi-même. Il n’hésite pas à s’emparer de mythes anciens comme de mythes modernes qui tous disent quelque chose de notre véritable nature.

« La barque enchantée (extrait)

Une barque d’ivoire était le long du bord ;

Sa voile était d’argent, et son mât était d’or.

Soudain, je vis surgir d’une brumé étoilée

Une pucelle étrange, à la face voilée.

Son pied glissait au sol sans le toucher vraiment :

Et ses membres semblaient se mouvoir lentement,

Mais sa marche rapide amena d’un seul coup

Son corps devant la barque et sur l’embarcadère.

(Ce fut comme un éclair ; je me crus soudain fou.)

Or ses yeux autour d’eux jetaient de la lumière,

Et je tremblai de peur, car face à ce mystère

De la puissance auguste et presque toujours fière

Des immortels de la Terre, il est juste de voir

Sa fin proche. Pour moi dans l’air du soir

Résonna l’âpre chant de la folie abjecte,

Quand j’entendis la voix de cette fée suspecte

Fredonner un vague ordre à l’adresse du bois

Enchanté de sa barque… »

Les fées, déesses, nymphes et autres figures féminines envoûtantes et porteuses de révélation hantent le recueil comme un rappel au milieu d’un enchevêtrement de chemins. Mais d’autres figures inattendues parcourent ces pages : Rahan, Superman, Tarzan et Jane aux côtés de personnages plus traditionnels comme la Reine de Saba, Bastet, Isis, Yzeult mais aussi des auteurs, Kafka, Lamartine…

« Les chevaliers du Futur »

Chevaliers du futur ! vous reviendrez sans doute,

Portés par des vaisseaux qui franchiront l’espace,

Remonteront le temps, sans y laisser de trace

Autre qu’un sillon d’or qui sera notre route.

Comète qui descends parmi les astres vifs,

Tu parais cette nef qui contient ces saints anges

Qu’on dit vêtus d’argent, et, par des biais étranges,

Nés d’hommes qui jadis, entre deux fiers récifs,

Devinrent si parfaits qu’ils furent mis aux cieux,

Ayant passé le seuil de la porte des dieux,

Etant entrés dans l’aire où demeurent les fées :

Nommés gardes de prix, sempiternels du lieu,

Ils pensèrent à ceux dont les âmes sauvées

Pourraient un jour loger dans leur beau palais bleu… »

Les images s’agencent en des mosaïques créatrices mouvantes comme un océan prometteur d’une île centrale qui nous attend.

 

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