vendredi 2 juillet 2021

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : GOLEMS d'Alain Delbe

 


 

Golems, Alain Delbe (Phébus, 2004). Alain Delbe possède à la fois une belle plume et une expérience de psychiatre qui lui permettent d’assoir solidement une histoire incroyable, de surcroît parfaitement documentée. On y fait la connaissance d’un jeune garçon du Nord de la France, Jacques, à qui la propriétaire de la résidence familiale fait cadeau d’un petit livre, Les Camps de la Mort. Un petit livre fascinant dans les photos duquel le jeune garçon va s’évanouir, retrouvant dans ses cauchemars une petite fille torturée qui le supplie d’avouer son secret.

On zappe ensuite dans le Prague des années 1936 en compagnie de Nathan, un jeune juif venu faire ses études. Il possède un don exceptionnel, celui de la mémoire totale, capable d’enregistrer des pans entiers des livres sacrés et de les restituer de façon impeccable. Il est pris sous la coupe d’un vieux rabbin qui voit en lui le successeur à qui il pourra confier le secret de la communauté avant de mourir. Et quel secret puisqu’il ne s’agit de rien d’autre que de réanimer le golem qui gît dans un souterrain sous la tombe de rabbi Loew. Nathan fréquente parallèlement deux compagnons, Hermann, un chercheur allemand en occultisme et Camille, une étudiante française qui prépare une thèse sur « Le Prague de Kafka et de Meyrink ». Nathan tombera rapidement amoureux de Camille qui accepte de l’épouser s’il lui avoue son secret. Il craquera et la jeune fille commettra une petite indiscrétion en le partageant avec Hermann qui semble patauger dans ses recherches ésotériques. Les choses se précipitent alors : l’Allemand n’est autre qu’Otto Rahn, en mission sous les ordres de Karl Maria Wiligut. Nathan est arrêté, déporté à Auschwitz, torturé pour livrer le cantique qui permet d’éveiller le golem. Camille rentre précipitamment en France et Otto Rahn se suicide car il ne supporte pas d’avoir trahi son ami Nathan. Ce dernier mourra à Buchenwald juste au moment de la Libération, l’âme brisée, persuadé qu’il est que l’horreur infligée aux juifs est une punition envoyée par Dieu pour avoir dévoilé le secret d’Israël.

Nous retrouvons pour le final Jacques, qui est devenu psychologue. Il exhume le petit livre qui l’avait hanté et le montre à sa grand-mère, Nanou, qui s’évanouit. Elle reconnaît sur une photo Nathan et finit par avouer qu’elle en était enceinte lorsqu’elle a fui Prague et que son père n’est autre que leur fils. Mais le mal semble poursuivre son œuvre et une vague de crimes néo-nazis frappe l’Allemagne. Jacques se sent investi d’une mission et part sur les traces des coupables, sans omettre de nous proposer un périple assez complet de tourisme « brun » (Wewelsburg, Berchtesgaden, Nuremberg, Buchenwald…). Je ne spolierai pas la chute, si ce n’est pour dire que le secret de la fabrication de golems n’avait pas été perdu pour tout le monde !


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