vendredi 9 octobre 2009
LE SANG DU BIBLIOTHECAIRE
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Il est des livres au parfum entêtant. "L’Historienne et Drakula" de Elisabeth Kostova (XO éditions, 2006) sent bon la poussière ambrée des vieilles bibliothèques, l’odeur craquelante des manuscrits rarissimes, l’humidité acide des cryptes oubliées et le glucose écœurant de l’hémoglobine encore chaude. 1000 pages en deux volumes d’une érudition effrayante qui laisse penser que, lorsque l’auteur nous explique qu’il lui a fallu près de dix années de recherches historiques pour écrire ce roman, elle ne cherche pas à nous éblouir mais nous rend tout simplement compte de l’ampleur de sa démarche. Une démarche quasi-obsessionnelle : mais où est donc enterré Dracula, le vrai Dracula, celui que l’histoire a connu sous le nom de Vlad Tepes ? Car sa tombe officielle, sur la petite île de Snagov près de Bucarest, est vide, et nombreuses sont les légendes de mort-vivants qui se murmurent dans l’ombre de ses pérégrinations guerrières en Europe Orientale. Une enquête menée dans un contexte familial, puisqu’interviennent successivement un professeur d’université, son élève (qui a épousé la fille oubliée du premier), et la fille de ce dernier, qui n’a jamais connu sa mère……. Compliqué me direz-vous ? Pas vraiment quant on sait que les recherches de ce trio ont réveillé d’obscures forces du mal passées maîtres dans l’art d’une science maudite maîtrisant parfaitement les disciplines de l’oubli et de la disparition.
La technique du récit n’est pas sans rappeler celle de Bram Stocker, faite d’une succession de lettres, extraits de journaux intimes auxquels sont joints des passages de vieux livres d’histoire. Un récit qui nous entraînera à Istanbul, puis en Hongrie et en Bulgarie, à une époque où le rideau de fer était encore bien solide, transformant tout voyage et toute démarche en un véritable parcours du combattant.
Et si Dracula avait survécu ? A quoi occuperait-il son éternité ? Pour Bram Stoker, il n’avait d’autre ambition que de conquérir Londres, la future tête de pont d’un Empire Victorien, fait de sagesse, de lumière et de raffinement. Le Drakula d’Elisabeth Kostova, pour sanguinaire qu’il soit, est surtout un fin lettré, une sorte de bibliothécaire de l’Impossible, collectant au fil des siècles les ouvrages les plus rares sur l’histoire, les sciences occultes, les techniques de torture et….. sur sa propre légende.
La traque se terminera en un spectacle grandiose, digne des meilleurs films de la Hammer. Nous sommes alors dans notre belle France, plus précisément au monastère de Saint-Mathieu -des-Pyrénées-Orientales, près de la petite commune de Les Bains.
Pyrénées Orientales ? Les Bains ? Tiens !!!!
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