Oeil du Sphinx. Centenaire de la mort de Bram Stoker
Le lieu ne manque pas d’un certain charme, le MOTif ayant l’apparence d’un petit immeuble haussmannien coincé entre deux barres d’immeuble plus récentes. Un endroit qu’affectionneraient sans nul doute les vampires, ces grands nostalgiques. C’est d’ailleurs dans la crypte du lieu (en fait une salle au sous-sol, percée de quelques fenêtres) que se tient la journée. Sur une première table, Alain Sprauel propose aux inscrits la bibliographie de Bram Stoker qu’il a mis sur pied en amont de la journée, ainsi que d’autres bibliographies de son cru (impressionnantes). J’aurai ainsi eu l’occasion de jeter un œil sur une bibliographie consacrée à la Bit-lit qui devrait sortir dans les prochaines semaines. Une seconde table, en angle droit, met en avant les publications des auteurs présents, de Richard D. Nolane à Alain Pozzuoli en passant par Rémi Boyer.
L’ensemble des auditeurs installés, Alain Pozzuoli et Philippe Marlin ouvrent alors la journée. Le parrain de la manifestation nous apprend à cette occasion que la date réelle du décès de Stoker n’est pas le 21 mais le 20. Une erreur qui a fait école depuis (j’ai dû corriger la Wikipedia hier à cet effet). Après avoir rappelé quelques éléments de biographie de l’auteur, notamment liés à sa mort, les deux intervenants laissent la place au premier documentaire, réalisé par Jean-Michel Ropers, consacré à Dublin et à ses écrivains.
Intitulé Les fantômes de Dublin, ce documentaire présente la capitale d’Irlande à travers quatre auteurs qui ont fait sa notoriété, et qui étaient attachés à elle : Bram Stoker, Sheridan le Fanu, Oscar Wilde et William Butler Yeats. D’image en image, on découvre les lieux qui ont inspiré les différents auteurs, ainsi que ceux où ils ont vécu. De quoi réaliser que l’Irlande semble avoir été un terreau propice aux auteurs de l’imaginaire, bercés dès leur enfance par les nombreuses légendes du folklore national. Le tout structuré par une voix off dont le texte est signé par nul autre qu’Alain Pozzuoli. Une bonne entrée en matière, donc.
Dernier intervenant avant le repas, Rémi Boyer, auteur du récent Noces de Sang à Bucarest, nous présente le processus d’écriture de son roman, initié à la demande d’un ami roumain. Peu (voire pas) habitué aux œuvres de fiction, l’auteur n’en donne pas moins envie de se plonger dans son roman, d’autant que les retours que j’ai pu en entendre (certes de gens présents lors de la manifestation) sont positifs.
Après un copieux repas dans un restaurant chinois (rien de vampirique, étant donné que pas un Chiang-Shih n’a daigné faire son apparition), retour au MOTif pour la suite des réjouissances, qui se poursuivent avec le second documentaire du duo Ropers-Pozzuoli. Un documentaire axé cette fois-ci sur Whitby qui propose de nombreux parallèles réussis entre l’exploration de la ville actuelle et les lieux mis en scène dans le roman, tout en montrant à quel point la ville semble fière de cet héritage. L’ensemble est à nouveau structuré autour d’une voix off dont le texte est signé par Alain Pozzuoli, qui joue avec sa connaissance du roman et de l’auteur. Si j’avais apprécié le documentaire vu en début de journée, j’ai néanmoins préféré celui-ci.
L’intervention suivante, signée Marc Madouraud, avait pour objectif de dresser un panorama de la descendance cinématographique de Stoker. Si on peut regretter l’orientation sur le seul Dracula (La Dame au linceul et Le Repaire du ver blanc ayant eu les honneurs -ou pas- d’adaptations sur grand écran), le panorama est assez complet, même si les extraits qui ont servi d’illustration visuelle et sonore font la part belle aux films les plus mainstream (pas d’extrait du Maddin par exemple, ni du Melford, même si j’aurai appris des choses à son sujet). Une présentation effectuée non sans humour qui m’aura notamment permis de me rappeler de l’existence d’un film mettant en scène le duo Christopher Lee – Bernard Menez, adapté d’un roman de Claude Klotz.
La conférence suivante, tenue par Patrice Allart, avait pour objectif de faire le point sur la relation Dracula – Van Helsing, déjà dans l’œuvre originale, puis dans les adaptations et variations ultérieures. Par contre, si l’analyse du sujet avait l’air d’être bien là, le passage à l’oral ne s’est pas fait sans heurts (ou alors mes capacités de compréhension étaient entamé par la digestion), et j’ai eu un certain mal à suivre le fil de l’exposé. Reste, pour être passé plusieurs fois par là, que le passage de l’écrit à l’oral est tout sauf simple, et que si on est peu coutumier du fait, intervenir en public peut entamer une présentation pourtant travaillée. J’espère que la version papier, qui devrait être incluse dans les actes de la journée, saura me permettre d’apprécier le travail de son auteur.
Alain Pozzuoli et Philippe Marlin, en bons maîtres de cérémonie, reprennent le micro pour conclure la journée, et rappeler les prochains évènements prévus autour du centenaire de la mort de Stoker, qu’il s’agisse de la diffusion radio des dramatiques sur lesquelles le sieur Pozzuoli a travaillé il y a quelques années, sa future bibliographie de Stoker à paraître en mai 2012 aux éditions Pascal Galodé, ou du Salon du vampire, ce pour quoi j’aurai été quelques instants sous le feu des projecteurs.
Au final, une journée riche en rencontres qui aura permis de revenir en compagnie de passionnés sur la descendance littéraire et cinématographique de Bram Stoker et de son Dracula.
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