dimanche 28 octobre 2012

PREMIERES LOGES AU BUGARACH

27 octobre 2012 à 17h47

Apocalypse 2012: aux premières loges de la fin du monde


Rivière-du-Loup - Comment échapper à la fin du monde, le 21 décembre prochain? Rendez-vous à Bugarach, en France!

Difficile d’imaginer qu’avec ses 1231 mètres de haut, le pic de Bugarach (et le village du même nom) puisse échapper à un scénario catastrophe façon déluge. Pourtant, de nombreux «survivalistes» croient que ce petit sommet des Corbières résistera à l’apocalypse prévue pour le 21 décembre prochain.

De fait, depuis des siècles, le mont Bugarach fait l’objet de croyances surnaturelles. On lui a d’abord prêté des pouvoirs telluriques en raison de sa géologie particulière. Plusieurs y ont vu en effet une montagne inversée, il y a de ça des millions d’années, suite à une gigantesque explosion.

En réalité, ce massif est né, comme les proches Pyrénées, voilà 45 millions d’années lorsque les plaques ibériques et européennes se heurtèrent. Les couches sédimentaires se sont plissées, puis cassées et enfin chevauchées de sorte que les calcaires du Jurassique (-200 à -135 millions d'années) reposent désormais au-dessus de couches plus jeunes, des grès et des marnes du Crétacé (-135 à -65 millions d'années).

Le prétendu magnétisme de Bugarach en aurait fait un haut lieu vibratoire connu des templiers… et dérèglerait encore aujourd’hui les appareils électroniques. Les Wisigoths y auraient enterré l’Arche de l’Alliance. Et Jules Verne s’en serait inspiré pour imaginer l’entrée souterraine du «Voyage au centre de la Terre».

Enfin, pour d’autres, la montagne serait en fait un «sas interdimensionnel», une sorte de porte des étoiles ou un vortex énergétique qui relierait plusieurs dimensions et qui s’ouvrirait au moment du jugement dernier.

Mais la croyance la plus récente (et populaire) ferait de Bugarach une véritable arche de Noé… car cette montagne contiendrait «un garage à Ovni». Et lorsque l’heure de l’Armageddon sonnera enfin, les petits hommes verts embarqueront les Terriens réfugiés sur le promontoire rocheux en direction l’espace.

Cette théorie de la base martienne date des années 1960 avec le roman de Jean d’Argoun. Elle a aussi inspiré Steven Spielberg dans Rencontres du troisième type. De nombreux marcheurs disent avoir vu et photographié des OVNIS dans le secteur. Des scientifiques du CNRS et de la NASA seraient venus ici en mission secrète et repartis en criant «on a trouvé», laissant leur matériel derrière eux. Un (autre) complot de scientifiques?

L’avant pire que la fin?

La rumeur que Bugarach survivrait à l’apocalypse est partie il y a environ deux ans sur internet sans que nulle ne sache identifier qui l’a lancée.

Sauf que dans le village de 194 âmes, les habitants ne sont pas contents. Depuis des mois ils sont envahis par une horde de survivalistes, de curieux et… de médias, du NY Times, à CNN en passant par Aljazeera et Radio-Canada.

Le maire redoute l’arrivée de plusieurs milliers de personnes. Déjà toutes les chambres (à peine 100 lits) sont louées pour le 21 décembre. Le prix des maisons est monté en flèche ces derniers mois, au point que peu de maisons se sont vendues en réalité. Pourquoi dépenser tant d’argent si ce n’est que pour prendre un lift vers l’espace?

La journée fatidique, l’armée devrait être sur place, car on craint des vagues de suicides collectifs ou un sacrifice humain. Des gens en toges blanches ou nus se seraient déjà adonnés à des rites étranges. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a placé la région sous surveillance.

Les charlatans aussi sont sur le coup: vente de «véritables pierres de Bugarach» pour environ 2$ le gramme ou conservation de votre testament dans la montagne.

Le maire aussi entend profiter de cette notoriété subite: «Nous devons saisir ce moment pour nous faire connaître», a-t-il déclaré à Rue89. Il alimente la rumeur en vendant une carte postale qui représente un photomontage d’un ovni au dessus du pic et songe à un festival de l’utopie pour commémorer le 21 décembre.

Source : Matthieu Burgard, Agence Science-Presse

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