jeudi 7 mars 2013

L'IMMORTALITE PAR LE PAL

Vlad Tepes, l'immortalité par le pal

Pour forger le personnage de Dracula (et jusqu'à son nom), Bram Stoker s'est inspiré du seigneur médiéval Vlad III : l'écrivain avait frappé dans l'impitoyable cruauté du prince de Valachie.
Indiana Jones est mort le 11 novembre 2012. Il s'appelait en réalité Farish Jenkins et était paléontologue, anatomiste et zoologiste, professeur à l'Université de Harvard. Son arme sur le terrain n'était pas le fouet, mais un fusil dont il savait très bien se servir. (Voir sa nécrologie dans The Economist du 11 novembre 2012.) Il en allait de même du comte de Monte-Cristo (de son vrai nom François Picaud, cordonnier), de Madame Bovary (Delphine Delamare, née Couturier) et du professeur Tryphon Tournesol, personnage inspiré, tout comme le Professeur Nimbus, par la vie et  les explorations stratophériques et des fonds marins d'Auguste Piccard . Le fameux Docteur Jekyll et son double meurtrier, Mr. Hyde, rappellent les méfaits du diacre Brodie d'Edinbourg, alors que Gilles de Rais a été amalgamé dans la figure de Barbe Bleue, l'assassin de femmes, avec comme compétiteur le roi Henry VIII d'Angleterre.
   
En règle générale, le mythe est le dernier stade de l'existence d'un personnage historique et tel est le cas également du comte Dracula, «l'empereur des vampires», le héros homonyme du roman de Bram Stoker (1897). L'histoire est connue : un aristocrate vivant dans un mystérieux château des Carpates achète une propriété à Londres, tout comme des milliers d'oligarques russes et millionnaires orientaux de nos jours. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire, sauf si l'on considère que ladite propriété est une ancienne abbaye abandonnée, et vraisemblablement hantée. Les choses se gâtent lorsque l'agent immobilier chargé de la transaction se rend sur place en Transylvanie pour faire signer les actes de vente et découvre que le comte est un vampire et que ses trois assistantes sont en réalité des goules qui abusent de lui et le retiennent prisonnier au château comme esclave sexuel. Tandis que le comte vogue vers l'Angleterre dans un bateau plein de cercueils remplis de terre, de sa terre natale, et où il passe ses journées. Car, étant un vampire, il ne «vit» qu'après le coucher et avant le lever du soleil, comme un riche insomniaque moderne. Arrivé à Londres, le comte se met à l'oeuvre : il vampirise un individu qui sera son fidèle serviteur (vraisemblablement pour ne pas avoir à payer les gages pratiqués en Angleterre), et une jeune fille, amie de la fiancée de l'agent immobilier. Son but final est de conquérir l'Empire Britannique à la tête d'une armée d'ombres, des hommes et des femmes qui ont subi le baiser acéré des crocs du vampire et qui, à leur tour, feront d'autres victimes (ou adeptes).
   
Sur ces entrefaites,  Jonathan Harker, l'agent immobilier, réussit à s'évader du château maudit et se met à la recherche du comte vampire qui terrorise la pays. Un petit groupe de chasseurs de vampires, avec à sa tête le savant hollandais Van Helsing, traque le comte, l'oblige à fuir Londres et finit par le tuer juste avant qu'il ne rejoigne son château gardé par de sauvages Tsiganes vêtus de peaux de bêtes. Les fiancés sont délivrés de la menace qui pesait sur eux et le monde peut souffler enfin : le vampire est mort et enterré, un pieu fichu dans son coeur.
   
C'est au moins ce que croyait Bram Stoker, car depuis plus d'un siècle Dracula a continué de hanter les imaginations au théâtre, au cinéma et sur le net. Cette pérennité s'explique par le fait qu'il s'agit d'un mythe fondateur de la conscience collective de l'humanité, le mort vivant, la vie après la mort, un syntagme vieux comme l’Homo Sapiens, le premier qui a commencé à enterrer ses morts, à les teindre de poudre de couleur ocre pour leur donner les couleurs de la vie, à déposer dans leurs tombes de la nourriture, des objets familiers et des jouets dans le cas des enfants. Des pyramides d'Egypte aux kourganes des steppes asiatiques, les maisons édifiées pour les morts traduisent un unique souci : le non retour de ceux-ci parmi les vivants.
   
«L'archéologie du vampire» n'est pourtant qu'une des sources d'inspiration de Bram Stoker. Le modèle incontesté est un personnage historique, un prince ayant régné au XVe siècle sur la Valachie, la partie méridionale de la Roumanie actuelle. Il s'appelait Vlad, Vlad III, tout comme son père, Vlad II Dracula (le Diable, ou le Dragon, donc le serpent biblique qui a tenté Ève au Paradis). Vlad II avait été reçu en 1431 membre de l'Ordre du Dragon (Ordo Draconistarum), un ordre de chevalerie fondé par l'empereur Sigismond de Luxembourg (1410-1437), alors qu'il n'était que roi de Hongrie et s'engageait à combattre les Turcs ottomans. Les chevaliers du Dragon étaient tous des aristocrates hongrois et autrichiens, auxquels s'ajoutaient trois souverains étrangers, le roi de Pologne, le despote de Serbie et Vlad II couronné à cette occasion prince de Valachie. Le dragon, incarnation du Diable, se faisait écraser par une croix à deux barres horizontales, du type croix de Lorraine, que les chevaliers portaient en sautoir. Les fils de Vlad II et leurs descendants ont reçu ainsi de surnom Dracula (ou Draculya) qui a désigné une branche de la dynastie princière valaque éteinte au XVIIe siècle.
   
Mais que vient faire un obscur prince d'un petit pays que personne ou presque ne connaît, dans le roman de Bram Stoker? En fait, Vlad Dracula bénéficia sa vie durant, mais aussi après sa mort (1476) d'une renommée européenne. Son nom circulait de Strasbourg à Moscou et de Lübeck à Constantinople grâce aux écrits latins, allemands, russes et grecs qui racontaient, par le biais de manuscrits et de brochures imprimées (la première à Vienne en 1463), les méfaits d'un tyran «pire que Néron et Dioclétien», comme la terre n'en avait jamais connu. En revanche, en Europe de l'Est et du Sud-Est, Dracula a servi de modèle pour les grands souverains russes et turcs ottomans, un souverain sévère mais juste, en somme un véritable réformateur ! On lui attribuait en fait des dizaines de milliers de victimes dans les rangs de ses propres sujets, mais aussi des Turcs, qu'il mettait à mort par le supplice du pal  d'où son sobriquet, «l'Empaleur» (en roumain Tepes). Même si ce mode d'exécution était fréquent en Hongrie, en Pologne dans les cas de banditisme et vol à main armée, et dans l'Empire ottoman, Vlad Dracula est le seul souverain à porter ce surnom, un signe qui ne trompe pas sur sa propension à en faire usage en cas de manquements à la législation.
   
Pourtant, dans son propre pays, la Valachie, sa mémoire subsista seulement autour de son château, Poienari, un nid d'aigle qu'il fit construire dans les Carpates méridionales par des jeunes hommes et femmes coupables d'être les descendants des bourgeois de sa capitale qui avaient enterré son frère vivant (2). Leur punition était d'autant plus pénible qu'elle s'accompagnait de la condamnation de porter toujours les mêmes vêtements, au point qu'ils étaient tous en haillons ou pratiquement nus lorsque les travaux furent terminés.
   
En 1804, un savant allemand  – Johann Christian Engel – redécouvrit un des pamphlets allemands vilipendant la barbarie de Vlad III, qu’il publia dans un ouvrage érudit sur l’histoire de la Valachie. Quarante ans plus tard parut le premier récit slavon russe, alors que les textes en latin, grec et turc circulaient déjà dans des ouvrages historiques imprimés ou en manuscrit. C'est seulement en 1896 que tous ces récits furent étudiés en détail de manière comparative par un historien roumain qui concluait que Dracula avait été «un tyran cruel et un monstre de l'humanité».  Cependant, le jeune État roumain avait besoin d'un panthéon national de héros ayant combattu les Turcs ou les autres ennemis du passé. Ainsi, Vlad Dracula fut absous de ses crimes pour être catalogué comme grand souverain amoureux de liberté et d'indépendance tombé sur le champ d'honneur les armes à la main.
   
Certes,  Bram Stoker ne lisait pas le roumain ou le russe, et encore moins le turc ou le grec et ce n’est pas par ces sources qu’il vint à Vlad Dracula. Stocker affirme que l’idée d’écrire un roman avec le vampire comme personnage principal lui est venue lors d’un cauchemar dans la nuit du 7 mars 1890. Après un dîner bien arrosé au Beefsteack Room, un célèbre restaurant londonien, Stoker vit en rêve un énorme crabe se lever de l'assiette, les pinces grandes ouvertes. Dans une autre note, griffonnée sur le même papier à en-tête du Lyceum Theater, dont il était le gérant, il écrit : «Jeune homme sort, voit des filles, l'une d'entre elles essaie de l'embrasser pas sur les lèvres mais sur la gorge. Le vieux comte s'interpose – rage et fureur diabolique – “cet homme m'appartient, je le veux !“ » Ce rêve est raconté aussi dans le journal de Jonathan Harker écrit au château de Dracula et les trois filles (un possible souvenir des sorcières de Macbeth) se transforment en goules. Dracula était né, mais son écriture allait exiger pas moins de six ans. Au départ, son titre devait être «Le Comte Wampyr» : le vampire aristocrate venait de remplacer, depuis Lord Byron et John William Polidori (1819), son médecin et souffre douleur, le vampire anonyme paysan des Balkans (grec, roumain et serbe) décrit par les auteurs du XVIIe et du XVIIIe siècle. Deux mois plus tard, Stoker faisait la connaissance d'Arminius Vambéry (1832-1913), un grand orientaliste hongrois surnommé «le derviche boiteux». Ce colonel Lawrence avant la lettre avait parcouru tous les pays du Proche et du Moyen-Orient déguisé en derviche ; il écrivait des livres et des articles et donnait des conférences dénonçant l'expansionnisme russe en Asie Centrale et la menace qu'il représentait pour la Grande-Bretagne. Vambéry dut s'entretenir avec Stoker, au Lyceum Theater, et lors de ses conférences publiques, sur les croyances dans les vampires que rappelait furieusement son propre nom d'adoption (il était né Hermann Weinberger).
   
Une des marottes de Vambéry était l'origine des Szeklers, une population transylvaine archaïque vivant dans les Carpates orientaux, qu'il croyait descendants des Huns d'Attila, les cruels guerriers qui avaient terrorisé toute l'Europe sous la conduite de leur chef, «le fléau de Dieu». Ceci donna à Stoker l'idée de faire de son héros un comte szekler vivant dans un château des mêmes Carpates, à la frontière de la Transylvanie, de la Moldavie et de la Bucovine autrichienne. L'été de 1890, Stoker le passa ensemble avec sa femme et leur fils, dans le Yorkshire, mais le temps couvert et pluvieux l'obligea à passer des longues heures dans la bibliothèque municipale où il tomba sur un livre écrit par William Wilkinson, un diplomate anglais en poste à Istanbul et à Bucarest entre 1812 et 1818. Dans ce livre (An Account of the Principalities of Walachia and Moldavie, paru à Londres en 1820), Stoker trouva le nom du prince (voévode en roumain) Dracula et son explication : «Dracula, en langue valaque, signifie “Diable”. Les Valaques avaient coutume, à cette époque, comme ils l'ont encore à présent, de donner ce surnom à toutes les personne qui se font distinguer par leur courage, leurs actions cruelles ou leur habileté.»
   
Cette note de bas de page fit tout basculer : le Comte Wampyr disparaissait et Dracula prenait sa place. Poursuivant ses recherches sur la Transylvanie et les croyances dans les vampires, Stoker consulta également The Land beyond the Forest. Facts, figures and fancies from Transylvania (Londres, 1880) d'Emily Laszowska Gerard, l'épouse d'un officier austro-hongrois ayant vécu deux ans dans le pays, et qui avait     publié aussi un article spécial sur les superstitions transylvaines en 1885. C'est ici qu'il tomba sur le terme nosferatu pour le vampire dans lequel, écrivait-elle, «chaque paysan roumain croit aussi fortement qu'il croit au paradis et à l'enfer». Or, Nosferatu (inexistant en roumain sous cette forme) est aussi le titre du film de Friedrich Wilhelm Murnau (1922), repris par Werner Herzog en 1978 avec Klaus Kinsky et Isabelle Adjani (Nosferatu, fantôme de la nuit). D'autres lectures - les Guides Baedecker, des auteurs français et belges- allaient suivre et lui donner des nouvelles idées.
Résumons : Stoker avait maintenant le cadre général du livre – le comte vampire Dracula, le château dans les Carpates (c'était aussi le titre d'un roman de Jules Verne paru en 1892), les trois goules et, peut-être, même le projet de détruire l'Empire Britannique, le rêve de tout Irlandais qui se respectait (Stoker était né à Dublin). Il manquait pourtant l'intrigue, les personnages bien vivants confrontés au vampire, enfin les méthodes de ce dernier pour les subjuguer et les transformer en serviteurs obéissants. Il fallait aussi une histoire d'amour contrarié, comme il se doit, par des obstacles divers et variés et, en premier lieu, par les agissements du vampire.  Or, cette histoire d'amour, en fait double, car il s'agissait de deux jeunes couples, Stoker l'a trouvée dans un roman paru en 1879 à Paris et à Bruxelles et intitulé Le Capitaine Vampire (nouvelle roumaine) dû à Marie Nizet (1859-1922), une jeune fille belge de 20 ans! L'action du roman se passe en Roumanie et en Bulgarie en 1877-1878 lors de la guerre russo-turque qui avait vu les armées victorieuses du tsar Alexandre II arriver dans les faubourgs de Constantinople. Le vampire est un prince, capitaine puis colonel dans l'armée russe, qui s'emploie à séparer deux couples de jeunes Roumains qui ne demandent qu'à s'aimer : un couple est vaincu, un autre triomphe et vainc le vampire qui ne sera pourtant pas détruit et continuera à tuer des jeunes filles riches qu'il épousait pour leur dot.
   
Stoker tenait ici l'essentiel de son roman. Ses héros s'appellent Jonathan Harker et Mina Murray, d'une part, Arthur Holmwood et Lucy Westenra, d'autre part. Les deux jeunes femmes sont vampirisées et Lucy devient vampire à son tour, mais Mina est sauvée grâce aux efforts réunis du savant Abraham Van Helsing et de ses amis. Restait encore à trouver l'arme secrète du vampire, l'instrument qui lui permettait de dominer non seulement le corps, mais aussi l'esprit de ses victimes. Marie Nizet lui avait fourni une piste, car elle est la première à parler du pouvoir hypnotique du vampire qui plonge ses victimes dans une transe les empêchant de lui résister. Ce fut donc à Paris que Stoker découvrit l'arsenal du vampire moderne : l’hypnose, la suggestion et la transmission de pensée dans les ouvrages d'Hyppolyte Bernheim et de Joseph Delboeuf, et surtout dans les expériences que le docteur Charcot menait sur des hystériques à La Salpêtrière. Il y trouva un formidable modèle dans Suggestion (Paris, Tresse et Stock, 1891), le roman d'Henri Nizet (1864-1925), le propre frère de Marie. Henri Nizet, auteur de Bruxelles rigole... moeurs exotiques (1883) et de L'Amour et la suggestion (1893), connaissait bien la Moldavie du nord et la Bucovine, voisines de la Galicie où il place le début de Suggestion. Paul Lebarrois, jeune bohême et amoral, intelligent et cynique, prend grâce au hypnotisme le contrôle total sur une jeune fille, Séphorah, qui le suit à Paris, devient son esclave sexuelle et lui obéit en tout, jusqu'à se suicider lorsque son amant le lui ordonne. Henri Nizet participait en outre à des expériences publiques de magnétiseurs et vénérait la mémoire de Jan Baptist Van Helmont (1577-1644), médecin et chimiste flamand qui avait découvert, en étudiant les cadavres, le gaz carbonique puis l'acide chlorhydrique.
   
De Van Helmont à Van Helsing, de Marie et Henri Nizet à Bram Stoker, la filiation est très probable. La dernière partie de Dracula, qui décrit la chasse au comte vampire en mer Noire et en Bulgarie, n'est qu'une longue séance d'hypnotisme dont le sujet est Mina Murray, la fiancée de Jonathan Harker, préalablement vampirisée par Dracula qui lui inflige le «baptême du sang» avec ces paroles : «Vous êtres à présent chair de ma chair, sang de mon sang, race de ma race, ma source de vie, pour un temps, ma compagne dans un proche avenir...vous les avez aidés à me donner la chasse - à présent vous allez répondre à mon appel. Quand mon esprit vous ordonnera de venir, vous devrez traverser terres et mers pour m'obéir.»
    Si le comte domine l'esprit de Mina par la transmission de pensée la nuit, les seuls moments où il est actif, Van Helsing la hypnotise de jour afin qu'elle suive les mouvements et la route que prend Dracula pour rejoindre son château des Carpates. Le combat entre les forces du Bien et celles du Mal revêt ainsi l'antagonisme entre le jour et la nuit, entre la lumière et les ténèbres. Et on peut se demander si l'enfant que porte Mina et dont elle donnera le jour après la mort du comte, si cet enfant est de Jonathan Harker ou bien de Dracula. C'est comme la fin du Bal des Vampires de Polanski quand le professeur Abronsius ramène en Europe au galop des chevaux un couple d'amoureux qui sont des vampires en herbe dans la personne de son assistant Alfred (interprété par Roman Polanski) et de sa bien aimée Sarah incarnée par Sharon Tate, qui allait être victime d'un horrible crime rituel quelques années plus tard.
    Dix ans après le chef-d'oeuvre de Polanski, la romancière américaine Ann Rice allait révolutionner la figure du vampire avec son héros, Louis Lestat, qui n'est plus un démon, mais le semblable de l'homme, habité par les mêmes passions et les mêmes faiblesses. C'est le vampire du XXIe siècle, celui qui a conquis les coeurs et les imaginations et a donné naissance à d'innombrables fans clubs et associations. Après avoir été un paysan anonyme des Balkans, puis un aristocrate séducteur et pervers, le vampire s'est métamorphosé en un double avec lequel on peut cohabiter, voire s'identifier. Et pourtant, Dracula continue d'exercer une fascination sans égale dans cette galerie de morts vivants, peut-être parce qu'il est unanimement reconnu comme "l'empereur des vampires". Même si son modèle historique - le prince Vlad Dracula - n'était pas un vampire, son supplice préféré, le pal, fait partie des outils du parfait chasseur de vampires dans un pays, la Roumanie,où ces croyances sont encore vivaces en plein XXIe siècle.

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