L’Homme de Pierre (1932, une révision pour Hazel Heald, in Wonder Stories 1932). Hazel Heald avouera dans une lettre à August
Derleth avoir recommencé un nombre incalculable de fois sa nouvelle sur les
conseils de Lovecraft. Ce qui fait dire à S.T. Joshi qu’il s’agit d’une
nouvelle pratiquement écrite par notre auteur qui de surcroît y a ajouté
plusieurs éléments de sa propre mythologie (notamment Le Livre d’Eibon). Et le résultat est tout à fait convainquant. Il
s’agit du récit de deux jeunes gens, passionnés par les sculptures anciennes
qui vont se mettre à la recherche de mystérieuses statues dans la région des Adirondacks.
Renseignés par Henry Jackson, un indigène de Mountain Top, ils seront mis sur
la piste d’une grotte où gisent un chien et un homme pétrifiés. Ils apprendront
également le passage dans la région du célèbre sculpteur Arthur Wheeler qui s’était
installé provisoirement dans la tanière de Dan le Fou pour travailler. Et de
découvrir le chien à l’entrée de la grotte et un homme pétrifié qu’ils reconnaîtront
immédiatement comme étant le cadavre « en pierre » du dit Wheeler.
Poursuivant leur enquête,
ils se rendront dans la maison de Dan où gît ce dernier ainsi que son épouse,
tous deux également empierrés. Ben Hayden, l’un des deux acolytes, mettra la
main sur le cahier journal du propriétaire. On y apprendra que Dan était un
sorcier noir, de la lignée de Nicholas Van Kauran qui avait passé un pacte avec
l’Homme noir et qui travaillait sur le Livre
d’Eibon, transmis de génération en génération. On y apprendra également que
Dan était fou de jalousie, son locataire Wheeler s’intéressant de trop près à
son épouse. Pour se venger, il utilisera la formule de pétrification proposée
dans le grimoire, et après avoir liquidé le sculpteur, commencera à empoisonner
sa femme. Cette dernière, dans un dernier sursaut, parviendra à inoculer le
poison à son mari.
° Livre :
Le
Livre d'Eibon ou Liber Ivonis a été inventé par Clark Ashton Smith dans la nouvelle Ubbo-Sathla
(1933), et a été repris par la suite par Lovecraft. Il est censé avoir été
écrit par un sorcier d'Hyperborée, et s'être transmis au fil des siècles parmi
les sorciers. Smith mentionne une traduction française médiévale dérivée d'une
version grecque, mais on ne peut remonter au-delà. Il en existe également des
traductions en anglais et en latin (le Liber Ivonis).Dans la nouvelle,
Lovecraft donne certaines précisions sur les sorts proposés dans le livre :
-
La pourriture
verte
-
L’émanation de
Yoth (mais cela suppose le sacrifice d’un enfant).
-
La pétrification
ou injection de la maladie de l’homme de pierre. Il s’agit plus d’une
fabrication chimique que d’un véritable sort magique.
°
La maladie de l’homme de pierre :
La fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP), plus
connue sous le nom de « maladie de l’homme de pierre » est une
maladie génétique rare qui touche une personne sur deux millions dans le monde.
Elle transforme progressivement les muscles et les tendons du corps en os.
Décrite pour la première fois au XVIIe siècle, la
fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP) se caractérise par une ossification
progressive des muscles squelettiques et tendons les rattachant aux os, le plus
souvent précédée de poussées inflammatoires. Mieux connue sous le nom de
« maladie de l’homme de pierre », elle peut être décelée dès la
naissance dans le cas de malformation du gros orteil qui est plus petit et
courbé. On assiste ensuite à la transformation des muscles squelettiques, des
tendons et des ligaments en os hétérotopique qui rend progressivement tout
mouvement impossible. Cependant, cette maladie n’est pas mortelle puisque les
muscles de la langue, du pharynx, du diaphragme, des sphincters et le cœur
ne sont pas touchés. Malheureusement, l’espérance de vie moyenne des personnes
atteintes de la FOP ne dépasse par les 40 ans.
En 2006, des chercheurs ont identifié le gène
responsable de la maladie de l’homme de pierre. C’est la mutation du
gène ACVR1 qui code pour le récepteur au BMP (Bone Morphogenetic Protein),
une protéine qui induit la formation des os et du cartilage, qui entraîne un
surproduction de BPM dans la cellule. Ainsi, les cellules musculaires
deviendront cartilagineuses avant de se transformer irrémédiablement en
cellules osseuses.
Actuellement, les spécialistes sont impuissants face à
l’évolution de cette pathologie. Il faut en particulier éviter les
traumatismes, même minimes du muscle, qui favorisent les poussées. Des
chercheurs de la société de biopharmaceutique Regeneron Pharmaceuticals, basée
aux États-Unis viennent de développer un anticorps qui serait capable de
stopper l’excès de protéines BMP. Testé sur des souris, le traitement bloque
l’activine A et empêche le gène de fonctionner. « L’anticorps a été
efficace chez la souris jusqu’à six semaines, sans effet secondaire manifeste.
Bien sûr, il reste à vérifier qu’elle est aussi efficace chez l’homme »,
commentent les chercheurs.
À l’heure actuelle, le seul traitement existant est un
stéroïde qui permet de limiter les douleurs inflammatoires.
Source
: Sciences & Avenir, Vulgaris Medical
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