Le Tertre (1930, une révision pour Zélia Bishop, The Mound, in Weird Tales 1940). Un
véritable mini-roman, là encore pour l’essentiel dû à la plume de Lovecraft. Et
un récit à classer dans la catégorie des « fondamentaux », aux côtés
des Montagnes Hallucinées et de Dans l’Abîme du Temps, par la profondeur
de sa vision cosmique et la densité de son « monde perdu ».
Nous
y retrouvons notre ethnologue (cf La
Malédiction de Yig) traquant les légendes indiennes les plus curieuses de l’Oklahoma.
Il s’agit cette fois d’une rumeur insistante faisant état d’apparitions de fantômes
indiens sur un tertre désert près de la ville de Binger. Il s’agirait d’un
vieil homme errant sans but la journée et d’une squaw sans tête qui hanterait
la nuit avec une torche crachant une lumière bleue. Notre savant est hébergé
chez Mr Compton, un notable du lieu qui lui résume volontiers les légendes
locales. Un jeune homme de Binger, Heaton, mena la première exploration en 1891
et en revint à moitié fou parlant de spectres et d’hommes blancs mutilés. Puis
ce fut le cas de deux archéologues amateurs qui ne revirent jamais. En 1916, le
capitaine Lawton entreprit des recherches. On le retrouvera horriblement
mutilé, murmurant avant de mourir : lumière
bleue, Grand Tulu, Azathoth, Nyarlathoyep…. De nombreuses autres
expéditions se terminèrent de façon aussi tragique, notamment celle des frères
Clay dont le survivant était marqué au fer rouge d’étranges hiéroglyphes.
Malgré
les mises en garde de Mr Compton et du vieil Aigle Gris, chef du village, l’ethnologue
monte sa propre expédition en solitaire, aucun habitant ne souhaitant l’accompagner.
Muni de quelques outils et d’une amulette confiée par le vieux sage, notre
explorateur entreprend de débroussailler le tertre à la recherche d’une entrée
et met la main sur un cylindre, fait d’un curieux métal, décoré de gravures de
monstres sans nom et contenant un manuscrit. Il rentre rapidement chez Compton
et s’enferme pour décrypter ce qui s’avère être le journal du gentilhomme
Panfilo de Zamacona, un des coéquipiers de Coronado lors de la conquête du
Nouveau Monde au XVIe siècle. Attiré par les légendes voulant que la
région du tertre soit l’entrée menant à la fabuleuse cité d’or de Cibola, il
entreprend d’en explorer les souterrains. De caves en cryptes, de grottes en
couloirs, de galeries recouvertes de gravures grotesques en descentes
vertigineuses, Zamacona finit par déboucher dans un véritable monde souterrain
nimbé de lumière bleutée. Il y décèle des bêtes monstrueuses et se réfugie,
pour leur échapper, dans un temple d’or où trône une effrayante statue en forme
de pieuvre. Il est récupéré par une équipe d’indigènes qui communique avec lui
par la pensée. Il est dans le monde de K’n-yan, un peuple très ancien venu des
étoiles qui s’est réfugié sous terre il y a des éons, lors des grands
cataclysmes qui ont secoué la surface de la planète. Il est traité avec beaucoup
d’égards et on lui propose de collaborer en faisant le récit de l’histoire de
la terre. Mais il lui sera interdit de remonter à la surface.
Il
découvre un monde très évolué techniquement, mais en pleine décadence, la
recherche du plaisir et d’émotions fortes étant la seule motivation d’une
population pratiquement immortelle. Les traitres sont transformés en chair de
mort-vivant, pour occuper les tâches domestiques er servir de nourriture à
leurs bêtes monstrueuses de transport, les gyaa-yothn. Ils adorent Tulu et Yig
et évitent la région souterraine de Yoth, éclairée de lumière rouge, et qui
aurait abrité une race non humaine. Encore plus profond se situe la zone noire
qui, d’après certaines légendes, aurait été l’univers de Tsathoggua. L’accès en
a été colmaté.
Zamacona
cherchera à fuir en compagnie d’une esclave, T’la-yub. L’opération échouera et
la servante sera transformée en chair mort vivante. Il renouvellera la
tentative par le biais de la dématérialisation, technique qu’il a apprise à K’n-yan.
Ce
récit aiguisera la curiosité de l’ethnologue qui reprendra ses recherches sur
le tertre en finira trouver une entrée. Son incursion le remplira de terreur, à
la fois par les gravures et statues blasphématoires qu’il croisera en
permanence, mais aussi par les nombreux cadavres des expéditions précédentes qu’il
rencontrera. Se sentant entouré de mystérieuses présences et poursuivi par des
choses mortes, il prendra ses jambes à son cou, non sans avoir remarqué que l’une
de ces odieuses masses mortes portait gravé sur la chair le nom de T’la-yub.
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