Le trésor de Bugarach
Du Mont de Bugarach, où quelques-uns attendent la fin annoncée d’un monde en décembre 2012, au village de Rennes le Château où un Abbé en soutane fait d’étranges découvertes, en passant par le Da Vinci Code, sur un territoire peuplé de Cagots, de Templiers et de Cathares, l’histoire ne cesse de se télescoper.On se souvient de « l’Arche de l’alliance » et du trésor de Jérusalem emportés par les Romains lors du saccage de la ville en 70 après JC, trésor repris par Alaric 1er, roi des Wisigoths en 410 lors de sa victoire sur l’empereur Titus, emportant le trésor jusqu’à Carcassonne, ville dans laquelle il était installé, même si certains contestent encore ce fait. lien
Il reste des traces de ce qu’on a appelé « le sac de Rome » puisque la scène des romains emportant, entre autres, le chandelier à 7 branches, est gravée dans la pierre de l’arc de triomphe de Titus à Rome. photo
Plusieurs théories circulent sur l’origine du nom de la ville de Carcassonne : Pour certain, c’est Dame Carcass, qui pour duper les troupes de Charlemagne faisant le siège de la ville depuis 5 ans, aurait jeté un cochon farci de l’autre coté des remparts pour faire croire qu’ils ne manquaient de rien. lien
Plus sérieusement, il semble que le nom de la ville vienne de Carcaso, chef lieu de la « Colonie Julia Carcaso » au début de notre ère. lien
En 507, l’avancée des Francs, (lien) fit craindre aux Wisigoths la perte de leur trésor, et la légende veut qu’ils l’auraient caché dans une des immenses cavernes qui sont au cœur de la montagne de Bugarach, celle là même où campent des femmes et des hommes persuadés qu’en décembre 2012, ils seraient sauvé d’un cataclysme à venir.
D’ailleurs, la recherche de ce trésor à Carcassonne n’est pas une nouveauté :
Déjà au 16ème siècle, les Morisques, musulmans convertis de force à la religion chrétienne, installés en Languedoc, le cherchaient en vain près de l’oppidum de La Lagaste, mais aussi dans le puits de Carcassonne, puisque que leurs ancêtres l’auraient laissé là, (lien) puis au 19ème siècle, les carcassonnais, notables et bibliothécaire en tête fouillèrent sans résultat tous les recoins de la cité. lien
Ecoutons le récit que fait Procope, le célèbre historien, du siège de Carcassonne : « les francs investissent étroitement la ville de Carcassonne, ayant entendu dire qu’elle renfermait les richesses impériales que le vieil Alaric avait emportées lorsqu’il eut pris la ville de Rome. Parmi ces richesses se trouvait, dit-on, une bonne partie du précieux mobilier de Salomon ».
L’historien Guillaume Besse publie en 1645 son « histoire des antiquités et des comtes de Carcassonne », et ses recherches lui font conclure qu’Alaric a caché son trésor dans la Tour du Trésau : « la tour qu’ils bâtirent exprès, pour remettre tous ces trésors, est elle-même que nous appelons encore la tour du Trésor, à raison de quoi cette ville s’acquit le titre de Gazagothorum, c'est-à-dire « trésor des Goths » ».
En 1808, des recherches furent de nouveau entreprises, afin de trouver le trésor au fond du fameux puits, ou caché dans la Tour du Tréseau, et les fouilles reprises en 1932 ne donnèrent rien de plus.
Quoi qu’il en soit, Firmin Jaffus, un bibliothécaire de Carcassonne était convaincu dès 1868 que le trésor n’avait jamais été jeté dans le puits, ni caché dans la fameuse tour, celle-ci ayant été construite bien plus tard, sous Philippe le Bel, mais qu’il était enseveli dans les caves de l’ancien château.
Il l’a d’ailleurs écrit dans son livre : « la cité de Carcassonne et le trésor des wisigoths » : « d’après une tradition populaire, ils (les trésors) furent jetés dans le grand puits par les Wisigoths effrayés, lors de l’invasion d’Attila. C’est une fable absurde, qui ne supporte pas la discussion. Cependant, au commencement de ce siècle, une société d’actionnaires se forma à Carcassonne pour dessécher le grand puits, dans l’espoir d’y trouver des trésors : on y trouva seulement quelques pointes de flèches et quelques médailles » (lien)
Il pensait que, peut-être, le trésor aurait été enfoui dans un ancien palais, disparu depuis.
Dans le « dictionnaire historique » de Louis Moréri, dans son édition de 1759, (p 187) on peut lire : « quelques auteurs croient que les Goths fortifièrent Carcassonne, qu’il bâtirent le château et qu’il y mirent en dépôt les dépouilles de Rome (…) on voit dans la Cité un château assez fort où l’on conserve des actes très anciens et d’une écriture particulière, sur des écorces d’arbre et sur de la toile, dont il y en a plusieurs qu’on croit y avoir été apportés par les Wisigoths après la prise de Rome ». lien
Une autre théorie est qu’à sa mort, après sa défaite, Alaric II aurait été enterré dans la montagne, appelée « Montagne d’Alaric » près du château de Miramont, (lien) et d’après les traditions locales, ce serait dans une grotte appelée « le Trou des Canards » que le trésor de Jérusalem aurait été enfoui.
Jean Claude Daniel et Christian Ennaert, sur la piste du trésor depuis longtemps, en ont écrit un livre passionnant. lien
Une variante affirme qu’une fois Alaric mort à la bataille de Vouillé, une escorte wisigothe se serait repliée vers Saissac, dans la Montagne Noire, et Théodogothe, l’épouse du roi, y aurait enfoui son trésor, puis serait tombé morte, frappé par la malédiction du trésor. lien
Selon d’autres sources, les Wisigoths auraient cachés leurs trésors dans plusieurs lieux, dont un nommé Rhedae, qui deviendra par la suite Rennes le Château. lien
C’est là qu’apparait l’abbé Bérenger Saunière, à qui l’on attribue, sans preuves indéniables, la découverte d’un trésor à Rennes le Château, petite ville située à quelques kilomètres de Carcassonne.
Ce prêtre catholique est célèbre pour avoir acquis une fortune dont l’origine exacte est inconnue, mais qui, d’après Wikipedia, serait due à la découverte qu’il fit en entreprenant des travaux de rénovation dans son église. lien
Après quelques démêlés avec la municipalité républicaine, qu’il avait stigmatisé, l’accusant de laisser son église se délabrer, et appelant délibérément à voter pour la monarchie, il reçut une aide de la part de la Comtesse de Chambord, mais les 1000 francs qu’elle lui donna n’expliquaient pas les moyens qu’il mit en œuvre pour sauver l’église.
C’est en décidant de refaire l’autel de l’église qu’il mit à jour deux piliers de l’époque carolingienne dans lesquels il découvrit des rouleaux de bois scellés à la cire. lien
Par la suite, il sembla bien qu’il découvrit un trésor en faisant déplacer une dalle de pierre de grande dimension, appelée « dalle des chevaliers », située devant l’autel.
Toujours est-il que dès 1891, il créa « les jardins de l’église », puis entreprenant des fouilles dans les tombes du cimetière, commença à acheter des terrains, dont l’aboutissement fut la construction de la Tour Magdala et de la villa Béthanie dans laquelle il menait grande vie. lien
Depuis, d’autres découvertes ont été faites, sans qu’il soit prouvé qu’elles soient en relation avec celle de l’Abbé : que faisaient en 1156 ces templiers qui, utilisant des fondeurs allemands, disaient avoir réexploité la mine d’or pourtant épuisée de Blanchefort ?
D’où venait l’or qui servait à Guilhen Cathala, gendre du Seigneur de Rennes le Château à fabriquer en 1340 de la fausse monnaie ?
Et quid de celui trouvé par un jeune berger en 1645 dans le même secteur ?
Plus près de nous, d’où viennent ces pièces d’or trouvées il y a quelques mois dans la Montagne de Bugarach par ces deux randonneurs qui en 2011 reviennent avec un sac plastique contenant quelques pièces d’or ? lien (curseur à 2’10’’)
La découverte de nouveaux trésors est régulière, et comment avoir oublié celle faite par un couple en juillet 2011 dans une cave à Millau, se montant à 100 000 € ? lien
Mais revenons au trésor de Bugarach : une question se pose : « l’Arche de l’alliance » était-elle dans le butin des romains de Titus ?
Certains le contestent, affirmant que celle emportée par les Romains, puis les Wisigoths n’était qu’une copie, sans pouvoirs, car il y eu 2 temples, l’un détruit 422 ans avant JC, et l’autre en 68 ans après JC.
Cette Arche est effectivement une énigme, et on essaye en vain de comprendre comment elle aurait pu provoquer la mort d’un ouvrier qui travaillait a proximité de celle-ci : « deux prêtres invalides pour le Service dans le Temple travaillaient dans la Loge des Bois (…) la hache de l’un d’entre eux lui a échappé et est tombée la bas. Un feu est sorti qui l’a consumé ». lien
Et quid de ces chercheurs qui auraient, au cours d’une mission scientifique, fouillé les profondeurs du mont de Bugarach, et auraient abandonné précipitamment tout leur attirail sur place, retournant au village, affolés, hurlant dans le téléphone : « on a trouvé ! ». lien
Entre les allers retours incessants de l’Abbé Saunières, pouvant le mener à Bugarach, pas si éloigné de Rennes le Château, el le nom curieux de « Bugarach » que l’on ne peut s’empêcher de rapprocher de « Bourg de l’Arche », le mystère s’épaissit.
(il y aura une suite)
Car comme dit mon vieil ami africain : « la persévérance est un talisman pour la vie ».
L’image illustrant l’article provient de « fargin.wordpress.com »
Merci à Corinne Py pour son aide précieuse
Olivier Cabanel
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