dimanche 22 décembre 2013

BUGARACH, UN AN DEJA

Il y a un an, Bugarach vivait l’apocalypse médiatique

Midi Libre
22/12/2013, 06 h 00 | Mis à jour le 22/12/2013, 08 h 29
Bugarach, décembre 2012. Trois cents journalistes couvrent... "un non-événement".
Bugarach, décembre 2012. Trois cents journalistes couvrent... "un non-événement". (E. W.) 
Le 21 décembre 2012, le village était pris d’assaut par des journalistes et des illuminés pensant échapper à la fin du monde.
Le 21 décembre 2012, Bugarach brillait sous les feux de l’actualité mondiale parce qu’il allait échapper à la fin du monde. Un an après, le minuscule village audois a repris un peu groggy sa petite vie tranquille alors que le compte à rebours de la prochaine apocalypse a déjà commencé. Sous le pâle soleil de décembre, les ruelles de Bugarach sont désertes, hormis la camionnette d’un boucher des alentours où viennent se ravitailler les habitants. Car si cette localité de 200 âmes est riche en rumeurs, elle n’a ni charcuterie, ni boulangerie et la poste n’est ouverte que le matin.
 Oriana, un “designer de soucoupes volantes
Il y a un an, des dizaines de gendarmes étaient sur le pied de guerre. Les habitants excédés étaient terrés chez eux. Plus de 300 journalistes du monde entier se filmaient les uns les autres à défaut de mettre en boîte la foule d’illuminés que craignait de voir débarquer le maire, Jean-Pierre Delord. Car le seul visionnaire présent est un gars du cru bien connu dans cette région qui ne manque pas de légendes, attire les mystiques de tous poils et où les habitants voient de temps à autre des ovnis : Oriana, un “designer de soucoupes volantes”, livre à tous les micros son interprétation de l’apocalypse, en fait une révélation qui "fait l’effet de 10 000 orgasmes d’un coup".
Un lieu sacré qui échapperait à la fin du monde
Bugarach est l’objet d’un extraordinaire tapage médiatique depuis qu’en 2010 Jean-Pierre Delord a dit sa hantise de voir débarquer des vagues d’illuminés soucieux d’échapper à la 183e apocalypse prédite depuis la chute de l’Empire romain. Bugarach et son pic majestueux, point culminant du massif des Corbières avec ses 1 231 mètres, figurent parmi les lieux sacrés qui échapperaient à la fin du monde, prétendent les prophètes de l’internet librement inspirés du calendrier maya. "Plus personne ne s’intéresse à nous, dit aujourd’hui d’une boutade Jean-Pierre Delord. J’ai mis la pression à travers les médias pour que les autorités assurent la sécurité du village et ça a marché. C’était un non-événement qui était un événement quand même. C’était une belle kermesse, on a bien rigolé."
 "Il y a eu des retombées économiques et il y en aura encore"
"Dès le 22 décembre, tout est retombé comme un soufflé, confirme le sous-préfet de Limoux, Sébastien Lanoye. Bugarach et ses alentours ont repris la petite vie calme qui est la leur, même s’il y a dans les environs des populations un peu marginales." De fait, disent les habitants, les touristes ne sont pas venus en masse voir à quoi pouvait ressembler ce village dont on avait tant parlé. Mais ils veulent y voir la patte du mauvais temps au printemps et de la crise économique. Sigrid Benard, gérante de la Maison de la randonnée fermée pour l’hiver, explique qu’en dépit du retour de sa clientèle de randonneurs et d’ésotériques qui avaient fui le bruit et la fureur, la saison a été mitigée. "Il y a eu des retombées économiques et il y en aura encore", assure le maire. Le village, qui dispose d’une centaine de lits marchands, compte sur la beauté intrinsèque de la nature, sa colonie de vautours et ses orchidées sauvages pour attirer les touristes. Et aussi sur son pech au profil inoubliable qui cacherait un “garage à ovnis”, réputé envoyer des ondes magnétiques. Patrice Étienne, gérant du relais de Bugarach (vente de souvenirs et excursions), veut rebondir avec l’écotourisme et jouer la carte de l’environnement et de l’histoire dans cette région cathare, où bon nombre recherchent encore le mystérieux magot de l’abbé Béranger Saunière, dans le village voisin de Rennes-le-Château.
L’apocalypse, c’est pour 2027
En attendant, sur internet, divers apôtres de l’apocalypse y vont déjà de leur prédiction pour la prochaine fin du monde, même si les dates invoquées varient grandement. Jean-Pierre Delord a reçu une lettre lui expliquant que tout le monde s’est trompé dans l’interprétation du calendrier maya et qu’en réalité, l’apocalypse, c’est pour 2027. Pour l’instant, un autre décompte attend le maire, élu au premier tour depuis 1977. À 70 ans, il se présente "pour la dernière fois" aux municipales sans "boule de cristal" pour en prédire l’issue.


Bugarach : La fin du monde analysée un an après son ratage

Le 18 décembre à 6h00 par B. C. | Mis à jour le 18 décembre

L'Indépendant

  • Patrice Etienne veut décortiquer les causes d'un non-événement.
    Patrice Etienne veut décortiquer les causes d'un non-événement.(Photo par Photo Guillaume)

Une rumeur sur le net, des articles relayés dans la presse et la mayonnaise a pris à travers la planète. Pourquoi ? Réponse(s) ce week-end.
Le week-end des 21 et 22 décembre 2013 sera plus tranquille que la journée du vendredi 21 décembre 2012, date d'une pseudo-fin du monde. Au lieu de l'apocalypse, c'est à son décryptage que Patrice Étienne invitera le public. Il tient le Relais du Bugarach (à Bugarach), un commerce spécialisé dans la vente des produits du terroir. "Je vais organiser quelques petites conférences et débats publics, de même que des projections afin de tenter de comprendre la genèse de cette affaire, et son déroulement", confie-t-il.
Ce projet lui tient à cœur. D'autant plus que dans le passé, Patrice Etienne a travaillé dans la communication (en Belgique et à Paris). "Rappelons que suite à une rumeur sur internet, relayée dès 2010 par la presse, Bugarach fut au centre d'une couverture médiatique jamais obtenue pour un petit village inconnu du sud de la France !" Et un an après le buzz, il voudrait comprendre et analyser les causes. "Depuis plus d'un an, je note qu'on assimile Bugarach à un village d'illuminés, de farfelus : il faut casser cette image. Je ne plaisante pas. Récemment, des touristes m'ont confié qu'à Estagel, dans un magasin, ils avaient demandé leur route afin de se rendre à Bugarach. Il paraît que le commerçant a interdit à sa vendeuse de les renseigner, en disant 'Non, non, on ne connaît pas Bugarach !''..."
  • Développement touristique
Mais le week-end de réflexion programmé ces 21 et 22 décembre a aussi un autre objectif : lancer des idées pour développer l'écotourisme. Là, les pistes sont nombreuses, tant la région est riche en histoire, contes et légendes, botanique, géologie, sports de nature (spéléologie, kayak, équitation, VTT...). "Ici, on a un site fantastique. Mettre en place un projet d'écotourisme serait donc pertinent. J'ai noté que les gens qui viennent à Bugarach habitent à l'intérieur d'un triangle régional compris entre Montpellier, Barcelone et Toulouse. Il y a même des jeunes qui veulent s'installer. Mais pour cela, il faut attendre que les prix de l'immobilier baissent. En tout cas, il y a de quoi faire. Et les gens qui venaient ici pour se ressourcer, s'adonner à des activités, n'hésitent plus à revenir : en 2012, on ne le voyait plus à cause de la médiatisation du village. Ça les énervait". Si les gens normaux reviennent, c'est déjà ça.
Retrouvez ici tous les articles, reportages et vidéo que l'Indépendant a consacré à cette "affaire" de fin du monde. 

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