samedi 29 mai 2021

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE MOINE ET LE VÉNÉRABLE, Christian Jacq

 


 

Christian Jacq est bien connu pour ses romans documentaires sur l’Égypte. Mais pour souffler entre les amours de deux pharaons, il sait s’égarer sur les chemins où on ne l’attend pas. Tel est le cas de Le Moine et le Vénérable (Pocket 1999 et 2019) dans lequel il met en scène la confrontation entre deux sages sur fond d’atrocités nazies. Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale dans un camp de concentration très particulier. Il est caché dans l’enceinte d’une forteresse qui n’est pas sans évoquer le Wewelburg, même si ce nom n’est jamais cité. Mais surtout, il regroupe des prisonniers supposant détenir des « pouvoirs », convoités par l’Ahnenerbe dans le cadre de recherches menées pour renforcer la force de frappe nazie. On y croise des voyants, des astrologues, des religieux et une loge entière, « La Connaissance », obédience sauvage chargée de préserver le secret de la F+M. On comprend qu’il s’agit de quelque chose qui tourne autour de « la règle et le nombre » qui est maîtrisé par le seul Vénérable, charge à lui de transmettre le secret à son successeur avant sa mort. Le dit Vénérable, qui fut médecin dans le civil, est désigné par les autorités du camp pour épauler un autre déporté, un Moine bénédictin, en charge de l’infirmerie du camp. Sur arrière-fond de terreur brune, l’auteur va développer une réflexion en profondeur sur le combat entre christianisme et maçonnerie, combat qui ne manquera pas d’éclater dès les premières discussions entre les deux partenaires. Le bon père ouvrira évidemment les hostilités avec les arguments classiques (la maçonnerie, c’est le diable ; le Grand Architecte de l’Univers est une création perverse…), alors que le Vénérable cherchera toujours à prendre de la hauteur et à insister sur ce qui les unit. Le Moine sera ébranlé par une discussion sur « la Règle », retrouvant dans les propos du maçon ce qui a fait l’objet de la quête de sa vie. Il sera amené (confinement oblige) à assister à une tenue de la loge, acceptant le rôle de « couvreur » pour protéger ses compagnons. Il n’en sortira pas tout à fait indemne.

La chute est à la hauteur d’un « Barbara Cartland métaphysique ». Après la guerre, le Moine retrouvera son monastère et le Vénérable deviendra le Maire du petit village des environs, tout en essayant de reconstituer son obédience lourdement décimée. Et on entend tourner dans notre pauvre tête de lecteur le refrain lancinant de la chanson de Brassens : « Mais c’étaient les copains d’abord, les copains d’abord… ».


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