mardi 25 mai 2021

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LE SECRET DE H.P. LOVECRAFT, Louis de Mauboy

 


 

Louis de Mauboy, avec Le Secret de H.P. Lovecraft (éditions Anti-Spleen, 2021), nous livre un étrange roman. Cet ouvrage nous raconte en effet les aventures d’un certain … Louis de Mauboy, né 9 mois après le décès de … Lovecraft. Le récit démarre par une visite à un cercle spirite, tenu par Mme Greene, afin d’en dénoncer les supercheries. Louis joue le rôle du chercheur ouvert d’esprit. Il est accompagné par son ami, Edgar, un sceptique pur et dur, qui déploie toute une batterie de caméras et autres capteurs pour traquer l’imposture.  Il est vrai que les deux amis baignent dans l’univers des sciences de l’esprit, l’hypnotisme ou le voyage astral n’ayant plus de secrets pour eux.

Lors d’une séance d’invocation, c’est l’auteur qui sera choisi par le « revenant » pour communiquer. Et ce revenant n’est autre que Lovecraft qui veut partager son grand secret et mettre en garde l’humanité contre l’abomination qui la menace. L’Ermite de Providence qui nous est présenté ici respire la caricature : le personnage est peu sympathique, cassant, ne supportant pas qu’on l’interrompe lors de ses longs exposés et ne reniant pas son racisme. Mais on lui devra une belle synthèse sur sa mythologie, basée sur des expériences de régression onirique pour percer le mystère de l’origine des temps.

Cela dit, la thématique jusqu’ici fleure bon le « déjà mille fois lu » : les nouvelles de Lovecraft n’étaient pas de la fiction littéraire, mais des réalités tirées de ses rêves, sans que l’écrivain n’en ait eu réellement conscience au début de sa création. Mais ce qui fait la grande originalité du roman, c’est tout le matériel que de Mauboy va pouvoir tirer de ce schéma assez banal. Il l’organise en effet en une suite de séquences cohérentes, reposant sur le passé chahuté des deux amis, marqué notamment par nombre de drames familiaux Nous ne déflorerons pas ici le fil de ce véritable thriller qui nous mènera dans une obscure secte asiatique, chez les adeptes du Temple Solaire, à Nuremberg avec Hitler et au Wewelsburg avec Himmler, sur la mystérieuse île de Pâques on encore à Cross Plain où Robert R. Howard a mis la main sur l’ouvrage qui a inspiré le Necronomicon, Le Livre sans nom. Le tout agrémenté de délicieux clins d’œil : nous découvrons par exemple que la somptueuse cité de R’Lyeh est asphyxiée par les déchets de plastique rejetés par l’humanité, ce qui énerve le Grand Cthulhu et donne bien du boulot aux Shoggoths ! Le final quant à lui sera grandiose avec une prestation de l’hypnotiseur Pierre Victor Vallée au Stade de France, dans le but de désintoxiquer les participants…. fumeurs ! Cerise sur le gâteau, un bonus nous est offert à la suite du roman : les mémoires du dit Vallée qui à elles seules méritent le détour.

Mais si, je vous assure que tout cela tient solidement la route, l’ensemble est astucieusement cimenté par « la terreur cosmique » poussée jusqu’à ses plus extrêmes limites, tout en sachant obéir fidèlement à l’exercice d’une très belle plume.


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