mercredi 19 décembre 2012

CORINE CAUSE DANS PARIS MATCH

actu-match | mardi 18 décembre 2012

Bugarach. Journal de la fin du monde

Bugarach. Journal de la fin du monde
Le village de Bugarach, dans l'Aude. | Photo Pierre Terdjman

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Notre journaliste Rose-Laure Bendavid s'est réfugiée à Bugarach, village de l'Aude bientôt sauvé de l'apocalypse.


Un panneau indique que notre lieu d’arrivée se trouve à neuf kilomètres. Les terres catalanes sont derrière nous, nous foulons désormais la route des Corbières, où épicéas, buis, bouleaux et chênes ombragent une forêt toute droite sortie d’un comte de Grimm. Une pluie fine, mais tenace s’attaque subitement à notre voiture de location. Je regarde l’heure sur mon portable – 20 heures – je n’ai plus de réseau. Quant à Internet, je découvrirai plus tard que je peux oublier cette belle, mais surtout indispensable invention. Bienvenue à Bugarach. De nuit ce petit village de cent quatre-vingt-dix habitants, que l’on ne présente plus, paraît désert et peu accueillant. Les ruelles à double sens sont plus étroites que les trottoirs montmartrois, et les habitants, n’ayant pas l’habitude de croiser beaucoup de monde roulent à vive allure.
Le lendemain matin, après le temps qu’il a fallu pour réchauffer la maison, et nous par la même occasion, Marie-Noëlle, notre logeuse, se lance dans l’explication des légendes de la région. Je ne sais plus si je me trouve en terre Sainte ou avec Christophe Colomb en 1492, dans une montgolfière avec Jules Vernes, ou encore embarquée sur un galion avec Barbe noire à la recherche d’un trésor enterré par un prêtre infidèle. Outre une hypothétique fin du monde annoncée ce 21 décembre, ou d’incursions martiennes, la région connaît de nombreux mythes qui ne font pas que le bonheur des enfants le soir venu. Nous partons justement à la « Fontaine des amoureux » baptisée ainsi, en 1896, par Jules Verne, visiteur régulier des environs. Dans son roman « Clovis Dardentor », publié la même année, il donne pour nom à un des personnages « Capitaine Bugarach ». Il écrit également que, sous cette cascade, se trouverait la porte des Atlans, qui cache un monde souterrain et merveilleux remplis entre autre de sirènes. Et je passe sur le trésor caché… Le décor posé, j’ai l’impression d’être partie depuis une semaine. Sur le chemin, je rends visite à Uranie, une sorte de druide ufologue et dénicheur de complots qui habite dans une minuscule maison de berger entre Bugarach et Rennes-le-Château. Je reviendrai sur son cas plus tard, car un chapitre tout entier ne suffirait pas à le raconter.
Uranie, druide ufologue et dénicheur de complots. (Photo : Pierre Terdjman)

La cuvée "Bugarach 2012 : S’il n’en reste qu’un, je serais celui là"

Après maintes visites de chapelles creusées dans la roche, de source d’eau magique et autre fables, retour au centre du village au « Relais » qui vend la cuvée « Bugarach 2012 : S’il n’en reste qu’un, je serais celui là ». A l’intérieur, ça parle en italien et en anglais, et les propriétaires attendent avec impatience CNN et la BBC. Corine, qui tient ce petit commerce, principalement alimentaire avec son mari, depuis quatre ans, veut bien m’accorder une interview, à condition qu’elle puisse en même temps brancher ses champs électromagnétiques, qui « lui donnent la pêche », et qu’elle fait accessoirement payer 10 euros la demie heure. Autour des pains bio, trônent des romans à vendre tels que « L’appel de Bugarach », « Ces vérités que l’on cachent » ou encore «Orion et la tradition primordiale ». Corine, belle femme d’une cinquantaine d’années, s’allonge sur son divan au milieu de ses multiples diplômes de sophrologie. Elle botte en touche sur toutes mes questions : elle n’aime pas le traitement de l’information par les médias français à propos du village. « Les Américains posent des questions plus pertinentes, parce qu’ils croient d’avantage que vous ». Certes… Ses yeux bleus se perdent constamment dans le vide. Elle se retient de dévoiler sa pensée, et répète : « Je n’attends rien, je ne crains rien, les choses sont ce qu’elles sont ».
Très bien, mais votre point de vue dans tout ça, Corine ? « Je ne comprends pas pourquoi dans l’appellation OVNI, le « O » désigne le mot « Objet », il y a beaucoup d’autre choses non identifiées dans le ciel ». Les mots me manquent. Mais encore Corine, j’insiste : « La science est beaucoup plus utile que n’importe quel psy. J’ai vécu des expériences que je ne pourrais jamais décrire ou raconter, les réponses sont dans les astres et dans les rencontres ». Entendu. Elle ne croit pas au hasard, et ne se prononce pas sur la date fatidique du 21 décembre, car quoiqu’il arrive « Nous sommes émetteurs et récepteurs, ce qui se passera, c’est ce que nous avons choisi de provoquer ». Plus jeune elle voulait faire carrière dans le cinéma ou la chanson. Son cd à la main, elle explique que son truc à elle maintenant, ce sont les passages temporels et la médecine cantique. Rien n’est à voir comme une fin, mais plutôt comme un recommencement. A Suivre son regard, on sent qu’elle a souvent entrepris de recommencer.
Demain, je questionnerai son mari, qui ne sait plus où donner de la tête entre le roman qu’il écrit sur les « véritables énergies du coin » et les journalistes « qui ne racontent que des conneries sur Bugarach et les environs ». Parce qu’à mon grand bonheur, il n’y a pas qu’un village de mystique, mais toute une région. Mais surtout demain, ce sera la rencontre avec Jacqueline, « appelée » par les anges il y a une dizaine d’années. Je ne peux retenir mon excitation.Point final

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