samedi 7 novembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA CITE SANS NOM, Lovecraft






La Cité sans Nom (The Wolverine, 1921 [1]) est une nouvelle tout à fait intéressante dans la mesure où, d’après les lovecraftologues avisés, elle ouvre le cycle de ce qui sera baptisé ultérieurement par August Derleth Le Mythe de Cthulhu. Il y est question d’un voyageur qui, au fin fond du désert d’Arabie, découvre une mystérieuse cité d’une prodigieuse ancienneté : Elle gisait déjà ainsi, sans doute avant que soient posées les fondations de Memphis, ou que les briques de Babylone sortent de leurs fourneaux. Et d’en explorer les souterrains, découvrant d’étranges inscriptions, de petits cercueils et de nombreuses fresques racontant l’histoire des habitants du lieu. La morphologie de ces derniers est déroutante, mélange de phoque et de crocodile avec une tête repoussante. De temples souterrains en gigantesques cavernes, l’explorateur aboutira à un immense puits de lumière d’où émanent de repoussants grognements, mettant en péril sa santé mentale.
Même si le Necronomicon n’est pas cité, le voyageur fera plusieurs allusions au poète Abdul Alhazred et à ses fameux vers :
N’est point mort qui peut éternellement gésir,
Au cours des temps, la mort même peut mourir.
Sur l’une des fresques, il découvre un homme d’aspect primitif, l’un des premiers habitants de l’antique Cité d’Iram, la Cité des Piliers, en train de se faire déchiqueter par des membres de l’ancien peuple de la Cité sans Nom.
Précisons encore, pour le curieux, que Lovecraft fait également référence aux ignobles vers du délirant Image du Monde de Gautier de Metz. Il ne s’agit pas d’un ouvrage imaginaire ; je cite wikipédia :
« En 1246, Gautier de Metz publia L’Image du monde2, un poème en dialecte lorrain et en vers sur la création, la Terre et l'univers, dans lequel les faits se mélangent à la fantaisie. L'auteur décrit notamment une Terre sphérique plutôt que plate. Un chapitre traite de l'astrologie. Ce poème, imité librement de l'Imago mundi d'Honorius Augustodunensis, est une sorte d'encyclopédie à prétentions scientifiques comme le Moyen Âge en a tant produit, et qui ne nous intéressent plus que par les récits légendaires qui y ont pris place.
….. L’Image du monde, mise en prose et imprimée dès l'époque des incunables, a été traduite au Moyen Âge dans la plupart des langues de l'Europe occidentale ; on en possède même une traduction en hébreu, dont il existe deux rédactions différentes, et une en judéo-allemand. »
Une nouvelle assurément à relire.


[1] Pour les nouvelles regroupées sous le thème du « Mythe de Cthulhu », nous avons utilisé les deux recueils Cthulhu le Mythe de Bragelone (2012 & 2015)

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