La Cité sans Nom (The Wolverine, 1921 [1]) est
une nouvelle tout à fait intéressante dans la mesure où, d’après les
lovecraftologues avisés, elle ouvre le cycle de ce qui sera baptisé ultérieurement
par August Derleth Le Mythe de Cthulhu. Il
y est question d’un voyageur qui, au fin fond du désert d’Arabie, découvre une
mystérieuse cité d’une prodigieuse ancienneté : Elle gisait déjà ainsi, sans doute avant que soient posées les
fondations de Memphis, ou que les briques de Babylone sortent de leurs
fourneaux. Et d’en explorer les souterrains, découvrant d’étranges
inscriptions, de petits cercueils et de nombreuses fresques racontant l’histoire
des habitants du lieu. La morphologie de ces derniers est déroutante, mélange
de phoque et de crocodile avec une tête repoussante. De temples souterrains en
gigantesques cavernes, l’explorateur aboutira à un immense puits de lumière d’où
émanent de repoussants grognements, mettant en péril sa santé mentale.
Même
si le Necronomicon n’est pas cité, le
voyageur fera plusieurs allusions au poète Abdul Alhazred et à ses fameux vers :
N’est point mort qui peut éternellement
gésir,
Au cours des temps, la mort même peut
mourir.
Sur
l’une des fresques, il découvre un homme d’aspect primitif, l’un des premiers habitants de l’antique
Cité d’Iram, la Cité des Piliers, en train de se faire déchiqueter par des
membres de l’ancien peuple de la Cité sans Nom.
Précisons
encore, pour le curieux, que Lovecraft fait également référence aux ignobles
vers du délirant Image du Monde de
Gautier de Metz. Il ne s’agit pas d’un ouvrage imaginaire ; je cite wikipédia :
« En 1246, Gautier de Metz
publia L’Image du monde2,
un poème en dialecte lorrain et en vers sur la création, la Terre et l'univers,
dans lequel les faits se mélangent à la fantaisie. L'auteur décrit notamment
une Terre sphérique plutôt que plate. Un chapitre traite de l'astrologie.
Ce poème, imité librement de l'Imago mundi
d'Honorius Augustodunensis, est une sorte
d'encyclopédie à prétentions scientifiques comme le Moyen Âge en a tant
produit, et qui ne nous intéressent plus que par les récits légendaires qui y
ont pris place.
….. L’Image
du monde, mise en prose et imprimée dès l'époque des incunables, a été
traduite au Moyen Âge dans la plupart des langues de l'Europe
occidentale ; on en possède même une traduction en hébreu, dont il existe
deux rédactions différentes, et une en judéo-allemand. »
Une nouvelle assurément
à relire.
[1] Pour les nouvelles
regroupées sous le thème du « Mythe de Cthulhu », nous avons utilisé
les deux recueils Cthulhu le Mythe de
Bragelone (2012 & 2015)
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