dimanche 8 novembre 2015

LES CHRONIQUES D'EL'BIB, LE FESTIVAL, Lovecraft




Avec Le Festival (1923, Weird Tales 1925), les contours du « Mythe » continuent de se préciser. Il est question (encore une fois) d’un voyageur anonyme qui se rend à Kingsport, antique ville maritime, pour participer à une cérémonie à laquelle il a été convié par sa famille, le Festival. Celui-ci est célébré une fois par siècle, afin que ne soit pas oublié le souvenir des secrets familiaux. Le petit port semble désert, délabré, et aucune trace de pas ne marque la neige abondante en ce jour de Yule (Noël).

Kingsport est une des cités imaginées par Lovecraft, inspirée par Marblehead dans le Massachusets, à proximité de Salem. Elle a été fondée en 1639 par des colons du sud de l’Angleterre. Elle est devenue rapidement un port très actif et un important centre de constructions navales. A l’instar de sa célèbre voisine, elle fut touchée par « la vague locale de sorcellerie » et quatre supposées possédées y furent pendues en 1692. La cité se mit à décliner au XIX ème siècle, se repliant sur ses activités de pêche.

Notre visiteur se rend dans la maison de sa famille où résident deux personnes très âgées. On le fait patienter devant une petite table sur laquelle sont déposés :
° l’antique et délirant Merveilles de la Science du vieux Morryster, création de Lovecraft,
° l’horrible Saducismus triumphatus de Joseph Glanvill, publié en 1681 qui lui a bien existé. Je cite wikipédia : « Saducismus triumphatus1 est un livre traitant des sorcières écrit par Joseph Glanvill, publié à titre posthume en Angleterre en 1681.
L'éditeur est probablement Henry More, qui a contribué de façon certaine au volume ; des annotations au sujet de la sorcellerie en Suède ont été ajoutées par Anthony Horneck aux éditions suivantes. Sur celle de 1683, cela représente de longues appendices2. La contribution de Horneck s'appuie sur un pamphlet néerlandais de 16703,4.
Le livre affirme l'existence de sorcières maléfiques au pouvoirs magiques surnaturels, et attaque le scepticisme concernant leurs compétences. Glanvill associe ces sceptiques aux Sadducéens, une secte juive du temps de Jésus qui étaient réputés pour nier l'immortalité de l'âme, d'où le titre du livre : Saducismus triumphatus signifie en latin « La défaite des Sadducéens »5. Le livre analyse aussi une ancienne histoire de poltergeist intitulée Drummer of Tedworth (« Le tambour de Tedworth »). »
° la choquante Démonolâtrie de Nicolas Rémy, imprimée à Lyon en 1595. Ouvrage réel lui aussi, écrit par un procureur général lorrain qui s’illustra pour avoir conduit au bûcher de nombreuses « sorcières ».
° le fameux Necronomicon, dans sa traduction latine d’Olaus Wormius.

La petite équipe va se rendre sur le lieu de la cérémonie, emportant le dernier ouvrage. On pénétrera dans une église blanche, on descendra dans les sous-sols pour atteindre une vaste cave avec un lac au-dessus duquel planent d’horribles créatures qui tiennent du corbeau, de la taupe, de la chauve-souris et du cadavre humain en décomposition. Le point d’orgue du rituel sera d’enfourcher une de ces charmantes bestioles, ce que sera incapable de faire notre visiteur. Il préférera se jeter dans le lac. Il se réveillera à l’hôpital d’un Kingsport contemporain avant d’être transféré à celui d’Arkham. Et sous forme de clin d’œil, il persuadera le médecin de pouvoir consulter l’exemplaire du livre maudit détenu la la bibliothèque de l’université.

Pour les amateurs, signalons que cette nouvelle contient une première citation du Necronomicon :

Les cavernes les plus profondes ne peuvent pas être aperçues par les yeux qui voient, car elles recèlent d'étranges et terrifiantes merveilles. Maudite soit la terre où les pensées mortes revivent sous des formes étranges, et damné soit l'esprit que ne contient aucun cerveau. Ibn Schacabao a dit, très justement, qu’heureuse est la tombe où n'a reposé aucun sorcier, qu’heureuse est la ville dont les sorciers ont été réduits en cendres. Car il est notoire que l'âme de celui qui a été acheté par le diable ne sort pas de son charnier d'argile mais nourrit et instruit le ver qui ronge jusqu'à que de la décomposition jaillisse la vie, et que les nécrophages de la terre croissent et deviennent assez puissants pour la tourmenter, et s'enflent monstrueusement pour la dévaster. De grands trous sont creusés en secret là où les pores de la terre devraient suffire, et les choses qui devraient ramper ont appris à marcher.

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