Le Monstre sur le seuil (1933, in Weird Tales 1937).
Il est vrai que j’ai logé six balles
dans la tête de mon meilleur ami, et pourtant j’espère montrer par le présent
récit que je ne suis pas son meurtrier. Voilà
une nouvelle qui commence de façon tonique ! Il s’agit du récit de Daniel
Upton, architecte à Arkham, et ami de Edward Derby, un jeune homme introverti,
couvé par ses parents et cultivant un goût prononcé pour l’art morbide et la poésie
décadente. Il finira cependant par fréquenter l’université de la ville, suivant
un cursus de littératures anglaise et française à l’issue duquel il décrochera brillamment
un diplôme. Il tombera amoureux de Asenath Waite qui suivait pour sa part des
études en métaphysique médiévale. Une jolie jeune femme, malgré des yeux
globuleux, native d’Innsmouth. Son père, Ephraïm Waite s’adonnait aux sciences
occultes ; quant à sa mère, on ne sait pas grand chose d’elle, si ce n’est
qu’elle était toujours voilée. Marié, le jeune couple quitta la maison des
Derby et s’installa dans sa propre demeure, entouré de domestiques inquiétants
venus d’Innsmouth.
Edward
rendait souvent visite à son ami et lui apprit que son épouse possédait d’étranges
pouvoirs, notamment celui de prendre le contrôle de son esprit. Ses rêves
étaient de plus en plus inquiétants : Il
évoquait de terrifiants conclaves tenus dans des lieux reculés, des ruines
cyclopéennes enfouies au plus profond du Maine sous lesquelles d’immenses
escaliers plongeaient dans d’abyssales ténèbres foisonnant de mystères, d’angles
complexes franchissant des murs invisibles vers d’autres régions de l’espace et
du temps, ainsi que d’ignobles échanges de personnalité permettant d’explorer
des territoires lointains et interdits d’autres mondes et d’autres plans d’existence.
Sa
santé commença à décliner, et Richard Upton du aller le récupérer dans le
Maine, alerté par la police. Il était manifestement entré en contact avec une
étrange secte et tenait des propos incohérents. Sur le chemin de retour, le jeune
architecte observa une modification inquiétante de la personnalité de son ami.
Leurs
relations devinrent espacées, mais chaque contact virait à l’horreur. Upton
apprendra dans une dernière lettre de son ami, venu lui remettre en mains propres,
que Ephraïm Waite avait pris le contrôle d’Asenath, puis par le biais de
celle-ci d’Edward. Lequel Edward n’était plus qu’une loque inhumaine et repoussante.
La fin sera tragique, ainsi qu’on peut le deviner dès les premières lignes de
la nouvelle.
Quelques
commentaires :
°
Arkham est abondamment utilisée dans les nouvelles de Lovecraft et chaque texte
apporte des précisions supplémentaires sur cette cité étrange. L’auteur nous en
a du reste, à l’instar d’Innsmouth, laissé un plan.
°
Les femmes sont rares dans l’œuvre de Lovecraft, et lorsqu’elles interviennent,
ce sont toujours des monstres !
°
Les livres :
On
retrouve ici le Necronomicon, ainsi
que Le Livre d’Eibon et les Unausspreclichen Kulten.
Sont
également citées les œuvres d’Edward Derby, Azathoth
et autres Horreurs, ainsi que Le
Peuple du Monolithe, recueil du poète baudelairien Justin Geoffrey qui
mourut en 1926 dans un asile d’aliénés, de retour d’un village hongrois de
sinistre réputation. Ce dernier est une création de Robert E. Howard in The
Black Stone et The House.
° Les créatures :
Sont
évoqués les shoghots, Shub-Niggurah, la Chose Encagoulée.
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