mardi 12 janvier 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB, LA COULEUR TOMBEE DU CIEL, Lovecraft

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La Couleur tombée du Ciel (1927, in Amazing Stories, 1927) est certainement le texte dans lequel Lovecraft exprime le mieux son talent de peintre de l’horreur. Car rien n’est clairement décrit, tout le développement de l’abomination se fait par petites touches de plus en plus incisives. L’histoire est pourtant très simple. Un jeune architecte de Boston vient à Arkham pour étudier l’installation d’un réservoir dans la région. Il y trouve une lande foudroyée, une ferme détruite et un puits inquiétant. Il se renseigne et découvre qu’un phénomène qui n’est pas d’origine naturelle est responsable de cette désolation. Une étrange météorite serait tombée en 1880 dans le champ de Nahum Gardner. Les savants de l’université de Miskatonic sont incapables d’analyser les fragments d’une roche qui diminue de taille, refuse de refroidir et émet des lueurs qui ne correspondant pas aux canons des couleurs terrestres. Parallèlement, les plantes se rabougrissent, les animaux meurent de terreur et la folie gagne la famille.
Quelle que soit la chose infernale prête à éclore au fond du puits, elle doit être prisonnière d'une façon ou d'une autre, sans quoi elle se propagerait rapidement. Serait-elle attachée aux racines de ces arbres qui griffent l'air de leurs branches ? L'une des histoires d'Arkham relate que de gros chênes brillent et s'agitent la nuit d'une manière surnaturelle...
Dieu seul sait de quoi il s'agit

L’épouse du fermier sera la première victime.
Cela se produisit en juin, environ un an après la chute du météore : la pauvre femme [Mrs Pierce] se mit à crier qu'elle voyait dans l'air des choses impossibles à décrire. Dans son délire, elle n'employait pas un seul nom déterminé, mais uniquement des verbes et des pronoms. Des choses bougeaient, volaient, se transformaient ; ses oreilles tintaient sous l'effet de vibrations qui n'étaient pas exactement des sons. Quelque chose lui était enlevé, ... on lui arrachait quelque chose, ... quelque chose s'attachait à elle, ... quelqu'un devrait bien l'en débarrasser, ... rien n'était immobile dans la nuit, ... les murs et les fenêtres se déplaçaient ... [Son mari] ne l'envoya pas à l'asile ; il la laissa errer à travers la maison tant qu'elle fut inoffensive pour elle-même et pour les autres, même quand l'expression de son visage commença à changer. Mais lorsque les enfants prirent peur, lorsque Thaddeus faillit s'évanouir à la vue des grimaces menaçantes de sa mère, il décida de l'enfermer dans la mansarde. En juillet, elle avait cessé de parler et se traînait à quatre pattes ; avant la fin du mois, Nahum conçut l'idée insensée qu'elle luisait légèrement dans le noir, tout comme la végétation environnante. ... [...]

Puis ce sera le tour des enfants dont deux d’entre eux disparaîtront dans le puits. Un ami du fermier découvrira enfin celui-ci en train d’agoniser, « aspiré » par une créature maligne. L’enquête de la police et de l’université sera incapable d’expliquer ce phénomène.

Selon les lovecraftologues érudits, ce texte marquerait clairement l’entrée de l’auteur dans le domaine de la science-fiction. Selon wiki, Lovecraft a toujours été atterré par la représentation trop anthropomorphique des extraterrestres dans la fiction et il souhaitait avec cette nouvelle présenter une forme de vie qui soit totalement inhumaine. Pour cela il tire son inspiration de nombreuses sources décrivant des couleurs en dehors du spectre visible. S. T. Joshi cite le livre de Hugh Elliott, Modern Science and Materialism (1919), alors que Will Murray cite les pierres décrites par Charles Hoy Fort dans Le Livre des Damnés comme une inspiration possible pour la météorite.

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