jeudi 28 juillet 2016

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA LAMPE D'ALHAZRED, Derleth & Lovecraft





La Lampe d’Alhazred (un texte de Derleth d’après des notes de Lovecraft, The Lamp of Alhazred in The Survivor and Others, Arkham House 1957). Je ne sais pas si Lovecraft y est pour grand-chose dans ce texte de Derleth, mais nous sommes en présence d’une petite perle. Un récit autobiographique (du moins si on suppose que la plume de Lovecraft a été utilisée) qui met en scène l’auteur, Ward Phillips, reclus dans sa maison d’Angel Street, et à qui on va remettre la dernière pièce de l’héritage de son grand père, le vieux Wipple. Il s’agit d’une lampe magnifique, provenant d’une tombe en Arabie, et ayant appartenu au poète fou, Abdul Alhazred. On l’aurait retrouvée dans la ville secrète d’Irem, la Cité des piliers. Ward partage son temps entre des promenades diurnes dans la campagne aux alentours de Providence et de laborieux travaux nocturne d’écriture afin de subsister. Il s’était mis à écrire pour de médiocres petits périodiques à bon marché. Pour augmenter ses ressources, il révisait des manuscrits, en prose ou en vers. Ces textes, d’avance condamnés, émanaient d’auteurs beaucoup moins qualifiés que lui. Ils espéraient que, par quelque miracle de sa plume, ces manuscrits trouveraient le chemin d’un éditeur.
Et puis un soir, il abandonne ses habituelles bougies et allume la lampe. Et le miracle se produit. Il voit sur les murs des paysages magnifiques, des cités somptueuses et découvre Kaddath la mystérieuse, Arkham et la rivière Miskatonic, Dunwich, Innsmouth et le récif du Diable, les Montagnes Hallucinées au Pôle Sud…. Ces visions lui inspireront l’essentiel de son œuvre. Il oubliera la lampe, et bien des années plus tard, se sentant très malade, il l’allumera à nouveau. Et cette fois le spectacle sera celui de la Nouvelle-Angleterre de son enfance, des collines qu’il aimait gravir et des forêts dans lesquelles il se perdait volontiers. Il franchira la porte pour retourner dans le décor de son enfance. On ne retrouvera jamais sa trace.

N’est point mort qui peut éternellement gésir,
Au cours du temps, la mort même peut mourir.


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