La Lampe d’Alhazred (un texte de Derleth d’après des notes de Lovecraft,
The Lamp of Alhazred in The Survivor and
Others, Arkham House 1957). Je ne
sais pas si Lovecraft y est pour grand-chose dans ce texte de Derleth, mais
nous sommes en présence d’une petite perle. Un récit autobiographique (du moins
si on suppose que la plume de Lovecraft a été utilisée) qui met en scène l’auteur,
Ward Phillips, reclus dans sa maison d’Angel Street, et à qui on va remettre la
dernière pièce de l’héritage de son grand père, le vieux Wipple. Il s’agit d’une
lampe magnifique, provenant d’une tombe en Arabie, et ayant appartenu au poète
fou, Abdul Alhazred. On l’aurait retrouvée dans la ville secrète d’Irem, la
Cité des piliers. Ward partage son temps entre des promenades diurnes dans la
campagne aux alentours de Providence et de laborieux travaux nocturne d’écriture
afin de subsister. Il s’était mis à
écrire pour de médiocres petits périodiques à bon marché. Pour augmenter ses
ressources, il révisait des manuscrits, en prose ou en vers. Ces textes, d’avance
condamnés, émanaient d’auteurs beaucoup moins qualifiés que lui. Ils espéraient
que, par quelque miracle de sa plume, ces manuscrits trouveraient le chemin d’un
éditeur.
Et
puis un soir, il abandonne ses habituelles bougies et allume la lampe. Et le
miracle se produit. Il voit sur les murs des paysages magnifiques, des cités
somptueuses et découvre Kaddath la mystérieuse, Arkham et la rivière
Miskatonic, Dunwich, Innsmouth et le récif du Diable, les Montagnes Hallucinées
au Pôle Sud…. Ces visions lui inspireront l’essentiel de son œuvre. Il oubliera
la lampe, et bien des années plus tard, se sentant très malade, il l’allumera à
nouveau. Et cette fois le spectacle sera celui de la Nouvelle-Angleterre de son
enfance, des collines qu’il aimait gravir et des forêts dans lesquelles il se perdait
volontiers. Il franchira la porte pour retourner dans le décor de son enfance.
On ne retrouvera jamais sa trace.
N’est point mort qui peut éternellement
gésir,
Au cours du temps, la mort même peut
mourir.
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