Fourtou
L'épopée du pétrole audois
Le 15/10/2012 à 06h00 par Laurent Costes
| Mis à jour à 09h54
A Fourtou, le forage est caché dans un taillis. © Photos C. Boyer
Bienvenue à Fourtou : ses immenses
forêts , ses prés, ses troupeaux de gasconnes et... son puits de
pétrole. A l'entrée du village, au lieu-dit "Les Violles", au milieu
d'un taillis, un ancien forage rappelle la fièvre de l'or noir dans
cette paisible commune du canton de Couiza. C'était dans les années 1920
et 1930.
A l'époque, plusieurs investisseurs, des
Parisiens et un Lillois, avaient déposé des demandes de permis pour la
recherche d'hydrocarbure sur cette zone, entre Rennes-les-Bains et
Camps-sur- l'Agly. Le village garde quelques vestiges de cette épopée.
Des tuyaux en fonte, récupérés sur ce site, sont parsemés dans le
village. Ce forage ayant été laissé à l'abandon, les habitants de
Fourtou ont utilisé librement ces conduits pour amener l'eau dans les
fermes.
A 340 m de profondeur
Quelques aînés gardent des souvenirs
épars de cette exploration. "A l'époque, les gens du village sont allés
transporter le matériel avec les boeufs pour l'entrepreneur. Le chemin
d'accès a dû être agrandi", se souvient Guy Devèze, 83 ans. Pendant le
chantier, les ouvriers étaient logés dans le presbytère du village et
l'ancien hôtel Cros. Un baraquement avait été aménagé sur le site.
La prospection s'est déroulée en 1929
et 1930. Quelques rares documents retrouvés aux archives départementales
racontent cet épisode, à travers les délibérations des conseils
municipaux et les demandes de permis auprès du ministère des travaux
publics. On y apprend qu'un dénommé Joseph Mognier, ingénieur, dirigeait
les opérations pour le compte de plusieurs autres associés, dont Henri
Watrigant, industriel lillois, de la Société générale de transport et
d'exploitation agricole. Le 9 novembre 1929, les travaux ont été
suspendus au sondage des Violles à 340,07 m, et quatre autres forages
ont ou devaient être réalisés sur ce territoire.
Mais à ce jour, impossible de retrouver
la trace des résultats du sondage. Seule certitude : si du pétrole avait
été découvert, il aurait été exploité. Et pour cette commune rurale,
l'affaire aurait été particulièrement lucrative : en plus d'une
redevance de 300 F par an, l'exploitant s'était engagé à reverser 0,3 F
par tonne prélevée...
A Fourtou, certains croient toujours à
la présence de l'or noir sous le plancher des vaches. Ils en veulent
pour preuve l'aspect "huileux" de l'eau dans certains étangs ou forages
(lire ci-contre), comme le fait remarquer le maire, Bernard Cros. Mais
pour l'heure, la présence d'hydrocarbure n'a pas été avérée. Et, aussi
étonnant que cela puisse paraître, plusieurs géologues spécialistes de
cette zone, ignoraient même, jusqu'à notre sollicitation, l'existence de
ces recherches.
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