Midi Libre
Dans la vie, il faut faire son trou", dit un vieil
adage. Ce n'est pas l'abbé Saunière qui le contredirait.
L'ancien curé
de Rennes-le-Château, on le sait, aurait soi-disant laissé traîner un
trésor, quelque part, dans les entrailles de sa paroisse. Et depuis des
lustres, des centaines d'inconnus creusent le sujet. Mais aucun n'a
remonté à la surface quelque butin conséquent et trébuchant. Seuls
trébuchent ceux qui se promènent sans voir les trous creusés un peu
partout dans le village. Le trésor de Rennes-le-Château est un sujet que
tout le monde pioche. Mais si beaucoup répondent à la "pelle" du
mystère, il y a peu d'élus. Quoique... Hier, le chercheur Max Trouvetou a
mis au jour une cache située sous le fameux bénitier diablement connu.
Marie Denarnaud, sa gouvernante, était à ses côtés. "Elle est bien bonne
avec lui", disent des mauvaises langues influencées par l'abbé Boudoir,
un amoureux de l'ordre moral (on le surnommait "l'abbé rangé"). Ce qui
ne l'empêchait pas d'admirer les atours de Madeleine (plus connus sous
le code singulier de l'atour Magdala), une copine à Saunière qui faisait
rempart de son corps. Pourtant elle n'était pas du genre à monter au
créneau dans ce domaine (celui de l'abbé). Toujours est-il qu'elle a
connu la vie de château telle une reine au point d'être surnommée "Reine
du château". Et comme elle savait tenir les rênes de son pouvoir
d'attraction, on évoqua aussi les rênes du château. "Mon trésor, mon
trésor... J'ai le goût de la Madeleine que je tremperais bien...", lui
serinait l'abbé qui ne croyait pas si bien dire. Un trésor, elle en
avait un. Mais elle défuncta avant de le révéler. Heureusement, son
esprit hanta les lieux. Et le fantôme de sa voix d'en faire tout un
fromage du trésor ! Et à force de répéter "Trouvez les dessous de
l'affaire", Max Trouvetou comprit que le magot gisait sous la tour.
C'était diablement facile à deviner. Hier matin, le butin fut alors mis
au jour dans une ambiance d'enfer et la foule en profita : diamants et
Louis d'or volèrent vers des mains avides et sous les yeux ovales de Mgr
Jacques Treize (il n'est pas originaire d'Arzens). Le trésor de l'abbé a
donc été redistribué aux pauvres Limouxins. Essai transformé contre la
baisse du pouvoir d'achat. Grâce aux trous de Rennes, il n'y en a plus
dans le budget. Le fantôme de Magdala avait le diable au corps. Il y
avait une ambiance d'enfer à repasser le film de Rennes-le-Château en
continu...
Limoux et sa région
Limoux. Et si le Diable avait raison ?
carnaval
Le trésor de Rennes-le-Château continue de faire rêver, scientifiques, littérateurs, poètes, journalistes, touchés mais pas coulés par le fiasco de Bugarach. Carnavaliers aussi bien sûr. Il n'est pas rare que le Diable et le Bon Dieu ne se donnent rendez-vous une de ces fins de semaine place de la République. Histoire d'examiner le cas de ce pauvre curé accusé de tous les maux dont celui d'être inexplicablement riche. D'entretenir aussi des relations bizarres avec le ciel comme avec le monde, du reste. De focaliser, tel un paratonnerre, les énergies, envies et frustrations. Et de vérifier enfin par la même occasion la permanence de l'attractivité du scénario sur les esprits et le public en général. La bande des Blanquetiers est revenue, à sa manière, sur l'énigme du trésor, dans une production digne de Cécil B. de Mille, reproduisant avec fidélité une réplique plutôt convaincante de la célèbre tour Magdala où l'abbé s'abîmait en lectures, prières et méditations. Par un raccourci propre à Carnaval qui joue avec le temps et les époques comme un enfant avec de la pâte à modeler, les personnages du cortège ont fait resurgir la trame humaine et sociale d'une saga qui a quelques épisodes encore devant elle. L'abbé bien sûr, sa servante, un évêque, des chercheurs de trésors guidés par la poêle à frire, le diable enfin et quelques autres masques pittoresques. Évidemment, la question posée par la présence de la tour, était : que peut-il bien sortir de là-dedans ? Sans avoir une idée précise sur la nature du trésor, on se doutait bien qu'il ne s'agissait pas d'un calice au sens habituel où on l'entend, ni d'un livre d'heures ou de prière où les images ne peuvent être que saintes. Une première silhouette aux allures de revenante s'échappa de l'obscurité à l'entrée de la porte, laissant présager quelque chose d'heureux compte tenu des gloussements contenus.
Sur un air de french-cancan, trois créatures de rêve commencèrent à jeter bras et jambes en cadence, l'agitation sur une jambe ou deux gagnants peu à peu la sphère ecclésiastique, le diable aussi emporté corps et bien dans un joyeux sabbat qui n'en espérait pas tant sans doute, et qui surpris, levait les yeux au ciel. Le trésor de Rennes-le-Château selon les Blanquetaires ne serait donc qu'une antichambre de lupanar comme au temps de la Goulue ? Nous n'étions pas loin de le croire.
La Dépêche du Midi
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