À quelques semaines de la date fatidique du 21 décembre, quelle est l’ambiance à Bugarach ?
Quelle est la vérité sur les rumeurs qui entourent Bugarach ?
Quand je suis parti à Bugarach, je n’avais rien de précis en tête et pour dire la vérité, je ne sais pas ce que j’y ai trouvé, à part du vide. Bien sûr, à force de chercher le mystère, les gens finissent par le trouver. Les randonneurs ont progressivement cédé la place aux ésotériques. En fait, comme on est dans l’ère d’Internet, Bugarach a pris le relais de Rennes-Le-Château, sans doute parce que le mystère y est moins concret. Chacun y projette ce qu’il veut y voir, c’est comme regarder la forme des nuages allongé dans l’herbe… On parle d’ovnis, du magnétisme du pic - personnellement, ma montre a très bien fonctionné au sommet ! - du corps de Jésus enterré sous la montagne, etc. Bref, c’est une usine à imaginaires. On prétend que le survol en est interdit. Tout cela est faux. La seule vérité, c’est que le pic est effectivement ce qu’on appelle une montagne renversée. À la suite d’un déplacement tectonique, les couches supérieures du Pech sont plus anciennes que les couches inférieures. Ce qui explique la quantité de galeries et de souterrains. C’est effectivement rare, mais tout à fait explicable géologiquement.
De quand datent ces rumeurs et la réputation de Bugarach ?
C’est comme les histoires drôles, on ne sait pas qui les a inventées ! C’est frustrant, impossible de situer le cœur de cette affaire. Ce qui est sûr, c’est que Bugarach n’est connu dans le monde entier que depuis décembre 2010, lorsque sur Internet est apparu le premier lien entre le village et l’apocalypse annoncée soi-disant par le calendrier Maya. Après, cela a fait boule de neige. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il est très difficile d’éteindre ces rumeurs, car Bugarach n’attire aucune croyance commune. Ce n’est pas un lieu fédérateur. Chacun en a sa vision et la défend, attirant ainsi tous les gens en quête de mystères.
Comment les habitants vivent-ils cette situation ?
Bugarach est un village de 200 habitants, rural comme beaucoup d’autres, un village qui souffre de la PAC et qui a voté Hollande aux présidentielles. Il reste quelques familles d’origine et pour le reste, il n’y a pas de cinglés ou d’extrémistes. C’est vrai que tous ceux qui sont venus là n’y sont pas venus par hasard. C’est souvent dans l’idée d’un retour à la terre. Cela donne une mentalité ouverte, accueillante. Il y a plus de treize nationalités à Bugarach. Aucune des rumeurs n’est venue des gens du coin. Au début, cela les a amusés, mais aujourd’hui, ils sont lassés.
Fin du monde, affaire classée
Par François Marchand 3
Publié
Réactions
le village de la fin du monde. rendez-vous à Bugarach, de Nicolas d'Estienne d'Orves.
Si la fin du monde pour le prochain solstice d'hiver constitue une
vérité scientifique désormais bien établie, la raison pour laquelle
Bugarach, petit village de l'Aude, en réchapperait demeure une question
largement débattue. Nicolas d'Estienne d'Orves rouvre le dossier dans un
livre dont l'idée principale est de parler sérieusement de choses
loufoques. Son enquête l'amène à rencontrer une série de personnages
plus ou moins exaltés dont les versions sur l'immunité éventuelle du
village divergent largement. On y croise aussi des sceptiques, mais ce
sont des locaux: il est un peu facile de frimer quand, de toute façon,
on sera à Bugarach le moment venu.Le Village de la fin du monde, très
drôle et bien documenté, toujours à mi-chemin entre le canular et
l'enquête, autorise toutes les conclusions. En effet, l'auteur se rend,
page 141, dans une ville de la banlieue parisienne accessible par le RER
D afin de rencontrer un couple sorti tout droit d'une nouvelle de
Lovecraft. Sa glaçante description de la zone pavillonnaire vierge de
toute vie humaine qu'il traverse permet de conclure que, en vérité, la
fin du monde a probablement déjà eu lieu. Grasset, 300 p., 19 €.
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