ADAMSKI ET LE CROCODILE

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Une chronique de l'ouvrage de Marc Hallet parue dans La Lettre du Crocodile de décembre 2010.

OVNI

Le cas Adamski de Marc Hallet, Collection les Cahiers Fortéens, Editions L’œil du Sphinx.

En 1971, nombre d’entre nous ont lu avec enthousiasme un livre de la célèbre collection rouge de chez J’ai lu, L’aventure mystérieuse, intitulé Les soucoupes volantes ont atterri, des auteurs Desmond Leslie et George Adamski. Ce livre, best-seller mondial, inaugurait brillamment la littérature ufologique et la carrière de George Adamski. Marc Hallet, qui s’est intéressé très tôt à George Adamski, avant 1968, consacre ici une enquête passionnante à cet homme, faussaire génial qui sut surfer sa vie durant sur la vague ufologique.
L’expérience de George Adamski se trouve à la croisée d’une spiritualité immature et d’un pseudo-scientifisme. L’enquête de Marc Hallet aboutit à un réquisitoire implacable contre Adamski, certes, mais aussi contre une époque où le droit de rêver, déjà sous contrôle, religieux, moral, bourgeois…, s’exerce par obligation dans les marges, parfois avec bonheur, parfois au risque de se perdre. Le lecteur sera frappé par l’imagination exagérée d’Adamski qui attira très tôt les soupçons, notamment au sein de la mouvance ufologique, mais qui, aussi, ne cessa d’avoir des disciples inconditionnels, même après son décès.
Selon Marc Hallet, « Adamski avait en quelque sorte le don de manipuler son entourage en jouant sue deux cordes sensibles :
1) il flattait les gens en leur donnant l’impression qu’ils vivaient avec lui une aventure d’importance cosmique.
2) Il titillait la paranoïa latente de ses disciples en leur faisant croire que bien que le Groupe du Silence tentait d’étouffer la vérité, les Frères de l’espace veillaient à ce que rien de fâcheux n’arrive. Ainsi, chaque incident, bon ou mauvais, était-il utilisé par Adamski pour valider ses affirmations. »
On retrouve dans l’analyse de Marc Hallet, mis en évidence, des mécanismes présents dans les crispations sectaires qui balaient tout le champ de l’expérience humaine, du religieux au politique.
Cependant, nombre de personnes se rendirent compte de l’incohérence de l’édifice proposé par Adamski :
« A force de vouloir proposer à ses disciples des récits toujours renouvelés, pour les garder en haleine et s’assujettir leur confiance, Adamski alla donc trop loin et commença à raconter, (…) des choses difficilement acceptables. Tels furent les voyages sur Vénus et Saturne. Les moins rêveurs tombèrent de leur nuage et commencèrent à avoir des doutes. D’autres trouvèrent étrange qu’Adamski semblait désormais ne plus s’intéresser qu’à des choses comme la magie noire ou les voyages en « rêve-éveillé » que d’autres identifièrent au voyage astral des occultistes. »
Faut-il se contenter de dénoncer le cas Adamski comme regrettable et déplorer la toxicité certaine de son montage pour des esprits faibles ? Non sans doute, il est intéressant à travers ce cas exemplaire de chercher à comprendre les mécanismes d’identification de l’être humain, ses faiblesses et ses forces, sa créativité, parfois nocive, et d’en apprendre plus sur nous-mêmes. En effet, les mécanismes utilisés par Adamski sont inhérents à la Société du spectacle dénoncée par Guy Debord.
L’enquête fouillée de Marc Hallet présente donc un double intérêt. Intérêt historique par les informations, les témoignages, les documents apportés. Intérêt sociétal par l’implication d’une telle possibilité, toujours à l’œuvre sous une forme ou une autre.

Les Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris, France.
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