Tout ce qui est sur terre doit périr (Pocket 2019) est la reprise de La dernière Licorne de Michel Bussi (2017). Un thriller ésotérique bien léché dont le héros n’est autre que l’Arche de Noé qui serait perchée sur le mont Ararat ! Le combat pour retrouver le navire mythique est sans merci entre le Parlement Mondial des Religions et ses services spéciaux (! cf 2017), protecteurs de la théorie biblique qui se retrouve du reste dans beaucoup d’autres Traditions[1], et des terroristes illuminés qui veulent faire éclater au grand jour la véritable nature de l’anomalie d’Ararat (photo prise d’avion qui suggère la forme d’un bateau). Car la découverte de celle-ci pourrait remettre en cause de nombreuses croyances. Je ne spolierai pas ce dont il s’agit, qui n’est du reste pas difficile à deviner quand on sait « que les Fils de Dieu trouvèrent belles les Filles des Hommes !). L’équipe d’aventuriers qui s’est glissée entre les protagonistes comprend une glaciologue, car le réchauffement climatique et la fonte des glaces pourraient prendre tout le monde de court et révéler aux yeux de tous « l’anomalie ! ». Ajoutons que la « licorne » est en permanence en arrière-plan du récit et qu’elle semble apprécier les contreforts de l’Ararat. Animal mythique produit de l’imagination humaine ou animal réel qui aurait été décimé lors du Déluge ? De nombreux chercheurs ont analysé les iconographies représentant cette catastrophe pour débusquer une corne légendaire. Les résultats ne sont guère probants.
Restons dans le sourire en rappelant que les créationnistes américains ont ouvert en 2016 un « Biblical Park » dans le Kentucky avec une reconstitution de l’Arche grandeur nature (d’après les indications de la Bible). Ils ont en projet de passer maintenant à Tour de Babel. Ils devraient faire un partenariat avec le Park von Dänicken d’Interlaken, ses « anciens astronautes » ne seraient pas dépaysés !
[1] Les récits bibliques de l'arche de Noé présentent des similitudes avec un mythe mésopotamien décrit dans le Poème du Supersage datant du XVIIe siècle av. J.-C., dans la légende de Ziusudra qui pourrait elle aussi dater de la fin du XVIIe siècle av. J.-C., puis repris au XIIe siècle av. J.-C. au plus tard dans la version assyro-babylonienne « standard » de l'Épopée de Gilgamesh, mythe qui raconte comment un Sage appelé Atrahasis, Ziusudra ou Uta-Napishtim selon les différentes versions du mythe, fut invité par le dieu Enki/Ea à construire un navire, dans lequel il pourrait échapper au déluge envoyé par l'assemblée des grands dieux3. D'autres versions, d'une ressemblance plus approximative, peuvent se retrouver dans de nombreuses cultures à travers le monde. L'histoire de l'arche a fait l'objet par les religions abrahamiques d'interprétations abondantes, mêlant raisonnements théoriques, problèmes pratiques et considérations allégoriques : les commentateurs, ainsi, pouvaient aussi bien se poser la question de la gestion du fumier que celle de l'arche comme première incarnation d'une Église offrant le salut à l'humanité
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