mardi 22 octobre 2024

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA NEIGE ETAIT SALE, Georges Simenon

 


La neige était sale (Georges Simenon, le Monde 4, 2024 ; VO 1948) est assurément un chef d’œuvre du glauque de notre prolifique écrivain belche. Ce n’est pas à proprement parler un polar (la recherche par l’enquêteur du coupable), mais une véritable immersion dans la peau d’un tueur afin d’en démonter la mécanique. Un demi-siècle plus tard, l’anglais Colin Wilson, se livrera avec avec brio à cette même queste épuisante, épuisante puisqu’elle nous met face au problème du mal qui restera toujours un grand mystère pour l’humanité. Nous sommes dans une banlieue sordide (la ville n’est pas identifiée), durant les années d’occupation, en compagnie du jeune Franz Friedmaier, dont la mère tient un bordel pour les occupants et dont le père, officiellement inconnu, pourrait bien faire partie de ces sinistres soldats. La vie s’organise autour d’un douteux tripot, le « Timo », où Franz n’aura pas de difficultés à faire ses classes ; Meurtre gratuit, assassinat d’un militaire collabo, vols avec homicide, prostitution etc. Et toujours, comme ressort, faire le Mal, non par appât du gain ou simplement par gloriole, parce que c’est ainsi qu’il est fabriqué. Il finira par se faire arrêter, et se renfermera dans un mutisme absolu tout le long de sa détention. Rien n’aurait pu le faire craquer, pas même la perspective de son exécution tant l’idée de la mort était déjà parfaitement intégrée à sa construction mentale. Jusqu’au jour où ….. la visite et les tendres confidences d’une de ses anciennes tortionnaires lui remirent brutalement les pendules à l’heure et lui permirent de partir au peloton d’exécution le cœur noyé de bonheur. On n’est pas sans penser ici à La joie de vivre d’Émile Zola où l’on voit que la félicité peut toucher le plus malheureux et que la rédemption est toujours disponible pour qui sait la voir.

 

A noter une bonne adaptation en BD : Jean-Luc Fromental (scénario) et Bernard Yslaire (dessin), La neige était sale, Bruxelles, Dargaud, 2024, 104 p.

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