mercredi 4 juillet 2018

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : SHERLOCK HOLMES ET LES OMBRES DE SHADWELL, James Lovegrove





J’adore les pastiches holmésiens ; j’adore les récits néo-lovecraftiens. Et les crossover entre les deux genres sont une de mes friandises préférées. Aussi Sherlock Holmes et les Ombres de Shadwell de James Lovegrove (Bragelone 2018) a-t-il à priori tout pour plaire, d’autant plus que l’objet, avec sa tranche dorée, est magnifique. Mais cela commence mal, avec une histoire emberlificotée de manuscrit reçu par l’auteur, qui est d’une branche éloignée de la famille Lovecraft, avec pour instruction de le mettre dans un coffre après lecture et de l’oublier. Un artifice qui n’était pas vraiment nécessaire.
Le récit est celui du Dr Watson qui raconte la vérité sur sa rencontre avec Holmes et qui nous explique que tout ce qu’il a écrit par la suite n’est que de la poudre aux yeux pour dissimuler l’atroce vérité : les Grands Anciens sont de retour et réclament leur dû.
Récrire le Mythe Holmésien à la lumière du Mythe de Cthulhu est un exercice audacieux, mais périlleux. Et l’auteur n’arrive pas à convaincre, car les ficelles sont grosses et donnent à l’ensemble un caractère très téléphoné. On démarre avec d’étranges meurtres dans le quartier de Shadwell, les victimes étant retrouvées dans un état de maigreur squelettique, comme complétement « vidées ». Holmes découvre l’existence des Grands Anciens après avoir absorbé une drogue proposée par un chinois des plus louches alors que Watson se souvient d’avoir visité un temple de l’horreur lors de sa campagne militaire en Afghanistan. Et de se livrer à des recherches érudites dans le Département des Livres Réservés du British Museum. Las, l’ouvrage convoité, le Necronomicon, a été dérobé au grand dam de la bibliothécaire. La fiche de consultation indique que le dernier lecteur est un certain Moriarty. Le reste s’enchaîne sans surprise : Moriarty a conclu un pacte avec Ceux du Dehors dont il doit assurer la nourriture. Holmes, son frère Mycroft, Watson et un inspecteur de police seront les prochaines proies. Et on a droit à une interminable scène de bagarres dans un souterrain sous une église de Shadwell où, bien sûr, la créature émergera du lac enfoui. De façon curieusement hérétique, le monstre écailleux aux nombreux tentacules n’est pas Cthulhu mais Nyarlathotep. Ouf, Moriarty sera vaincu, on ne s’en doutait pas…
Deux autres ouvrages sont annoncés pour poursuivre la réécriture de la saga holmésienne. Espérons que l’auteur fera montre de plus d’originalité !

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