Emmanuel Le Bret, avec Conan Doyle contre Sherlock Holmes (éditions
du Moment, 2012), nous donne un excellent aperçu de la vie de Conan Doyle,
véritable roman en elle-même. Né en 1859 d’une famille modeste à Édimbourg, il
connaitra une enfance de « pauvreté épanouie ». Il fera ses classes
chez les jésuites, avant de rejeter la religion chrétienne et se réclamer de l’agnosticisme.
Et sa personnalité va se développer en un certain nombre de sous-ensembles qui
se recoupent souvent mais gardent toujours une couleur d’autonomie. On trouve
le Doyle médecin, un peu malgré lui, mais dont la pratique lui permettra de
faire deux expéditions lointaines, au Groenland puis en Afrique comme médecin
naval. On croise le Conan Doyle patriote, défendant la guerre des Boers,
dénonçant les atrocités commises au Congo et s’engageant dans la première
Guerre Mondiale comme « Chroniqueur Officiel de la Grande Bretagne ».
On sourit à l’évocation de l’écrivain amoureux d’une jeune fille alors qu’il
était marié ; ses relations avec l’élue de son cœur resteront platoniques
jusqu’au décès de son épouse légitime. On apprécie encore le Conan Doyle
redresseurs de torts, s’impliquant directement dans plusieurs « erreurs
judiciaires » pour sauver les victimes d’une justice aveugle, comme dans
les affaires Eladji (chantage à « l’abattage de bétail ») ou Slater
(agression d’une personne âgée).
Mais c’est surtout le passionné d’écriture
qui donne son unicité au personnage. On pense immédiatement à Sherlock Holmes
avec 4 romans et 56 nouvelles publiées entre 1887 et 1930. Cette œuvre lui
apportera la gloire, même s’il la considérait comme secondaire, voire
alimentaire. Il tentera de se défaire de son héros devenu trop envahissant en
le faisant mourir dans les chutes de Reichenbach, mais devra le ressusciter suite
au tollé de protestations de toute l’Angleterre ; une affaire qui
remontera du reste au Parlement ! Car Conan Doyle avait beaucoup d’autres
cordes à son arc. Ses romans d’aventures passeront également le cercle de la
postérité, comme les exploits du Professeur Challenger dans le cycle du Monde Perdu. Une sorte d’Indiana Jones
au background scientifique qui sera porté à l’écran du vivant de l’auteur.
Citons également Le Gouffre Maracot,
récit d’un autre savant sur les traces de l’Atlantide. Mais c’est le roman
historique qui avait la faveur de Conan Doyle. On lui doit de nombreux récits
aujourd’hui oubliés comme un cycle « napoléonien » en quatre romans.
On ne serait pas complet sans
évoquer l’implication de Conan Dolyle dans le spiritualisme. Malgré son
agnosticisme et son grand scepticisme, l’écrivain était torturé par les choses
de l’esprit, au point de s’adonner au spiritisme de Léon Denis. Peut-être parce
qu’il avait été profondément affecté par de nombreux décès familiaux (épouse,
enfants, jeune frère, tous foudroyé par la pneumonie). Il écrira beaucoup sur
le sujet et fera du Pr Challenger un adepte du monde des esprits. On lui doit
également une contribution sur les « fées de Cottingley » et plus
généralement sur l’existence du « Petit Peuple ».
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