lundi 17 octobre 2022

JEAN HAUTEPIERRE PARLE DE LOS ANGELES

 

LOS ANGELES, ma nouvelle tragédie en vers, vient de paraître.
Dans cette pièce, la roulette n’est pas sans points communs avec le jeu de tarot – et le Grand-Œuvre alchimique, parce qu’il a été arrêté au milieu de sa course, délivre des pouvoirs qui sont autant de malédictions. Un croupier qui proclame les arrêts du Destin, une possession démoniaque lors d’une soirée gothique et un terrifiant orage qui recouvre tout l’horizon sont-ils les signes avant-coureurs de la damnation de Stello et de la mort du monde ? Des monstres, une descente aux Enfers, mais aussi de sublimes apparitions ponctuent cette œuvre qui se veut, avant toute chose (car il est ici une exigence suprême : celle du grand art), une évocation du Destin et des moyens de le dépasser.
Qu’importe si tu mens et si tu n’es qu’un songe
Qui s’évanouira dans le jour qui s’allonge,
Une étincelle, ardente étoile dans les cieux
Dont l’or évanescent fit un soir glorieux,
Car l’éblouissement de ta vive lumière
Me suivra jusqu’au seuil de nos heures dernières ;
Et si tout doit finir dans les flots du Léthé,
Tout ce qui fut et qui n’est plus, aura été.
LOS ANGELES est en vente au prix de 16 euros (12 euros + 4 euros de frais postaux). Pour l'acquérir, je vous recommande de me contacter par Messenger ou par mèl à jean_hautepierre@yahoo.fr
On peut aussi se procurer LOS ANGELES auprès des éditions de l’Œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris, ou auprès de différentes librairies (Darkland, 3 rue Sauval, 75001 Paris ; Vendredi, 67 rue des Martyrs, 75009 Paris ; La Nouvelle Librairie, 11 rue de Médicis, 75006 Paris,...) ainsi que sur AMAZON.

samedi 15 octobre 2022

MARIA DERAISMES DANS LA LETTRE DU CROCODILE

Maria Deraismes. Riche, féministe et Franc-maçonne par Fabienne Leloup. Editions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

 


 Maria Deraismes (1828-1894) reste une grande figure féministe de l’histoire maçonnique. Elle fonda avec Georges Martin ce qui devint l’Ordre maçonnique mixte international le Droit Humain. Malgré le rayonnement de cette obédience mixte, Maria Deraismes demeure insuffisamment connue. La réédition par L’œil du Sphinx de cette biographie romancée de Fabienne Leloup, publiée en 2015 aux Editions Michel de Maule, est bienvenue à l’heure du renouvellement aigu de la question centrale de la place des femmes dans la société.

Maria Deraismes fut une forte personnalité, particulièrement cultivée, très engagée dans les luttes pour la liberté, liberté de pensée, liberté de conscience, comme liberté du corps. Elle hérite de sa famille les idées voltairiennes et les visions de progrès sociétal de son père ainsi qu’une aisance matérielle qu’elle mettra à profit pour ses différents projets de vie.

Monique Leloup donne de l’épaisseur à la biographie de Maria Deraismes en choisissant l’écriture fictionnelle. Elle fait revivre au lecteur la période dans laquelle se situe l’action de Maria Deraismes, période complexe et dangereuse, Empire et IIIème République, pour une femme qui affronte les préjugés tenaces de la bourgeoisie et l’emprise de l’Eglise catholique. Elle s’attaque à toutes les formes d’inégalités et d’injustices, soutient les plus faibles, milite pour une égalité des droits des femmes et des hommes, pour la liberté de conscience et d’expression, pour un libre choix sexuel, pour le droit des animaux... Bref, elle dérange l’ordre établi alors même que le Pape Léon XIII s’attaque une fois de plus à la Franc-maçonnerie avec l’encyclique Humanum genus et que Léo Taxil lance sa traîtresse affaire anti-maçonnique. Les difficultés vinrent aussi de la résistance Francs-maçons peu ouverts aux idées qu’elle développe dans son journal. Peu à peu, les scandales s’estompent et elle trouve sa place dans la vie culturelle et politique française, une place qui reste fragile.

Elle a mis le Droit Humain sur les rails de la modernité maçonnique, en installa le principe d’unité qui lui permit de traverser le siècle dernier.

Cette travailleuse inlassable, qui souffrait de la maladie de Cronh, alors inconnue, est un exemple de courage et d’intelligence dans le combat pour les libertés individuelles et les droits civiques. Depuis la fondation de la première loge mixte « Le Droit Humain », un grand chemin a été parcouru sur les traces de Maria Deraismes. Toutefois, le combat pour les droits des femmes demeure actuel et plus que jamais nécessaire tant les forces hostiles à l’égalité entres les femmes et les hommes semblent se revigorer.

 

MAURICE MAGRE DANS LA LETTRE DU CROCODILE

 


 

La beauté invisible de Maurice Magre. Éditions de L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.

www.oeildusphinx.com

Maurice Magre (1877-1941) est un peu oublié aujourd’hui et c’est grand dommage. Nous profitons de la réédition par les Editions de L’œil du Sphinx de l’un de ses plus beaux textes, La beauté invisible, publié en 1937, pour rappeler son importance.

Maurice Magre fut connu pour sa défense infatigable de l’Occitanie et du catharisme qu’il sortit de l’oubli. Avant tout poète, il ne faut pas chercher dans les écrits très nombreux de Maurice Magre la rigueur de l’historien, même s’il s’appuie sur des faits historiques. Il cherche avant tout à faire vivre les mythes et à mettre en évidence leur puissance cathartique.

Libertaire assumé, Maurice Magre défraya la chronique dans sa jeunesse et fut qualifié de « débauché » ce qui n’empêcha pas la reconnaissance de son talent d’auteur. Il s’intéressa à l’ésotérisme occidental, au catharisme bien entendu mais aussi à la théosophie de HP Blavatsky, au martinisme, au druidisme et à tous ces courants qui connurent un développement au début du siècle dernier. Il s’intéressa aussi aux courants orientaux dont le bouddhisme et l’hindouisme de Sri Aurobindo.

Son œuvre s’orienta vers de nombreux sujets sous la forme d’essais, de recueils de poésie, de romans ou de pièces de théâtre. Elle fut influencée par ses expériences dans le domaine de la sexualité et des drogues tout autant que par une spiritualité profonde. Il fut un penseur sans concession et un explorateur sans illusion du continuum qui va de la chair à l’esprit mais, toujours capable de réenchantement.

Jouant avec bonheur au cœur des mythes pour réordonnancer les mythèmes de manière créatrice, Maurice Magre a laissé une œuvre de sens qui mérite l’intérêt.

Quand Maurice Magre rédige La beauté invisible, il se nourrit de ses nombreuses incursions dans le monde de l’invisible et de ses tentatives pour saisir et comprendre les hiérarchies invisibles qu’il pressent et ressent.

Il évoque la communication avec la nature qui l’habite depuis l’enfance. La grâce et la beauté sont centrales dans sa recherche.

« La beauté est peut-être proportionnelle à certaines capacités de l’univers dans lequel nous sommes. Une vaste échelle d’univers doit exister, sur laquelle nous nous élevons grâce à notre désir de nous élever et il doit y avoir d’autres mondes où la beauté est plus riche et plus permanente, où elle jaillit naturellement, où elle est une commune propriété des choses que les habitants de ces mondes perçoivent sans effort, par une communication directe. »

La beauté est le vecteur privilégié de la découverte du plan divin. Qui cherche davantage de beauté s’élève vers le divin. C’est par petites touches, nées de l’expérience plutôt que du concept, que Maurice Magre peint l’invisible afin qu’il se révèle en ses multiples possibilités. Il recherche une nouvelle alliance avec la nature, par la beauté et l’attention simple, alliance qui reste à établir.

Il convoque, pour les interroger de grandes figures, de grandes âmes, conscient toutefois de leur côté sombre, Socrate, Platon, Empédocle, Epicure, Epictète, Bouddha, Nanak, Luther, Spinoza…

C’est en partant du désespoir, véritable matière de l’œuvre de lumière que Maurice Magre prend son envol vers les mondes invisibles, passant par la « montagne de la sérénité ».

« On a prescrit, observe-t-il avec justesse, des méthodes plus ou moins longues à suivre, des purifications du corps et de l’âme, plus ou moins rigoureuses. Mais même sans pratiquer aucune méthode, en se présentant avec son impureté naturelle et son espérance à l’orée du monde invisible, on peut entendre une parole, voir un visage, une image grotesque ou terrible qui donnent la certitude qu’il y a une merveilleuse vie à découvrir. »

Il descend dans la douleur et l’obscurité pour mieux saisir la beauté et la solarité.

« La plus parfaite beauté habite les taudis, hante les prisons et les bagnes. Elle est dans l’alignement des lits d’hôpitaux, c’est elle qui s’exhale dans la sueur de sang des esclaves, de ceux qui sont enchaînés au travail, à l’alcoolisme, au remords du mal qu’on a fait. Mais cette beauté, il faut savoir la reconnaître, il faut avoir des yeux intérieurs pour la percevoir, car elle est invisible. »

Cette beauté-là, de nature non-duelle, présente dans la dualité la plus lourde est un feu alchimique qui libère. Le combat est inégal pour celui qui veut l’extraire pour en faire une boisson d’immortalité mais ce combat n’est jamais vain.

 

samedi 8 octobre 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : LA VOIE MAUDITE, François Lange

 


 

Tout finit par arriver et, dans La Voie Maudite (François Lange, Palémon 2022), notre excellent limier quimpérois, Fañch, tombe amoureux d’une mystérieuse pharmacienne qui vient de s’installer dans la vieille ville. De quoi donner du piquant à une enquête sur trois meurtres atroces, commis sur des propriétaires terriens dont le point commun est de posséder des biens sur le tracé de la future ligne de chemin de fer. Le final de la voie destinée à désenclaver la cité bretonne en la reliant à Paris. L’affaire sera résolue grâce à l’aide d’un enquêteur de la Compagnie des Chemins de Fer et nous fera partager les lourds secrets d’une vieille famille locale très attachée à un passé douloureux enfoui dans la terre. Ce nouvel opus est moins gourmand que les précédents. On aura juste droit à une omelette au lard bien baveuse et à un bœuf miroton fort odorant (mi pot au feu, mi rôti) dans une taverne locale. Mais l’auteur, par ailleurs très versé dans l’affaire de Rennes-le-Château, ne pourra s’empêcher de parsemer son récit de petites truffes noires du Razès. C’est ainsi que l’épouse de l’une des victimes va partir pour se ressourcer dans un petit village de l’Aude, Espéraza. C’est également le père jésuite Alexandre, ami du policier, que nous retrouverons, lors d’une visite de ce dernier, en plein travail de décodage du Codex Bezae. Les saunièrologues avisés comprendront ici l’allusion faite aux parchemins mystérieux qui auraient été découverts par « le curé aux milliards » !


lundi 3 octobre 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : AKIRA BACK

 

 


J’utilise rarement un tel qualificatif. Mais le nouveau restaurant du Prince de Galles (33 avenue Georges V, Paris 8) Akira Back frôle vraiment l’excellence. Il fait partie de cette nouvelle race de restaurants japonais haut de gamme où de jeunes chefs nippons déploient d’étonnantes palettes de créativité. La salle est très sombre, dans l’esprit d’un décor à la Philippe Starck, et le service est d’une attention discrète, mais toujours efficace. Seul bémol, une pauvrette sur une estrade qui n’en finit plus de se déhancher maladroitement en guise de DJ (totalement inutile) ! 

 




Nous étions deux et les plats ont été déposés au milieu de la table afin que chacun puisse profiter de tous les mets. En guise d’ouverture, un véritable chef d’œuvre : une micro pizza croustillante à souhait, garnie de champignons japonais et de sublimes tranches de truffe (je dis tranches et pas copeaux). Suivra un carpaccio de Saint-Jacques au yuzu, un beau pavé de saumon laqué et des beignets de homard aux saveurs étonnantes. Une mention particulière à l’accompagnement, un riz veggie farci d’herbes improbables. Je me suis contenté en dessert d’un assortiment de mochis glacés. Inutile de dire que la carte des vins est à la hauteur ; nous nous sommes contentés d’un sancerre rouge gouleyant.

 



 

(Note de mon banquier : attention, à ne pas fréquenter tous les jours !).