dimanche 30 décembre 2012

ON AIME LE PANNEAU DE BUGARACH

Bugarach : le panneau volé pour la quatrième fois

B. C.
30/12/2012, 06 h 00
En octobre, ce panneau en remplaçait un autre qui venait d'être volé. Eh bien lui aussi a disparu : le 21 décembre !
En octobre, ce panneau en remplaçait un autre qui venait d'être volé. Eh bien lui aussi a disparu : le 21 décembre ! (© D.R)
"Le panneau ? C'est la quatrième fois qu'on nous le vole. Quand exactement ? Dans la nuit, sans doute. En tout cas, le samedi matin 22 décembre, il n'était plus là. Ça doit être des collectionneurs. Je n'ai pas porté plainte". Jean-Pierre Delord, le maire de Bugarach, sourit. Ou presque. Depuis que son village est devenu le centre du tourbillon médiatique à cause de la fin du monde (qui finalement n'a pas eu lieu le 21 décembre), il s'est acquis une carapace de philosophe tout terrain. "On positive, faut bien ! D'autant plus que pour nous, 2013, c'est l'année zéro, le début d'autre chose. Déjà, on note des passages plus fréquents d'automobilistes. Il s'agit de curieux qui viennent voir le village". Un phénomène qui pourrait bien durer, voire s'amplifier notamment l'été prochain. Au lieu d'aller à Saint-Tropez, au Mont Saint-Michel, ou sur la Tour Eiffel, il est à parier que des estivants choisiront de transiter par Bugarach. Quant au panneau d'agglomération, il faut savoir qu'à lui seul, il coûte 225,32€ hors taxe ; son support 415,05€, et sa pose 500€ (préparation du béton, creusement du trou, la main-d'œuvre, aller-retour en camionnette). Et la commune (200 habitants) n'a que 300 000€ de budget annuel. Le dernier vol de panneau datait du mois d'octobre dernier. Au rythme où ils disparaissent, il va falloir un budget "spécial signalétique". "Le prochain panneau, il sera en bois tout pourri, dégoulinant de moisissure et personne ne le volera !", plaisante J.-Pierre Delord. Il ajoute : "Ou alors, on mettra une grande affiche sur laquelle on inscrira 'Bugarach territoire de tous les possibles '. Car ici, on s'attend à tout". Le 21 décembre, les prédictions se sont trompées : non seulement la fin du monde n'a pas eu lieu mais en plus, Bugarach n'a pas été épargné alors qu'il devait l'être ! Du moins ce village n'a-t-il disparu que symboliquement puisque seul son nom (inscrit sur un panneau) s'est volatilisé. Ce qui prouve qu'en matière d'apocalypse, beaucoup tombent encore dans... le panneau. 

Midi Libre

ON AIME LES PREDICTIONS MAYA


Lauret Le foyer en duplex avec Bugarach

Correspondant
30/12/2012, 06 h 00
Laetitia et Francis ont attendu, en vain, la fin du monde.
Laetitia et Francis ont attendu, en vain, la fin du monde. (© D.R)
En cette soirée du 21décembre 2012, les Laurétains ont été nombreux à se réfugier au foyer. Il était question d'affronter en duplex avec Bugarach cette fin du monde annoncée ! Ils ont accompli cette démarche dans une ambiance festive, sous l'œil bienveillant de Laetitia, la présidente, prête, en tenue para léopard, et du gérant, Francis, en Père Noël conciliant. Pour conjurer le mauvais sort, chacun s'est démené sur la piste de danse, sur la musique du groupe Cash avec le Laurétain JC et la jeune chanteuse Charlotte de Montferrand, tous interprétant des airs uniquement de leur composition. En attendant l'heure fatidique, les danseurs pouvaient déguster le poulet yassa et constatant qu'entre minuit 12 et minuit 47, l'apocalypse annoncée n'avait pas eu lieu, la ligne avec Bugarach a été coupée. Et la fête a repris de plus belle jusqu'à une heure avancée de la nuit en attendant la prochaine prédiction maya ! 

Midi Libre

LES CHRONIQUES D'EL BIB : ROMANCING THE VAMPIRE

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Romancing the Vampire, from past to present (David J. Skal, Whittman Publishing, 2009) n’est pas un livre, mais un véritable bijou. Dans un coffret joliment illustré se glisse un gros ouvrage à l’italienne qui appartient à la catégorie des livres-objets. 150 pages, avec une iconographie exceptionnelle, nous font aller des origines du Mythe jusqu’à nos petits vampires  romantiques bien propres, en passant bien sûr par notre vieil Oncle auquel est réservée la place d’honneur. Mais ce qui est extraordinaire dans ce produit est la masse de documents qui vous est offerte, placés dans des pochettes et donc aisément consultables. Affiches de cinéma, cartes postales, photos anciennes, cartes, fac-similés de manuscrits… Un pur régal dont on a l’impression de ne jamais épuiser la richesse.

samedi 29 décembre 2012

LES FRITES D'EL JICE : L'EPEE DE D'ARTAGNAN, Henri Vernes

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BOB MORANE – L’Epée de d’Artagnan – Ananké - n°225

Il y avait longtemps que je n’avais lu un aussi bon BOB MORANE. Ce numéro 225 de la série “grands formats” aux éditions Ananké (parution 2010) regroupe quatre nouvelles du Maître; quatre récits où le grand Bob se trouve des talents de Sherlock Holmes. “L’épée de d’Artagnan”, du reste historiquement très bien documenté, flirte avec le monde d’Agatha Christie par son ambiance insolite et ses énigmes à première vue insolubles. On y retrouve une miss Ylang Ylang plus vamp que jamais et voleuse d’objets d’art. Bob lui jouera un bon tour à sa façon et en gentleman, comme toujours ! “Le Cri de la Louve”, qui suit, nous replonge au Moyen-Age et en Ecosse, au pays des fantômes. Notre ami Bill Ballantine est à l’hôpital, suite à un malheureux accident de “lancé de tronc d’arbre”, sport où il est pourtant champion. Cet hôpital semble hanté par le fantôme d’Isabelle de France, fille de Philippe le Bel et épouse d’Edouard II d’Angleterre. Bob, fidèle à son esprit cartésien, découvrira que les objets remuants ne sont pas le fait de poltergeists. Mais le dénouement de son enquête lui rappellera que le surnaturel n’est jamais loin et que toute légende peut avoir un fond de vérité. Changement de climat : Ile de Santa Elena, quelque part en Amérique du Sud. Une très belle asiatique semble s’être endormie complètement nue dans le lit de sa chambre d’hôtel qui porte le numéro 312. Mais elle dort d’un sommeil dont on ne se réveille pas. Menant à nouveau sa propre enquête de main de maître, Bob va déjouer un complot visant à assassiner l’Ambassadeur de France résidant dans le même hôtel. Et la dernière nouvelle, inédite, qui ferme ce très bon recueil nous emmène en Hongrie et plus précisément au théâtre. On y joue une pièce d’Agatha Christie. Un meurtre est commis sur scène. Il était prévu dans la pièce mais hélas le comédien est bel et bien mort. S’agit-il cependant réellement d’un assassinat camouflé ? Rien n’est moins sûr ! Un récit qui, comme les précédents, nous tient en haleine jusqu’aux dernières lignes. Bref, ce recueil prouve que Henri Vernes excelle également dans le domaine de la nouvelle. Je serais tenté de dire qu’il manie avec une dextérité inhabituelle le suspense et sait tenir le lecteur accroché jusqu’au mot “fin”. Une autre facette de notre écrivain qui prouve ici qu’il peut aussi dépasser et de très loin le simple roman d’aventure.   
El Jice.

vendredi 28 décembre 2012

LA GEOLOGIE DU BUGARACH.

Géologie Bugarach

Il est temps de revenir à des choses sérieuses. Ce papier est excellent.

L'AFFAIRE DE LA SAPINIERE, EMILE POULAT

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Les Editions de l'OEIL du SPHINX ont le plaisir de vous présenter :


La Bibliothèque d’Alexandrie
ISSN : en cours
(Les grandes recherches oubliées)

L’Affaire de la Sapinière
Intégrisme et catholicisme intégral
Emile Poulat
Le meilleur argument en faveur de l'intérêt de ce livre, c'est la difficulté qu'on a à le dénicher chez les bouquinistes, alors même qu'il avait bénéficié d'un tirage de 6000 exemplaires dès sa première parution, en 1969 chez Casterman, un chiffre tout-à-fait exceptionnel pour une étude universitaire.
Cet ouvrage conserve aujourd'hui encore son caractère d'exception. l est fondé sur une documentation authentique que personne, à l'époque, n'espérait plus retrouver : les archives originales du Sodalitium Pianum, la fameuse « Sapinière », telles qu'elles furent découvertes et saisies par la police en 1915 chez un proche d'Umberto Benigni. Mais il est surtout remarquable par l'étude systématique et approfondie qu'en a réalisé le Professeur Emile Poulat.
Un demi-siècle après sa parution, ce livre reste LA référence sur ce sujet, et il constitue l'un des apports majeurs à l'étude de l'histoire du catholicisme intégral.
628 pages, préface de Jean-Pierre Laurant.
ISBN : 979-10-91506-04-5
(36 € plus 4,20 € de frais de port)

Disponible à EODS et prochainement chez Atelier Empreinte et Amazon.

jeudi 27 décembre 2012

BUGARACH A LA PAGE


Limoux Bugarach : l'apocalypse reste toujours à la page

Le 27 décembre à 6h00 par B. C.

L'Indépendant
L'éditeur Philippe Marlin a lu (et fait publier) pas mal d'ouvrages sur le thème de Bugarach.
L'éditeur Philippe Marlin a lu (et fait publier) pas mal d'ouvrages sur le thème de Bugarach. PHOTO/© D.R
L'affaire Bugarach a donné lieu à des parutions d'ouvrages multiples. Tout d'abord une étude : "Le phénomène Bugarach", par Thomas Gottin (Éditions de l'œil du Sphinx, 2011), et un autre qu'on pourrait classer dans le genre "initiation" : "L'Appel du Bugarach", par Genny Rivière (Éditions "Les 3 Monts, 2007). Bien sûr, l'ésotérisme est également au rendez-vous avec "Bugarach, la Montagne Sacrée", par Jean d'Argoun (Trédaniel 2001). "Mais maintenant, ce sont les romanciers qui s'en mêlent", note Philippe Marlin l'éditeur de "L'Oeil du Sphinx" (il est libraire à Rennes-le-Château). "En 1935, le genre avait déjà pris un démarrage intéressant grâce à ce roman fantastique intitulé 'Mammouth bleu', de Luc Alberny (NDLR : pseudonyme du Dr Edmond Astruc) que j'ai réédité en 2007. Mais en 2012 ça repart de plus belle". Avec notamment Maurice Prevel (pseudonyme de trois amis) qui publie "La Pierre Noire de Bugarach" ("Amigaya", 2012). Le lecteur se retrouve plongé dans les arcanes d'une énigme qui tourne autour d'une mystérieuse pierre gravée. Elle est recherchée par des personnages pas toujours recommandables et l'histoire se décline sous les ors de la mythologie locale (côté écriture, on sent que l'ouvrage a tout de même été écrit rapidement). "Nous avons également Henriette Delascazes", précise Philippe Marlin : "Elle publie ' Les Compagnons de Bugarach' (Édilivre 2012). Ça se passe dans un univers clos : celui d'un hôtel-restaurant près du Pech et qui est géré par une grande famille ayant connu un drame atroce".
Phalanstère et poésie
En fait, la trame se concentre autour d'une secte spécialisée dans la capture de femmes faibles et riches. Son but ? Les forcer à donner leurs biens. "Avec 'Fin du Monde à Bugarach', Wladimir Vostrikov (lulu.com, 2012) nous fait pénétrer dans un cercle très fermé du Phalanstère du Razès, société philosophique qui réunit douze membres septuagénaires éparpillés autour de la planète. Ils ont été sélectionnés par d'obscurs ecclésiastiques et tous ont pour point commun une généalogie qui remonte à des familles de la Haute-Vallée". En arrière-plan de cette histoire plane une mystérieuse force "V", ni divine ni extraterrestre, qui régit le monde de façon aveugle. Livre étrange dont Philippe Marlin avoue ne pas avoir tout compris... Enfin, place au poète avec Jean-Louis Foumane Azombo. Ce Sénégalais résidant à Marseille a publié un recueil intitulé "Et Dieu créa Bugarach" (Édifree, 2012). Il y dévoile le récit de son ascension du Pic. Elle se termine ainsi : "Je me hisse, épuisé ! Je suis aussitôt pris, Comme le pauvre Amstrong, Au moment de poser son pas Sur l'astre lunaire, Par une de ces coliques, Une colique inhumaine". Stop.

mercredi 26 décembre 2012

LA FARCE DE BUGARACH


La farce de Bugarach

Par | 26/12 | 07:00
A défaut de fin du monde, la journée du 21 décembre nous aura fourni un épisode cocasse qui mériterait de faire date dans l'histoire des médias. On nous promettait un réjouissant spectacle : Bugarach étant le seul lieu de la planète que devait épargner la catastrophe prédite par le calendrier maya, des foules allaient affluer pour un grand Woodstock d'illuminés, de fidèles de sectes de tout poil et de simples badauds. Un « sujet » en or pour les chaînes de télévision, la radio et la presse écrite, qui avaient dépêché sur place envoyés spéciaux, photographes et équipes de tournage. Hélas ! A Bugarach - 196 âmes par temps calme, selon Wikipédia - les visiteurs les plus nombreux, ce 21 décembre, étaient les journalistes. Hôtes sympathiques, mais que leur acharnement à débusquer le détail insolite ou pittoresque rendait un peu encombrants, et que les habitants de ce paisible village de la haute vallée de l'Aude avaient surtout hâte de voir partir…
Il est arrivé que les médias jouent avec la crédulité du public. En 1938, Orson Welles avait déclenché une panique en annonçant sur la chaîne de radio américaine CBS une attaque de Martiens. Plus récemment, les auteurs d'un documentaire très convaincant voulaient nous démontrer que le débarquement des astronautes américains sur la Lune, en juillet 1969, n'avait été qu'une vaste mise en scène. Cette fois, la presse est prise à son propre piège : si elle n'a, bien sûr, pas voulu faire croire au mythe de Bugarach, elle a largement surestimé le nombre des individus prêts à y ajouter foi.
Voilà une manifestation de la « société du spectacle » qui aurait sans doute inspiré Guy Debord, auteur d'un fameux livre qui portait ce titre. Créer l'événement par le simple fait de l'annoncer et d'en faire à l'avance la promotion est une pratique assez courante des médias. Mais à Bugarach, l'événement n'était pas au rendez-vous. Qu'à cela ne tienne : la sphère médiatique n'est jamais perdante et le non-événement devient un événement. Nos chaînes de télévision nous ont ainsi montré, non sans quelque autodérision, des équipes de chaînes hongroises toutes dépitées de s'être déplacées pour rien. Des caméras filmant des caméras, le spectacle dans le spectacle : ce qu'on appelle, en littérature ou en peinture, une « mise en abyme ».

LA FETE DU CONTE A BUGARACH


 
 
 
 
Vendredi 4 janvier FÊTE du CONTE avec Henri GOUGAUD à BUGARACH (Aude)

Public · Par Henri Gougaud
  • BUGARACH (Aude)
  • Vendredi 4 janvier à 17h
    GRAND APRES-MIDI de CONTES pour tout public
    avec Henri GOUGAUD
    et les conteurs de son Atelier

    Rendez-vous à la SALLE COMMUNALE
    auprès de la mairie
    à BUGARACH (Aude)
    après les contes vous êtes invités au pot de l'amitié

    *
    Renseignements et réservation
    Madame PAUL : 04 68 69 82 81

mardi 25 décembre 2012

UN JUSTE HOMMAGE A RICHARD BESSIERE


Béziers s'apprêtre à rendre hommage à l'écrivain Richard Bessière

JÉRÔME MOUILLOT
24/12/2012, 16 h 03 | Mis à jour le 24/12/2012, 16 h 14
 
Midi Libbre
Mick Bessière devant une partie des œuvres de son défunt mari Richard.
Mick Bessière devant une partie des œuvres de son défunt mari Richard. (Photo J. M.)
Richard Bessière s'en est allé en décembre 2011. Un an après, la Ville s'apprête à rendre hommage à ce grand écrivain de science-fiction en baptisant une rue à son nom.
Né en 1923 au Théâtre des variétés, Richard Bessière a été l’auteur prolixe et novateur de centaines de romans de science-fiction et de nombreux ouvrages historiques. Doué d’une imagination fertile, cet érudit, “honnête homme”, était de ceux pour lesquels la culture n’a pas de limite.
Une machine à écrire en guise de cadeau de mariage
Son épouse, Mick Bessière, se souvient : "Tout le passionnait : lettres, sciences, philosophie, physique, il avait un faible pour l’histoire des civilisations disparues." Infatigable, il passait parfois des nuits entières à écrire : "Quand il travaillait, il était dans une autre sphère", ajoute sa veuve. Il a apporté au roman, notamment avec “La famille Gordon”, la juste dose d’humour qui faisait encore défaut à la science-fiction. Mariée en 1970, Mick a reçu de son mari une machine à écrire en guise de cadeau de mariage : "Depuis, j’ai tapé les romans à la machine à écrire, puis sur l’ordinateur."
Traduit en quinze langues
Traduit en quinze langues, lu dans soixante et un pays, Richard Bessière jouit d’une notoriété qui a aujourd’hui largement dépassé les frontières. Il connaît un étonnant succès au Brésil et, récemment, des journalistes canadiens sont venus interviewer Mick sur des écrits historiques de son époux.
En 2013, l’ultime frontière sera numérique : 101 bouquins de SF de Richard Bessière seront bientôt numérisés. On retrouvera l’auteur sur tablettes au second semestre.
Outre ses romans, l’écrivain aura rendu hommage à sa terre natale, en particulier à travers ces ouvrages historiques : “Traditions, légendes et sorcellerie, de la Méditerranée aux Cévennes”. Quant à sa ville natale, Béziers, elle le lui rendra bien. En effet, une rue du quartier de la nouvelle coopérative sera bientôt inaugurée en son nom. Un juste hommag

dimanche 23 décembre 2012

BUGARACH, LE JOUR D'APRES

Publié le 23/12/2012 10:09
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Bugarach, le jour d'après

La Dépêche

Hier matin, les hordes de journalistes ont déserté le secteur, laissant un champ de boue derrière eux. / Photo DDM, J.-L. D.-C. ()
Hier matin, les hordes de journalistes ont déserté le secteur, laissant un champ de boue derrière eux. / Photo DDM, J.-L. D.-C.
Comme par enchantement, le jour s'est levé radieux sur Bugarach. Comme au premier matin du monde. Après la frénésie des derniers jours, le village censé survivre à la fin du monde prédite par les Mayas a enfin retrouvé le calme.
À l'image d'un lendemain de fête furieuse façon Cloches et Toqués, il ne restait hier matin que les séquelles de l'emballement médiatique inouï qui a vu plus de trois cents journalistes de dix-neuf pays assiéger le village littéralement cerné par les gendarmes. Du champ sur lequel les camions à antenne-relais avaient élu domicile depuis le milieu de la semaine on dirait qu'il a reçu la visite d'Attila.

«On peut mourir tranquilles»

À l'entrée de Bugarach où braient des ânes, la journaliste d'une télévision japonaise enregistre une dernière séquence, le pic en toile de fond.
La «Taverne alsacienne» ouverte au débotté pendant deux jours par Gisèle pour nourrir en pain, fromages et pâtisseries maison et abreuver de café la horde de journalistes a fermé ses portes. Gisèle qui, quand même, repense à ce type, il y a 12 ans : «C'était un genre de médium. Il m'avait dit : vous verrez, un jour Bugarach sera mondialement connu. Je n'y croyais pas et pourtant il avait raison.»
Devant la mairie, un groupe de retraités discute de tout et surtout de rien. Plus haut, en direction du col du Linas, Paul peut enfin se balader tranquille dans ce coin qu'il affectionne tant. Venu voir le cirque de la veille, il commente, mi-philosophe, mi-goguenard : «Quand on a survécu à tant de connerie humaine, on peut mourir tranquilles.»
Bugarach va donc pouvoir passer à autre chose. Jean-Pierre Delord, le maire dépassé par les événements qu'il a lui-même en grande partie suscités en alimentant cette abracadabrante histoire de fin du monde, va pouvoir revoir sa copie sur son très contesté projet d'installation d'éoliennes que le commissaire enquêteur a dénoncé début décembre. Bref, la vie continue.

Des retombées difficiles à mesurer

Si Bugarach est aujourd'hui connu dans le monde entier. Mais derrière cette renommée tout neuve, les retombées sont difficiles à mesurer. Le village lui-même ne disposant pas de milliers de commerces, n'y gagnera sans doute pas grand-chose.
Certains ont en tout cas saisi l'opportunité inespérée d'avoir sous la main les médias du monde entier pour tenter d'accroître leur notoriété. Ainsi, la cave du Sieur d'Arques a offert sa première Bulle aux nuées de journalistes présents dans l'espoir qu'ils en fassent la publicité dans leurs régions et pays respectifs.
Jacques Hortala, le conseiller général de Couiza a quant à lui profité de l'hospitalité du préfet lors du point presse de vendredi pour vanter les beautés de son canton. Un curieux mélange des genres. Et pour faire bonne mesure, tous les journalistes sont repartis avec une besace remplie de la documentation touristique du conseil général de l'Aude. Une petite opération de com à peu de frais.
J.-L. D.-C.

LE CLUB DES FRITES DE BUGARACH

Une nouvelle ère débute à Bugarach

JEAN-PIERRE LACAN
23/12/2012, 06 h 00
 
MIDI LIBRE
 
 
Une nouvelle ère débute à Bugarach
Un soleil radieux brillait hier sur Bugarach aux premières heures de la nouvelle ère d’après l’apocalypse. Le ciel qui, au jour fatidique de la pseudo-prophétie Maya, s’était épuisé à dissuader les foules de s’aventurer dans le petit village audois, avait retrouvé sa sérénité.
Devant la mairie désertée par les micros et les caméras, le “club des frites” local siégeait à nouveau, avec, à l’ordre du jour, la controverse suivante : "faudra-t-il, l’an prochain, célébrer l’An I de l’après fin du monde ?"
À vrai dire, l’idée ne rencontrait guère de soutien chez les Amis du pic de Bugarach, association organisatrice des festivités locales. Dans le village, on a si mal supporté les assauts médiatiques de ces dernières heures pour que la date du 21 décembre 2012 reste celle d’un bon souvenir. Et puis, à Bugarach, où les habitants ont, pour philosophie, le bon sens paysan, on n’apprécie guère les délires ésotériques de ceux que l’on appelle les "allumés du Pic".
A minuit-trente-deux, il n’y avait personne
À minuit-trente-deux ce samedi, heure où, en raison du décalage horaire avec le pays des Mayas, tout devait s’écrouler autour de Bugarach, les “sénateurs” du “club des frites”, qui ne se seraient couchés avant pour rien au monde, ont eu la preuve de la vacuité de l’instant.
Il aurait dû normalement y avoir foule aux pieds de la mairie : des caméras et des projecteurs braqués sur le pic, des candidats prêts à franchir allègrement le vortex or, il n’y avait personne.
Personne non plus sur le perron de l’église, dans la cour du vieux château, personne dans ces rues lavées par une pluie serrée et balayées par un vent de furie.
Où étaient donc les journalistes en dehors d’une poignée de représentants de la presse régionale restées jusqu’au bout à plaisanter avec les Sénateurs ? Dans leurs hôtels et sous le barnum de la ferme de Janou où l’on avait débouché les bouteilles de blanquette de Limoux.
cinq armes saisies dont un taser
De cette nuit d’apocalypse dont les pouvoirs publics avaient opportunément prédit le pire pour dissuader les foules, la chronique ne retiendra que peu d’incidents : cinq armes saisies dont un taser, une matraque et trois coupe-coupe, deux raves parties détectées et déjouées, moins d’une dizaine de personnes récupérées alors qu’elles tentaient de s’immiscer dans le périmètre interdit du pic et pas le moindre groupe sectaire à l’horizon.
Alors, en a-t-on trop fait autour de ce 21 décembre à Bugarach. "La présence des pouvoirs publics et des médias permet de faire reculer tous ces prophètes de l’obscurantisme", assure le député UMP du Rhône Georges Fenech, nouveau président du groupe d’étude sur les sectes à l’Assemblée nationale... Comme quoi, avec les gendarmes, les journalistes ont du bon.
Une dernière chose avant de tourner la page : allez à Bugarach, descendez les gorges de Galamus, il y a là des paysages de petit matin du monde !

BUGARACH, LE FESTIVAL DU N'IMPORTE QUOI

FRANCE TV INFO

La fin du monde, ce grand festival du n'importe quoi

Mis à jour le , publié le
Environ 5 000 volontaires posent nus pour l'artiste Spencer Tunick, devant l'opra de Sydney (Australie), le 1er mars 2010.
Environ 5 000 volontaires posent nus pour l'artiste Spencer Tunick, devant l'opéra de Sydney (Australie), le 1er mars 2010.
(TIM WIMBORNE / REUTERS)
4
Tout claquer à Las Vegas. Dire ses quatre vérités au patron. Passer du temps en famille. Ce sont les réponses classiques à la question : "Que souhaitez-vous faire avant la fin du monde ?" Quitte à avoir l'air vraiment idiot si la Terre continue de tourner après le vendredi 21 décembre 2012, certains sont nettement plus créatifs. Pour le business, le plaisir ou par véritable crainte de l'apocalypse, florilège d'initiatives farfelues.

1Construire une Arche de Noé

En France, les "survivalistes" s'entraînent en forêt, comme francetv info le raconte dans cet article. Les angoissés stockent des vivres et se préparent à passer les prochains jours, mois ou années, dans un abri anti-atomique. Mais comme il n'y aura pas de place pour tout le monde, un inventeur chinois a mis au point des sphères, baptisées "Arches de Noé" et censées résister aux raz-de-marée et aux tremblements de terre. Chacune est équipée de bouteilles d'oxygène, de réserves de nourriture et d'eau, pour une quinzaine de personnes. Prudence, toutefois, car la Chine ne plaisante pas avec les apôtres de l'apocalypse. D'après le Guardian (en anglais), le gouvernement a fait arrêter 400 membres de la secte chrétienne de Dieu tout puissant, qui avaient fait circuler des rumeurs de fin du monde.

2Faire l'amour une dernière fois

La une du tablod amricain "New York Post" du 20 dcembre 2012.
La une du tabloïd américain "New York Post" du 20 décembre 2012.
(NYPOST.TUMBLR.COM)
"Je veux faire l'amour avant la fin du monde", dit cette mannequin en une du New York Post, jeudi 20 décembre. Elle n'est pas la seule. Sur les sites de petites annonces comme Craigslist, des dizaines de cœurs à prendre lancent un dernier appel désespéré, selon Buzzfeed. Un adolescent espère perdre sa virginité, tandis qu'un trentenaire se présente comme un spécialiste du massage érotique. En novembre, un sondage révélait que faire l'amour était aussi la priorité des Français avant l'apocalypse, selon RTL.

3Organiser une orgie

Environ 5 000 volontaires posent nus pour l'artiste Spencer Tunick, devant l'opra de Sydney (Australie), le 1er mars 2010.
Environ 5 000 volontaires posent nus pour l'artiste Spencer Tunick, devant l'opéra de Sydney (Australie), le 1er mars 2010.
(TIM WIMBORNE / REUTERS)
"De toute façon, on s'en fout, le lendemain personne ne s'en souviendra, on sera tous morts." C'est l'argument (imparable) de l'organisateur d'une "sex party friendly consentante entre condamnés d'existence", pour attirer des centaines de volontaires dans son groupe Facebook qui prévoit une gigantesque orgie, vendredi, à Nice. Sa page Facebook a été supprimée, mais a donné l'idée à d'autres, notamment à Lausanne, en Suisse, selon 20minutes.ch.

4Attirer les touristes et devenir riche

Si ce n'est le célèbre village de Bugarach (Aude), alors ce sera Rtanj en Serbie, ou Theux en Belgique ou peut-être Sirince, le village turc d'où la Vierge Marie serait montée au paradis. S'il y a un seul village sur Terre qui peut échapper à l'apocalypse, c'est là que vous voudrez passer vos dernières heures. Les restaurants y proposent des menus spéciaux et promettent parfois d'oublier l'addition, en cas de fin du monde. Un Tarnais loue même des chambres à 1500 euros la nuit et des parcelles de terrain dont il est propriétaire sur le pic de Bugarach, "la terre de l'immortalité", raconte La Dépêche.

5Désigner le coupable, Gangnam Style

Le chanteur sud-coren Psy, interprte de "Gangnam Style",  Sydney (Australie), le 17 octobre 2012.
Le chanteur sud-coréen Psy, interprète de "Gangnam Style", à Sydney (Australie), le 17 octobre 2012.
(TIM WIMBORNE / REUTERS)
Il fallait bien trouver un responsable au chaos qui attend la planète. C'est ce que s'est amusé à faire un étudiant en art, en postant sur YouTube une vidéo dans laquelle il explique une prétendue prophétie de Nostradamus, raconte le site Madmoizelle. "Du matin calme, la fin viendra une fois le nombre de cercles alignés à 9 sera, du cheval qui dansera", selon le soi-disant texte de l'astrologue. C'est évident, Nostradamus accusait Gangnam Style, le succès planétaire du Sud-Coréen Psy. Le Pays du matin calme renvoie à la Corée, le cheval qui danse à la chorégraphie, et les neuf cercles alignés sont les zéros du milliard de vues sur YouTube, qui pourrait justement être atteint le 21 décembre 2012. Des éléments suffisants pour demander le retrait du clip de Gangnam Style de YouTube.

ON EN A VU DES BELLES A BUGARACH

actu-match | jeudi 20 décembre 2012

Bugarach. Entre Simenon et Bogdanov

Bugarach. Entre Simenon et Bogdanov
Un musicien un peu spécial fait le show pour les journalistes dans la rue principale de Bugarach | Photo Pierre Terdjman

A lire aussi

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Notre journaliste Rose-Laure Bendavid s'est réfugiée à Bugarach, village de l'Aude bientôt sauvé de l'apocalypse.


Nous partons de chez Jacqueline, « l’élue des anges ». Elle habite seule une immense et très jolie maison de 300 mètres carrés au Linas, à dix kilomètres de Bugarach. Méfiante, Jacqueline ne me parle pas de ses confidences aux êtres de lumière, elle joue même à la non croyante. Ceci dit, je passe un agréable moment à entendre des ragots sur les habitants du coin, qui viennent compléter ceux de Marie–Noëlle, notre logeuse: les maris coureurs, les femmes infidèles, les familles rivales depuis des générations. Une ambiance de village, en somme. Presque du Simenon, mais dans un univers à la Bogdanov. Cette ancienne infirmière du bassin d’Arcachon connaît tout le monde, et j’apprécie particulièrement le récit sur son ami Aimeric, qui habite Rennes-Les-Bains. Dans son magasin, il commercialise essentiellement des pierres, mais surtout des crânes en cristal: « Il les vend 77 euros, parce que le 7 est un chiffre sacré », explique Jacqueline. Avec Pierre, nous plaisantons qu’il ne les vende pas 333 euros, chiffre qui correspond à la Divine connexion. « Vu que tout le monde, dans la région, touche le RSA, il aurait du mal à en vendre à ce prix là ! », s’amuse Marie–Noëlle, qui nous accompagne partout, et parle beaucoup. Le matin, le soir, en voiture : tout le temps. Je ne sais pas encore si nous survivrons à l’apocalypse, mais je suis certaine qu’elle, en revanche, nous survivra tous. Aimeric possède un crâne original, estimé à 20 000 euros. Il n’en existe que treize dans le monde, et « si vous les possédez tous, vous devenez le Maître du monde ». Nous partons visiter la maison voisine, le refrain de la musique du film « Indiana Jones » en tête.

"Le Pic est l’un des douze vortex"

Genny Rivière s’est installée au Linas en 2003, bien qu’elle fréquente activement la région depuis 1999. Avant cela elle vivait en Haute Savoie, et ne cessait de rêver de châteaux en ruine, comme ils en existent dans la région. « Je comprenais que j’étais appelée à travers mes rêves, mais je ne savais pas où ». Un an plus tard, c’est le déclic, lorsqu’un couple d’amis lui parle du Pic et ses alentours. Elle délocalise son école de Chi Gong, une gymnastique chinoise, basée sur la connaissance et la maîtrise de l’énergie vitale, aménage une salle de cours, et se consacre aux énergies du coin. « Le Pic est l’un des douze vortex de la terre », explique- t-elle. Genny est sûre d’elle, et fait partie des figures incontournables de Bugarach. Elle a d’ailleurs écrit le best seller du coin : « L’appel du Bugarach » qui relate son expérience et son analyse personnelle. Elle estime que notre monde vit une crise, animée par la haine, le racisme et l’ignorance, et « qu’il ne nous convient plus ». De son vécu, Genny en tire une philosophie bien à elle : « Les systèmes politiques et religieux vont tomber et se transformer. Je ne comprends pas pourquoi la préfecture craint des suicides collectifs ». Parce qu’il y a eu des précédents, je réponds, il vaut mieux prévenir. « Si vous faites allusion aux membres de la secte du Temple du Soleil, ils ont été assassinés, ils ne se sont pas suicidés ». Elle parle de Gématrie, et de Kabbale, j’aimerais en savoir plus, car je trouve ça intéressant, mais elle me répond : « Achetez mon livre, 19 euros seulement ». Alors nous repartons près de la mairie, où parmi les dizaines de journalistes, arrivent quelques personnes qui croient en la fin du monde annoncée demain.
Frédérique vient de Marseille avec son frère, « pour rentrer dans le vortex ». Il est âgé d’une vingtaine d’années et lorsqu’on lui demande comment il imagine un vortex, il répond : « violet, comme dans les films », avant de poursuivre : « Je ne me suis pas beaucoup documenté dessus, mais avec une telle médiatisation, ça ne peut qu’être vrai ! ». Nous lui demandons si, toutefois il arrive à s’engouffrer dans son trou magique, il nous enverra une carte postale : « Non ! Vous êtes bêtes, vous ne la recevrez jamais, puisque je serais sur une autre galaxie ». Oumanie, un autre personnage emblématique me prend à part : « Tu sais, tout est en train de se mettre en place… Je vais t’emmener sur la montagne, où un couple d’amis à la chance d’y habiter. Passer la nuit là-bas c’est comme faire l’amour au bon Dieu ». Elle me dit que je parais « très accessible », et je commence à avoir un peu peur.
Demain nous serons le 21 décembre, et nous connaitrons enfin tous la vérité.Point final

BIENTOT LA GRANDE FETE DES SORCIERES


samedi 22 décembre 2012

DU BEAU MONDE A BUGARACH



BUGARACH, RETROSPECTIVE D'UNE GROSSE FARCE

Rétrospective France 3

BUGARACH, LE LOURDES DU NEW AGE

L’invention de Bugarach, « Lourdes New Age »

Publié le 21/12/2012 à 18h20

La montagne et le pic de Bugarach (Vincent Basset)
Vincent Basset est chercheur et enseignant en socio-anthropologie à l’Université de Perpignan. Spécialiste du Mexique et des questions portant sur le chamanisme, le tourisme, l’identité et le développement il décortique pour nous le processus de construction du mythe du site de Bugarach comme lieu d’une fin de monde. Interview.
Rue89. Comment s’est construit Bugarach ?
Vincent Basset. Dans le processus de remodelage mythologique en œuvre dans le construit imaginaire de Bugarach, différents acteurs ont participé à la création, la réinterprétation et la diffusion d’éléments mythiques, permettant ainsi la consécration de cette montagne en tant que nouveau lieu de culte.
Des chercheurs de trésors, aux prophètes mystiques, en passant par les études folkloristes et ethnologiques, toute une littérature sensationnaliste s’est développée depuis les années 70.
Plusieurs éléments mythologiques se superposent autour de Bugarach. Tout d’abord le mythe ésotérique lié au catharisme et à ses interprétations contemporaines. Puis les trésors de Rennes-le-Château (Aude), ainsi que les récits de l’abbé Boudet présentant Rennes-les-Bains comme un cromlech.
La relation entre science fiction et Bugarach est aussi une donnée à souligner, notamment à travers l’ouvrage de Jules Verne « Clovis Dardentor » où le capitaine Bugarach mène une expédition dans une île mystérieuse ressemblant étrangement au pic audois et abritant dans ses cavités une civilisation perdue.
Dans les années 70, un nouveau thème vient se mêler aux croyances liées à ces lieux : un habitant de la région, Jean de Rignies, est le premier témoin de la manifestation d’êtres extraterrestres (ovnis).
Puis, au milieu des années 80, l’auteure milliardaire, Elisabeth Van Buren propose d’apposer une carte de constellation céleste sur cette région où Bugarach apparaît pour le première fois comme un temple souterrain dans son livre « Refuge of the Apocalypse » (1986).
Mais ce n’est réellement qu’à partir des années 90 sous l’impulsion des publications du prophète New Age Jean D’Argoun que le tourisme spirituel va débuter dans cette région. Dans ses publications, il va mixer le mythe extraterrestre au mythe ésotérique en présentant le pic du Bugarach comme « le 7e chakra de la planète », c’est-à-dire « un terminal abritant une base extra-terrestre qui permet de se connecter à la banque de données cosmiques “ l’Akasha ”, la mémoire universelle ».
Il ne fallut pas attendre longtemps pour que certains réseaux new agers fassent correspondre la date de la fin du monde annoncée par le prophète-exégète du calendrier maya José Argüelles, le 21 décembre 2012, avec l’ouverture du vortex de Bugarach qui servirait de refuge face à cette fin apocalyptique.
Le réseau internet va diffuser ce mythe cosmogonique à tel point qu’en moins d’une année, le nombre de visiteurs se rendant au sommet du pic Bugarach est passé entre 2010 et 2011 de 10 000 à 20 000.
D’autres personnalités locales comme le maire de Bugarach Jean-Pierre Delord vont accentuer ce phénomène, en invitant la presse locale à publier des articles sciemment exagéré.
La résonance médiatique prend le pas sur le buzz du web, et le prestigieux journal New York Times relègue, le 31 janvier 2011, l’information dans la presse internationale. Les télés du monde entier se bousculent alors aux portes de ce village de 150 habitants afin de couvrir cette 185e fin du monde.
Même si le maire et son conseil municipal se disent paniqués par les éventuels débordements du 21 décembre, ils n’hésitent pas à spéculer sur l’après fin du monde au point de souhaiter faire de Bugarach « le Lourdes New Age ».
Il est intéressant d’analyser ici les différentes annonces qui se sont succédé sur la presse et Internet au sujet de Bugarach :
  • Première phase très euphorique où le maire prend le phénomène à la rigolade, et invite tous les curieux à venir sur place afin de « manger ensemble et se défoncer un bon coup ». Il pense même, en mars 2011, organiser un « festival de l’Utopie » ;
  • deuxième phase (en février 2012), il est plus question de prendre ça comme une farce, le maire se dit paniqué par les débordements possibles et les éventuels suicides collectifs ;
  • troisième phase (en septembre 2012), c’est la mise en place sérieuse par la préfecture d’un système de sécurisation tout autour de la montagne, avec l’annonce du filtrage du site afin de décourager les curieux.
Qui sont les touristes de Bugarach ?
Différentes populations gravitent autour de Bugarach, des chercheurs de trésor, des ufologues, et les spirituels généralement issue de la génération post-hippie. Cette population regroupe des néo-ruraux qui se sont installés principalement à Rennes les Bains et des touristes qui alimentent et diffusent les croyances et théories New Age dans le monde entier.
Certains se sont aussi installés en communauté dans des coins reculés de la vallée, ils vivent dans des tipis ou des yourtes et effectuent certains rituels néochamaniques comme la hutte de sudation. Loin des dérives sectaires, ces groupes affiliés pour certains au mouvement des indignés tentent de vivre de manière alternative en autosuffisance.
D’autres populations de passage, des participants à des stages de développement personnel, se compose à 80% de femmes, âgées généralement entre 40 et 60 ans, et occupant des postes de cadres ou de professions libérales. Comme j’ai pu l’observer au Mexique lors de mon étude sur le tourisme néochamanique, les participants à ces stages « initiatiques » se trouvent généralement dans une situation de fracture sociale (travail, famille, amis, maladie, dépendance aux drogues).
Face à la crise, on investit surnaturel ?
« Face à la crise, investissez dans le spirituel ! », a scandé Alfonso un chaman mexicain invité à Bugarach. Sur Internet, les propositions à caractère mercantile se multiplient depuis mi-novembre, ce qui choque les médias qui ont pas mal fait pour ça !
Certains proposent de recueillir et de déposer les testaments et prières de ceux qui ne peuvent se rendre sur place moyennant 60 euros par action. D’autres louent des maisons quatre personnes à Bugarach pour 1 500 euros la nuit, des parcelles de terrain à 450 euros la nuit afin d’y déposer la tente. Ou encore, la vente de produits comme une bouteille d’eau de source provenant du mont Bugarach à 15 euros.

Bugarach (Vincent Basset)
Malgré les appels répétés de scientifiques et des représentants mayas à travers la presse, la télévision au sujet de la fausse interprétation liée à cette date du 21 décembre, la rumeur de la fin du monde court toujours.
Cette rumeur véhicule un discours de la société sur elle-même, en lien avec une vision bien judéo-chrétienne de l’Apocalypse. Cette idée de catastrophe revient dans un contexte de modernité où les sociétés sont fatiguées d’elles-mêmes. Cette perception de fin du monde est très occidentale, il n’y a qu’à entendre aujourd’hui tout les discours formatés par cette vision de catastrophe.
L’homme semble dépossédé du monde par le système économique, il n’arrive plus à s’inscrire dans un futur positif, il n’a qu’une vision catastrophiste à court terme du monde.
Infos pratiques
A lire
"Du tourisme au néochamanisme" de Vincent Basset
Film : entre fiction et documentaire ethnographique, Vincent Basset est en cours de réalisation du film « Où les Dieux nous touchent » qui traite de manière comparative le phénomène du tourisme mystico-spirituel à travers deux montagnes érigées en véritables « Monts sacrés » par les réseaux New Agers : Le Quemado au Mexique et le pic de Bugarach en France. (Docu-fiction produit par Frenchkiss porduction).

BUGARACH, C'EST FINI ET ON A BIEN RIGOLE

À Bugarach, le carnaval de l'apocalypse touche à sa fin

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Par Angélique Négroni Mis à jour | publié Réactions (19)
Au village de Bugarach dans l'Aude, vendredi, des touristes déguisés en extraterrestres.
Au village de Bugarach dans l'Aude, vendredi, des touristes déguisés en extraterrestres. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

La préfecture maintiendra les points de contrôle autour du village jusqu'à dimanche.

Envoyée spéciale à Bugarach (Aude)
La prédiction aura été vraie pour moitié! Conformément à ce qui s'était répandu sur le Net, Bugarach est toujours bien là! Mais pour le reste, la prophétie de fin du monde a encore échoué et cela pour la 184e fois! Ce petit village de l'Aude qui aurait donc dû être le seul lieu épargné par l'apocalypse annoncée, s'est réveillé, ce 21 décembre, avec des rues un peu plus encombrées. Date clé oblige, les badauds étaient un peu plus nombreux.
Et cette minuscule commune rurale qui aurait dû être coupée de tout a bien vite été rattrapée par notre civilisation de communication et de business. ­Bugarach est devenue ce vendredi une vaste foire, chacun saisissant l'aubaine de voir tant de médias et un peu plus de visiteurs dans les rues.

Pour certains, sans doute peu effrayés par l'apocalypse, une bière fera mieux passer la fin du monde.
Pour certains, sans doute peu effrayés par l'apocalypse, une bière fera mieux passer la fin du monde. Crédits photo : JEAN-PHILIPPE ARLES/REUTERS

Ainsi, les uns proposaient des tee-shirts et du vin spécial «fin du monde», d'autres se sont improvisés vendeurs de viennoiseries. D'autres encore ont fait la promotion de leur société. Sur une grande affiche placardée à l'entrée de la commune, l'un d'eux faisait part d'un site de rencontres extraconjugales pour femmes. Dénotant avec son vison et son sac Vuitton au milieu des gros pulls et des bottes crottées, une femme d'affaires suisse évoquait sa «boîte événementielle» et ses certificats en série limitée, intitulés pour l'occasion, «je suis une légende». Coût du document: 215 euros pièce!
Drôle de télescopage, il y avait aussi à deux pas des paysans venus évoquer leurs problèmes. «Le vrai drame, c'est surtout la disparition de notre monde. Nos fermes disparaissent une à une», indique l'un d'eux.

Même les opposants à la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes étaient là.
Même les opposants à la construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes étaient là. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO
Même le collectif «Notre-Dame-des-Landes» opposé au projet d'aéroport à Nantes était là, brandissant panneaux et slogans. Ni fin du monde, ni fin d'un monde donc à Bugarach… La commune n'aura jamais autant été un pur produit de notre société de consommation!

Le village a basculé dans l'ambiance «carnaval».
Le village a basculé dans l'ambiance «carnaval». Crédits photo : Federico Scoppa / Demotix/Federico Scoppa / Demotix

Sylvain Durif a été la vedette des médias, avec son don de «télétransmission».
Sylvain Durif a été la vedette des médias, avec son don de «télétransmission». Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

Jean-Michel Pous pense que le corps de Jésus est situé sous le pic.
Jean-Michel Pous pense que le corps de Jésus est situé sous le pic. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO
Avec l'arrivée un peu plus massive de curieux, les personnages étranges étaient aussi plus nombreux dans les rues. Ainsi était là Sylvain Durif, qui croit à la «télétransmission» de son corps jusqu'en Australie et qui, après avoir fait toutes les télés, est devenu une vedette. Mais au festival des gentils illuminés, la concurrence était rude en ce vendredi. Jean-Michel Pous, lui aussi devenu star locale, était présent en treillis militaire pour évoquer le corps de Jésus et de Marie sous le pic de Bugarach. Vêtue d'une grande cape blanche, Oum-Hani Chkounda n'a pas non plus hésité à venir pour parler des fameuses portes permettant d'entrer dans un autre monde.
Dans l'après-midi et dans un climat plus détendu que les jours précédents, le village a littéralement basculé dans l'ambiance «carnaval». Des habitants déguisés en extraterrestres, d'autres en Dark Vador ont déambulé, au milieu d'un défilé de deux chevaux, des gendarmes toujours à pied d'œuvre et de journalistes écoutant au passage le député, Georges Fenech, venu en personne. Désigné, depuis peu, président du groupe des sectes à l'Assemblée nationale, ce dernier a évoqué les réels risques d'emprise mentale opérée par certains groupes.

Georges Fenech, un acteur de la lutte contre les sectes depuis plusieurs années en tant que président de la Miviludes, était présent à Bugarach.
Georges Fenech, un acteur de la lutte contre les sectes depuis plusieurs années en tant que président de la Miviludes, était présent à Bugarach. Crédits photo : ERIC CABANIS/AFP
Un discours soudain sérieux qui cadrait mal avec le climat festif mais qui illustre parfaitement ce qu'est «Bugarach». De l'information divertissement. Si bien que le préfet de l'Aude a eu droit, lors d'un point-presse, à des questions sérieuses et à d'autres totalement décalées, du type: «Si vous voyez une soucoupe volante, allez-vous monter dedans?» Le représentant de l'État s'en est amusé, mais chargé d'assurer la sécurité, il a décidé de maintenir comme prévu les points de contrôle autour de Bugarach jusqu'à dimanche. Un dispositif qui a permis aux forces de l'ordre d'intercepter dans des voitures deux machettes, des masques à gaz et une batte de baseball.
LIRE AUSSI:
» Une nuit dans les rues désertes de Bugarach
» Douze fins du monde qui ont fait date
» Fin du monde: Sirince est assailli par les touristes


Créé 22-12-2012 09:23
Des personnes déguisées devant le pic de Bugarach le 21 décembre 2012
Des personnes déguisées devant le pic de Bugarach le 21 décembre 2012 Photo : Eric Cabanis/AFP

A Bugarach, "la fin du monde, on l'a vécu"

La fin du monde n'a pas eu lieu. A Bugarach, le petit village de l'Aude censé échapper à l'Apocalypse, les "illuminés" n'étaient pas au rendez-vous. Parmi les couche-tard, des déçus, mais pas seulement. Car ici, la fin du monde, personne ne l'attendait vraiment.

Clap de fin pour Bugarach. Dans le petit village de l'Aude, supposé échapper à la fin du monde, il n'y a eu ni vaisseau extraterrestre, ni ouverture d'un vortex sur le fameux Pic, en cette nuit du 21 décembre 2012. En revanche, s'il y avait bien quelque chose d’apocalyptique à Bugarach, ce fut le temps. Et si le maire du village avait prié les autorités – prévenant ainsi le monde entier – de contenir un afflux de mystiques dans son village, le ciel s'en est finalement chargé. Ou c'est peut-être aussi que ces fameux "illuminés" venus se réfugier à Bugarach n'existaient pas.
Au total, le préfet de l'Aude a recensé un millier de personnes, dont 300 journalistes. Tous à l'abri sous les tentes du village, réunis autour d'un verre, durant cette fameuse soirée. Dans l'attente de quoi ? "La fête", souvent. Vers dix-sept heures, le ciel s'assombrit soudain, des rafales de vent balayent les pancartes posées le long de la route et la pluie se déverse en trombe. "C'est la fin du monde" ! plaisante-t-on. Non, décidément, plus personne n'y croit vraiment.
Une fête de village
Toute la nuit, la pluie ne cessera de tomber. Les journalistes finissent par partir aussi vite qu'ils sont arrivés et nous nous retrouvons vite dans un village quasi-désert. Les seules lumières que l'on voit désormais sont celles des lampes frontales ou des téléphones qui guident les derniers valeureux dans la nuit, bravant le froid.
Il est presque onze heures du soir et l'on compte désormais sur l'animation pour tenir debout. Et pourtant, à Bugarach, les établissements, que l'on comptait au nombre de quatre, n'ont pas attendu l'heure fatidique pour fermer. Au point qu'à une heure du matin, il n'y avait d'autre choix que de se rendre "chez Janou", un restaurant de spécialités locales où Claude, le DJ du coin aux platines, nous fait revivre les années 80. Sous la tente du restaurant transformée en dancing pour l'occasion, les gens boivent du crémant dans une ambiance de fête de village. Le son de la musique résonne dans la petite vallée, seul signe de vie alors que la nuit noire enveloppe la petite commune comme une chape de plomb.
A deux heures, les "survivants" de la fin du monde – ils ne sont pas plus de cinquante - posent pour une dernière photo avant de retrouver leurs lits. Les yeux rivés sur le pic, il ne se passe toujours rien. Déçus ? "On l'a vécu la fin du monde !" s'amuse Tony, 24 ans, accompagné de trois amis, venus de Paris. "On voulait être là pour vivre un moment extraordinaire, au milieu de la nature, et on l'a fait. Elle s'est littéralement transformée quand le temps s'est changé. Il y avait quelque chose d'incroyable". Désormais, ils s'en vont rentrer dormir. "On ne s'attendait pas à autre chose", souligne le jeune homme. A Bugarach, c'est donc ici qu'est né et s'arrête le buzz. "C'est la fin de la fin du monde", conclut un photographe, déçu, en partant dans le noir.

vendredi 21 décembre 2012

BELLE FIN DU MONDE A TOUTES ET A TOUS


ON REPASSERA A BUGARACH

Créé 20-12-2012 19:43 | Mis à jour 20-12-2012 22:22
A en croire beaucoup, ce n'est pas l'Apocalypse qu'il faut attendre le 21 décembre, mais bien "le début d'un ère nouvelle".
A en croire beaucoup, ce n'est pas l'Apocalypse qu'il faut attendre le 21 décembre, mais bien "le début d'un ère nouvelle". Photo : Zoé Ducournau / Metro

A Bugarach, la fin du monde attendra

REPORTAGE - Bugarach, dans l'Aude, serait le village épargné par la fin du monde. Metro s'est rendu sur place

Au pied du village, "la piste d’atterrissage pour la soucoupe volante est prête", nous explique un passant. Les symboles, placés en cercle, sont bien visibles du ciel. Bienvenue à Bugarach, petit village de 200 âmes perdu dans l'Aude, qui s'est forgé en quelques années, et grâce au concours d'Internet, une réputation et un destin : celui d'échapper à la fin du monde. Pourtant, ici, à la veille du jour J, c'est comme si la fin du monde avait déjà eu lieu.
Au milieu des gendarmes venus en grand nombre, les 244 journalistes accrédités déambulent comme des âmes en peine dans les quelques rues de la bourgade, quasi-déserte. Tous fondent sur les quelque s passants qui portent un poncho, à la recherche d'"illuminés" qui auraient réussi à passer au travers de l'important dispositif de sécurité. Et en discutant avec les quelques promeneurs, la voie de la raison a parfois du mal à s'y frayer un chemin. Parmi eux, Alain, la soixantaine. Sa flûte en bois accrochée à son grand poncho, coiffé de son chapeau à plumes, l'homme espère que ce 21 décembre 2012, "l'humanité va rebattre les cartes : nous nous rendrons compte que l'on peut vivre de rien", explique le vieux baroudeur. "Un nouvel ordre mondial, enfin". Qui pourrait, selon les croyances, intervenir à 00h36 ou 1h34 du matin.
"La Paix va nous envahir"
A en croire beaucoup, donc, ce n'est pas l'Apocalypse qu'il faut attendre le 21 décembre, mais bien "le début d'un ère nouvelle". Bugarach est, aux yeux de tous, non pas un refuge ("ça c'est ce que vous dites, vous les journalistes" nous dit-on), mais un lieu d'inspiration. Comme pour Patrick, un habitant du village au sourire permanent. Amateur de spiritualité, il le sait : ce 21 décembre, "tout va s'ouvrir en chacun de nous". "Le monde sera bon, sera beau, la Paix va nous envahir", nous affirme-t-il en moulinant l'air avec ses bras. Nous voilà rassurés.
René*, lui, "ira boire un coup chez ses voisins, comme d'habitude". Pour ce retraité du coin, "tout ce cirque doit cesser". "Fatigué" par le ramdam des médias, il dit attendre la fin avec impatience. Pourtant, quand on le croise un peu plus tard, il s'avère que René* a pris place derrière le comptoir de la "Bug' boutique", un stand éphémère en bonne place devant la mairie, vendant des tee-shirts et autres souvenirs du Pic, sous les caméras des télévisions anglaises et japonaises. Incontestablement, à Bugarach, royaume de l'absurde, c'est le triomphe du buzz.
*le prénom a été modifié.

jeudi 20 décembre 2012

BUGARACH, ON ATTEND

  • À Bugarach, la presse piétine en attendant la fin du monde

    Mots clés : ,
    Par Angélique Négroni Mis à jour | publié Réactions (6)
    Une centaine de gendarmes et une horde de journalistes s'agglutinent, mercredi, dans les rues de Bugarach.
    Une centaine de gendarmes et une horde de journalistes s'agglutinent, mercredi, dans les rues de Bugarach. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

    Russes, Chinois, Hongrois… 244 journalistes du monde entier ont été accrédités par la préfecture de l'Aude pour assister à l'apocalypse.

    Surréaliste! Une centaine de gendarmes sillonnent les rues de Bugarach (Aude) et les alentours, des hélicoptères balaient le ciel et une horde de journalistes s'agglutine sur les chemins empruntés par les forces de l'ordre. Et tout cela pour rien! Malgré la publicité mondiale, via le Net, concernant Bugarach - ce village qui serait épargné par la prétendue fin du monde le 21 décembre - l'affluence n'y est pas. Cette petite commune de 200 âmes n'est guère assaillie par les croyants du monde entier qui viendraient s'y réfugier, dans l'espoir d'être épargnés par l'apocalypse. Aucun car, aucun cortège de voitures n'arrive dans ce coin perdu de l'Aude. La bourgade offre sa mine habituelle, avec ses ruelles désertes et ses rares habitants consternés de voir tant de médias et tant de forces de l'ordre.
    Installés sur un bout de terre détrempé, dans un camping-car de fortune, il y a bien ces trois compères qui ont fait spécialement le déplacement de Perpignan, «pour être là», dit l'un d'eux. Il s'agit d'un père de famille qui a décidé d'emmener dans l'aventure un ami et aussi son fils de 17 ans qui, du coup, sèche l'école. La table de camping est dressée, les verres disposés dessus et deux bergers allemands sont aussi du voyage. «On ne croit pas à la fin du monde, mais on est là pour l'ambiance», lance l'un d'eux, visiblement décidé à faire la fête. C'est a priori loupé, car même les badauds n'ont pas fait le déplacement. Le village, qui aurait pu un peu s'égayer avec l'arrivée de visiteurs inhabituels en cette saison, n'offre même pas un petit air de fête. Bugarach est comme une pièce de théâtre désertée par ses acteurs et par son public. Les tenants de l'apocalypse ne sont pas là et ceux qui auraient pu s'en amuser pas davantage.
    Du coup, les nombreux journalistes - 244 accrédités auprès de la préfecture et venus du monde entier - restent sur leur faim. Et certains arrivent de loin: de Hongrie, de Russie, de Chine ou encore du Japon, comme cette équipe de tournage de Fuji TV. Son réalisateur, Yukihiro, est là pour préparer un documentaire d'une heure dans le cadre d'une émission de divertissement portant sur les villes insolites. «Il y a eu ainsi un film tourné sur une métropole en Inde où l'on avait dénombré le plus grand nombre de jumeaux au monde», raconte Asako, l'interprète du groupe. Il y aura donc un spécial Bugarach: «Yukihiro était tombé sur un magazine relatant cette histoire incroyable. Mais, aujourd'hui, il est déçu. Il pensait que le village serait pris d'assaut par des gens du monde entier», poursuit Asako.
    Ce long cortège de médias qui déambule comme une âme en peine dans les quelques rues de la bourgade, fond alors sur les quelques illuminés du coin, trop contents, quant à eux, d'avoir enfin un auditoire à leur mesure! Parmi eux, Sylvain Durif, de son faux nom cosmique, «Oriana». «Je veux dire ce que sera l'apocalypse, prévue le 21 décembre, et ce ne sera pas la fin du monde. Il s'agira, ce jour-là, d'une révélation, d'une alchimie intérieure qui descendra dans chacun de nos corps», dit-il, en précisant avoir déjà connu cette expérience. «Cela avait été une incroyable décharge d'énergie», décrit-il, en indiquant que cela avait été «l'équivalent de 10.000 orgasmes d'un coup!» Après Bugarach et la fin du monde, Bugarach et les soucoupes volantes, voilà Bugarach et sa version «hot»!

    Le maire assailli par les médias

    Mais c'est aussi le maire, Jean-Pierre Delord, qui est assailli par les médias. Dès son arrivée devant la porte de la petite mairie, il est encerclé par une nuée de caméras et de micros. «On se croirait au procès de DSK! C'est inimaginable», râle un journaliste. Tant d'agitation pour rien… Certains dans le village commencent sérieusement à reprocher au maire sa communication incessante sur son village et à le rendre responsable d'un pareil dispositif de sécurité. L'édile se défend. «Ces mesures ont été décidées par le préfet et non par moi», souligne-t-il. Par précaution, en effet, le représentant de l'État a fait venir en nombre les gendarmes et décrété une série d'interdictions, comme celle de la chasse. Mais certains n'en ont cure. «Manquerait plus que ça, qu'on ne puisse pas chasser!»,indique un habitant, tout sourire, revenant, sans se cacher, d'une virée dans les bois, fusil sur le siège de la voiture et chiens dans le coffre. «J'ai rien tué et rien trouvé, pas même une petite soucoupe volante», s'amuse-t-il.
    Le dispositif de sécurité, réajustable selon les besoins, est en principe prévu jusqu'au 23 décembre. Le 21 décembre, jour J de l'apocalypse, fera peut-être venir davantage de monde. Mais on peut en douter…
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    » Ce que vous devez savoir sur «la fin du monde»
    » Comment Bugarach se prépare à la fin du monde
    » 21/12/2012: terminus tout le monde descend!



    Car le dispositif policier mis en place ne facilite pas la quête d'information. Les caméramen se rabattent sur l'installation de toilettes sèches portatives, d'autres font des plateaux devant le panneau d'entrée du village. Une équipe de télévision asiatique qui s'enhardit à vouloir filmer un vieil homme se voit menacée de sa canne. Car le dispositif policier mis en place ne facilite pas la quête d'information. Les caméramen se rabattent sur l'installation de toilettes sèches portatives, d'autres font des plateaux devant le panneau d'entrée du village. Une équipe de télévision asiatique qui s'enhardit à vouloir filmer un vieil homme se voit menacée de sa canne.
    Si Bugarach était le seul lieu à échapper à la fin du monde, la Terre ne serait plus peuplée après vendredi que par 200 villageois déjà à bout de nerfs avant l'apocalypse et autant de journalistes sur les dents qui pourront toujours compter sur les gendarmes pour essayer de survivre ensemble.
    Car, pour l'heure, l'afflux d'illuminés ou de curieux redouté par les autorités se fait toujours attendre dans le minuscule village de l'Aude promu à une notoriété internationale dont il se passerait bien.
    Les habitants restent terrés chez eux. Et les ruelles de Bugarach sont parcourus par des équipes de reporters errants qui, sous un ciel bas et lourd, traquent un gibier rare: le mystique. Pour peu qu'un individu au front haut, à la chevelure frisotante et au pull rayé rouge et jaune se montre, c'est la curée médiatique.
    Véritable inspiré ou imposteur malin, on ne se montre pas regardant sur les lettres de créances ésotériques quand la proie est presque trop belle pour être vraie. Et Sylvain Urif, "Oriana" de son "nom cosmique", venu de la vallée voisine, peut livrer à la presse mondiale ravie le "véritable sens de l'apocalypse". Le 21 décembre, "ça ne signifiera pas le cataclysme mais la révélation", une sorte "d'alchimie interne" qui donnera à chacun "amour et compassion". Lui-même a déjà connu le processus: "c'est une lumière dorée qui fait l'effet de 10.000 orgasmes d'un coup".
    Nouveau prodige ! Un deuxième apparaît, qui est venu avec son frère voir "l'alignement des planètes" parce que "toutes ces planètes alignées passent par la montagne et il y a quelque chose qui s'ouvre". Mais lui et son frère, qui avaient planté leur tente dans la montagne, ont été "gentiment" priés de circuler par les gendarmes.
    Car le dispositif policier mis en place ne facilite pas la quête d'information. Les caméramen se rabattent sur l'installation de toilettes sèches portatives, d'autres font des plateaux devant le panneau d'entrée du village. Une équipe de télévision asiatique qui s'enhardit à vouloir filmer un vieil homme se voit menacée de sa canne.
    "C'est du grand n'importe quoi", consent à commenter une habitante. Un autre, stoïque, confie que "c'est toujours la fin du monde pour quelqu'un". Le maire Jean-Pierre Delord, acculé contre la porte de la mairie par une meute de caméras, s'énerve contre les médias qui "ont tout monté en épingle".
    D'après les gendarmes, la non-fin du monde à Bugarach a suscité un engouement médiatique de grand match de foot: 244 journalistes se sont accrédités auprès des autorités qui, depuis mercredi midi et jusqu'à dimanche, interdisent les accès au pic de Bugarach et font filtrer les routes menant au village.
    Environ 150 gendarmes et pompiers sont mobilisés pour assurer le dispositif. Eux aussi seraient sauvés si la fin du monde survenait vendredi.
    Bugarach et son pic, point culminant du massif des Corbières avec ses 1.231 mètres, seraient en effet l'un des endroits du globe où il faut être si l'on ne veut pas disparaître avec le reste de l'humanité le 21 décembre. C'est en tout cas ce que prophétisent des tenants du cataclysme.
    Jean-Louis Socquet-Juglard, un photographe qui habite le village voisin de Sougraigne, se désole de cette "histoire qui stigmatise les gens". Il est l'auteur d'une carte postale devenue un best-seller et qui montre sur le mode ironique le pic de Bugarach autour duquel tourne une soucoupe volante. La carte est signée David Vincent, le héros de la série américaine "les Envahisseurs".
    "On a le droit de s'intéresser aux énergies" qui se dégageraient de l'endroit et "aux légendes qui foisonnent" en pays cathare "sans être pour autant des allumés", dit-il.
    Les habitants attendent avec impatience la fin de la fin du monde pour que leur région trouve une notoriété plus en rapport avec ses qualités intrinsèques, la beauté de sa nature et de son histoire. D'autres en profitent quand même pour faire des affaires et vendre aux journalistes des cafés à 2,50 euros.