Qui suis-je ? Edgar Poe, Jean Hautepierre, Pardès 2012. Une
excellente synthèse signée par l’un des meilleurs connaisseurs actuels de Poe
(Jean Hautepierre a notamment retraduit ses poèmes Publibook, 2008 et signé
plusieurs études sur Poe et l’ésotérisme).
Outre une biographie détaillée, l’ouvrage attaque l’analyse de l’œuvre par
grands thèmes (la mort, la catastrophe, le double, l’Orient, l’ésotérisme, la
métaphysique…), mais cherche surtout à donner un sens global au travail de
l’écrivain. Sera décortiquée la conception nouvelle de la poésie introduite par
l’auteur du Corbeau, accordant une
prééminence à la forme par rapport au fond, mais aussi recherchant la Beauté
au-delà du monde terrestre. On appréciera aussi l’analyse de la révolution
qu’apporte le poète dans le dans le traitement du fantastique, procédant pour
lui d’une tension potentiellement explosive entre l’imagination et la raison. On
est proche de la démarche de Charles Fort ou de celle du réalisme fantastique.
On flirte également avec le cheminement suivi par les grands génies des
mathématiques (Cantor, Riemann, Lobatchevsky) et les pères de de la relativité
et du quantisme. On ne peut s’empêcher de penser encore à Lovecraft dont le
poète de Baltimore fut une source d’inspiration importante.
Comme Lovecraft qui avait
développé au cours de son œuvre une véritable « métaphysique du
Néant », Poe s’attaquera au « Cosmicisme » dans Eureka (1848) au sujet duquel il
écrira : je dois mourir. Je n’ai
plus le désir de vivre depuis que j’ai fait Eurêka. Mais la métaphysique de
Poe est fondamentalement différente celle du Prince Noir de Providence en ce
sens qu’elle reste déiste et s’inscrit dans le courant des théologies
quantiques qui feront irruption un siècle plus tard. Jean Hautepierre
écrit : l’Univers est (chez Poe) comme né de la diffusion à travers
l’espace d’une particule primordiale créée par Dieu. La gravitation, qui
constitue la réaction à dette force de diffusion, triomphera finalement de des
globes gigantesques de matière agglomérée se précipiteront les uns sur les
autres jusqu’à la reconstitution de la Matière Primordiale…. Chacun de ces
mouvements d’expansion et de rétraction correspond aux battements du Cœur Divin qui est le nôtre. L’homme est une parcelle
de l’Intelligence Cosmique.
Petit clin d’œil aux « liber-maléficonautes »,
le biographe n’oubliera pas de rappeler que Poe était également un amateur de
livvres imaginaires, tel le Mad Trist évoqué
dans La Chute de la Maison Usher.
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