samedi 24 septembre 2022

LES CHRONIQUES D'EL'BIB : CONVERSION, Philippe Hui



 

 

 

 

 

Les saunièrologues seront déçus. Philippe Hui a été pendant de nombreuses années le premier-adjoint au maire de Rennes-le-Château mais, dans son ouvrage de souvenirs (Conversion, Uragan Éditions, 2022), il ne cite qu’une seule fois le nom de notre colline favorite. À la retraite aujourd’hui à la Réunion, c’est d’un tout autre sujet dont il veut nous entretenir. Celui de sa foi religieuse, de son échec dans les ordres et d’un retour douloureux à la vie civile. Né dans une famille catholique normande très pratiquante, il suivra consciencieusement le chemin que semble lui indiquer « le petit Jésus ». Ce n’est pas un élève surdoué, ce n’est pas un leader, il ne passe pas son temps avec des copains au bistrot, il ne court pas les jupons. Non, c’est un petit garçon réservé qui va faire l’expérience de l’ordination. Le rêve se lézarde insensiblement comme les locaux du séminaire puis des paroisses qui laissent à désirer. Mais ce dont il souffre le plus, c’est de la solitude affective qu’implique le célibat. « Les repas pris en commun » avec ses collègues de paroisse lui pèsent lourdement, et même si Philippe est tout sauf un obsédé sexuel, c’est dans le mariage qu’il trouvera son salut. Il est amusant de suivre sa démarche : pas de coup de foudre, mais une recherche structurée de la compagne idéale. Une forme de « meetic » avant la lettre. Il nous propose ensuite un chapitre édifiant sur « l’après » et notamment sur la façon peu élégante dont l’Église traite ses pasteurs lorsqu’arrive l’âge de la retraite.

Et la foi dans tout cela ? Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’est effilochée au cours du temps et s’est transformée en un doute existentiel. Philippe Hui nous livre à la fin de son récit l’esquisse de ce qui pourrait être une « théologie pour les nuls ». Il montre bien comment la religion chrétienne (pas plus que les autres du reste !) n’a jamais répondu aux questions fondamentales de l’humanité. Comment comprendre notamment la contradiction fondamentale qui existe entre un « Dieu bon » et la présence permanente du mal. Oui, bien sûr, c’est le péché originel ! Il balaye également d’un revers de manche l’argument anthropique : le monde est beau et a été conçu par une Intelligence pour qu’il soit au service de l’homme. Ben oui, Dieu a donné des graines aux hommes pour qu’ils puissent faire pousser du blé mais a aussi créé des oiseaux pour détruire les récoltes.

Un excellent petit ouvrage, mal structuré, à l’écriture parlée, mais qui a le mérite de faire réfléchir à ce qu’on appelle « la crise des vocations ». Nos amis orthodoxes, anglicans ou protestants ont au moins le mérite d’échapper aux dégâts du célibat imposé !


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