Avec La Dictatrice (J’Ai Lu, 2020), Diane Ducret frappe un grand coup. Une politique-fiction qui démarre en 2023 et qui s’emboîte directement sur notre actualité quotidienne[1]. Les démocraties s’essoufflent, engoncées par leur surconsommation, et les régimes populistes pérorent, se drapant pudiquement dans un manteau de fausse modestie. Une jeune journaliste de guerre, Aurore Henri-, née sous X et manifestement paumée dans sa vie, se révolte en participant à une manifestation monstre à Munich. Et il y a de quoi ! Les dirigeants bedonnants ont décidé de dissoudre la communauté Européenne et de reprendre leur entière souveraineté. Lancée par AH (tiens ces initiales !), un pavé atteint sa cible et blesse l’un des hommes d’état durant sa conférence. Arrêtée immédiatement malgré les réprobations du public, la journaliste aura droit à un procès retentissant, suivi tout autour de la planète par l’espoir fou qu’elle sème avec passion : guérir les hommes de leur tendances destructrices, bâtir une société nouvelle où régneraient la paix et l’harmonie. Elle parle d’eunomie et insiste fortement sur la place que les femmes devraient avoir dans la politique. Elle écopera pourtant 5 ans de prison à Landsberg (tiens, un autre AH y a effectué également un stage littéraire !), rédigeant ses mémoires et écrivant son programme. Son tweet hebdomadaire fait exploser tous les compteurs et le personnel pénitentiaire est obligé de recruter pour gérer les tonnes de courrier que reçoit la détenue.
Elle sera récupérée à sa sortie de prison par un groupe mystérieux de sponsors qui voient en elle « le sauveur ». Et force est de constater qu’en 5 ans, l’état de la planète s’est fortement dégradé, le Maître du Kremlin (on t’a reconnu !) prenant un malin plaisir à désorganiser le marché des céréales et celui de l’énergie. Le dérèglement climatique continue son œuvre destructrice alors que les budgets nationaux, asséchés, ne permettent plus d’assurer un minimum de maintenance dans les services publics.
La suite se dessine aisément, même si la course pour le pouvoir menée par EH AH est en permanence perturbée par une autre recherche, celle de ses origines et de sa génitrice. Elle deviendra chancelière d’Europe, coiffant les États-Nations du continent en se faisant voter les pleins pouvoirs. Elle débloquera les oukases du Kremlin, nous présentant un Poutine plus vrai que nature mais avec des travers libidineux que je ne lui connaissais pas. La situation économique et sociale s’améliore sensiblement, l’histoire est réécrite et la femme est mise sur un piédestal. C’est l’ère du « féminin sacré ». Nous avons droit à de magnifiques pages « d’archéologie » à la recherche de la sainte vulve, le vagin originel détrônant le big bang pour nous permettre d’appréhender la création suprême. Mais le système tourne vite au délire, les opposants étant éliminés sans merci et AH, pour faire parler les « récalcitrants », s’appuie sur les services d’un médecin fou auprès duquel le Dr Mengele fait figure de timide carabin.
Je ne spolierai pas la fin, sanglante comme il se doit, et qui nous renvoie encore cruellement à notre situation actuelle.
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