-
2012, joyeuse fin du monde
Mots clés : Fin du monde, 2012, Mayas, Bugarach, Apocalypse
Par Christophe Doré Publié Réactions (15)
Pour les Mayas, invoquant ici leur déesse de la fertilité, les cycles planétaires rythment l'évolution de l'humanité. Crédits photo : © Victor Ruiz / Reuters/REUTERSREPORTAGE - Livres, documentaires, textes mystérieux sur Internet livrant des prédictions mayas ou des prophéties sumériennes... l'Apocalypse sera l'un des rendez-vous majeurs de 2012.
2012 sera-t-elle l'année de la crise et de la grande récession? De la fin de l'euro? De l'éclatement de l'Europe? Vous n'y êtes pas: ce que l'on nous promet en cette veille de (dernier) réveillon, c'est tout bonnement la fin du monde!
Vous voulez un indice? Près des bords de la Tamise, ils sont une centaine à faire la queue dans le froid humide de l'hiver londonien. Alors que la majorité des touristes courent les boutiques dans l'espoir de trouver la bonne affaire chez Harrod's, eux, l'air grave, attendent l'ouverture des portes devant la Tate Britain. Juste au-dessus de leur tête se découpe en grandes lettres violettes l'intitulé de l'exposition en cours: «Apocalypse». En fond émerge le chaos d'un tableau de John Martin. Artiste controversé du XIXe siècle, il consacra une grande partie de son temps à peindre des scènes de fin du monde. Cataclysmes bibliques, destruction de Sodome et Gomorrhe, déluges, éruptions, tremblements de terre et orages apocalyptiques, rien n'échappait aux pinceaux vengeurs de John Martin. Ce maître de la peinture catastrophe, moqué par la critique, rencontra un grand succès populaire. Avec un opportunisme à peine voilé, la Tate Britain a décidé de le remettre au goût du jour. «Apocalypse is coming», titre la vidéo promotionnelle de l'exposition, qui enregistre des records d'entrées pour un peintre tout de même assez mineur.
Le peintre John Martin a imaginé la fin du monde. (Crédits photo: TATE)
L'Apocalypse de 2012 n'a rien à voir avec cela: il s'agit de prédictions d'une «vraie» fin du monde à la John Martin, gravée dans la pierre depuis des siècles, révélée par la conjonction des planètes et une accumulation de phénomènes que des civilisations disparues ont devinés. De multiples signes annonciateurs, type catastrophes naturelles, et des coïncidences troublantes prouveraient que cette année 2012 ne sera pas une année comme les autres. Du sérieux. Enfin presque...
En fait, ces prédictions d'Apocalypse sont aussi diverses que variées et s'accordent sur peu de choses. La première au top 50 des fins du monde repose sur une prédiction qui nous viendrait des Mayas. Cette civilisation méso-américaine était hautement évoluée, même si elle avait la fâcheuse habitude de sacrifier au dieu Soleil ses enfants dans un bain de sang. Personne n'est parfait. Les Mayas avaient notamment inventé un calendrier comptabilisant des cycles d'environ 23.000 ans. Or, ce calendrier s'arrête brusquement... le 21 décembre 2012.
Cruel dilemme pour les prochaines fêtes de fin d'année
Voyons d'abord le côté positif: ces sympathiques Mayas n'ont-ils pas eu l'élégance de nous laisser presque toute l'année pour en profiter pleinement? Ensuite, à écouter certains chamans, dont le plus médiatique, Barbara Hand Clow, vend des livres dans le monde entier sur le sujet depuis des années, il faudrait plutôt parler de fin d'«un» monde, plutôt que de fin «du» monde. Egoïstement, on aimerait demander à cette chère Barbara s'il sera utile de prévoir ses cadeaux de Noël pour le 25 décembre 2012? Mais Barbara Hand Clow a d'autres préoccupations. L'humanité va accéder à «une conscience cosmique» dans une nouvelle ère pour la Terre, voire l'Univers. Autant dire que Barbara ne s'attache pas à quelque tsunami ou avalanche, inévitables dans ce genre de maelstrom énergétique où se choqueront pas moins de neuf dimensions! Conclusion, il faudra vous débrouiller seul pour résoudre un cruel dilemme pour les prochaines fêtes de fin d'année: réserver un chalet à la montagne, ou ouvrir votre résidence secondaire sur les côtes bretonnes.
La vision de Barbara Hand Clow est assez contestée. Passons sur les basses attaques concernant ses origines -elle n'est pas maya mais cherokee-, pour s'attacher aux dates. La fin du monde maya aurait en fait lieu le 12 décembre 2012 selon certains «érudits»: c'est plus propre mathématiquement (12/12/12) même si l'idée d'en terminer le 21, jour du solstice d'hiver, était symboliquement assez forte. D'autres ont évoqué une erreur de calcul. En fait, l'Apocalypse a déjà eu lieu... le 28 octobre 2011! Cherchez l'erreur.
Plus sérieusement, des archéologues mexicains ont prouvé que les Mayas imaginaient un monde après le 21 décembre 2012. Une stèle découverte au sud-est du Mexique mentionne l'anniversaire d'un notable maya en 4772 de notre ère. Enfin, en exhumant le texte sur lequel s'appuie toute cette théorie, on peut s'interroger sur son interprétation: «Cela sera complété avec le 13eBaktun, C'est 4Ajaw 3Kankin et il se produira une apparition. C'est la représentation de Bolon Yokte dans une grande investiture», dit la prédiction originelle. Assez loin de: «Réglez les affaires courantes, car tout va péter le 21décembre!»
Une inquiétante conjonction des planètes
Aux Etats-Unis, c'est le blockbuster 2012, de Roland Emmerich (10€ en DVD), qui a popularisé cette prédiction maya en s'inspirant du best-seller de l'écrivain de science-fiction Steve Alten, vendu à plusieurs millions d'exemplaires. Il apparaît que les sites internet évoquant l'Apocalypse de 2012 s'inspirent plutôt du scénario hollywoodien que des vraies prédictions mayas. Erreurs sur les dates et mélange des genres, tout cela ne tarit pas pour autant l'engouement sur le sujet. Internet est en ébullition, opposant propos plus ou moins sérieux et délires ésotériques sur des sites aux noms évocateurs (findumonde.com, 2012endoftheworld.net, 2012fin.com...) Certains sites affichent même un compte à rebours qui égrène les jours, les heures et les secondes nous séparant de l'instant fatidique.
La pseudo-théorie maya n'étant pas toujours suffisante pour se convaincre d'une apocalypse imminente, d'autres «esprits éclairés» sont allés chercher des coïncidences troublantes dans les mythologies des Indiens sioux et hopis, un code secret de la Bible, le Yijing chinois, ou la civilisation sumérienne. A chaque fois, suivant une logique implacable depuis la nuit des temps, la Terre périt par le feu du ciel.
L'hypothèse qu'un astéroïde, une comète ou même une planète vienne fracasser notre Terre n'est pas nouvelle. N'est-ce pas un astéroïde qui aurait signé l'extinction des dinosaures? L'histoire de Nibiru est à ce titre assez intéressante. Dans les écrits sumériens décryptés depuis quelques années, apparaît une planète dont l'orbite longue et elliptique dure 3.600 ans. Cinq fois plus grosse que la Terre, Nibiru aurait déjà frôlé notre planète, déplaçant son orbite derrière Mars et laissant quelques «cailloux» au passage, dont la Lune. L'écrivain russe Zecharia Sitchin, qui décryptait le sumérien et décéda en 2010, pensait que Nibiru passerait à nouveau près de la Terre vers 2085. Un certain Mark Hazlewood affirmait, quant à lui, que la Nasa avait détecté Nibiru en 1983. Appelée Planète X, elle devait, toujours selon Hazlewood, croiser la Terre autour de 2003 en entraînant de grands cataclysmes. C'est raté. Depuis, on entend beaucoup moins parler de Mark Hazlewood. En revanche, l'idée que Nibiru surgisse à la fin de l'année 2012 fait son chemin, sans la moindre preuve scientifique, bien entendu, mais en s'inspirant peut-être du beau film Melancholia, où Lars von Trier pose comme toile de fond de son histoire le choc imminent d'une planète avec la Terre.
Bugarach, dans les Corbières. Crédits photo : © Jean Philippe Arles / Reuters/REUTERS
Des extraterrestres sous le pic de Bugarach
Voilà pour quelques-unes de ces prédictions auxquelles astronomes, physiciens, historiens ou archéologues tentent sereinement de tordre le cou. L'ampleur du travail est énorme car ces hypothèses apocalyptiques iront certainement en s'amplifiant jusqu'au matin du 22 décembre 2012. Pour ceux qui auraient encore un doute, ils peuvent toujours tenter d'organiser un séjour de fin d'année dans le village désormais mondialement connu de Bugarach, dans les Corbières. Ce site sera le seul endroit épargné par l'Apocalypse, soutiennent des gourous de tout poil.
Pourquoi? Parce que sous le pic de Bugarach se cache une base d'extraterrestres, justement ceux qui ont transmis leur savoir aux Sumériens. L'armée le sait et surveille l'endroit. Les grands de ce monde sont aussi au courant. Ils ont construit des villes souterraines bourrées de nourriture dans des lieux tenus secrets. Pourquoi n'ont-ils pas plutôt acheté une résidence secondaire à Bugarach, cela reste un mystère. Une chose est sûre: la science continuera d'avancer, y compris en 2012, même si l'imagination de l'homme n'a pas l'intention de reculer. Pour le meilleur et pour le pire.
LIRE AUSSI:
» REPORTAGE - À Bugarach, village de l'Aude pris d'assaut par les illuminés
» Fous et escrocs prêts pour la fin du monde
» Fin du monde: l'alerte de la mission antisectePar Christophe Doré
samedi 31 décembre 2011
EXCELLENTE FIN DU MONDE MES AMIS
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire